Conservation, climat, économie et société : l’océan, haut lieu de la biodiversité
Face à cette urgence, un constat s’impose : il est impératif de protéger la biodiversité marine. Dans ce contexte, la création d’aires marines protégées (AMP) est devenue une priorité mondiale. Toutefois, leur efficacité à protéger durablement la biodiversité reste une question complexe, soulevant des interrogations sur leur mise en place, leurs statuts et leurs impacts réels. Embarquons ensemble pour un périple au fil de l’eau, à travers des articles scientifiques publiés récemment et issus, pour la plupart, de travaux permis par la FRB à travers son Cesab.
Les facteurs socio-économiques ayant plus d’influence que les facteurs environnementaux dans la mise en place des aires protégées, identifier les zones favorables et défavorables à l’implémentation de nouvelles aires protégées en tenant compte de ces critères permettra une stratégie de conservation plus réaliste et efficace.
Pour obtenir ces cartes d’opportunités et de contraintes locales en conservation, le groupe de chercheurs comprenant des scientifiques de l’Université de Montpellier, de l’EPHE-PLS, du CNRS et du CEA a divisé la surface du globe en près d’un million de cellules de 10 x 10 km. Pour chacune de ces cellules ils ont obtenu des données relatives à des facteurs environnementaux mais aussi socio-économiques, en se basant sur plus de 18 bases de données mondiales différentes. Ces données ont servi à construire un modèle prédictif qui estime la probabilité qu’une zone du globe soit protégée en fonction des différents facteurs étudiés, qu’ils soient environnementaux (température, altitude, précipitations par exemple) ou socio-économiques (PIB, indice de développement humain, présence d’ONG locales etc.).
Même sans information sur la biodiversité d’une zone, il est possible d’inférer de manière très fiable la probabilité de présence d’une aire protégée en n’utilisant qu’un petit groupe de facteurs socio-environnementaux. Les facteurs socio-économiques montrent même une plus grande importance que les facteurs environnementaux dans ces modèles prédisant la mise en place de futures aires protégées. Par exemple l’indice de développement humain et le nombre d’ONG favorisent la présence d’aires protégées terrestres alors qu’en mer l’accessibilité et la dépendance aux stocks de poissons sont les principaux obstacles de blocage à la mise en place de nouvelles aires marines protégées.

Ce modèle a ensuite été utilisé pour cartographier les zones où les besoins en conservation des vertébrés (poissons, mammifères et oiseaux) sont les plus urgents mais aussi celles où les facteurs socio-économiques limiteraient ou favoriseraient la mise en place d’une aire protégée.
Pour aller + loin
Quid du devenir des zones de conservation prioritaires mais qui cumulent également les critères socio-économiques défavorable au statut d’aires protégées ? Bien souvent, les enjeux sociaux-économiques et les besoins des populations locales sont indissociables de la mise en place d’aires protégées. Ainsi, en Afrique et en Asie, certaines zones à haute valeur de conservation restent impossibles à protéger, face aux enjeux liés à l’utilisation des ressources naturelles. Implémenter les facteurs socio-économiques s’avère donc primordial pour optimiser la mise en place des zones de protection, dont les décisions actuelles se concentrent majoritairement sur les facteurs environnementaux qui influencent la biodiversité. Encore une preuve qu’assurer des conditions sociales et économiques minimales est un prérequis pour la mise en place de stratégies de conservation efficaces et durables.
Aux acteurs et décideurs politiques maintenant de prendre pleinement la mesure des actions nécessaires pour parvenir à l’objectif de 30% d’aires protégées d’ici à 2030.
Cette étude est le fruit d’un travail collaboratif animé par la FRB et son Cesab (Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité) au sein des groupes Pelagic et Parsec. Ce travail a été permis grâce aux financements de la ZSL, du WWF, de l’Université de Montpellier et aux Cesabbatic de Jessica Meeuwig et Tom Letessier.
L’océan est un milieu tridimensionnel comportant une importante dimension verticale, la profondeur, qui structure des écosystèmes uniques et des usages humains spécifiques. Cependant, les outils de gestion et de conservation marine sont dominés par une représentation bidimensionnelle de l’océan, qui néglige cette stratification verticale. Si cette représentation réductionniste de l’océan était compatible avec des usages humains principalement côtiers, l’expansion de l’empreinte humaine vers la haute mer et l’océan profond nécessite une nouvelle approche prenant en compte cette complexité verticale. La prise en compte de la profondeur de l’océan est particulièrement importante étant donné les nouveaux objectifs des accords de Montréal-Kunming, notamment celui d’atteindre 30 % de couverture de protection marine d’ici 2030, ainsi que le récent traité international pour la gestion de la biodiversité en haute mer.
Dans ce contexte, des chercheurs du Criobe et de l’Université de Washington ont développé une nouvelle approche pour évaluer la distribution des impacts humains et des efforts de conservation à travers les trois dimensions de l’océan : latitude, longitude et profondeur. Pour ce faire, une typologie des principales unités écologiques à travers les profondeurs (Figure 1) est surimposée à une typologie bidimensionnelle des écorégions marines pour définir des écorégions tridimensionnelles.

Figure 1 : Profondeur atteinte par les activités de pèche par type d’engins. La profondeur des pictogrammes représentant chaque engin indique la profondeur maximale où ces engins opèrent.
À l’aide de cette nouvelle typologie, l’équipe a évalué la distribution tridimensionnelle mondiale des efforts de conservation et des activités de pêche, qui constituent aujourd’hui la principale pression humaine directe sur les écosystèmes marins. Les analyses s’appuient sur des bases de données publiques, telles que le Global Fishing Watch pour les activités de pêche, le World Database on Protected Area pour les efforts de conservation et le GEBCO pour les données bathymétriques.
Les résultats ont révélé que les différentes profondeurs de l’océan, qui correspondent à des écosystèmes uniques, bénéficient d’efforts de conservation très disparates. Alors que les écosystèmes les moins profonds (0 à 30 m) sont les mieux protégés, les écosystèmes plus profonds, notamment le mésophotique (30 à 150 m), le rariphotique (150 à 300 m) et les abysses (3500 à 6000 m), n’ont toujours par atteint l’objectif de 10 % de couverture de protection fixé par la Convention sur la diversité biologique (CDB) et qui aurait dû être atteint depuis 2020. Par contraste, l’empreinte 3D des activités de pêche s’étend à travers toutes les profondeurs, avec notamment 37 % des activités mondiales de pêche opérant dans l’océan profond, en-dessous de 300 m.
D’autre part, les résultats démontrent que les efforts de conservation sont disproportionnellement dirigés vers les aires où le moins d’activité de pêche ont lieu, un phénomène d’évitement dénommée ” conservation résiduelle “. Autrement dit, les aires les plus impactées par les pressions humaines demeurent le plus souvent sans protection. De plus, les aires marines de protection forte, où les régulations d’extraction sont strictes, et qui fournissent les bénéfices écologiques les plus importants, sont sous-représentées dans toutes les écorégions et à toutes les profondeurs, avec seulement 1,4 % de couverture à l’échelle mondiale.
Les faiblesses du réseau mondial d’aires marines protégées soulignées par cette étude appellent à une représentation plus holistique de l’océan, prenant en compte sa structure verticale et les processus complexes de connectivité reliant le pélagique au benthique. Améliorer la représentation écologique à toutes les profondeurs, augmenter la couverture de protection forte, et prioriser les zones les plus impactées par les usages humains doivent constituer la priorité des stratégies de conservation à l’échelle nationale et mondiale.
Au service de l’objectif “Connecting R&I programs, results and experts to policy” de Biodiversa+, la sous-tâche 4.1.2 “Desk studies and production of knowledge syntheses“, pilotée par la Fondation Française pour la Recherche sur la Biodiversité (FRB), publie un maché pour la réalisation d’une synthèse des connaissances afin de fournir un état de l’art sur le thème du suivi de la biodiversité en appui à l’évaluation de l’efficacité des aires protégées. La FRB nommera le bénéficiaire – après le processus d’évaluation/sélection – le 6 Février 2024.
POUR CANDIDATER
La date de clôture des candidatures pour ce marché est fixée au 27 janvier 2024 à minuit.
Toutes les réponses à ce marché devront être rédigées en anglais, devront suivre le formulaire de proposition envoyées par email avant cette date butoir à :
Joseph Langridge – joseph.langridge@fondationbiodiversite.fr
avec Cécile Mandon – cecile.mandon@fondationbiodiversite.fr en copie.
>> Consulter le cahier des charges et télécharger le formulaire de réponse.
Au cours des trois dernières décennies, la conservation de la biodiversité s’est élargie, passant de la seule préservation de la nature à des approches plus « respectueuses des populations ». Cependant, ces approches intégrant à la fois des objectifs de conservation et de développement n’ont pas nécessairement bénéficié aux populations locales. Le projet FRB-Cesab JustConservation a analysé comment des enjeux de justice se concrétisent dans la conservation. Il pose les questions suivantes :
Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.
L’objectif général du projet FRB-Cesab RAATD (“Analyse rétrospective des données de tracking en Antarctique”) est d’évaluer l’utilisation de l’habitat par plusieurs espèces de prédateurs situés au sommet des chaînes trophiques de l’océan Austral à partir des jeux de données existants de suivi spatial de ces animaux. Cette approche permet d’identifier les zones écologiquement importantes pour les prédateurs, c’est-à-dire les régions océaniques qui servent de sites privilégiés pour la prospection de nourriture à plusieurs espèces de prédateurs simultanément, et qui par conséquent présentent une biodiversité importante.
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Lorsqu’en 2010, les gouvernements du monde se sont engagés à augmenter la couverture des aires protégées à 17% de la surface terrestre mondiale, plusieurs pays d’Afrique centrale avaient déjà instauré la protection de 25% de leurs savanes à des fins de conservation. Pour évaluer l’efficacité de ces outils, des chercheurs du projet Afrobiodrivers, financés par la FRB au sein de son centre de synthèse, ont analysé les résultats de 68 enquêtes menées dans les sept principaux parcs nationaux de savane d’Afrique centrale (1960-2017) ainsi que les informations sur les pressions potentielles impactant la population de grands herbivores (pluviométrie, nombre de gardes) et sur le nombre et les revenus des touristes. Dans six des sept parcs, les populations sauvages de grands herbivores ont considérablement diminué au fil du temps, parallèlement, le nombre de têtes de bétail a augmenté, et le tourisme, le pilier d’une industrie faunique locale autrefois florissante, s’est effondré. Le parc national Zakouma (Tchad) s’est démarqué parce que ses grandes populations d’herbivores ont augmenté, une augmentation qui est positivement corrélée avec les précipitations et le nombre de gardes, démontré ici comme un indicateur de conservation pertinent.
Avec la baisse des revenus et l’insécurité croissante, les gouvernements ont trop peu de ressources pour protéger les vastes zones que représentent les parcs et faire respecter les limites des zones protégées. “Les gouvernements de ces pays sont débordés et essaient de faire plus que ce qu’ils peuvent faire”, a déclaré Paul Scholte, auteur principal de l’étude et directeur du programme Gouvernance et gestion durable des ressources naturelles à Comoé et Taï, deux parcs nationaux de Côte d’Ivoire. “Et la réalité est que l’augmentation des zones sous conservation, en Afrique centrale, pousse les pays à assumer plus qu’ils ne peuvent assumer, alors que la communauté internationale ne leur a pas donné les ressources nécessaires pour s’aligner sur les réalités du terrain.“
La prochaine convention sur la diversité biologique prévue en avril 2022 suggère d’augmenter les zones de conservation pour couvrir 30 % de la surface terrestre de la planète. « L’objectif est noble », a déclaré M. Scholte, « mais sans financement pour soutenir ces objectifs, la plupart des pays à faible revenu ne pourraient pas réussir ». Pour faire face au dilemme que représente l’expansion des aires protégées et la baisse des moyens de gestion, les auteurs proposent d’augmenter les financements, d’améliorer la gestion et de concentrer les actions sur des zones plus petites pour sauver la faune dans les savanes d’Afrique centrale. « Il ne s’agit pas de doubler ou de tripler le financement pour qu’il soit efficace. Il faudrait 10, 15 ou même 20 fois plus de fonds par an pour les budgets de ces parcs. », d’après Paul Scholte. “C’est énorme, et nous savons tous que ce n’est pas réaliste. Donc, nous disons que nous devrions en prendre conscience, le reconnaître, et concentrer ces ressources limitées sur des zones qui sont viables et qui pourraient avoir un plus grand effet sur la conservation des populations de grands herbivores en Afrique centrale ».
La 15ème réunion de la Conférence des parties (COP15) de la Convention des Nations unies sur la diversité biologique (CDB), qui doit se tenir en 2021, devrait déboucher sur un accord mondial en faveur de la nature, avec un consensus émergent visant à protéger au moins 30% de l’océan global d’ici 2030.
Les résultats de l’étude coordonnée par Enric Sala publiée en mars 2021 dans le journal Nature, donnent du crédit à cet objectif et suggèrent qu’une augmentation de la surface des aires marines protégées et une répartition spatiale cohérente de ces dernières pourraient avoir un triple avantage : non seulement mieux protéger la biodiversité marine par rapport à l’existant, mais aussi stimuler la productivité des pêcheries, en exploitant une moins grande surface mais avec de meilleurs rendements, et amoindrir les émissions de carbone remis en suspension par le chalutage profond.
La synthèse est disponible dans les ressources téléchargeables.
Alors que la Startégie nationale pour les aires protégées (Snap) vient d’être publiée, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité vous propose de découvrir les actes de la Journée FRB 2020 sur la thématique « Les aires protégées peuvent-elles sauver la biodiversité au XXIe siècle ? ».
Cette journée a permis d’expliciter les bénéfices socio-économiques des aires protégées et constitué un espace de dialogue entre chercheurs, décideurs politiques et acteurs de la société.
Cette publication documente et analyse la manière dont les gestionnaires des parcs nationaux ont cherché à légitimer ces espaces en France et ont identifié deux types principaux de légitimité : la légitimité substantielle, avec la science et le droit comme piliers majeurs, et la légitimité procédurale. La première est profondément ancrée dans la tradition française et a façonné le fonctionnement des parcs nationaux au cours de leurs premières décennies d’existence ; la seconde est arrivée tardivement dans les parcs nationaux français et a été fortement influencée par la publication des lignes directrices européennes relative à l’essor des processus participatifs.
Cette publication ne démontre qu’aucune de ces deux légitimités n’est suffisante seule Les parcs nationaux n’ont donc pas d’autre choix que de les combiner sous des formes diverses et avec différents niveaux de succès. L’étude a aussi permis d’éclairer le rôle des scientifiques dans l’évolution de cette légitimité des parcs ainsi que dans la circulation, au niveau européen, de l’information, de l’expertise et de certaines innovations comme l’adoption de la notion de solidarité écologique proposée par des scientifiques français. Les auteurs montrent que, même si la légitimité reste fragile, les tentatives pour surmonter ces tensions et pour combiner les sources de légitimité ont varié d’un parc à l’autre ont généré des innovations intéressantes, comme les bioblitzs, des inventaires naturalistes participatifs.
Cette étude contribue également à expliquer la non-linéarité des politiques de conservation qui sont loin d’être simplement mises en œuvre dans les États membres en remplacement ou en complément des systèmes nationaux existants.
La synthèse est disponible dans les ressources téléchargeables.
Cette vision et cette ambition pourraient être clarifiées et renforcées en insistant sur les objectifs écologiques associés aux aires protégées, le développement soutenable des activités humaines devant être considéré comme un moyen plutôt qu’une finalité. La Stratégie gagnerait à compléter le bilan réalisé en 2019 par un bilan scientifique plus intégratif, afin de poser les bases robustes des objectifs et des actions, en lien avec une approche synthétique des avancées et des pratiques internationales.
Un dialogue étroit avec le conseil scientifique de l’OFB et la consultation de chercheurs devraient permettre de catalyser la pluralité disciplinaire des organismes publics de recherche nationaux et des universités. De nombreuses sources et instances de réflexion pourraient aussi fournir un éclairage sur les modèles économiques associés aux aires protégées, en particulier la conceptualisation des jeux d’acteurs issue des sciences humaines et sociales.
La notion de territoire, très présente dans la Stratégie, mérite d’être explicitée, tant cette échelle – à mettre au cœur d’une cohérence écologique et pas seulement administrative – définit un référentiel essentiel pour la mise en œuvre effective de la Stratégie. Les outils et « innovations » associés aux aires protégées et à la mise en œuvre de la Stratégie doivent être précisés, tant en ce qui concerne les outils juridiques et fiscaux – très insuffisamment développés – que le renforcement des interactions entre gestionnaires et chercheurs. Enfin, de nombreuses imprécisions, incohérences, manques voire erreurs émaillent le texte et en obscurcissent la logique.
La note est disponible dans les ressources téléchargeables.
Pour l’édition 2020, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité a consacré sa Journée FRB à la thématique des aires protégées.
Cet événement a permis d’expliciter les bénéfices écologiques et aussi socio-économiques des aires protégées et constitué un espace de dialogue entre chercheurs, décideurs politiques et acteurs de la société.
Les présentations des intervenants sont disponibles sur la page internet de l’événement dans la rubrique “ressources téléchargeable”. Les vidéos des différentes interventions seront bientôt en ligne sur le site internet et la chaîne Youtube de la Fondation.
Après la sortie du rapport alarmant de l’Ipbes sur l’état de la biodiversité mondiale, l’année 2020 a été marquée par une crise sanitaire sans précédent et rythmée par une succession de rapports alertant sur la situation critique de la biodiversité. Ce contexte inédit a mis en lumière le rôle que peuvent avoir les aires protégées pour ralentir l’érosion de la biodiversité et réduire les risques de zoonoses ou d’épidémies.
Les aires protégées sont-elles efficaces ?
Le seront-elles demain ?
Facilitent-elles l’adaptation du monde vivant au changement climatique ?
Quels en sont les bénéfices socio-économiques ?
Comment concilier activités humaines et aires protégées ?
Quel(s) modèle(s) économiques adopter ?
En 2020, les aires protégées, tout statut confondu, avoisinent les 16 % de la surface de la planète. Les objectifs discutés pour la préparation des prochains grands rendez-vous internationaux ambitionnent d’atteindre 30 % de la planète d’ici 2030. Si par définition ces aires sont protégées des activités humaines, de manière partielle ou plus rarement totale, le maintien, l’extension ou la création de nouvelles aires protégées se heurte à des intérêts socio-économiques multiples.
L’évaluation du niveau de protection nécessaire pour atteindre les objectifs fonctionnels sur le plan écologique de ces espaces est donc indispensable.
Les présentations des intervenants sont disponibles dans les ressources téléchargeables.
Le « filet de sécurité mondial » décrit comment une conservation étendue de la nature répond à ces deux menaces globales. Les auteurs identifient 50% du domaine terrestre qui, s’il était conservé, inverserait la tendance future à la perte de biodiversité, empêcherait les émissions de CO2 dues au changement d’usage des terres et renforcerait le stockage naturel du carbone. Ce cadre de réflexion montre que, au-delà des 15,1% de terres actuellement protégées, 35,3% des terres sont nécessaires pour assurer la conservation de sites supplémentaires d’une importance particulière pour la biodiversité et stabiliser le climat. Cinquante écorégions et 20 pays contribuent de manière majeure aux objectifs proposés. Les terres autochtones s’imbriquent largement dans le filet de sécurité mondial. La conservation du filet de sécurité mondial pourrait aider la santé publique en réduisant à l’avenir le risque d’émergence de maladies zoonotiques comme la Covid-19.
Alors que les crises simultanées de la perte de biodiversité et du changement climatique ont généralement été abordées séparément, il existe une même solution clé pour deux des défis les plus urgents de notre époque : conserver suffisamment de nature et aux bons endroits.
La synthèse est disponible dans les ressources téléchargeables.
Une étude parue dans la revue Frontiers in Ecology and the Environment indique que seule 1,4 % de cette surface est en réalité intégralement protégée, alors que les aires intégralement protégées sont considérées comme les moyens de protection les plus efficaces. Selon Joachim Claudet, directeur de recherche au CNRS, et coauteur de l’article, « on constate à la fois dans la littérature scientifique et sur le terrain que non seulement les aires marines intégralement protégés sont minoritaires, mais qu’en plus, sur toutes celles qui existent, une infime minorité fonctionne. » Pour le chercheur, l’explication est simple : « les aires protégées qu’elles soient marines ou terrestres sont aujourd’hui trop souvent conçues uniquement sur des pré-requis écologiques, alors qu’elles devraient être pensées également en termes socio-écologiques. » Autrement dit pour protéger la biodiversité, il faudrait avant tout comprendre comment les hommes interagissent avec elle pour trouver les meilleures solutions de préservation. Fort de cette intuition, le chercheur et son équipe ont développé une méthode socio-écologique pour identifier les outils de gestion (dont les aires protégées) les plus à même d’être efficaces.
Le groupe de travail Pelagic du Centre de synthèse et d’analyse de la biodiversité (Cesab) vous convie à Montpellier pour un symposium en anglais le vendredi 29 novembre 2019. Au cours de cette journée, un groupe de chercheurs internationaux présentera les nouveaux défis associés à la surveillance de la faune et des activités humaines dans les aires protégées à l’aide des technologies les plus récentes.
Comité d’organisation :
Intervenants :
Le nombre d’aires marines protégées a augmenté de façon exponentielle au cours des dix dernières années afin de répondre aux objectifs internationaux. Cependant, la plupart de ces zones permettent l’extraction de ressources et sont donc désignées comme « aires partiellement protégées » (Partially Protected Area). L’efficacité de ces aires reste encore incertaine en raison des multiples possibilités d’usage qui y sont généralement autorisées.
Dans un article paru dans la revue Frontiers in Ecology and the environment, des scientifiques ont évalué l’efficacité écologique des aires partiellement protégées regroupées selon un système de classification basé sur la réglementation. Cette nouvelle classification permet une différenciation non ambiguë entre les aires protégées, en fonction des usages autorisés.
Les résultats montrent que les zones hautement et modérément protégées présentent une biomasse et une abondance plus élevées d’espèces de poissons commerciales, tandis que l’abondance et la biomasse des poissons dans les zones faiblement protégées différent peu des zones non protégées. Les auteurs soulignent notamment que l’efficacité des zones modérément protégées peut être améliorée par la présence d’une zone adjacente intégralement protégée.
Ainsi, des usages limités et bien réglementés dans les aires partiellement protégées et la présence d’une zone intégralement protégée adjacente confèrent des avantages écologiques dont découlent les avantages socio-économiques.
Consultez la synthèse complète.
Les zones côtières du monde sont de plus en plus soumises à des pressions humaines nécessitant une gestion adaptée et stratégique. L’établissement d’aires marines protégées (AMP) est un outil couramment utilisé pour améliorer la conservation, la sécurité alimentaire et la gestion des pêches. L’étude des conséquences écologiques des aires intégralement protégées (c’est-à-dire des zones sans prélèvement) révèle que l’abondance et la taille des espèces exploitées sont généralement accrues et ce, même au-delà des zones protégées dans certains cas, grâce à un effet de débordement. Par ailleurs, ces aires intégralement protégées permettent le rétablissement des populations et des communautés de poissons et d’autres taxons marins assurant ainsi la préservation de la structure de l’habitat.
La mise en place de zones intégralement protégées a souvent entraîné des conflits entre les enjeux de conservation de la biodiversité et les objectifs socio-économiques, en particulier dans les zones exploitées par de nombreux utilisateurs et soumises à différents types d’usages. Ainsi, l’établissement d’aires partiellement protégées, dans lesquelles certaines activités extractives peuvent être autorisées, est devenue une option favorisée par de nombreux décideurs, car plus facile à mettre en place au vu des objectifs à la fois socio-économiques et écologiques affichés. À la suite des accords et engagements internationaux, de plus en plus d’aires marines protégées sont en cours de création, mais la plupart ne sont que partiellement protégées. Il est donc urgent de déterminer quelles formes de protection partielle peuvent apporter des avantages socio-économiques tout en conservant une pertinence en termes de protection de la biodiversité.
Les aires partiellement protégées dépendent du contexte et leurs réglementations varient en fonction des objectifs de gestion qui vont, à leur tour, affecter leur efficacité écologique.
Un nouveau système de classification des aires protégées en fonction des activités commerciales et récréatives autorisées a été récemment développé (Horta e Costa et al., 2016). Dans ce système, les aires protégées, partielles et intégrales, sont classées en fonction des impacts cumulés des activités autorisées. Il est donc essentiel de comprendre les conséquences écologiques des différents types de protection partielle, celles-ci étant très certainement liées à différents régimes de réglementation. Dans cet article, les chercheurs présentent une nouvelle approche pour étudier et déduire comment une diversité de niveaux de protection partielle peut entraîner différents niveaux d’efficacité écologique. Ils ont également examiné comment les caractéristiques des aires protégées (âge et taille) peuvent influer sur l’efficacité des zones partiellement protégées, ou comment les caractéristiques spécifiques aux aires protégées multi-zones, telles que la présence d’une zone intégralement protégée adjacente, peuvent influer sur l’efficacité de la protection partielle.
La FRB a mis en place en 2015 un groupe de travail « Espaces naturels protégés et recherche » associant ses deux conseils de gouvernance : le Conseil d’orientation stratégique (Cos) et le Conseil scientifique (CS).
Organisées en avril dernier, les 3es Rencontres chercheurs et gestionnaires d’espaces naturels protégés visaient à rassembler ces deux communautés pour faciliter l’émergence et la conduite de projets de recherche « changement climatique sur les espaces naturels protégés ».
Elles s’inscrivaient dans la continuité des deux rencontres précédentes, en 2016 et 2017, et dans la prise en compte des recommandations qui en sont ressorties.
Retrouver les actes du colloque sur la page dédiée à ces 3es rencontres.
Les 3es rencontres nationales « chercheurs – gestionnaires d’espaces naturels protégés (ENP) » visaient à rassembler les communautés de gestionnaires d’espaces naturels protégés et de chercheurs pour faciliter l’émergence et la conduite de projets de recherche “changement climatique” sur les espaces naturels protégés. Elles se sont inscrites dans la continuité des deux rencontres précédentes, notamment dans la prise en compte des recommandations qui en sont issues (à consulter ci-dessous).
Les rencontres, qui se sont tenues à Annecy les 17 et 18 avril 2019 sur une journée et demie, se sont structurées sous forme d’alternance de sessions plénières et d’ateliers permettant de discuter de manière approfondie sur les facteurs favorisant une collaboration réussie entre les communautés de chercheurs et de gestionnaires.
Télécharger les actes de ces Rencontres dans les ressources ci-dessous.
La FRB a mis en place en 2015 un groupe de travail “Espaces naturels protégés et recherche” associant ses deux conseils de gouvernance : le Conseil d’orientation stratégique (Cos) et le Conseil scientifique (CS). Dans le cadre de ce groupe de travail, une enquête a été menée afin de mieux connaître et faire connaître les collaborations gestionnaires/chercheurs et leur implication dans le développement des connaissances.
Un dépliant a également été conçu, sur la base de la publication, et met en avant des recommandations visant à conforter les espaces naturels protégés en tant que sites potentiels d’observation et d’analyse des rapports des sociétés à la nature. Elles ont également comme objectif d’en faire des sites références “sentinelles” où réaliser des suivis sur le long terme.
La publication et le dépliant sont consultables dans les ressources ci-dessous.
La mise en place d’aires marines protégées est l’une des mesures phares de conservation de la biodiversité marine. Il s’agit principalement de définir un espace au sein duquel les activités humaines pourront être restreintes et la lutte contre la pollution renforcée, dans l’objectif de protéger un écosystème particulièrement remarquable ou sensible. Adoptée en 1992, la Convention sur la diversité biologique mentionne comme premier outil de conservation in situ l’établissement d’un « système de zones protégées ou de zones où des mesures spéciales doivent être prises pour conserver la diversité biologique ». Les objectifs d’Aïchi (CDB, 2010) pour la biodiversité prévoient ainsi la conservation d’au moins 10% des zones marines et côtières par des réseaux d’aires protégées. Aujourd’hui, il existe quelques aires marines protégées situées en haute mer – ce vaste espace, au delà des zones économiques exclusives des États côtiers – qui représente 64% des mers et océans et qui constitue un enjeu crucial pour la biodiversité. Un nouveau traité est actuellement en cours de discussion pour introduire des mesures juridiquement contraignantes pour la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité en haute mer. En effet, il est impossible de contraindre juridiquement des États à appliquer un accord s’ils n’en sont pas Partie. Comment, dans ces conditions, traiter ce problème et ainsi préserver la biodiversité des écosystèmes fragiles et méconnus qui s’y trouvent ?
Où en sont aujourd’hui, en France, les collaborations entre chercheurs et gestionnaires d’ENP ? Quels enjeux, quels objets, quelles disciplines tendent-elles à privilégier ? Quels sont leurs apports et leurs limites, du point de vue des chercheurs et des gestionnaires ? Comment les améliorer ? Peut-on identifier différents modèles relationnels et, le cas échéant, quelles sont leurs caractéristiques, leurs conditions de réussite et leurs limites respectives ?
À l’heure où l’Agence française pour la biodiversité (AFB) se met en place, ces deux journées de rencontres apportent des réponses à ces questions, en exposant et en mettant en débat les résultats de l’enquête nationale : « Quelles collaborations entre chercheurs et gestionnaires d’espaces naturels protégés ? » menée par la FRB en 2016 et 2017. Cette enquête quantitative et qualitative qui a associé des chercheurs et des gestionnaires livre pour la première fois un large panorama de leurs relations.
Ces rencontres s’adressent à l’ensemble des chercheurs intéressés par les ENP et des gestionnaires de ces espaces. Après une présentation des résultats de l’enquête en séance plénière, elles s’organisent autour de quatre ateliers thématiques qui s’appuient sur les expériences et les idées de progrès des participants. Les ateliers visent à discuter de manière approfondie les résultats de l’enquête et à proposer des recommandations concrètes pour surmonter les difficultés identifiées et concrétiser tout le potentiel des relations entre chercheurs et gestionnaires.
Télécharger le programme et la présentation des ateliers dans les ressources ci-dessous. Les résultats de l’enquête sont également accessible dans le rapport paru dans la collection Expertise et Synthèse de la FRB : Chercheurs et gestionnaires d’espaces naturels protégés : des liens à construire.
Le déclin des prédateurs marins s’est intensifié à l’échelle mondiale dans les années 1950, les bateaux de pêche industriels ciblant des populations de requins et de thons auparavant inaccessibles. Ces pêcheries extensives continuent de s’étendre, tandis que les prises continuent de diminuer au niveau mondial. Étant donné la difficulté de gérer ces pêches de façon durable, il a été proposé d’établir de vastes Aires Marines Protégées (AMP) où il serait interdit de pêcher afin d’inverser les tendances. Ces AMP, qui sont relativement à l’abri des effets des perturbations anthropiques, nécessitent la connaissance des habitats essentiels au maintien de ces prédateurs marins. Ces connaissances, pourtant cruciales, sont actuellement très limitées puisqu’elles reposent principalement sur une répartition géographique des espèces obtenue grâce aux prises de pêche, biaisées par la prise d’espèces non ciblées et par une sous-déclaration délibérée.
Ici, le projet FRB-Cesab Pelagic surmonte cette limitation en recueillant les informations et les données les plus à jour et les plus complète, sur la biogéographie et l’utilisation de l’habitat des mammifères marins, des requins et des poissons.
Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.
Les programmes de suivi standardisés sur le long terme sont essentiels pour évaluer l’état de la biodiversité. Ils permettent en effet de quantifier l’impact des changements environnementaux sur l’abondance des populations et d’évaluer les conséquences de certaines décisions politiques de gestion des statuts des espèces et des écosystèmes. Le suivi des papillons est un exemple récent de sciences citoyennes. Les programmes de suivi se fondent majoritairement sur le protocole “Butterfly Monitoring Schemes” (BMS), développé au Royaume-Uni. De nos jours, le suivi standardisé de papillons est étendu à 22 pays en Europe, et bien davantage dans le monde. En favorisant la mise en place de collaborations productives et le développement d’approches innovantes, le projet FRB-Cesab Lola-BMS, constitué d’une équipe de 15 experts incluant écologistes, statisticiens et modélisateurs, a permis d’exploiter efficacement les informations issues de ces bases de données dans un objectif double :
Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.
Le continent africain abrite les plus riches et parmi les plus spectaculaires communautés de grands mammifères de la planète. Cette biodiversité exceptionnelle, mais aujourd’hui menacée, joue un rôle essentiel dans le fonctionnement et le maintien des écosystèmes tout en représentant une ressource naturelle et économique importante pour les populations humaines. Lorsqu’en 2010, les gouvernements du monde se sont engagés à augmenter la couverture des aires protégées à 17% de la surface terrestre mondiale, plusieurs pays d’Afrique centrale avaient déjà instauré la protection de 25% de leurs savanes à des fins de conservation.
Pour évaluer l’efficacité de ces outils, les chercheurs du projet AfroBioDrivers ont :
Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.
Un article de synthèse signé par les plus grandes autorités mondiales en matière d’océanographie biologique – comme les scientifiques C.M. Roberts (Université d’York), J. Lubchenco, ancienne sous-secrétaire au commerce de l’administration Obama, D. Pauly (Université de la Colombie-Britannique) ou encore P. Cury (IRD et alors membre du conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité) – démontrent comment les aires marines protégées contribuent à la fois à la préservation des espèces, à l’atténuation du changement climatique et à son adaptation. Pour que ces zones soient un outil efficace pour préserver les espèces et faire face au changement climatique, les scientifiques estiment qu’il faudrait protéger 30 % du domaine marin, or seuls 3,5 % sont actuellement couverts.
Les aires marines protégées ont un rôle majeur à jouer dans l’atténuation et l’adaptation aux changements globaux. En plus de préserver la biodiversité, une bonne gestion des réserves marines peut contribuer à l’adaptation des écosystèmes et des populations humaines aux cinq impacts majeurs du changement climatique sur les océans : l’acidification, la montée des eaux, l’intensification des tempêtes, les changements dans la distribution des espèces, la baisse de productivité et l’appauvrissement en oxygène. Les aires marines protégées peuvent même devenir des outils efficaces et peu coûteux pour réduire l’avancée du changement climatique. En effet, elles favorisent la séquestration et le stockage du carbone et constituent une « police d’assurance » pour les sociétés humaines en limitant les pressions directes sur l’environnement.
Parmi les effets positifs des aires marines protégées pour l’adaptation aux effets du changement climatique, on peut retenir que :
Parmi les effets positifs des aires marines protégées pour l’atténuation du changement climatique, on peut retenir que :