[Revue de presse] Un retour timide mais réel des oiseaux insectivores dans nos campagnes depuis l’arrêt des néonicotinoïdes en France
Les résultats d’une étude menée par Thomas Perrot sur la période 2013–2022 et récemment publiés dans la revue Environmental Pollution ont mis en évidence les effets négatifs des néonicotinoïdes, et plus particulièrement de l’imidaclopride, sur les populations d’oiseaux insectivores.
Si cette étude montre une légère augmentation des populations d’espèces d’oiseaux insectivores dans les sites les plus pollués depuis l’interdiction de l’imidaclopride en 2018 en France, elle démontre néanmoins que la reprise des populations reste timide et encore insuffisante pour envisager un véritable rétablissement écologique.
Cette publication scientifique, portée par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) a rapidement trouvé un large écho dans les médias nationaux et internationaux. Nombre d’entre eux soulignent les signaux faibles mais bien réels d’amélioration observés chez certaines espèces comme le merle noir, la fauvette à tête noire ou le pinson des arbres.
Les auteurs de l’étude rappellent également que l’arrêt des néonicotinoïdes ne suffit pas : une restauration durable de la biodiversité nécessite des actions complémentaires ambitieuses et coordonnées.
Panorama non-exhaustif des articles, reportages et analyses publiés à la suite de l’étude :
GoodPlanet|27 novembre 2025
Mon jardin & Ma maison| 26 novembre 2025
rfi|25 novembre 2025
Vibration|25 novembre 2025
Le Monde|20 novembre 2025
France Info|20 novembre 2025
La Relève et La Peste|20 novembre 2025
LPO|20 novembre 2025
Conso Glob|20 novembre 2025
Courrier international|19 novembre 2025
Libération|19 novembre 2025
Science & Vie|18 novembre 2025
The Guardian|17 novembre 2025
Ecolopop|17 novembre 2025
Reporterre|17 novembre 2025
Géo|17 novembre 2025
POUR ALLER PLUS LOIN
La production agricole, dans sa grande majorité, impacte la biodiversité : elle peut conduire à des pertes d’abondance des espèces et de fonctionnalités des écosystèmes et, en les dégradant, à celles d’autres services écosystémiques tels que la pollinisation ou le contrôle biologique. Dans un souci d’évaluer plus complètement les implications de ces activités humaines, la FRB mène un projet visant à quantifier les impacts sur la biodiversité de l’utilisation de l’imidaclopride en France. À cet effet, des scientifiques ont ainsi, pour la première fois, évalué le niveau de contamination des milieux par cet insecticide, principal néonicotinoïde utilisé en France, pour donner une estimation de la pression que l’utilisation de ce produit exerce sur la biodiversité.
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L’agriculture industrielle se caractérise par un recours accru aux pesticides. Ces derniers se retrouvent dans l’environnement et leurs impacts sur la biodiversité sont de plus en plus documentés. Mais où sont ces pesticides dans l’environnement ? Malheureusement, la disponibilité des données permettant de réaliser des analyses temporelles à grande échelle spatiale, nécessaire pour l’évaluation de l’impact de ces molécules sur la biodiversité et la santé humaine, reste insuffisante. Pour combler ce manque, des chercheurs de l’INRAE et de la FRB proposent un indice d’exposition inédit ainsi qu’une carte de répartition des pesticides les plus toxiques à l’échelle française entre 2013 et 2022.
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Une étude récente publiée dans la revue scientifique Plos One a révélé que 75% de la biomasse des insectes volants a disparu en moins de 30 ans en Allemagne. L’intensification agricole et en particulier l’usage des pesticides est la cause probable de ce déclin vertigineux, loin devant d’autres facteurs de pression tels que le changement climatique, l’augmentation de la population humaine ou encore le changement d’usage des terres. Face à ce constat, est-il possible de réduire voire de se passer des pesticides sans impacter pour autant les rendements de la filière agricole ?
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Bien que le déclin des populations d’oiseaux en Europe soit aujourd’hui clairement démontré, les facteurs qui l’expliquent le sont moins. Pourtant, dans un article paru en 2023, une équipe de recherche a mis en évidence l’impact prédominant de l’intensification de l’agriculture, estimée par le biais des dépenses en intrants chimiques (fertilisants et pesticides), sur le déclin des oiseaux à l’échelle continentale. L’équipe pilotée par Stanislas Rigal, chercheur à l’ISEM (Institut des sciences de l’évolution de Montpellier), a pour cela compilé un vaste ensemble de données empiriques, collectées entre 1980 et 2016 en Europe. Leurs travaux démontrent que cet impact est globalement plus important que ceux du changement climatique, de l’urbanisation ou encore de l’évolution du couvert forestier. De la Méditerranée aux régions arctiques de l’Europe, l’étude couvre au total 28 pays. Elle est l’une des plus complètes menées à l’échelle de l’Europe continentale, suivant l’effet des pressions anthropiques sur la dynamique des populations d’oiseaux nicheurs communs.



