[Événement] Quelle est la place de la biodiversité dans les scénarios de neutralité carbone ?

Après Transition(s) 2050, l’ADEME relance son grand exercice de prospective afin de mettre à jour ses scénarios de neutralité carbone.

La FRB contribue à cet exercice d’actualisation en intégrant la biodiversité dans les scénarios de neutralité carbone. Pour établir les scénarios de neutralité carbone, le travail est organisé par secteurs thématiques : bâtiments, mobilités, alimentation, agriculture, forêts, économie circulaire, consommation, numérique… La biodiversité fait partie des nouveaux secteurs intégrés avec l’IA et l’eau !

 

La FRB pilote le secteur « biodiversité », ses objectifs sont :

  • D’identifier les effets des scénarios de neutralité carbone sur la biodiversité. Dans chaque scénario, les secteurs d’activité réagissent différemment : il faut dès lors transformer les pressions, différemment exercées, en mesures d’état de la biodiversité. Un scénario tire-t-il son épingle du jeu en impactant moins la biodiversité ?
  • De définir « les pressions admissibles » sur la biodiversité et d’analyser les effets sur l’atteinte de la neutralité carbone. Si, au-delà de l’objectif de neutralité carbone, nous fixons des « objectifs de biodiversité » passant par des limitations de pressions, quels sont alors les effets sur les secteurs d’activité ? Comment les scénarios initiaux sont-ils transformés ?
     

Dans ce cadre, l’ADEME organise un atelier pour les (futurs) utilisateurs des résultats de ces scénarios.

Il s’agira de recueillir vos avis, expertises et contributions sur les trajectoires possibles de transition écologique, économique et sociale à l’horizon 2050.

Venez partager vos attentes !

 

📅 Vendredi 21 novembre 2025  

⏰ De 09h30 à 12h30

📍À la Défense

💻 Ou en distanciel

 

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Limiter l’impact de l’énergie éolienne marine sur la faune volante: synthèse des recommandations en l’absence d’évaluations d’efficacité. Synthèse de connaissances

L’éolien offshore apparaît être une solution stratégique pour répondre à la demande croissante d’électricité décarbonée, diversifier le mix énergétique et renforcer l’autonomie des États. C’est dans ce contexte qu’en 2022, la filière industrielle de l’éolien en mer a conclu avec l’État un « pacte éolien en mer », fixant pour objectif l’attribution de 2 GW de nouveaux projets par an dès 2025, ainsi qu’une capacité installée de 18 GW d’ici 2035 et 40 GW à l’horizon 2050. Néanmoins, malgré ses bénéfices climatiques, l’éolien marin nécessite des infrastructures conséquentes qui perturbent le milieu dans lequel elles sont implantées. L’énergie éolienne offshore pose ainsi des défis environnementaux majeurs notamment en matière de biodiversité : perturbation dans la colonne d’eau sur les habitats benthiques, c’est-à-dire dans les fonds marins, émissions sonores susceptibles de nuire aux mammifères marins mais également dans la colonne d’air avec des risques de collision pour les oiseaux et chauves-souris, etc. La séquence « Éviter, Réduire, Compenser » (ERC), également appelée hiérarchie d’atténuation ainsi que les outils réglementaires associés (évaluation environnementale stratégique, études d’impact) encadrent le développement des projets en mer et constituent une approche centrale pour réduire les effets de l’éolien offshore sur les écosystèmes. Le véritable enjeu consiste désormais à concilier l’accélération nécessaire du déploiement de l’éolien offshore avec la préservation effective de la biodiversité.

 

Comment atteindre les objectifs climatiques sans compromettre l’intégrité des écosystèmes ? Pour répondre à cette question, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) a initié, avec le soutien du Mirova Research Center, une revue de la littérature scientifique et technique afin d’identifier les mesures d’atténuation jugées pertinentes par les experts et d’évaluer les tendances émergentes en matière de bonnes pratiques pour réduire l’impact des parcs éoliens marins sur la faune volante.

 

Impacts de l’éolien offshore sur la biodiversité et recommandations pour l’évaluation des risques. Synthèse de connaissances

De nombreux travaux de recherche se sont donc efforcés d’évaluer les impacts, positifs ou négatifs, de ces dispositifs sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes marins, générant une abondante littérature. Ces impacts sont très variables et différents selon le cycle de vie de l’installation, l’emplacement, le type de turbine employée, le type de fondations et d’ancrages, les structures annexes associées et les espèces présentes qui interagissent avec ces infrastructures. Ces installations sont principalement situées dans des parcs éoliens, plus ou moins étendus, à plus ou moins grande distance des côtes. Or, les territoires côtiers sont à la fois des zones de forte biodiversité, mais aussi des zones culturellement riches et où le partage des usages des terres, de la mer et des ressources est un réel enjeu.

Efficacité des solutions et recommandations pour limiter l’impact de la production d’énergie éolienne terrestre sur la biodiversité. Clé pour comprendre

Les principaux impacts des énergies éoliennes ont lieu pendant les phases de construction et d’exploitation.

La perte d’habitats causée par le défrichement d’espaces boisés lors de la phase de construction a des effets négatifs sur les espèces animales forestières.

Au cours de la phase d’exploitation, les principales perturbations des éoliennes sont dûes au mouvement du rotor, au bruit, aux vibrations, aux lumières vacillantes et à une présence humaine accrue.

Ces perturbations entraînent, chez de nombreuses espèces animales :

  • Mortalité directe par collision ;
  • Mortalité indirecte par la diminution de la qualité de l’habitat et la disponibilité des ressources à proximité des éoliennes ;
  • Changements de comportement tels que l’évitement et la modification des trajectoires de vol, en particulier chez les espèces migratrices. Ces actions d’évitement peuvent se produire à différentes échelles, au niveau de l’ensemble du parc éolien, en son sein ou à proximité immédiate des éoliennes.

Impacts des installations éoliennes sur terre sur la biodiversité et recommandations pour l’évaluation des risques. Clé pour comprendre

Les principaux impacts des énergies éoliennes ont lieu pendant les phases de construction et d’exploitation.

La perte d’habitats causée par le défrichement d’espaces boisés lors de la phase de construction a des effets négatifs sur les espèces animales forestières.

Au cours de la phase d’exploitation, les principales perturbations des éoliennes sont dûes au mouvement du rotor, au bruit, aux vibrations, aux lumières vacillantes et à une présence humaine accrue.

Ces perturbations entraînent, chez de nombreuses espèces animales :

  • Mortalité directe par collision ;
  • Mortalité indirecte par la diminution de la qualité de l’habitat et la disponibilité des ressources à proximité des éoliennes ;
  • Changements de comportement tels que l’évitement et la modification des trajectoires de vol, en particulier chez les espèces migratrices. Ces actions d’évitement peuvent se produire à différentes échelles, au niveau de l’ensemble du parc éolien, en son sein ou à proximité immédiate des éoliennes.

Efficacité des solutions et bonnes pratiques mises en place pour limiter l’impact de la production d’énergie éolienne terrestre sur la biodiversité

Cette publication synthétise un travail d’identification, à partir de la littérature scientifique, de mesures efficaces pour réduire les risques pour la biodiversité volante, c’està-dire les oiseaux, les chauve-souris et les insectes. Elle propose des recommandations à destination de la communauté scientifique, des développeurs et opérateurs d’éoliennes terrestres et des États afin d’en réduire les impacts. Ce travail s’inscrit dans la cible 8 du Cadre mondial pour la biodiversité qui vise à “Atténuer les effets des changements climatiques et de l’acidification des océans sur la biodiversité et renforcer la résilience de celle-ci grâce à des mesures d’atténuation et d’adaptation ainsi qu’à des mesures de réduction des risques de catastrophe naturelle, y compris au moyen de solutions fondées sur la nature et/ou d’approches écosystémiques, en réduisant au minimum toute incidence négative et en favorisant les retombées positives de l’action climatique sur la biodiversité”.

Impacts de l’éolien terrestre sur la biodiversité. Mise à jour des connaissances

L’Agence internationale des énergies renouvelables a établi un plan optimiste selon lequel la production d’électricité décarbonée à partir d’énergies renouvelables devrait passer de 25 % en 2017 à 85 % en 2050. Dans le contexte de l’urgence climatique, la transition énergétique vers des sources renouvelables est essentielle pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. L’énergie éolienne terrestre, en pleine expansion, joue un rôle crucial dans cette transition.

 

Motivés également par les progrès technologiques, les économies d’échelle, les chaînes d’approvisionnement compétitives et l’expertise des développeurs, les coûts de l’électricité renouvelable ont nettement baissé au cours de la dernière décennie favorisant le développement socio-économique et humain.

 

Cependant, son développement rapide soulève des défis environnementaux, notamment en termes d’impacts négatifs sur la faune volante.

 

 

Zoom sur les impacts des installations éoliennes terrestres sur la biodiversité

 

Les principaux impacts des énergies éoliennes ont lieu pendant les phases de construction et d’exploitation

 

La perte d’habitats causée par le défrichement d’espaces boisés lors de la phase de construction a des effets négatifs sur les espèces animales forestières.

 

Au cours de la phase d’exploitation, les principales perturbations des éoliennes sont dûes au mouvement du rotor, au bruit, aux vibrations, aux lumières vacillantes et à une présence humaine accrue.

 

Ces perturbations entraînent, chez de nombreuses espèces animales :

  • Mortalité directe par collision ;
  • Mortalité indirecte par la diminution de la qualité de l’habitat et la disponibilité des ressources à proximité des éoliennes ;
  • Changements de comportement tels que l’évitement et la modification des trajectoires de vol, en particulier chez les espèces migratrices. Ces actions d’évitement peuvent se produire à différentes échelles, au niveau de l’ensemble du parc éolien, en son sein ou à proximité immédiate des éoliennes.

[International] Continuer de créer des liens entre biodiversité et climat à l’échelle paneuropéenne

 

Le Pesc c’est une consultation paneuropéenne des parties prenantes (“Pesc”) du réseau Europe et Asie centrale de l’IPBES. Cette année à Bruxelles se tenait sa 8e édition qui a réuni une centaine de parties prenantes de la biodiversité et du changement climatique, des régions Europe et Asie centrale : points focaux nationaux de l’Ipbes, du Giec, décideurs, représentants de la commission européenne, chercheurs et chercheuses, initiatives à l’interface science-société-politiques (FRB, Biodiversa+RespinCoop4CBD, UICN…), etc. 

 

Ses objectifs ? 

  • Une meilleure compréhension des processus et des opportunités de l’IPBES et du GIEC pour les experts et les politiques (comment contribuer aux rapports, comment utiliser les rapports des deux plateformes, etc.). 
  • Un partage d’expériences et de stratégies sur la contribution aux processus IPBES et GIEC. 
  • Des échanges de connaissances sur les liens entre la biodiversité et le changement climatique, discussions sur les possibles collaborations entre les deux plateformes. 

 

Sa 8e édition était organisée conjointement avec Biodiversa+ (le partenariat européen pour la biodiversité, dont la FRB accueille une partie de l’équipe) et le projet européen RESPIN (visant à renforcer le lien IPBES (biodiversité) – GIEC (climat), dont la FRB accueille également une partie de l’équipe). Côté FRB, Marie-Claire DannerNathalie MorataColine LéandreTyphaine Quinquis et Constance Laureau y étaient pour représenter le partenariat européen Biodiversa+ et les projets RESPIN et COOP4CBD. 

 

Ce qu’il en ressort ?  

  • Une opportunité unique de networking et une collaboration inédite entre les chercheurs et les points focaux impliqués auprès de l’Ipbes et du Giec très appréciée ; 
  • Un format interactif et pas descendant où chacun a pu s’exprimer ; 
  • Un besoin de moyens pour réitérer ce genre d’initiative (avec participation des pays d’Europe de l’est et Asie centrale, participation des experts, etc.) 

[Appel à experts] Rejoignez le Groupe de Travail « Changements climatiques et biodiversité » 

Ce GT a pour objectif d’analyser les interactions entre les changements climatiques et la biodiversité et de développer des outils et des indicateurs pour mieux comprendre et répondre à ces enjeux majeurs. 

 

Missions et engagements du GT 

 

Les membres du GT jouent un rôle essentiel en contribuant aux discussions et en apportant leur expertise pour formuler des analyses et recommandations basées sur les connaissances et recherches actuelles. Leurs principales missions sont les suivantes : 

  • Définir les indicateurs pertinents permettant d’évaluer les interactions entre les changements climatiques et la biodiversité, et proposer des améliorations aux indicateurs existants. 
  • Identifier les lacunes en matière de données et d’indicateurs, et veiller à une collecte et une gestion optimale des informations nécessaires aux analyses. 
  • Participer à la communication et à la sensibilisation autour des résultats des travaux du GT, et contribuer à la valorisation des indicateurs dans des outils tels que la « carte des pressions ». 

 

Engagement et temps requis 

 

L’investissement demandé aux membres du GT est le suivant : 

  • Se familiariser avec le fonctionnement et les travaux de l’ONB. 
  • Participer à trois réunions techniques par an. 
  • Contribuer aux travaux intersessions si nécessaire. 
  • Assister à une réunion thématique annuelle. 

 

En rejoignant ce groupe, vous aurez l’opportunité de collaborer avec d’autres experts, de contribuer à des avancées concrètes sur les enjeux climat-biodiversité et de valoriser ces travaux à travers des outils tels que la « carte des pressions ». 

 

Les membres peuvent s’impliquer selon deux niveaux d’engagement : 

  • Participation rapprochée : contribution active aux travaux et élaboration d’analyses et recommandations. 
  • Participation consultative : apport ponctuel d’expertise et avis sur les productions du GT. 

 

 

Si vous êtes intéressé(e) par cette opportunité, veuillez remplir le formulaire :

 

Participer au Groupe de Travail « Changements climatiques et biodiversité »

 

 

N’hésitez pas à contacter Charlotte Navarro (charlotte.navarro@fondationbiodiversite.fr) pour toutes questions ou informations complémentaires. 

 

 

L’Observatoire national de la biodiversité (ONB) est un projet multi-partenarial qui met à la disposition de tous des informations précises et documentées sur la biodiversité en France (hexagone et outremer) – son état et son évolution, ainsi que les pressions qui s’exercent sur elle et ses interactions avec la société française. Ses travaux sont discutés de manière collégiale, font l’objet d’une évaluation scientifique indépendante, et sont publiés sur le portail naturefrance.fr. 

L’ONB compte 8 groupes de travail thématiques (GT). En 2024 a été lancé un travail préparatoire au développement de la thématique « Biodiversité et changements climatiques » dans le cadre de l’ONB.

 

Biodiversité, eau, alimentation, santé, climat : tout est lié !

À l’occasion de ce lancement, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) a choisi de mettre en avant, en s’appuyant sur des articles scientifiques majeurs publiés ces dernières années, la chaîne de causalité qui relie ces différents domaines. Comment la disparition des chauves-souris aux États-Unis a-t-elle entraîné une augmentation de la mortalité infantile ? Pourquoi le gaspillage alimentaire, aujourd’hui troisième plus grand émetteur de gaz à effet de serre après la Chine et les États-Unis, a-t-il un impact environnemental majeur ? Comment la gestion de l’eau à l’échelle mondiale menace-t-elle à la fois la biodiversité aquatique et les écosystèmes terrestres ? Ou encore, pourquoi la menace que fait peser le changement climatique sur les coraux compromet-elle les services cruciaux qu’ils fournissent, notamment la sécurité alimentaire ? 

  

Ces exemples illustrent comment les crises liées au changement climatique, à la biodiversité, à l’eau, à la santé et à l’alimentation sont indissociables. Chacune de ces dimensions est une pièce du puzzle qui façonne notre avenir. Il est devenu essentiel de comprendre que les perturbations dans l’une d’entre elles entraînent des répercussions immédiates sur les autres. 

 

 

Les chauves-souris en déclin : une cascade de conséquences économiques, agricoles et sanitaires 

 

La disparition des chauves-souris au nord des États-Unis provoque des effets en chaîne sur l’agriculture, l’économie et la santé publique. Leur rôle crucial dans la régulation des insectes est irremplaçable : sans elles, les agriculteurs ont intensifié l’utilisation d’insecticides, bien moins efficaces. Résultat : une baisse de la qualité des récoltes, une perte de 28,9 % des revenus agricoles (26,9 milliards de dollars) et des conséquences délétères sur la santé infantile. Les dommages combinés pour l’agriculture et la santé s’élèvent à 39,4 milliards de dollars. Ce lien de causalité illustre l’interdépendance entre biodiversité et bien-être humain. 

 

Article source : 

Eyal G. Franck et al. (2024) The economic impacts of ecosystem disruptions: Costs from substituting biological pest control. Science 

DOI: 10.1126/science.adg0344 

 

 

 

Gaspillage alimentaire et dégradation des ressources : l’impact caché de nos habitudes de consommation 
 

Le gaspillage alimentaire, qui comprend les pertes à différents stades de la chaîne d’approvisionnement — production, manutention post-récolte, transformation, et distribution — a des conséquences écologiques et sociales importantes. Réduire ce gaspillage de moitié permettrait de préserver 12 % des ressources mondiales en eau, diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 4 %, et nourrir jusqu’à 1,9 milliard de personnes supplémentaires. Ces chiffres illustrent le lien de causalité entre nos habitudes de consommation, les pertes alimentaires et l’épuisement des ressources planétaires. 

 

Article source : 

Kummu et al. (2012) Lost food, wasted resources: Global food supply chain losses and their impacts on freshwater, cropland, and fertiliser use. Science of the Total Environment  

DOI: 10.1016/j.scitotenv.2012.08.092 

 

 

 

Les interconnexions vitales : l’eau douce, le climat, l’agriculture et la biodiversité et le bien être humain 

 

L’eau douce, la biodiversité, la santé humaine, le changement climatique et la sécurité alimentaire forment un réseau de relations interdépendantes. La surexploitation de l’eau pour l’agriculture entraîne une dégradation des écosystèmes aquatiques, accentuée par la pollution chimique et l’introduction d’espèces invasives. Ces pratiques contribuent au changement climatique, qui, à son tour, exacerbe la perte de biodiversité et fragilise la sécurité alimentaire. En retour, cette fragilité accroît les risques pour la santé humaine, soulignant un cercle vicieux où chaque perturbation alimente les déséquilibres globaux. 

 

Article source : 

Carpenter et al. (2011) State of the World’s Freshwater Ecosystems: Physical, Chemical, and Biological Changes. Annual Review of Environment and Resources

DOI : 10.1146/annurev-environ-021810-094524 

 

 

Du corail à la fourchette : les effets de la dégradation des récifs coraliens par le changement climatique sur la biodiversité et la sécurité alimentaire 

 

Les récifs coralliens, sous la pression croissante du changement climatique, subissent une dégradation alarmante. Ces écosystèmes abritent une biodiversité exceptionnelle et jouent un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire, fournissant des ressources à des millions de personnes. Leur déclin entraîne une diminution des services écosystémiques, compromettant les stocks de poissons et les moyens de subsistance des communautés côtières, tout en fragilisant les équilibres environnementaux globaux. 

 

Article source : 

Hughes et al. (2017) Coral reefs in the Anthropocene. Nature 

DOI : 10.1038/nature22901 

 

 

[Événement] Retour sur les rencontres Ipbes-Giec

 

Biodiversité et climat : les deux grands défis environnementaux de notre temps sont inévitablement liés. Cette interdépendance, qui a pu être négligée dans le passé, est désormais établie dans les sphères scientifiques et, de plus en plus, dans les sphères politiques.

 

C’est dans ce contexte que le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) puis l’Ipbes (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) ont été créés. Leur but ? Renforcer l’interface science-politique sur le climat et la biodiversité et fournir aux décideurs publics et privés une évaluation de l’état des connaissances existantes pour une meilleure prise en compte de ces enjeux.

 

 
Lors de cet événement, les différents intervenants ont exploré le fonctionnement actuel de l’Ipbes et du Giec, afin d’en améliorer leur compréhension, d’identifier des pistes d’amélioration, et de mutualiser les recommandations sur ces deux leurs enjeux profondément interconnectés. Un focus particulier était consacré aux enjeux océaniques avec des interventions et une table ronde mettant en avant des instances travaillant sur le sujet.
 

 

Les participants ont également pu participer à différentes sessions d’atelier sur les thématiques suivantes :  

 

1. L’amélioration du fonctionnement et de la légitimité des Plateformes/Panels ;

2. La convergence des enjeux biodiversité et climat ;

3. L’implication et l’engagement au sein de l’Ipbes et du Giec ;

4. La prise en compte des recommandations Ipbes et Giec par les décideurs politiques ;

5. Les recommandations de l’Ipbes et du Giec pour les océans. 

 

 

En savoir plus

 
 
 

Rencontres Ipbes-Giec 2024

Biodiversité et climat : les deux grands défis environnementaux de notre temps sont inextricablement liés. Cette interdépendance, qui a pu être négligée dans le passé, est désormais établie dans les sphères scientifiques et, de plus en plus, dans les sphères politiques.

 

C’est dans ce contexte que le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) puis l’Ipbes (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) ont été créés. Leur but ? Renforcer l’interface science-politique sur le climat et la biodiversité et fournir aux décideurs publics et privés une évaluation de l’état des connaissances existantes pour une meilleure prise en compte de ces enjeux.

 

L’édition 2024 des rencontres Ipbes-Giec portera sur le fonctionnement actuel de l’Ipbes et du Giec afin d’en permettre une meilleure compréhension par toutes et tous et d’envisager des pistes d’améliorations, une mutualisation des recommandations pour la biodiversité et le climat et de renforcer leur niveau de prise en compte par les décideurs. Un focus autour des enjeux océaniques sera notamment proposé pour mieux appréhender les liens biodiversité-climat. Elle est organisée cette année en partenariat avec la Plateforme internationale pour la durabilité des océans (Ipos), le Commissariat général au développement durable du ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires (MTECT-CGDD) et le ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE).

 

Mots d’ouverture par Olivier POIVRE D’ARVOR (Ambassadeur pour les pôles et les enjeux maritimes, MEAE)

Diminuer les émissions de carbone de l’UE en augmentant la navigation en eau douce : quelles conséquences pour la biodiversité ?

Environ 20 000 observations de communautés de poissons et de macro-invertébrés d’eau douce sur 32 ans ont été combinées avec des données sur le trafic intérieur en eau douce et les infrastructures de navigation (ports, écluses, canaux) pour mieux comprendre l’impact de la navigation sur la biodiversité. Ce colossale travail de synthèse a été mené grâce au projet de recherche Navidiv, financé par la FRB à travers son Centre de synthèse et d’analyse de données sur la biodiversité (Cesab). Les résultats attestent de l’impact du trafic fluvial sur la biodiversité. Deux conséquences en particulier ressortent, à savoir : 

  • une diminution significative de la biodiversité, notamment par homogénéisation des communautés et plus précisément par perte de richesse taxonomique et de diversité des traits fonctionnels des poissons et des macro invertébrés,  
  • et une augmentation de la présence d’espèces exotiques envahissantes.  

 

Ces conséquences affectent particulièrement les populations d’espèces rares et celles vivant et se reproduisant dans le lit des rivières. Il ressort également de cette étude que le trafic s’avère être un indicateur pour la biodiversité beaucoup plus important que les infrastructures de navigation, en faisant ainsi l’aspect le plus important du secteur de la navigation à prendre en compte en ce qui concerne les coûts liés à la biodiversité. 

 

Outre ces relations entre navigation et biodiversité, les chercheurs et chercheuses se sont demandé si la pression exercée par le transport fluvial sur la biodiversité était amplifiée dans les paysages modifiés par les humains. Dans les paysages largement anthropisés (milieux urbains, terres agricoles par exemple), l’impact négatif du transport fluvial est fortement amplifié pour les communautés de poissons. La diminution de la diversité taxonomique et des traits est plus prononcée dans les zones où la couverture urbaine et agricole est plus importante. D’autre part, les effets négatifs liés aux canaux et cours d’eau redressés sont plus marqués dans les zones où la forêt riveraine a disparu.  

  

Ces résultats mettent en évidence le coût potentiel pour la biodiversité qu’il est nécessaire de prendre en compte face à une augmentation européenne de la navigation en eau douce dans les années à venir. Ces effets négatifs sur la biodiversité sont probablement plus importants qu’ils ne pourraient l’être si la biodiversité avait été prise en compte dans la conception du développement de ces infrastructures. Dès lors, investir davantage dans la gestion et la réhabilitation des voies navigables et dans l’atténuation des effets les plus néfastes de la navigation est indispensable. La création d’habitats à faible débit et de zones où l’impact des vagues des navires est limité pourrait atténuer les pressions sur les espèces vivant dans les lits des rivières. La réduction des polluants issus de la navigation et l’augmentation des habitats riverains le long des voies navigables pourraient également constituer des mesures d’atténuation cruciales. Un nouvel exemple de la nécessité de penser conjointement les enjeux climatiques et biodiversité.  

 

 

[Biodiversité et changement climatique] Mieux comprendre la redistribution du vivant pour mieux anticiper l’avenir

Ces dernières semaines, trois papiers majeurs sont parus à ce sujet dans des revues scientifiques différentes (Nature Reviews Earth & Environement, Proceedings of the National Academy of Science, Global Change Biology) : le fruit d’un travail conséquent mené par un consortium de 23 chercheurs et chercheuses de 8 nationalités différentes, réunis au sein de BioShifts, un groupe de recherche financé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), à travers son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab).

 

En montagne, les neiges éternelles marquent une limite entre le royaume des glaces de l’étage nival et les étages sous-jacents. C’est la manifestation visible et tangible de l’isotherme du 0°C. Avec le réchauffement, l’isotherme du 0°C remonte inexorablement, et de manière accélérée, vers les sommets en altitude et vers les pôles en latitude, et avec lui la limite des surfaces gelées. Alors qu’il était jusqu’à présent largement accepté que les migrations du vivant suivaient cette même logique, une étude publiée en avril par le consortium BioShifts dans la revue Nature Reviews Earth & Environment montre que seulement 59 % des migrations d’espèces documentées dans la littérature scientifique sont conformes aux directions attendues (c’est-à-dire vers les pôles en latitude ou les sommets en altitude). En analysant les données publiées à travers plus de 250 études, les scientifiques confirment la migration des espèces mais révèlent qu’elles ne se déplacent pas toutes dans les mêmes directions (35 % partent même dans des directions opposées) ni même à la même vitesse que la migration des isothermes. D’autres paramètres que la température entrent donc en jeu pour expliquer les différences entre la redistribution et la vitesse de migration des espèces attendues et celles finalement observées.

 

Une première piste proposée par le groupe incite à considérer la connectivité spatiale des habitats et donc des isothermes. Celle-ci est par exemple plus importante et resserrée en montagne que dans les régions de grandes plaines, ce qui pourrait expliquer des différences de vitesse de migration (cf J. Lenoir, PNAS 2024). La seconde piste concerne les traits d’histoire de vie ou caractéristiques fonctionnelles des espèces. Dans une autre étude, parue cette année dans la revue Global Change Biology, les chercheurs et chercheuses du groupe BioShifts montrent cette fois que le degré d’exposition au changement climatique affecte différemment la redistribution des espèces en fonction de leurs caractéristiques fonctionnelles (durée de vie, capacités de dispersion, etc.). Bien que leur prise en compte soit complexe, ne pas les prendre en compte peut amener à conclure, à tort, que les traits d’histoire de vie ne sont pas importants. Un phénomène décrit avec précision dans l’étude qui dresse une feuille de route avec des recommandations adressées aux chercheurs pour mieux les intégrer par la suite dans leurs études.

 

Grâce aux méthodes pointues de synthèses de données et de connaissances, les travaux menés par les scientifiques du groupe Bioshifts offrent aujourd’hui une vision plus claire de la manière dont les espèces s’adaptent au changement climatique. Des informations précieuses pour perfectionner les scénarios et mieux éclairer les décideurs.

[FRB-Cesab] Ouverture de deux appels à projets : “générique” et “Impacts des infrastructures humaines sur la biodiversité”

Avec la crise majeure que traverse la biodiversité, le besoin de synthèse des données scientifiques en écologie n’a jamais été aussi fort. Un travail sans précédent a été entamé par les experts internationaux au sein de l’Ipbes pour évaluer l’état actuel de la biodiversité et de sa contribution aux sociétés humaines. Ces rapports se basent sur des études déjà publiées dans des journaux scientifiques et des bases de données déjà constituées. Mises en commun, ces données existantes peuvent alimenter des problématiques inédites, faire avancer significativement les fronts de connaissances et fournir des recommandations pour les décideurs.

 

Le Cesab permet la mise en commun de jeux de données déjà existants dans le domaine de la biodiversité et l’élaboration de méthodes statistiques complexes pour proposer un état des lieux de la biodiversité et en modéliser le devenir.

 

 

 

>> Jusqu’à 4 projets seront financés dans le cadre de l’appel 2024 <<<

 

 

  • 2 projets via un volet générique

Rendez-vous ici

 

 

  • Jusqu’à 2 projets via un volet thématique “Impacts des infrastructures humaines (transport et productions d’énergie renouvelables) sur la biodiversité” en partenariat avec le programme Ittecop

Plus d’info ici

 

 

Les groupes de travail sélectionnés se réuniront à 5 reprises au Cesab durant les 3 années de projet, et bénéficieront de l’aide d’un ou une post-doctorant(e) pour mener à bien leur projet de synthèse.

 

 

Quatre projets sélectionnés suite à l’appel “Impacts des énergies éoliennes sur la biodiversité”

Dans le cadre du programme de financement de projets de recherche “Impact des énergies renouvelables sur la biodiversité” qui vise à mieux évaluer l’impact des énergies renouvelables sur la biodiversité et produire des recommandations opérationnelles sur de meilleures pratiques à destination des acteurs de la filière, quatre projets de recherche ont été sélectionnés. Ce programme est porté par Mirova Foundation et la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB). 

 

 

Les projets de recherche

 

  • BRIBAT – Définition d’un cadre opérationnel pour une mise en œuvre efficace des algorithmes multifactoriels de bridage des éoliennes en faveur des chiroptères.
    Kévin BARRE (MNHN)

 

  • CEMARB_DC – Impact des Champs électromagnétiques sur la biologie du développement et le comportement de la petite roussette (Scyliorhinus canicula) dans le cadre de l’implantation de parcs éoliens offshores.
    Julie LUCAS et Thomas TRANCART (MNHN)

 

  • Chiro_EolHab – Impacts de l’éolien sur l’utilisation des habitats par les chiroptères dans le temps et dans le paysage : implications pour la planification et la prédiction des impacts.
    Christian KERBIRIOU (MNHN) et Camille LEROUX (Audiccé)

 

  • EOLRAP – Modéliser les comportements de vol des rapaces pour améliorer l’évitement et la réduction du risque de collision avec les éoliennes.
    Alexandre MILLION (AMU) et Caroline de ZUTTER (Engie)

 

Ces projets, d’une durée d’un an, apporteront des réponses complémentaires sur une question qui émerge d’un projet de recherche finalisé ou en cours de réalisation, et permettront d’éclairer les acteurs de la filière sur de meilleures pratiques à mettre en œuvre. 

 

+ d’infos

 

Consulter la page de l’appel à projets
>> Impact des énergies éoliennes sur la biodiversité <<

 

Consulter la page du programme
>> Impact des énergies renouvelables sur la biodiversité <<

 

Impacts du changement climatique sur les écosystèmes et les services écosystémiques en France et recommandations pour l’adaptation de la biodiversité

Dans le cadre du volet « Adaptation au changement climatique » de la Stratégie française Energie-Climat (Sfec) l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) propose des niveaux de réchauffement de référence auxquels la France devra s’adapter et qui seront à décliner dans l’ensemble des politiques publiques. Ces orientations doivent s’appuyer sur les éléments scientifiques disponibles sur les impacts du changement climatique des différents secteurs d’activités et sur le coût de ces impacts.

 

Ce travail, en partenariat avec le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires (MTECT) constitue une synthèse des connaissances scientifiques les plus récentes sur l’impact du changement climatique sur la biodiversité en France, les mécanismes de réponse de la biodiversité, le devenir de la biodiversité en fonction de différents scénarios d’évolution des températures, les impacts sur les services écosystémiques à l’échelle du territoire national et des éléments pour l’adaptation des filières économiques et des écosystèmes.

Malgré la persistance de lacunes de connaissances sur les réponses des espèces et des écosystèmes, sur les interactions entre les différentes pressions qui portent sur la biodiversité, et leurs rétroactions, ainsi que sur les phénomènes de seuils ou de points de bascule des écosystèmes, l’étude identifie des recommandations pour conjuguer les différents enjeux et favoriser les synergies entre lutte contre le changement climatique et conservation de la biodiversité.

 

Traiter conjointement les enjeux climat et biodiversité permet d’identifier les actions doublement vertueuses et d’évaluer les risques de mal-adaptation et d’aggravation que certaines solutions uniquement centrées sur le climat peuvent entrainer sur la biodiversité, questionnant leur durabilité dans une vision plus holistique et à plus long terme.

 

Pour cela la synthèse met en avant les Solutions fondées sur la nature (SFN) ou autres approches basées sur les écosystèmes propres à conjuguer ces deux enjeux, mais également des recommandations sur les besoins d’adaptation, naturelle ou assistée, de la biodiversité face aux changements à venir, ainsi que sur les dimensions législatives et réglementaire à faire évoluer pour que la politique française « s’adapte » elle-même à ces enjeux croisés.

 

MESSAGES CLÉS

 

  • Des lacunes de connaissances sur les réponses et dynamiques de la biodiversité ne doivent pas être un frein à l’action mais au contraire une indication sur les précautions à prendre permettant d’anticiper l’amplitude des changements potentiels à venir. Des dégradations des conditions sont déjà observables et risquent de s’aggraver avec l’évolution de la pression climatique : hausse des évènements climatiques extrêmes, changement des conditions régionales ou locales, acidification des océans, perturbations des relations trophiques.

 

  • La perte de biodiversité aggrave le changement climatique qui en retour dégrade la biodiversité qui perd ses facultés d’adaptation, y compris aux autres fluctuations de l’environnement. La pression de sélection sur les espèces réduit également leur diversité génétique. Et s’il y a ici un cercle vicieux évident, on peut aussi percevoir le cercle vertueux des co-bénéfices entre biodiversité et climat : la biodiversité n’en est pas seulement une victime, elle peut, et doit, aussi être une solution pour atténuer le changement climatique et s’y adapter.

 

  • Le changement climatique exacerbe les défis de conservation si les espèces perdent les conditions climatiques appropriées dans les zones actuellement protégées et qu’aucun remplacement pour ces zones protégées ne peut être crée ou si des espèces à valeur économique subissent la double pression de la demande humaine et du climat. L’absence ou la pauvreté des continuités écologiques est ainsi la première cause limitant l’adaptation des espèces au changement climatique.

 

  • La France, qu’elle soit métropolitaine ou ultramarine, est et sera affectée par les effets du changement climatique sur la biodiversité et les services écosystémiques : augmentation des évènements extrêmes, hausse des dommages annuels et du nombre de personnes exposés aux conséquences du changement climatique et de la perte de services. La relation biodiversité-services n’est pas linéaire et la perte de services peut être amplifiée par rapport à cette perte de biodiversité.

 

  • Parmi les différentes recommandations opérationnelles identifiés dans la littérature scientifique, 3 actions sans regret majeur peuvent servir de principes pour soutenir l’adaptation des écosystèmes au changement climatique :

    • Assurer la préservation des espaces à fort enjeu de biodiversité par un réseau d’aires protégées connectées ;

    • Maintenir et restaurer les processus qui génèrent l’hétérogénéité dans les habitats, les gènes et les communautés pour maintenir des options écologiques pour l’avenir ;

    • Diminuer les pressions anthropiques qui aggravent les effets du changement climatique.

[Actualité] Atelier de travail désertification, climat, biodiversité : Le rôle des terres dans l’agenda du développement durable

Les trois conventions environnement (sur la diversité biologique, le changement climatique et la lutte contre la désertification) abordent la question des terres avec des prismes qui peuvent masquer des effets délétères indirects, car elles sont basées sur des « séparations scientifiques », des silos politiques. L’enjeu est grand, car aujourd’hui 25 % des éco régions ont moins d’1 % d’intégrité écologique et 65 % ont moins de 5 % d’intégrité écologique. Par ailleurs, la conscience politique du problème progresse : les États Parties de la convention des Nations unis sur la désertification ont signalé qu’un cinquième de toutes les terres, soit plus de 2 milliards d’hectares, est désormais considéré comme dégradé. Si cette dégradation se poursuit à un rythme similaire, il y aura près d’un milliard d’hectares supplémentaires de terres dégradées d’ici à 2030, ce qui équivaut au total mondial des engagements actuels de restauration des pays.

 

L’atelier organisé, avec le soutien du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), Ministère de la Transition écologique (MTE), Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (Mesr), de l’AFD et de Montpellier Méditerranée Métropole, par le Comité scientifique Français de la Désertification, avait pour objectifs de discuter de cette question des terres avec les membres de l’interface science politique (SPI) de la Convention sur la désertification, des experts impliqués dans les travaux du Giec et de l’Ipbes, des décideurs politiques, des ONG, des étudiants et des chercheurs.

 

Hélène Soubelet, directrice de la FRB, en tant que membre du Comité français sur la désertification, a participé à cette journée en organisant et animant la table ronde sur les cadres, visions communes, les complémentarités et les dissenssus entre les trois interfaces politiques en appui des Conventions climat, biodiversité et désertification. Nichole Barger, co-présidente de l’interface science politique sur la désertification, Youba Sokona, co-auteur de plusieurs rapports du Giec et vice-président du sixième cycle et Fabrice de Clerck, co-auteur de plusieurs évaluations Ipbes, ont échangé sur deux aspects : les messages clés de ces instances relatifs aux terres et les outils et solutions pour préserver, restaurer, utiliser durablement les terres.

 

 

Les éléments principaux de la table ronde sont d’une part que l’objectif de neutralité de la dégradation des terres ne pourra être obtenue qu’en prenant en considération les besoins des populations locales et leurs valeurs différentes. De part et d’autre du spectre, certains considérant la terre comme faisant partie de leur famille, de leurs amis, et de l’autre, certains considérant les terres comme un substrat inerte utilisable sans limite par leurs propriétaires ou leurs gestionnaires.

 

Donner des alternatives, en particulier pour le secteur le plus impactant, l’agriculture qui porte en son sein des problèmes, lorsqu’elle est focalisée sur les rendements et des solutions, lorsqu’elle considère plusieurs enjeux, comme la production de nourriture, la santé humaine, le stockage du carbone, la préservation de la ressource en eau. Le type d’écosystème le plus grand au niveau mondial sont les agrosystèmes. Il faut donc impérativement se saisir des pratiques agricoles.

 

La question des compromis entre les droits individuels à l’échelle locale et les droits collectifs à l’échelle globale doit également être traitée. Les conventions, les connaissances scientifiques peuvent arriver à des consensus sur des objectifs globaux : restaurer 30 % de la nature, préserver 50 % de la biosphère, changer de régime alimentaire.

 

À travers une approche ARTistique un cadre d’action peut être proposé :

 

A : Avoid degradation (éviter la dégradation) ;

R : Restore intactness (restaurer l’intégrité) / Regenerate ecological fonctions (regénérer les fonctions écologiques) / Reduce pressure, pesticides, soil sealing, overconsomption (Réduire la pression, les pesticides, l’imperméabilisation des sols, la surconsommation) ;

T : Transforme socio-economical systems and socio-ecological systems (transformer les systèmes socio-économiques et socio-écologique).

 

 

Il est urgent que les trois conventions, qui travaillent sur des enjeux communs avec trois entrées différentes, se mettent à délivrer des messages communs qui seront plus faciles à intégrer sur les territoires. Une des clés serait peut-être de travailler sur des systèmes qui sont mieux connus des acteurs sur le terrain : l’alimentation, l’urbanisme, l’énergie, les infrastructures, plutôt que sur le système climatique, les écosystèmes, le management des terres.

 

La journée s’est poursuivie par des échanges puis des ateliers sur trois sujets dans la cadre de la préparation des futurs travaux de la convention sur la désertification : les systèmes d’utilisation durable des terres, les tempêtes de sable et de poussière et l’aridité (voir ci-dessous).

 

Utilisation durable des terres

La question foncière découle d’une vision instrumentale : ignorant ce qui relève des inégalités et des visions silencieuses, d’asymétrie de pouvoir.

 

La gouvernance est en effet une question socio politique, de contrôle territorial, de droit différentié, de gestion des conflits. Situation de blocage foncier, historique. Elle est le résultat des actions d’acteurs en position de pouvoir, quelle qu’en soit la source. Ceux qui ont intérêt à investir dans la restauration peuvent ne pas être ceux qui détiennent les droits sur les terres. Or les droits fonciers locaux peuvent être légitimes sans être légaux. La gestion décentralisée du foncier permet de redonner des droits aux populations locales.

 

La notion de neutralité est souvent méconnue ou ignorée au niveau local alors qu’elle est bien décryptée au niveau international. La neutralité n’est pas non plus un objectif des politiques sectorielles de l’agriculture, de l’énergie, de l’urbanisme etc.

 

Le facteur humain est une donnée complexe de l’équation avec des questions de genre, de droits humains, d’anthropologie, de populations autochtones et locales.

 

Il est sans doute plus efficace de s’intéresser aux communs qu’aux terres seules, sortir de la seule restauration, mais considérer l’évitement et la réduction des impacts. L’agroécologie offre une plus grande résistance aux aléas climatiques et devrait être mieux pris en compte par les travaux sur la désertification.

Tempêtes de sable et de poussière 
Certaines situations météorologiques génèrent des vents forts qui mobilisent les sables et les poussières des sols nus et secs (taux d’érosion des plus élevés) et les transfèrent via l’atmosphère sur des territoires éloignés, à distance des sources. Ce sont des évènements de très grande ampleur qui impactent les sols d’origine (perte de substrat), les sols d’arrivés (fertilisation), la santé des populations (pollution) et la société (moindre visibilité et donc ralentissement de certaines activités). Ces phénomènes ont donc des effets positifs et négatifs de transferts de matières d’un écosystème à un autre. Les activités humaines, en particulier agricoles, peuvent aggraver ces tempêtes en dégradant les sols, par exemple surpâturage ou surfaces cultivées.
Aridité

L’aridité est un phénomène long (contrairement à la sécheresse qui peut être ponctuelle). Elle a deux composantes, la demande de l’atmosphère et la disponibilité en eau. Avec des températures qui augmentent, la demande atmosphérique augmente, on estime que pour chaque degré de plus, l’humidité de l’air augmente de 7 %. Plusieurs phénomènes agissent en synergie ou en antagonisme. Lorsque le CO2 augmente, les plantes sont plus efficaces à capter l’eau, mais elles évapotranspirent plus. Par ailleurs, la température contrôle l’ouverture des stomates qui se ferment en condition chaude et donc captent moins de C02, ce qui diminue la photosynthèse, la production de sucres diminue, ce qui peut entrainer des mortalités. 

 

Les tendances futures montrent un assèchement (en particulier au sud de la France, aux USA, en Afrique du sud et à Madagascar). Le Sahel, le Sahara, l’Inde, l’Océanie présentent des tendances opposées. Il y a des régions où il existe des désaccords entre les modèles et les observations, lorsqu’il y a des problèmes dans les données, en particulier en Afrique. Les variabilités naturelles sont fortes. En Ethiopie, la variabilité naturelle a conduit à deux ans sans précipitation.

 

L’eau ne disparait pas, elle se déplace (Human caused long term changes in global aridity. Chai et al., 2021), la biodiversité, elle, disparait (Bar On, 2018).

 

À Propos

 

>> Le Conseil scientifique français sur la désertification (CSFD) a été créé en par les ministères chargés des affaires étrangères et de l’environnement afin d’apporter un appui scientifique et technique aux négociations internationales dans le cadre de la Convention sur la désertification.

+ d’infos

 

 

>> L’Interface science-politique (SPI) de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification a été créée en 2013. Elle est composée de scientifiques indépendants sélectionnés au niveau mondial, de scientifiques indépendants nommés au niveau régional, de décideurs politiques et d’observateurs. Le SPI s’efforce de traduire les données scientifiques actuelles en recommandations pertinentes pour les politiques. Il a par exemple défini le cadre scientifique de la Dégradation neutre des terres. Le SPI collabore avec d’autres groupes et organes scientifiques. Il procède également à l’évaluation d’autres évaluations scientifiques (Ipbes, Giec, ITPS). Son programme de travail est déterminé par le Comité de la science et de la technologie (CST) de la Convention.

+ d’infos 

 

 

 

Défis climatiques et espèces exotiques envahissantes : un dangereux combo pour la biodiversité

Il aura fallu quelques années seulement à l’huitre creuse pour se répandre le long des côtes françaises. Originaire du Pacifique Nord-Ouest, cette huître introduite dans les années 70 en France ne se reproduisait qu’en Sud Loire. Mais à la faveur du changement climatique, sa population a explosé jusqu’à développer des populations dans les fjords norvégiens. Les températures de l’eau, plus chaudes, lui ont permis de se développer et de se reproduire bien plus efficacement, au point d’entrainer une concurrence pour les ressources alimentaires avec les huîtres indigènes et de perturber l’équilibre écologique. Pour Philippe Goulletquer, directeur de recherche à l‘Ifremer « à l’échelle marine, le changement climatique influe, sur la propagation d’espèces exotiques envahissantes en créant les conditions favorables à leur développement ».

 

Forcis | Réponse des foraminifères au stress climatique

Les émissions anthropogéniques de CO2 causent un réchauffement de l’océan, mais également une baisse du pH de l’océan de surface. Cette acidification de l’océan affecte les organismes marins calcifiants, qui jouent un rôle clé dans la pompe biologique. Parmi ces organismes, les coquilles fossilisées des foraminifères planctoniques constituent l’archive géologique la plus documentée de la biodiversité passée mais aussi des paléoclimats. Les changements récents des faunes de foraminifères planctoniques n’ont jamais été synthétisés à l’échelle globale, alors que la distribution de ces micro-organismes a déjà été impactée.

Le projet FRB-Cesab Forcis a étudié la réponse des foraminifères planctoniques aux stress climatiques via l’analyse de données mondiales depuis 1910. Il visait à constituer une base de données, identifier les facteurs environnementaux influents et modéliser leurs réponses passées et futures aux changements globaux.

 

Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.

[Actualité] Le prix Gulbenkian 2022 pour l’humanité distingue l’Ipbes et le Giec

Ce prix est une consécration pour la science et son rôle majeur en matière de lutte contre le changement climatique et la perte de biodiversité. En faisant ce choix, le jury souligne que la “science fondée sur des preuves” est fondamentale non seulement pour faire avancer de nombreuses actions politiques et publiques, mais aussi pour attribuer la “nature de l’urgence” à la manière dont l’agenda politique aborde la question de la lutte contre la crise climatique.

 

 

Les deux organisation ont reçu une récompense de 1 million d’euros à se partager pour faire avancer leur travail.

 

Ce prix est également une reconnaissance confirmant que la disparition des espèces, la destruction des écosystèmes et la dégradation des contributions de la nature à l’humanité constitues une crise d’une ampleur similaire à celle du changement climatique, qui doit être traitée avec au moins la même urgence.

 

Le message unifié des deux communautés d’experts est le suivant :

Soit nous abordons et résolvons la crise de la biodiversité et la crise climatique ensemble, soit nous échouons sur les deux fronts.

La stratégie climatique de l’Union européenne s’apprête à accroître la déforestation à l’échelle mondiale

Pour éviter un changement climatique catastrophique ainsi que la perte de biodiversité, la science du climat nous avertit que l’humanité doit cesser de transformer les forêts en terres agricoles, car ce processus libère du dioxyde de carbone et détruit les habitats.

 

Pourtant, à mesure que la population mondiale, les revenus et la consommation de viande augmentent, les terres agricoles s’étendent à un rythme toujours plus effréné. L’Europe a contribué à cette déforestation en externalisant son approvisionnement en denrées alimentaires et autres produits agricoles.

 

Malheureusement, la stratégie climatique « Fit for 55 » [paquet législatif visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 %] de l’Union européenne s’apprête à étendre l’empreinte de l’Europe et à accroître la déforestation à l’échelle mondiale. C’est pourquoi un groupe de scientifiques de toute l’Europe appelle le Parlement européen à modifier le plan par des amendements raisonnables (certains sont déjà adoptés par un de ses comités). 

 

 

Lire la tribune en entier

 

 

Auteurs :

  • Denis Couvet, professeur au Muséum national d’histoire naturelle, président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité et membre de l’Académie d’agriculture de France ;
  • Wolfgang Cramer, directeur de recherche CNRS à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (Aix-Marseille Université) et membre de l’Académie d’agriculture de France ;
  • Timothy D. Searchinger, chercheur à l’université de Princeton (New Jersey).

Energies renouvelables : quels impacts des installations de production sur la biodiversité ?

Afin d’accompagner la transition énergétique et de répondre aux enjeux énergétiques et de développement durable, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), en partenariat avec TotalEnergies, a réalisé un état de l’art des impacts des installations de production d’énergies renouvelables sur la biodiversité : l’éolien et particulièrement l’éolien offshore, le photovoltaïque, le biogaz et l’hydrogène.

 

Les 5 grands facteurs de perte de biodiversité identifiés par l’Ipbes ont ainsi été pris comme cadre d’analyse pour identifier les connaissances issues de la communauté de recherche sur les impacts de ces installations sur la biodiversité : changement d’occupation des sols, exploitation des espèces, pollutions, changement climatique et espèces exotiques envahissantes. Ces impacts surviennent à différentes échelles, que cela soit au niveau de l’individu (perturbations, blessures ou mort), des populations, des espèces et des communautés.

 

Dans un second temps, ce travail se penche sur les manques de connaissances concernant ces impacts et sur les pistes de recherche qui permettraient de les combler, ainsi que sur les solutions et bonnes pratiques permettant d’éviter, réduire ou compenser ces impacts. 

 

Dans les ressources ci-dessous, vous trouverez ainsi une fiche sur chaque type de d’énergies renouvelables décrites dans l’étude ainsi qu’une synthèse sous forme de prospective. 

 

Pour aller plus loin 

>> Consulter  les ressources bibliographiques associées à ce travail. 

>> Consulter la synthèse bibliographique de cette étude. 

#Presidentielle2022 – Changement climatique et transition énergétique

Changement climatique et transition énergétique, un enjeu biodiversité

 

Convaincue que la biodiversité et le climat sont deux enjeux environnementaux complémentaires qui, s’ils s’ignoraient entraineraient des difficultés supplémentaires, la Fondation alerte sur les liens complexes entre changement climatique et déclin de la biodiversité. L’atténuation du changement climatique repose pour une large part sur la transition énergétique, c’est-à-dire l’abandon des sources d’énergie fondées sur le carbone fossile au profit des énergies renouvelables. Cet objectif national et européen majeur suscite des développements technologiques et d’importants investissements. Or les infrastructures développées peuvent avoir des impacts multiples, et surtout non anticipés, sur la biodiversité et en particulier sur le fonctionnement des écosystèmes. Il est donc aujourd’hui indispensable de concilier défi énergétique et préservation de la biodiversité.

 

Pour ces élections, les débats énergétiques sont particulièrement centrés sur les questions nucléaires, l’acceptabilité des énergies renouvelables et notamment la question des éoliennes ou encore la rénovation thermique des bâtiments. Les impacts de ces différents développements sont peu ou pas mentionnés, ce qui peut à court terme être préjudiciable à la biodiversité et par contre coup préjudiciable à la lutte contre le changement climatique.

 

 

Les mesures des candidat·e·s :

 

N.B. Nous avons autant que possible conservé les mesures dans les termes exacts proposés par les candidat·e·s. Des modifications mineures ont cependant été apportées comme le passage des verbes à l’infinitif et la réduction de certains corpus pour en faciliter la clarté. Par ailleurs, les mesures présentées ici découlent d’un tri réalisé jusqu’au 29 mars 2022 qui peut présenter une certaine subjectivité. Pour retrouver l’intégralité des mesures proposées dans le cadre de cette campagne présidentielle, seuls les programmes officiels des candidats font foi. Ils sont disponibles sur la page principale du dossier.

Les récifs coralliens cernés par les impacts anthropiques et les changements globaux

Du 9 au 11 février s’est tenu à Brest le premier One Ocean Summit, un sommet international qui a permis de concrétiser des engagements en faveur de la protection des mers et des océans. Les écosystèmes marins sont en effet menacés à la fois par des facteurs globaux (tels que le réchauffement de l’eau et l’acidification des océans), mais aussi par des facteurs locaux (tels que la pêche, la pollution lumineuse ou encore la navigation). Les facteurs de pression étant directement associés aux activités humaines, les écosystèmes les plus éloignés des humains devraient intuitivement subir moins d’impacts et constituer des refuges plus sûrs pour la biodiversité. Cette idée est d’ailleurs confortée par plusieurs études scientifiques qui démontrent l’existence d’une corrélation claire entre l’état des écosystèmes et leur distance par rapport aux grandes villes (Figure 1). Pour cette même raison, les zones les plus éloignées sont aussi considérées comme des réservoirs potentiels de biodiversité qui peuvent préserver les écosystèmes en cas d’extinction importante.

 

Fig1_Score_Reef_Strona_2021

Figure 1. L’impact des activités anthropiques, ou leurs conséquences (tels que la pêche, la pollution) sur les communautés des poissons des récifs coralliens diminue avec l’éloignement aux activités humaines. Chaque point correspond à une zone de récifs coralliens à une résolution spatiale de 1 × 1 degré de latitute/longitude. Modifié de Strona et al. 2021b (CC BY 4.0).

 

 

Cependant, des études menées au sein du projet de recherche Score-Reef, co-financé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) à travers son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab), l’Office français de la biodiversité (OFB) et le Ministère de la transition écologique (MTE), montrent que la réalité est tout autre lorsque l’on prend en compte la dépendance des poissons vis-à-vis des récifs coralliens.

 

Solutions climat : attention aux impacts sur la biodiversité

Les mesures prises pour l’atténuation du changement climatique doivent être évaluées en fonction de leurs avantages et de leurs risques globaux et non pas seulement selon leur bilan carbone. Les solutions examinées ci-dessous peuvent toutes entrer en concurrence avec le maintien des espaces naturels (par la rupture des continuités écologique ou la perte des habitats) et pour certaines, avec la production alimentaire (par exemple par l’intensification non durable de l’agriculture sur les espaces agricoles restants) et la santé humaine (par la pollution qu’elles génèrent).

 

Les évaluations d’impact environnemental de ces projets d’aménagement ou de construction d’infrastructure doivent donc mieux intégrer la biodiversité et notamment les impacts sur les espèces migratrices et leur participation à la fragmentation des habitats. Elles doivent aussi intégrer des évaluations de leur impacts sociaux comme les conflits d’usage des terres. Les mesures qui reposent sur le vent, l’eau, les plantes, mais qui présentent des impacts importants sur la biodiversité ne peuvent être qualifiée de solutions fondées sur la nature, car ces dernières doivent minimiser leurs impacts négatifs sur la biodiversité.

 

Les mesures destinées à faciliter l’adaptation au changement climatique peuvent, dans la pratique, être inadaptées et entraîner des conséquences préjudiciables et imprévues pour la biodiversité. Par exemple, l’augmentation de la capacité d’irrigation est une stratégie courante pour renforcer la capacité d’adaptation de l’agriculture au climat, mais elle présente des risques considérables pour la biodiversité des eaux douces et les populations, notamment la salinisation des sols à long terme, la baisse des niveaux d’eau et des conflits d’utilisation de l’eau1.

 

Les cultures génétiquement modifiées, qui sont plus tolérantes à la chaleur et au stress hydrique, ainsi que les cultures qui utilisent l’eau plus efficacement sont des solutions technologiques couramment proposées pour l’adaptation au changement climatique. Cependant ce type de culture présentent un large éventail de risques environnementaux. Elles ne sont déployées que pour quelques espèces, caractères, et donc leur déploiement à large échelle est porteur d’uniformisation. Par ailleurs, les gènes des cultures OGM résistantes à la sécheresse pourraient se propager aux espèces sauvages apparentées, altérant leur capacité compétitive et ayant ainsi un impact sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes2. 

 

 

ZOOM SUR :
BIODIVERSITE ET TRANSISTION ENERGETIQUE, DES LIAISONS DANGEREUSES

 

L’énergie nucléaire constitue un important contributeur mondial à une électricité à faible teneur en carbone, en particulier dans son utilisation comme substitut direct du charbon. Seule l’hydroélectricité apparaît plus efficiente que l’énergie nucléaire, mais elle dépend géographiquement de la présence de cours d’eau3. La plus importante préoccupation environnementale, néanmoins, concernant l’énergie nucléaire est d’une part le risque d’accidents à fortes conséquences, longues, même si leur fréquence estimée est très faible -mais non nulle-, et d‘autre part la production de déchets à longue durée de vie dont l’élimination est aujourd’hui impossible. Ces deux dangers doivent être traités pour que la filière nucléaire soit une alternative crédible aux autres sources d’énergies. 

 

>> Pour aller plus loin : 

Journée FRB 2017 – Biodiversité et transition énergétique – Enquêtes sur des liaisons dangereuses 

#ScienceDurable – Liens entre énergies renouvelables et biodiversité

#ScienceDurable – Énergie renouvelable et biodiversité : les implications pour parvenir à une économie verte

 

 

Les solutions fondées sur la nature : comment optimiser les politiques climat et biodiversité ?

>> Pour aller plus loin :

Note du CS – Avis du Conseil scientifique de la FRB sur les « solutions fondées sur la nature »

 

 

SFN

Les Solutions fondées sur la nature représentent un concept englobant
diverses approches fondées sur les écosystèmes2.

 

 

Les solutions fondées sur la nature peuvent être distinguées selon la typologie suivante :

  • Intervention nulle ou minimale dans les écosystèmes, avec pour objectif de maintenir ou d’améliorer le bénéfice tiré des services écosystémiques.
  • Gestion durable des écosystèmes et des paysages pour optimiser de manière ciblée certains services écosystémiques.
  • Gestion des écosystèmes de manière très intrusive ou création de nouveaux écosystèmes pour maximiser certains services écosystémiques.

 

 

 

FRB_Figure_solutions_fondées_sur_la_nature

Figure : Représentation schématique des différentes approches
dans les solutions fondées sur la nature3.

 

 

Trois grands types de solutions sont définis, selon le niveau d’ingénierie ou de gestion appliqués à la biodiversité et aux écosystèmes (axe horizontal), et le nombre de services fournis, de groupes d’acteurs ciblés et le niveau probable de maximisation des services ciblés fournis (axes verticaux). Des exemples de solutions fondées sur la nature sont fournis pour les différents types. Les étiquettes des axes sont interchangeables : il ne faut pas voir le type 3 comme “meilleur” que le type 1. Les trois types sont complémentaires.

 

 

Biodiversa+, le réseau européen de financement de la recherche sur la biodiversité et les solutions fondées sur la nature, est impliqué dans le développement de NetworkNature, une plateforme européenne et mondiale qui permet à toutes les parties intéressées d’accéder et de contribuer à des connaissances et à des compétences de pointe et innovantes sur les solutions fondées sur la nature. Biodiversa+ finance également des projets de recherche sur ces thématiques. 4 exemples sont proposés ci-dessous. 

 

 

D’après les exemples présentés ci-dessous, nous constatons que de nombreux exemples d’actions destinées à arrêter, ralentir ou inverser la perte de biodiversité peuvent simultanément ralentir de manière significative le changement climatique anthropique. Toutefois, il existe des exceptions importantes à une relation positive entre la préservation de la biodiversité et l’atténuation du climat. Par exemple, il a été démontré que la réduction de la fréquence des incendies de forêt, peut réduire considérablement la biodiversité en raison de la dépendance de nombreuses espèces sauvages à ce type de perturbations cycliques. La réintroduction d’espèces animales clés dans le cadre des efforts de ré-ensauvagement peut également réduire les stocks de carbone par une augmentation de la prédation ou du pâturage.

La régénération naturelle des paysages arborés : la meilleure stratégie pour lutter contre le changement climatique et restaurer les écosystèmes ?

Malgré les gros titres et les sommes importantes consacrées aux projets de plantation massive d’arbres qui promettent de lutter contre la désertification, la méthode la plus efficace consiste peut-être à créer un environnement facilitant arrivée, germination et essor des arbres indigènes.

En effet, les principaux succès en termes de plantation d’arbres sont observés dans les plantations commerciales pour la récolte du bois, et non pour la restauration des terres dégradées. Les grands et coûteux projets de plantation d’arbres en vue de la restauration des terres se poursuivent cependant, alors que l’idée de régénérer naturellement des arbres qui sont pris en charge par les communautés locales est peu développée car trop peu de gens connaissent son histoire et ses réussites.

 

Au travers de cette synthèse d’un article scientifique, découvrez l’histoire de cette méthode, les réussites permises et les évolutions en cours dans les pratiques et financements internationaux.

Changement climatique et lacs – La synthèse de données pour mieux comprendre les impacts des tempêtes sur la température des lacs

Les lacs jouent un rôle central dans nos sociétés et offrent de nombreux services à l’Homme, appelés « services écosystémiques », comme l’approvisionnement en eau douce et en nourriture, le maintien d’habitats pour la biodiversité, les transports ou encore les loisirs. Cependant, bien que nous dépendions fortement de ces services, nous ne savons pas aujourd’hui à quel point les lacs peuvent être affectés par le changement climatique et l’intensification des phénomènes météorologiques qui en découle. Alors que l’on sait que les tempêtes affectent l’écologie des lacs et leur biodiversité, l’enjeu est d’en découvrir les mécanismes.

 

Co-financé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) au sein de son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab) et par le centre d’analyse et de synthèse John Wesley Powell de l’U.S. Geological Survey, le projet de recherche Geisha a permis de réunir une équipe de 39 scientifiques de 20 pays différents pour mettre en commun leurs données et ainsi étudier les effets des tempêtes sur le phytoplancton des lacs et les caractéristiques de son habitat tels que la température, les nutriments et la lumière. Après avoir alerté dès mars 2020 sur les conséquences du manque de connaissance des impacts des tempêtes sur les lacs (voir le communiqué de presse « Ce que nous ne savons pas (sur les lacs) pourrait nous nuire »), les chercheurs travaillent désormais sur l’étude de différents paramètres.

 

Publiée quelques semaines avant la 26e Cop Climat, leur dernière étude révèle que les fortes tempêtes ne provoquent pas de changements drastiques des températures comme on pouvait l’imaginer. En effet, l’équipe a examiné l’impact des tempêtes sur la température de 18 lacs dans 11 pays en utilisant des données météorologiques, des données hautes fréquences (plusieurs sur une même journée), mesurée à différentes profondeurs de la colonne d’eau et a montré que les tempêtes ne provoquent pas de refroidissements des lacs. Les changements de température de l’eau sont même parfois plus extrêmes au sein d’une même journée entre le jour et la nuit que lors d’une tempête.

 

Une tempête sur le lac Supérieur (Amérique du nord). Crédit photo : Jessica Wesolek, Centre de recherche et d’éducation sur l’eau douce de l’Université d’État du lac Supérieur.

 

“Dans les lacs, les changements de température induits par les tempêtes étant globalement minimes, les tempêtes impacteraient les animaux et plantes au travers de la modification d’autres paramètres sensibles aux tempêtes, comme par exemple la lumière ou les concentrations en nutriments. », a déclaré Jonathan Doubek, professeur adjoint à la Lake Superior State University, et ancien post-doctorant du groupe de recherche Geisha. L’impact des tempêtes sur la biodiversité des lacs pourrait donc probablement être dû à la modification d’autres paramètres déterminants pour la croissance et la reproduction des organismes y vivant ou y séjournant. Ces résultats représentent un progrès concret dans la compréhension de la façon dont les lacs sont impactés par les tempêtes.

 

“L’étude du professeur Doubek souligne l’utilité de partager et combiner des données : nous avons pu découvrir que l’effet des tempêtes sur les températures des lacs n’est peut-être pas aussi fort que nous le pensions auparavant”, a déclaré Jason Stockwell, professeur et directeur du Rubenstein Ecosystem Science Laboratory de l’université du Vermont et un des porteurs du projet Geisha. “Le pouvoir du travail d’équipe collaboratif mondial pour mettre en commun les données et les idées nous permet de mieux comprendre comment notre planète fonctionne et pourrait fonctionner à l’avenir, poursuit-il. Nous avons besoin de ces informations pour protéger les écosystèmes et la santé humaine”.

 

En effet, avec la crise majeure que traverse la biodiversité, le besoin de synthèse des données scientifiques en écologie n’a jamais été aussi fort. Mises en commun, ces données existantes peuvent alimenter des problématiques inédites, faire avancer significativement les fronts de connaissances et fournir des recommandations pour les décideurs. Depuis sa création en 2010, le Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab) de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) permet la collecte et la mise en commun de jeux de données déjà existants dans le domaine de la biodiversité et l’élaboration de méthodes statistiques complexes pour proposer un état des lieux de la biodiversité et en modéliser le devenir. Situé à Montpellier, le Cesab propose un environnement de travail idéal en offrant des conditions propices à la production scientifique et est au cœur d’une des communautés scientifiques les plus dynamiques au monde en écologie (l’université de Montpellier a été classée première université mondiale dans le classement de Shanghai en écologie en 2018 et en 2019).

COP 15 Biodiversité : la nécessaire intégration des enjeux climatiques et financiers au cœur des dernières annonces

“Biodiversité et climat, même combat”
et au-delà, penser ensemble les enjeux environnementaux et sociétaux

 

En France et au Royaume-Uni, le lien fait entre le financement des enjeux climat et biodiversité est une avancée fondamentale : il répond aux alertes des scientifiques et au message porté par la FRB depuis plusieurs années. Dans un rapport publié conjointement par le Giec et l’Ipbes en juin dernier, les experts internationaux ont en effet alerté sur la nécessité de penser de manière globale les solutions envisagées pour lutter contre le réchauffement climatique et le déclin de la biodiversité. Cette synergie a d’ailleurs été évoquée par Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, lors du Congrès mondial de la Nature début septembre, illustrant un début de prise de conscience du monde économique sur ces enjeux. Elle y a déclaré qu’il n’y avait pas de stabilité économique et financière sans le respect de la nature et sans la contribution de la nature car nos économies en sont dépendantes, et que les décisions économiques devaient désormais internaliser les dommages que nos sociétés font subir à la biodiversité.

Au-delà, les enjeux liés à l’eau, à l’alimentation et à la santé, doivent aussi être pensés de manière conjointe pour atteindre la vision 2050 de la CDB : “Vivre en harmonie avec la nature”. Ainsi si dédier 30 % des fonds alloués au climat en faveur de la biodiversité est donc un petit pas pour atteindre cet objectif, il est à présent primordial que l’ensemble des solutions et des secteurs prennent en compte la biodiversité.

 

“Il faut changer d’échelle pour protéger et restaurer la biodiversité. Des mesures leviers sont nécessaires, afin de tendre vers des changements transformateurs, concernant aussi bien les écosystèmes “naturels” (forêts, zones humides, récifs coralliens, etc.) que les écosystèmes “anthropisés” (agroécosystèmes, zones de pêche et de chalutage, villes, etc.). Tous les écosystèmes sont concernés.”

Denis Couvet, président de la FRB

 

Des promesses à mettre en perspective avec les montants des subventions néfastes à la biodiversité

 

La création par la Chine d’un Fonds pour la biodiversité destiné à être alimenté par d’autres pays et l’augmentation des moyens alloués au Fonds japonais pour la biodiversité vont dans le bon sens, mais les montants annoncés allant jusqu’à 1,5 milliard de yuans (soit un peu plus de 200 millions d’euros) pour la Chine sont dramatiquement insuffisants par rapport aux moyens alloués à des activités qui impactent durablement la biodiversité. À titre d’exemples :

  • Selon l’OCDE, la moitié du PIB mondial est moyennement à fortement dépendant d’une biodiversité fonctionnelle, or plus de la moitié de l’investissement économique mondial finance toujours des activités dommageables à la biodiversité.
  • L’OCDE notait également qu’en 2017, les pays avaient alloué 340 milliards aux combustibles fossiles, 116 milliards à l’agriculture intensive et 280 millions pour diminuer le coût de la pêche (rapport d’avril 2020) et qu’en 2020, loin d’inverser la tendance, le G20 avait alloué 345 milliards USD aux combustibles fossiles.
  • Selon l’UICN, seuls 10 % des plans de relance peuvent être considérés comme « verts ».

Rappelons également qu’au niveau mondial, selon l’AFD, les subventions nuisibles à la biodiversité représentaient environ 1 000 milliards de dollars en 2019 et que les fonds dédiés à la protection ou la restauration de la biodiversité s’élève à moins de 150 milliards de dollars.

 

« L’augmentation des fonds dédiés à la biodiversité est bien évidemment salutaire et nous ne pouvons que nous en réjouir. Cependant, il est aussi nécessaire de réduire, voire de supprimer les subventions néfastes rapidement : en effet, on ne pourra enrayer l’érosion de la biodiversité en consacrant encore autant d’argent et d’énergie à sa destruction. »

Hélène Soubelet, directrice de la FRB

[Conférence] Lancement des projets de l’appel à projets BiodivERsA « Biodiversité et changement climatique »

Au terme de cet appel qui visait à promouvoir des projets de recherche mêlant excellence scientifique et pertinence politique et sociétale, 21 projets ont été financés pour un montant de plus de 25 millions d’euros.

 

BiodivERsA organise le 5 mai prochain de 13h à 18h la conférence de lancement de ces projets. Participez à cette conférence et  découvrez les 21 projets financés. 

 

 

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+ d’infos :

 

[FRB-Cesab / CIEE] Les écosystèmes de la Terre à une époque de changement planétaire : six écologistes discutent des défis et des solutions

Le centre de synthèse canadien CIEE-ICEE a organisé avec l’aide du Cesab de la FRB, l’Ambassade de France à Vancouver et l’Université de British Columbia une conférence d’1h30 le mercredi 7 avril 2021 à 16h00 PT (Pacific Time) – 01h00 heure française.

 

Les six panélistes de « Les écosystèmes de la Terre à une époque de changement planétaire : six écologistes discutent des défis et des solutions » sont Bastien Mérigot (Université de Montpellier) – porteur du projet FRB-Cesab / CIEE Fishglob, Nicolas Loeuille (Sorbonne Université), Shawn Leroux (Memorial University of Newfoundland), William Cheung (University of British Columbia), Nancy Shackell (Bedford Institute of Oceanography) et Isabelle Gounand (Sorbonne Université) – porteur du projet FRB-Cesab / CIEE Red-Bio.

 

Vous pouvez dès à présent visionnez la conférence ci-dessous (en anglais).

 

[Communiqué] Protéger l’océan pour résoudre conjointement les crises du climat, de l’alimentation et de la biodiversité

Une équipe de recherche internationale cartographie pour la première fois les zones océaniques qui, si elles étaient protégées, permettraient d’atténuer les effets du changement climatique, de préserver la biodiversité et de permettre une meilleure productivité des pêcheries. Ces travaux font l’objet d’une publication dans la revue Nature. Ils sont le fruit de la collaboration de 26 scientifiques et impliquent des chercheurs de l’Université de Montpellier et de l’Ifremer, avec la participation du CNRS. Ce travail a été en partie financé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), EDF et la fondation Total, au travers des projets de recherche Free et Pelagic du Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab) de la FRB.

 

Cette nouvelle étude, la plus complète à ce jour, est publiée aujourd’hui et propose une solution pour relever les défis les plus urgents de l’humanité. Elle démontre qu’une protection bien ciblée des océans pourrait à la fois contribuer à un meilleur approvisionnement en ressources alimentaires marines, fournir une solution naturelle et peu onéreuse pour lutter contre le changement climatique, et enfin davantage protéger la biodiversité menacée.

 

 

Consultez le communiqué complet

 

[#ScienceDurable] Ce mois-ci, la campagne s’intéresse à la thématique “énergie et biodiversité”

Au travers de la campagne « La science pour un monde durable », découvrez ces pistes, nombreuses, sérieuses et passionnantes, sur lesquelles travaillent les chercheurs français en lien avec les recommandations proposées par l’Ipbes afin d’atteindre les objectifs du développement durable (ODD) des Nations Unies et de nourrir les réflexions en vue de la définition du cadre d’action post 2020 de la Convention sur la diversité biologique (CDB).

 

Chaque mois, la FRB, ses instituts membres fondateurs et l’alliance AllEnvi mettent en avant les solutions de la recherche pour enrayer le déclin de la biodiversité. Suivez-nous sur nos réseaux sociaux et notre page dédiée. Ce mois-ci, la thématique abordée est “énergie et biodiversité”.

 

Découvrez les articles de la semaine :

#ScienceDurable – Production de bois-énergie et impacts sur la biodiversité européenne

Peut-on se passer des énergies fossiles et préserver la biodiversité ? Comme l’ont montré les échanges lors des journées FRB 2017 et de nombreux travaux de re- cherche sur le sujet, la réponse est loin d’être aisée. À l’occasion de la sortie du prochain rapport de l’Ipbes sur l’état de la biodiversité en Europe et en Asie centrale, la FRB a synthétisé l’une des rares études à avoir compilé et analysé un ensemble de travaux sur la question de production de bois-énergie et de ses impacts potentiels sur la biodiversité européenne : Effects of fuelwood harvesting on biodiversity — a review focused on the situation in Europe de Bouget, Lassauce et Jonsell, 2012. Bien qu’il s’agisse d’une stratégie possible parmi d’autres, les auteurs se sont ici placés dans un contexte d’intensification de cette filière.

 

Biodiversité et climat

L’évaluation mondiale de l’Ipbes (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique pour la biodiversité et les services écosystémiques), parue fin 2019, a souligné l’état dramatique de la biodiversité, en majeure partie imputable aux activités humaines. Parmi elles, le changement climatique d’origine anthropique a un impact grandissant sur la biodiversité, et il exacerbe et est exacerbé par les autres facteurs de pression. Le Giec estime que la déforestation et la conversion des terres pour l’agriculture par exemple contribuent à près de 23 % des émissions humaines de gaz à effet de serre. Des conséquences se font d’ores et déjà sentir sur les populations d’espèces et les écosystèmes, alors même que les possibilités d’adaptation des organismes sont limitées par les autres pressions qui réduisent les ressources alimentaires ou la diversité génétique.

[Appel à projets FRB-Cesab / France Filière Pêche] Le projet Maestro sélectionné

Dans le cadre de l’appel à projets FRB-Cesab / France Filière Pêche, le projet Maestro a été retenu par le comité de pilotage et de sélection du Cesab.

 

Maestro est un projet porté par Arnaud AUBER et Camille ALBOUY, tous deux affiliés à l’Ifremer, qui s’intéressera aux effets du changement climatique sur les communautés marines exploitées.

 

Le projet sera basé sur l’analyse et la synthèse de données existantes, ainsi que la modélisation des effets des changements climatiques sur la biodiversité des stocks halieutiques européens et les pêcheries associées (Atlantique nord-est et Méditerranée). Il s’agira notamment de contribuer à mieux comprendre la réponse de la biodiversité des ressources halieutiques et des pêcheries dans le contexte des  changements climatiques, pour aider à mettre en place des mesures de gestion des pêches adaptative. 

 

 

En savoir plus sur Maestro

#ScienceDurable – Réchauffement climatique : une situation d’urgence pour les céréales africaines

Le réchauffement climatique impacte les productions agricoles en Afrique de l’Ouest… depuis déjà une vingtaine d’années ! Si de nombreux travaux prévoyaient une baisse des rendements agricoles de 10 à 15 % en 2050 dans ces régions du fait de l’élévation des températures, aucune ne s’intéressait jusqu’alors à la situation actuelle. Deux climatologues de l’UMR Espace-Dev, Benjamin Sultan et Dimitri Defrance, viennent de publier une étude sur ce sujet en collaboration avec un laboratoire japonais, spécialisé dans les simulations environnementales.

 

 

Consulter l'article

 

 

 

Rencontre Giec-Ipbes 2020

La Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et l’Observatoire national des effets du réchauffement climatique (ONERC) organisent le 2 novembre prochain un après-midi d’échange et de retours d’expériences sur la participation de chercheurs aux produits de l’Ipbes et du Giec.

 

De 15h à 17h45, divers échanges et tables rondes se succéderont. Au vu des récents développements, la rencontre se tiendra finalement en visio-conférence

 

Merci de prendre contact avec Agnès Hallosserie pour plus d’informations sur le programme et connaître les modalités d’inscriptions.

 

 

Un « filet de sécurité mondial » pour inverser la perte de biodiversité et stabiliser le climat de la Terre

Le « filet de sécurité mondial » décrit comment une conservation étendue de la nature répond à ces deux menaces globales. Les auteurs identifient 50% du domaine terrestre qui, s’il était conservé, inverserait la tendance future à la perte de biodiversité, empêcherait les émissions de CO2 dues au changement d’usage des terres et renforcerait le stockage naturel du carbone. Ce cadre de réflexion montre que, au-delà des 15,1% de terres actuellement protégées, 35,3% des terres sont nécessaires pour assurer la conservation de sites supplémentaires d’une importance particulière pour la biodiversité et stabiliser le climat. Cinquante écorégions et 20 pays contribuent de manière majeure aux objectifs proposés. Les terres autochtones s’imbriquent largement dans le filet de sécurité mondial. La conservation du filet de sécurité mondial pourrait aider la santé publique en réduisant à l’avenir le risque d’émergence de maladies zoonotiques comme la Covid-19.

 

Alors que les crises simultanées de la perte de biodiversité et du changement climatique ont généralement été abordées séparément, il existe une même solution clé pour deux des défis les plus urgents de notre époque : conserver suffisamment de nature et aux bons endroits.

 

 

La synthèse est disponible dans les ressources téléchargeables.

Les conditions environnementales extrêmes réduisent la biodiversité et la productivité des poissons des récifs coralliens

Pourquoi trouve-t-on certaines espèces dans un milieu donné alors que d’autres, qui leur ressemblent, en sont absentes ? Comment l’assemblage des espèces présentes affecte les dynamiques des processus écologiques de ce milieu ?
Ce sont à ces questions cruciales pour la conservation de la biodiversité et des services écosystémiques qu’a souhaité répondre une équipe de chercheurs, dont les résultats ont été publiés dans Nature communications le 31 juillet 2020. Plus précisément, leur étude s’est intéressée aux organismes tropicaux ectothermes1 considérés comme vulnérables aux changements environnementaux. En effet, les effets de ces changements, notamment sur l’assemblage et le fonctionnement des communautés de poissons des récifs coralliens, sont aujourd’hui encore largement méconnus. L’équipe de recherche a donc étudié les différentes caractéristiques des poissons de récifs cryptobenthiques2 vivant dans les récifs coralliens les plus chauds et extrêmes du monde situés dans le sud du golfe Persique3 et ceux voisins, mais un peu plus cléments, du golfe d’Oman.

 

Malgré une composition benthique et une couverture corallienne comparables, cette étude révèle que le nombre d’espèces de poissons du golfe Persique est divisé par deux et le nombre d’individus de ce même golfe par quatre, par rapport à celui d’Oman. Cette importante différence semble être due à des carences énergétiques chez les poissons : la disponibilité des proies est différente dans les environnements extrêmes, les températures y sont plus élevées et affectent par exemple la disponibilité en oxygène dans l’eau, etc. Des conditions environnementales plus difficiles, telles qu’attendues pour la fin du 21e siècle, pourraient donc fortement perturber la structure et la productivité des poissons de récifs coralliens indépendamment du déclin des récifs coralliens.

 

[1] Les animaux ectothermes sont ceux qui ne produisent pas de chaleur interne (insectes, reptiles, poissons, etc.).

[2] Les poissons cryptobenthiques sont ceux vivant cachés sur les fonds marins (du latin crypto : « se cacher » et benthos : fond, profondeur).

[3] L’article réfère au golfe Arabique ou Arabo-Persique mais les auteurs de la synthèse ont choisis d’utiliser le terme choisi par l’ONU, à savoir golfe Persique

 

 

Consulter la synthèse complète dans les ressources téléchargeables ci-dessous.

[#ScienceDurable] En avril, la campagne s’intéresse au climat et à la biodiversité

Au travers de la campagne « La science pour un monde durable », découvrez ces pistes, nombreuses, sérieuses et passionnantes, sur lesquelles travaillent les chercheurs français en lien avec les recommandations proposées par l’Ipbes afin d’atteindre les objectifs du développement durable (ODD) des Nations Unies et de nourrir les réflexions en vue de la définition du cadre d’action post 2020 de la CDB.

 

Chaque mois, la FRB, ses instituts membres fondateurs et l’alliance AllEnvi mettent en avant les solutions de la recherche pour enrayer le déclin de la biodiversité. Suivez-nous sur nos réseaux sociaux et notre page dédiée. Ce mois-ci, la thématique abordée est climat et biodiversité

 

Consulter les articles de la thématique :

#ScienceDurable – Changement climatique : les promesses du microbiome

Pour le microbiologiste Francis Martin, chercheur à l’INRAE, exploiter l’arbre seul n’est pas suffisant : « Pour bien assimiler le carbone, la plante a besoin de tout son cortège d’espèces microbiennes associées, ainsi que des bactéries, des collemboles1, des nématodes et autres petits animaux de la rhizosphère2 qui assurent le cycle du carbone dans les sols. » Dans ce processus de recyclage, chacun a son rôle à jouer. Mais certains microorganismes se révèlent clé.  « Les champignons symbiotiques ont en effet une place privilégiée dans la récupération du carbone, poursuit Francis Martin. Ils créent l’interface entre la racine de la plante et le reste de la communauté microbienne du sol. Ils sont les répartiteurs du carbone vers leurs propres réseaux de filaments fongiques. » Un quart du carbone de la photosynthèse est ainsi redistribuée aux communautés microbiennes du sol par les champignons mycorhiziens. 

 

Si ces découvertes laissent entrevoir la possibilité pour les forestiers de sélectionner le microbiome3 et l’associer aux arbres pour les rendre plus performant dans leur capture du carbone, la vision du microbiologiste est tout autre : « le meilleur des systèmes est déjà en place. Et ce depuis des millions d’années… » En effet, dans les forêts primaires ou peu anthropisées réside une très grande diversité d’espèces. Chaque arbre vit avec 200 à 300 champignons symbiotiques bénéfiques, qui jouent chacun un rôle bien spécifique. Certains sont spécialisés dans l’absorption de l’azote, d’autres du phosphate ou des microéléments, d’autres encore protègent la racine des pathogènes. « Donc ces systèmes naturels qui ont évolué depuis des dizaines de millions d’années, ont atteint un optimal écologique que les forestiers auront bien du mal à imiter. » Ainsi, laisser les forêts revenir à leur état naturel, ne plus couper les arbres, ne plus ramasser le bois mort, laisser la diversité des champignons et des autres organismes se développer est l’une des solutions pour atténuer le changement climatique. Cette gestion durable pourrait d’ailleurs être développée sur près du 20 % du territoire européen grâce au réseau Natura 2000.

 

« En revanche, dans certains cas, comme dans celui de la sylviculture intensive, où les plantations forestières sont utilisées pour la production industrielle du bois, il est envisageable d’associer aux arbres un cortège de champignons symbiotiques mycorhiziens4 spécifique pour stimuler fortement leur croissance initiale » souligne Francis Martin. Ces champignons symbiotiques mutualistes5, appelés champignons mycorhiziens, se rencontrent à l’automne dans les forêts. Ainsi, le Cèpe de Bordeaux, les Chanterelles, la Truffe, l’Amanite tue-mouche font partie de ce groupe de champignons stimulant la croissance des arbres … « Ce que l’on récolte à l’automne en forêt n’est autre que l’organe sexuel de ce réseau fongique de filaments – le mycélium – qui vit en interaction avec la plante. Nous voyons seulement la partie émergée de l’iceberg ».

 

#ScienceDurable – Les écosystèmes côtiers, puits de carbone bleu

Qu’appelle-t-on le carbone bleu ? 

 

Le carbone bleu correspond au carbone séquestré par les écosystèmes côtiers végétalisés. Les marais salés, les mangroves, ou encore les herbiers, sont autant d’écosystèmes susceptibles de capter le carbone sur le court terme, environ une dizaine d’années, dans leur biomasse et sur des temps encore plus longs, des milliers d’années, dans leurs sédiments. Contrairement aux sols terrestres, ces sédiments côtiers ont tendance à s’étendre avec l’augmentation du niveau de la mer On constate donc que la séquestration de carbone par les sédiments et les végétaux augmentent au cours du temps, en particulier lorsque ces écosystèmes sont sains et en bonne santé.

 

 

 

Ces écosystèmes sont-ils tout aussi efficaces que les forêts dans la séquestration du carbone ?  

 

On sait que les marais salés, les mangroves ou les herbiers stockent le carbone 10 à 20 fois plus que les forêts tempérées ou boréales. Lorsque que les forêts séquestrent moins de 10 g de CO2 par mètre carré et par an, les écosystèmes côtiers en retiennent 100 à 200 g. Néanmoins ces écosystèmes représentent une partie moins importante de la surface du globe que les océans ou les forêts. Si certaines études indiquent qu’on obtient un stockage de carbone équivalent aux forêts, les travaux se poursuivent pour mieux quantifier cette séquestration et la part du carbone relâchée vers l’atmosphère.  

 

 

 

Comment comptabiliser le carbone stocké puis relargué ? 

 

C’est extrêmement complexe. Nous travaillons avec d’autres scientifiques à la meilleure compréhension du rôle des zones côtières dans ce cycle du carbone. La principale difficulté vient du fait que nous avons une très forte hétérogénéité spatiale et temporelle. Les échanges de carbone interviennent au niveau de multiples interfaces terrestre-aquatique. Si on sait par exemple que l’océan côtier représente un puits de carbone incontestable grâce à sa production primaire phytoplanctonique, les estuaires émettent, quant à eux, d’importantes quantités de CO2 vers l’atmosphère du fait de l’intense minéralisation de la matière organique qui existe dans ces eaux turbides, c’est-à-dire troubles, limitant la photosynthèse. Entre ces écosystèmes, se trouvent les marais et les vasières intertidales1. Là, de multiples échanges horizontaux et verticaux de carbone existent au sein et entre les compartiments terrestre, aquatique et atmosphérique aux échelles du jour et de la nuit, de la marée, de la saison et de l’année. Ces échanges particulièrement complexes et dynamiques ne peuvent alors être appréhendés que de façon intégrative et multidisciplinaire en faisant appel à des équipes de géographes, de géologues ou d’écologues pour mieux préciser leurs statuts de puits ou source de carbone. 

 

 

 

Il semblerait néanmoins que la biodiversité marine joue un rôle clé dans la séquestration du carbone.  

 

Incontestablement si les débats portent sur la qualification des processus et la quantification des échanges, ils ne retirent rien aux services écosystémiques que nous retirons de cette biodiversité. Si son érosion se poursuit, la capacité à capturer efficacement le carbone de l’atmosphère pourrait être compromise, ce qui aurait pour conséquence d’augmenter les émissions de gaz à effet de serre et d’intensifier l’acidification des eaux côtières. Malheureusement, ces écosystèmes ne sont pas épargnés par le changement d’usage des terres. D’après les chiffres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), on sait par exemple que chaque année, près de 2 % des mangroves disparaissent et contribuent au relâchement de 120 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. 

 

 

 

Est-il possible de restaurer cette biodiversité ?  

 

Depuis les années 1990, les surfaces des herbiers marins ont diminué de moitié à travers le monde. Ceci est à la fois dû à des pressions anthropiques, mais aussi à une pression de parasitisme. Pour protéger ces zones, un certain nombre d’actions ont été mises en place, comme aux États-Unis sur la côte de Virginie où se trouve le site de South Bay choisi pour faire partie d’un vaste projet de restauration des herbiers initié au début des années 2000. À partir d’un simple vestige découvert dans une baie en bord de mer au large de la côte est, The Nature Conservancy et le Virginia Institute for Marine Science ont diffusé plus de 72 millions de graines pour aider à accélérer la propagation naturelle de la zostère (Zostera marina), qui couvre aujourd’hui 13,5 km2. Une étude publiée dans Plos One a montré que ces prairies sous-marines restaurées devraient accumuler du carbone à un taux comparable à celui mesuré dans les prairies sous-marines naturelles. C’est extrêmement encourageant.

 

 

« Préserver les forêts marines pour contribuer aux équilibres de la biodiversité côtière »

par Thierry Thibaut, Maître de Conférences, Aix-Marseille Université, Mediterranean Institute of Oceanographie (MIO), Marseille. Travaillant sur le projet Marfor de Biodiversa.

 

 

« Si les forêts marines d’algues (kelps) ne jouent pas un rôle direct dans l’atténuation du changement climatique, elles y contribuent largement en permettant à la biodiversité côtière de se maintenir. Comme les forêts terrestres, elles abritent un très grand nombre d’espèces. Les forêts sous-marines de Kelps géants, par exemple en Californie, font plus de 40 mètres de haut et sont considérées comme le plus haut niveau trophique du monde avec ses sept à huit niveaux. Lors de perturbations d’origine naturelle ou antropique , plus la biodiversité est importante, plus l’écosystème a la possibilité de se régénérer. De même, lorsque l’écosystème est peu diversifié, les chances de le voir se reconstituer sont faibles. Ainsi assiste-t-on dans certaines zones abimées à des dénudements presque totaux, à cause d’herbivores comme les oursins qui y prolifèrent. Les forêts marines maintiennent donc de haut niveau de services écosystémiques, dont l’atténuation du changement climatique, en contribuant à préserver les écosystèmes côtiers qui sont pour certains des puits de carbone (herbiers de plantes à fleurs marines). C’est entre autres pour cela qu’il faut les préserver à un moment où on assiste à des déclins dans toutes les mers et tous les océans de ces écosystèmes côtiers, notamment en raison de la destruction irrémédiable des habitats due à la construction de ports, de marinas, parkings, mais aussi au surpâturage des herbivores et à une augmentation des températures. »

 

 

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1 Zone au-dessus du niveau de l’eau à marée basse et sous l’eau à marée haute en d’autres termes, des vasières se situant dans le secteur des marées.

#ScienceDurable – Du blé africain contre le changement climatique

Les paysans africains pourront bientôt lutter tout à la fois contre les causes et contre les conséquences du changement climatique avec leur production de céréales. « Une solution très pragmatique pour contrer l’effet de serre, formulée en objectif chiffré dans l’initiative “4 pour 1000” [voir encadré ci-dessous], consiste à piéger une partie du dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique dans la matière organique des sols , explique le pédologue Vincent Chaplot. Pour ce faire, les plantes cultivées qui emmagasinent de grandes quantités de carbone dans leurs parties non-récoltées sont de très bons outils. Avec une équipe de l’université du Kwazulu-Natal (Afrique du Sud), nous étudions en ce sens les espèces communes de blé exploitées en Afrique. Il s’agit de caractériser celles qui stockent le mieux le carbone malgré les conditions de stress hydrique justement induites par le changement climatique. »

 

 

Découvrir l'article complet

 

 

 

[Synthèse bibliographique] Incidence du changement climatique sur la biodiversité dans les écosystèmes forestiers et littoraux d’Europe et d’Afrique

 

A travers une large synthèse de la littérature scientifique, la FRB a rendu compte des conséquences du changement climatique sur la biodiversité dans les écosystèmes forestiers et littoraux d’Europe et d’Afrique. Cette revue montre notamment que le changement climatique impacte déjà très significativement la biodiversité de ces continents et devrait avoir des effets considérables dans les années à venir.

 

 

Consultez la synthèse bibliographique

Incidence du changement climatique sur la biodiversité dans les écosystèmes forestiers et littoraux d’Europe et d’Afrique

Si on prend comme référence le scénario 8.5 du Giec, en Europe, d’ici 2085, 31 à 42 % de la surface du continent devrait être couverte par un type de végétation différent. Le changement climatique entraîne aussi un déplacement des espèces avec une floraison et une maturité plus précoce chez de nombreuses plantes, des périodes de migration et de reproduction modifiées chez certains animaux, pouvant créer un décalage temporel entre le cycle de vie des espèces et le pic d’abondance de leurs ressources alimentaires.

 

Le pourtour méditerranéen est le territoire qui suscite les plus “graves préoccupations” pour la conservation de la biodiversité. Il est en effet considéré comme l’une des régions du monde les plus sensibles au changement global. Ses écosystèmes souffriront notamment de l’augmentation de la température, des changements de précipitations, de l’augmentation des sécheresses et des incendies.

 

Sur le continent Africain, les publications scientifiques récentes confirment la trajectoire en cours vers des “niveaux de réchauffement catastrophiques”. Les températures devraient y augmenter plus vite qu’à l’échelle mondiale. Or ce continent regroupe 25 % des points chauds de biodiversité mondiaux.

 

Aujourd’hui, ni en Europe, ni en Afrique, la localisation et la délimitation des aires protégées ne sont adaptées pour correspondre aux changements à venir d’aires de répartition des espèces. Les barrières géographiques empêchent la dispersion des espèces et limitent leur adaptation au changement climatique. La littérature scientifique indique qu’il est essentiel de conserver et développer les continuités écologiques qui jouent un rôle de corridors climatiques et d’éviter toute création de nouvelles infrastructures qui viendraient réduire encore davantage la capacité de dispersion des espèces.

 

Consulter la synthèse complète dans l’onglet “Ressource téléchargeable” ci-après.

Localiser les prédateurs pour protéger les écosystèmes de l’océan Austral

Cette solution repose sur un principe simple : les animaux se déplacent depuis leur site de reproduction jusqu’aux zones où ils trouvent de la nourriture. Ainsi, en identifiant les zones de l’océan Austral où les prédateurs se rendent le plus souvent, on peut en déduire où se trouvent leurs proies. Par exemple, les baleines à bosse se déplacent dans des endroits où elles peuvent avoir accès au krill, tandis que les éléphants de mer et les albatros se déplacent dans des endroits où ils peuvent trouver poissons, calmars ou autres proies. Si tous ces prédateurs et leurs diverses proies se trouvent en un même endroit, alors cette zone présente à la fois une grande biodiversité et une grande abondance d’espèces, ce qui en fait une zone de grande importance écologique.

 

Ce projet a été mené par le Comité scientifique pour les recherches antarctiques (SCAR), avec le soutien de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) dans son centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab) au travers du projet RAATD, et du WWF-UK. Le SCAR a fait appel à son vaste réseau de chercheurs travaillant sur l’Antarctique pour rassembler les données existantes sur le suivi des prédateurs de l’océan Austral. Une énorme base de données, en accès libre, a ainsi été créée avec les suivis de plus de 4 000 individus de 17 espèces différentes, recueillis par plus de 70 scientifiques dans le cadre de 12 programmes en Antarctique.

 

Cependant, il est impossible de suivre toutes les espèces à partir de tous leurs sites de reproduction : une simple carte fournirait donc une représentation biaisée de la distribution des animaux. Pour surmonter ce problème, des modèles statistiques sophistiqués ont été développés afin d’estimer les mouvements en mer des différentes espèces de prédateur, depuis leurs sites de reproduction. Ces estimations, combinées aux données obtenues sur les 17 espèces suivies, ont permis d’élaborer des cartes représentant les zones utilisées par un ensemble de prédateurs ayant des besoins en proies variés (cf. ci-dessous).

 

Ces zones d’importance écologique sont en partie couvertes par les aires marines protégées (AMP) existantes (créées dans un but de conservation), ce qui laisse à penser qu’elles sont actuellement aux bons endroits. Pourtant, si on s’intéresse à la façon dont ces zones d’importance écologique sont susceptibles de se déplacer d’ici 2100, d’après les projections des modèles climatiques du GIEC, ces mêmes zones ne se retrouvent plus couvertes par les aires marines protégées. Il est donc nécessaire de commencer à envisager des aires marines protégées dynamiques qui seraient mises à jour au fil du temps en fonction des changements environnementaux, afin d’assurer une protection continue dans le temps et dans l’espace  de l’océan Austral et de ses ressources.

 

FRB-Cesab_Communique_RAATD_Fig1-2

Fig. 1 : Carte de l’océan Austral montrant les données de suivi des mouvements (points noirs) de 4060 individus de 17 espèces de prédateurs marins qui ont été utilisées pour prévoir les zones d’importance écologique. Les points jaunes indiquent les endroits où chaque piste a commencé, autrement dit les sites de reproduction des individus.

Fig. 2 : Carte de l’océan Austral montrant les habitats d’importance écologique définies à l’aide des données de suivi de 17 espèces de prédateurs marins. Les zones présentant les valeurs les plus élevées en termes d’importance écologique sont entourées en blanc, dont deux zones hauturières : une au niveau de la péninsule Antarctique et se projetant sur l’arc de Scott, et l’autre entourant les îles subantarctiques dans le secteur indien de l’Océan Austral. Elles sont mises en rapport avec les aires marines protégées (AMPs) actuelles (en orange) et proposées (en magenta). Sont également indiquées, en noir, les limites des eaux nationales (ou zones économiques exclusives) et la limite de la zone de la convention CCAMLR (Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique).

 

Ce que nous ne savons pas (sur les lacs) pourrait nous nuire

L’équipe, composée de 39 scientifiques de 20 pays différents, a réalisé un travail de synthèse conséquent au travers du projet Geisha, co-financé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), dans son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab), et par le centre d’analyse et de synthèse John Wesley Powell de l’U.S. Geological Survey. Elle s’est intéressée aux effets des tempêtes sur les lacs, et particulièrement sur le phytoplancton : algues microscopiques, à la base des chaînes alimentaires et un des facteurs régulant la qualité de l’eau. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Global Change Biology le 5 mars 2020.

 

Il est aujourd’hui avéré que les phénomènes météorologiques extrêmes endommagent les biens, les infrastructures et impactent l’environnement, y compris les ressources en eau douce qui sont essentielles à la santé humaine. Les lacs sont ainsi particulièrement vulnérables : ils subissent de manière directe les tempêtes puis reçoivent les eaux de ruissellement de l’ensemble de leurs bassins versants, qui arrivent alors chargées de sédiments, de nutriments, de microplastiques, et bien plus encore.

 

“Nous avons une idée assez claire de la façon dont les lacs réagissent physiquement aux tempêtes : la colonne d’eau se mélange, la température de l’eau change et les sédiments peuvent être remontés du fond ou apportés par les rivières et les ruisseaux rendant ainsi le lac plus turbide”, raconte Jason Stockwell, auteur principal de la publication et co-porteur du projet Geisha. “Mais la réponse physique du lac n’est qu’une partie de l’histoire. Les conséquences biologiques des tempêtes sur le phytoplancton, mais aussi sur d’autres plantes et animaux, sont fondamentales dans la dynamique des lacs et pourtant, comme le révèle notre étude, elles sont encore mal comprises”.

 

Figure_communiqué_Geisha_CESAB

 

Fig. L’impact des tempêtes sur les lacs varie en fonction des caractéristiques géographiques et morphologiques du lac, de ses conditions physico-chimiques et des propriétés de son bassin versant. Ces facteurs agissent comme des filtres qui tamponnent ou intensifient les effets des tempêtes. La réponse du phytoplancton (plantes microscopiques à la base du réseau trophique) à une tempête a des conséquences importantes pour les autres composantes du réseau trophique et les services écosystémiques rendus par le lac. © Gaël Dur

 

 

En analysant des milliers d’articles scientifiques du monde entier, les chercheurs n’ont trouvé que très peu d’études sur les effets des tempêtes sur les lacs, encore moins sur le phytoplancton, et les quelques résultats disponibles étaient contradictoires. Comment le phytoplancton réagit face aux tempêtes ? En quoi ses réactions peuvent différer selon les types de tempêtes, selon les lacs ou même selon les périodes de l’année ? “Si les phénomènes météorologiques extrêmes modifient de manière significative le cycle du carbone, des nutriments ou de l’énergie dans les lacs, nous ferions mieux de le découvrir rapidement”, avertit Jason Stockwell. Les scientifiques appellent donc à un effort de collaboration pluridisciplinaire de la part des chercheurs pour développer et faire progresser la recherche sur ces questions. Ils suggèrent notamment l’utilisation de modèles et l’extension de programmes de surveillance à long terme des lacs par le biais de réseaux tels que le Global Lake Ecological Observatory Network (GLEON, https://gleon.org).

 

 

 

 

Références de l’article :

Stockwell, J., J.P. Doubek, R. Adrian, O. AnnevilleC.C. Carey, L. Carvalho, L. de Senerpont Domis, G. Dur, M. Frassl, H.-P. Grossart, B. Ibelings, M. Lajeunesse, A. Lewandowska, M. Llames, S.S. Matsuzaki, E. Nodine, P. Noges, V. Patil, F. Pomati, K. Rinke, L. Rudstam, J. Rusak, N. Salmaso, C. Seltmann, D. Straile, S. Thackeray, W. Thiery, P. Urrutia-Cordero, P. Venail, P. Verburg, R. Woolway, T. Zohary, M. Andersen, R. Bhattacharya, J. Hejzlar, N. Janatian Ghadikolaei, T. Kpodonu, T. Williamson, and H. Wilson. Storm impacts on phytoplankton community dynamics in lakes. Global Change Biology. DOI: 10.1111/gcb.15033

Le Label bas-carbone

Le Label bas-carbone est présenté par le ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES) comme un outil permettant la mise en place d’un cadre innovant et transparent offrant des perspectives de financement à des projets locaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il permettrait ainsi, selon sa présentation, d’accompagner la « transition écologique » à l’échelon territorial, en récompensant les comportements « positifs » allant au-delà des pratiques usuelles. Son mécanisme est d’identifier et de labelliser des projets « vertueux pour le climat et l’environnement » afin que des collectivités, des entreprises, et même des citoyens, puissent mobiliser des financements en faveur de ces actions sur une base volontaire, par exemple pour compenser leurs émissions résiduelles. L’enjeu du label est donc de pouvoir garantir que les projets concourent effectivement à la réduction des gaz à effet de serre, ce qui est relativement facile à évaluer, mais également qu’ils participent à la transition écologique, ce qui voudrait dire, entre autres, qu’ils n’ont alors pas d’impacts négatifs sur la biodiversité.

 

Le Conseil scientifique (CS) de la FRB a souhaité s’exprimer sur ce label au travers d’une note, à découvrir dans les ressources téléchargeables ci-dessous.

Stockage du carbone dans les prairies similaires à celles qui sont gérées par les aéroports

Fin 2018, l’association HOP ! Biodiversité (désormais Aérobiodiversité) confiait à la FRB la réalisation d’une synthèse de connaissances sur la question du stockage du carbone dans les prairies gérées sur leurs sites par les aéroports français membres de l’Acnusa en posant la question : « Quel est le stock global de carbone des prairies (similaires à celles qui sont gérées par les aéroports) et quel est leur potentiel de stockage annuel ? ».

 

La finalité pour le commanditaire état d’une part de pouvoir intégrer le bilan carbone annuel des prairies dans le bilan carbone des aéroports et d’autre part de sensibiliser sur les intérêts environnementaux de ces prairies pour adapter les mesures de gestion.

 

Le rapport complet est téléchargeable dans les ressources ci-dessous.

 

[Communiqué] La synthèse de données au service de la flore tropicale africaine menacée

Il y a deux ans, une trentaine de chercheurs nationaux et internationaux rendaient public Rainbio une base de données unique en libre accès, offrant le premier état des lieux jamais réalisé sur la flore d’Afrique tropicale. Cette synthèse d’envergure a été réalisée au Cesab de la FRB, un centre de synthèse unique en France permettant de rassembler de très nombreuses informations dépassant les simples jeux de données collectés lors de travaux individuels.

 

Grâce au Cesab, mis en place il y a 10 ans par la FRB, l’équipe de recherche menée par Thomas Couvreur – chercheur à l’IRD – a pu enregistrer plus de 600 000 occurrences végétales en Afrique tropicale, provenant de plus de 25 000 espèces de plantes vasculaires.

 

Ce mois-ci, trois études s’appuyant de façon directe ou indirecte sur la base de données Rainbio ont dévoilé des résultats sans précédent sur l’état et le devenir de la flore africaine ainsi que sur les espèces rares à l’échelle mondiale.

 

 

Consultez le communiqué complet

La synthèse de données au service de la flore tropicale africaine menacée

Il y a deux ans, une trentaine de chercheurs nationaux et internationaux rendaient public Rainbio une base de données unique en libre accès, offrant le premier état des lieux jamais réalisé sur la flore d’Afrique tropicale. Cette synthèse d’envergure a été réalisée au Cesab de la FRB, un centre de synthèse unique en France permettant de rassembler de très nombreuses informations dépassant les simples jeux de données collectés lors de travaux individuels.

 

Grâce au Cesab, mis en place il y a 10 ans par la FRB, l’équipe de recherche menée par Thomas Couvreur – chercheur à l’IRD – a pu enregistrer plus de 600 000 occurrences végétales en Afrique tropicale, provenant de plus de 25 000 espèces de plantes vasculaires.

 

Ce mois-ci, trois études s’appuyant de façon directe ou indirecte sur la base de données Rainbio ont dévoilé des résultats sans précédent sur l’état et le devenir de la flore africaine ainsi que sur les espèces rares à l’échelle mondiale.

 

 

  • Plus d’un tiers des plantes sur terre sont considérées comme extrêmement rares et menacées par le changement climatique et le changement d’usage des Terres

 

Pour la première fois à l’échelle planétaire, une étude parue le 27 novembre dans la revue Science Advances a pu déterminer que 36,5 % des 435 000 espèces végétales de la Terre sont à considérer comme extrêmement rares. Ces résultats sont basés sur BIEN, une immense base de données ayant intégré Rainbio. Les scientifiques ont localisé les régions qui les abritent et conclu qu’elles se situent majoritairement dans des régions climatiques stables. Or les événements extrêmes provoqués par le changement climatique risquent de bouleverser ces climats et avoir un impact majeur sur les espèces rares. D’après les prévisions, les Andes méridionales et l’Asie du Sud-Est devraient enregistrer les plus fortes baisses. Le changement d’usage des terres fait aussi partie des grandes menaces. Si rien n’est fait pour préserver la flore rare planétaire dans les années à venir, c’est environ 158 000 espèces de plantes qui sont menacées d’extinction.

 

Enquist, B.J., Feng, X., Boyle, B., Maitner, B., Newman, E.A., Jørgensen, P.M., Roehrdanz, P.R., Theirs, B.M., Burger, J.R., Corlett, R. and Donoghue, J.C., 2019. The commonness of rarity: Global and future distribution of rarity across land plants. Science Advances5(11). DOI: 10.1126/sciadv.aaz0414

 

Rainbio Cesab CP

Fig. Where are rare species distributed geographically?

 

 

  • Près d’un tiers de la flore tropicale africaine est menacée d’extinction

 

Le 20 novembre dernier sortait la première évaluation du statut de conservation préliminaire réalisée de la flore tropicale africaine. L’article a révélé que près d’un tiers – 31,7 % – de cette flore pourrait être menacé d’extinction. En superposant les cartes de distribution des espèces et celles de l’utilisation des terres – des plus préservés aux plus exploitées – réalisées à partir de la base de données Rainbio, les chercheurs sont parvenus pour la première fois, à évaluer le statut de conservation potentiel de la flore tropicale à l’échelle du continent. « Cette étude constitue la première évaluation du statut de conservation potentiel de la flore à une échelle continentale, suivant la méthodologie de l’UICN », souligne Thomas Couvreur, botaniste à l’IRD qui a coordonné l’étude. « Ces évaluations pourraient fournir des informations cruciales pour améliorer la gestion de la biodiversité et favoriser un développement économique durable en Afrique. »

 

Stévart, T., Dauby, G., Lowry, P.P., Blach-Overgaard, A., Droissart, V., Harris, D.J., Mackinder, B.A., Schatz, G.E., Sonké, B., Sosef, M.S.M. and Svenning, J.C., 2019. A third of the tropical African flora is potentially threatened with extinction. Science Advances5(11). DOI: 10.1126/sciadv.aax9444

 

Fig. Spatial distribution of threatened plant species across tropical Africa.

 

 

  • Du rôle vital joué par les montagnes pour la biodiversité végétale tropicale africaine

 

Dans l’étude parue dans la revue New phytologist le 30 octobre dernier, les scientifiques ont pu déterminer où les plantes d’Afrique tropicale se diversifient et persistent au cours du temps en s’appuyant sur la base de données Rainbio. Leur étude souligne le rôle vital joué par les montagnes agissant simultanément comme berceaux et lieux de persistance de la biodiversité végétale tropicale africaine. En revanche, les forêts tropicales des basses terres de l’Afrique de l’Ouest et Centrale servent principalement de musées, pour la diversité générique (i.e. régions où les genres persistent au cours du temps). Ces résultats permettent de comprendre la répartition de la biodiversité et les stratégies de conservation au niveau de la région.

 

Dagallier, L.P.M., Janssens, S.B., Dauby, G., Blach‐Overgaard, A., Mackinder, B.A., Droissart, V., Svenning, J.C., Sosef, M.S., Stévart, T., Harris, D.J. and Sonké, B., 2019. Cradles and museums of generic plant diversity across tropical Africa. New Phytologist. DOI: 10.1111/nph.16293

 

Rainbio Cesab CP

Fig. Map of the protected areas of Africa overlaid onto categorical analysis of neo- and paleo-endemism (CANAPE) results.

Geisha | Évaluation à l’échelle de la planète de l’impact des tempêtes sur les habitats et la structure des assemblages phytoplanctoniques d’eau douce

L’abondance et la composition du phytoplancton sont sensibles aux conditions de la colonnes d’eau qui elles-mêmes sont fortement influencées par la météorologie (ex. le vent et la pluie) et le changement climatique. Imaginé dans le cadre du projet « Stormblitz » du GLEON, le projet FRB-Cesab Geisha a pour objectif d’évaluer les impacts des tempêtes sur les communautés phytoplanctoniques. Geisha a été conçu pour permettre de rassembler et d’analyser des séries chronologiques par le biais d’un effort collaboratif au niveau international. Le projet regroupe plus de 80 chercheurs d’instituts gouvernementales et d’universités. Geisha a notamment permis :

  • de rassembler et standardiser les jeux de données existants,
  • d’évaluer l’impact des tempêtes sur les nutriments, la lumière, la stabilité de la colonne d’eau et les conséquences sur la structure des communautés phytoplanctoniques,
  • d’effectuer des méta-analyses pour évaluer la sensibilité de ces écosystèmes et,
  • de mettre en en évidence que les conséquences biologiques des tempêtes sur le phytoplancton sont fondamentales dans la dynamique des lacs et sont pourtant encore mal comprises. Il y a un réel besoin de collaboration scientifique pour comprendre l’impact des phénomènes météorologiques extrêmes sur les lacs.

 

Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.

Les scientifiques alertent l’humanité sur les liens entre microorganismes et changement climatique

À l’occasion des 60 ans du BRGM, service géologique national et membre fondateur de la FRB, la FRB revient sur l’importance cruciale des microorganismes en mettant en avant une synthèse parue au mois de juin dernier dans la revue Nature et intitulée : « Les scientifiques alertent l’humanité sur les liens entre microorganismes et changements climatiques ».

 

Cette synthèse de connaissances rappelle le rôle central des microorganismes dans les causes biologiques du changement climatique. Elle montre comment ceux-ci affectent le climat mais aussi comment, par rétroaction, ils sont affectés par les changements globaux.

 

Les auteurs appellent à ce que cette « majorité microscopique » ne soit plus « l’éléphant invisible dans la pièce ». Les enjeux sont trop importants : intégrer leur fonctionnement, c’est se permettre de comprendre comment les êtres vivants peuvent s’adapter aux changements climatiques. À défaut, la science n’aura qu’une compréhension limitée de la biosphère et de ses réponses à ces changements, ce qui compromettra les efforts déployés dans ce domaine pour créer un avenir écologiquement durable.

 

Retrouvez la synthèse complète dans les ressources téléchargeables ci-dessous. 

 

 

Pour en savoir plus, vous pouvez également consulter l’article publié dans la collection Regards de la SFE2 : “R89 : Les sols à l’heure du changement climatique, par N. Fromin, T. Chevallier et A. Robin

[Synthèse] Les scientifiques alertent l’humanité sur les liens entre microorganismes et changement climatique

À cette occasion, la FRB revient sur l’importance écologique cruciale des microorganismes en mettant en avant une synthèse parue au mois de juin dernier dans la revue Nature et intitulée : « Les scientifiques alertent l’humanité sur les liens entre microorganismes et changements climatiques ».

Cette synthèse de connaissances rappelle le rôle central des microorganismes dans les causes biologiques du changement climatique. Elle montre comment ceux-ci affectent le climat, mais aussi comment, par rétroaction, ils sont affectés par les changements globaux.

 

Les auteurs appellent à ce que cette « majorité microscopique » ne soit plus « l’éléphant invisible dans la pièce ». Les enjeux sont trop importants : intégrer leur fonctionnement, c’est mieux comprendre comment les êtres vivants peuvent s’adapter aux changements climatiques. À défaut, la science n’aura qu’une compréhension limitée de la biosphère et de ses réponses à ces changements, ce qui compromettra les efforts déployés dans ce domaine pour créer un avenir écologiquement durable.

 

Consultez la synthèse complète ci-dessous.

[BiodivERsA] Ouverture de l’appel à projets 2019-2020 sur “Biodiversité et changement climatique”

Cet appel couvre quatre thèmes non-exclusifs :

  • Les conséquences du changement climatique sur la biodiversité et sur les services écosystémiques / contributions de la nature aux sociétés ;
  • Les mécanismes de rétroaction climat-biodiversité ;
  • Le potentiel des solutions fondées sur la nature comme outil d’atténuation et d’adaptation au changement climatique ;
  • Synergies et compromis entre les politiques publiques sur la biodiversité, le climat et les autres secteurs, et le rôle des agents du changement.

 

 

Calendrier indicatif : 

 

  • Date de clôture 1re étape (dépôt des pré-propositions, obligatoire) : 5 novembre 2019, 16h00 CET

  • Date de clôture 2e étape (dépôt des propositions) : 10 avril 2020, 16h00 CEST

 

Toutes les informations

 

 

Webinaire d’information : 

 

Un webinaire d’information (en anglais) sera organisé le 13 septembre 2019 de 15h00 à 16h30 pour répondre à vos questions sur cet appel.

 

Pour y participer, inscrivez-vous ici :

https://attendee.gotowebinar.com/register/3067154057637709323

3es Rencontres espaces naturels protégés et recherche

Les 3es rencontres nationales « chercheurs – gestionnaires d’espaces naturels protégés (ENP) » visaient à rassembler les communautés de gestionnaires d’espaces naturels protégés et de chercheurs pour faciliter l’émergence et la conduite de projets de recherche “changement climatique” sur les espaces naturels protégés. Elles se sont inscrites dans la continuité des deux rencontres précédentes, notamment dans la prise en compte des recommandations qui en sont issues (à consulter ci-dessous).

 

Les rencontres, qui se sont tenues à Annecy les 17 et 18 avril 2019 sur une journée et demie, se sont structurées sous forme d’alternance de sessions plénières et d’ateliers permettant de discuter de manière approfondie sur les facteurs favorisant une collaboration réussie entre les communautés de chercheurs et de gestionnaires.

 

Télécharger les actes de ces Rencontres dans les ressources ci-dessous. 

 

Le réchauffement climatique, un bouleversement pour les écosystèmes et les scientifiques

Le changement climatique n’est pas un état problématique passager, mais bien une situation pérenne qu’il va falloir considérer dans sa globalité. Il nécessite une adaptation importante des écosystèmes et de ceux qui les étudient. Sous nos latitudes tempérées, ces changements prennent une signification particulière en modifiant la longueur relative des saisons. Or, l’arrivée du printemps rythme le cycle annuel de toute la biodiversité. La remontée printanière des températures s’accompagne d’une reprise explosive de la végétation. Les jeunes feuilles fournissent une nourriture de qualité pour une multitude d’invertébrés herbivores, aux premiers rangs desquels, les chenilles de papillons. Eux-mêmes sont alors consommés par des carnivores. Ce formidable accroissement de la biomasse va, en particulier, permettre aux prédateurs de se reproduire. Ce phénomène est cependant éphémère : les jeunes pousses tendres se chargent rapidement de tanin et deviennent indigestes. On assiste ainsi à un pic d’abondance de nourriture et chaque niveau de la chaîne alimentaire tente de se synchroniser sur le pic dont il dépend.

[Ipbes 7] Biodiversité et changement climatique, lutter et s’adapter

À l’occasion de la sortie du nouveau rapport de l’Ipbes sur l’état de la biodiversité mondiale prévu pour mai 2019, la FRB donne chaque mois la parole à des scientifiques qui travaillent sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité, mais aussi sur les solutions pour y remédier.

Écologues, juristes, économistes, biologistes de la conservation sont autant de chercheurs qui offriront chacun un éclairage précis sur l’état et le devenir des espèces et de leurs écosystèmes.

 

Le second thème abordé est celui du changement climatique, considéré comme la 3e cause de perte de biodiversité dans le monde.

#ScienceDurable – La forêt : une véritable alliée dans la lutte contre le réchauffement climatique ?

En 1954, le livre de Jean Giono, “L’Homme qui plantait des arbres”, peignait l’histoire d’un berger écologiste. Jour après jour, tout en menant ses moutons, il enterrait des graines d’arbres au hasard de ses chemins, et, après des années, des paysages entiers étaient de nouveau couverts de forêts. Cette fable de l’action de l’Homme dans la durée est évocatrice et inspirante. En 2006, le programme des Nations Unies pour le développement lançait la Campagne pour planter un milliard d’arbres qui à ce jour revendique plus de 15 milliards d’arbres plantés.

 

Aujourd’hui l’enjeu de la forêt est associé à celui des changements climatiques. Planter des arbres aide sans nul doute à lutter contre ces changements. Lorsqu’ils grandissent, les arbres fixent le dioxyde de carbone, le principal gaz à effet de serre. Sans les forêts mondiales, le réchauffement de la planète serait deux fois plus rapide. L’accumulation de carbone concerne non seulement les arbres, mais aussi les sols, qui séquestrent près de la moitié du carbone d’un écosystème forestier. Seulement, la captation du carbone par les forêts ne suffit pas, à elle seule, à endiguer le changement climatique. De plus, dans les années à venir, ces changements pourraient avoir un effet adverse sur les forêts.

La maison est en feu

L’équipe a examiné attentivement la littérature scientifique, le financement de la recherche et les articles de presse des États-Unis, du Canada et du Royaume-Uni sur les changements climatiques et la biodiversité entre 1991 et 2016. Elle a constaté que la couverture médiatique du changement climatique est jusqu’à huit fois plus élevée que celle consacrée à la biodiversité, un écart que les différences entre les publications scientifiques sur l’un ou l’autre thème ne peuvent expliquer. Les chercheurs ont noté que la couverture médiatique sur le changement climatique est souvent liée à des événements spécifiques, du type plénière du Giec ou événement climatique exceptionnel, lien que l’on ne retrouve pas pour la couverture médiatique sur la biodiversité.

 

Les auteurs ont quantifié avec précision leurs observations et en ont dégagé des pistes d’action pour que les chercheurs et leurs services en charge de la communication puissent mieux communiquer les points saillants de leurs travaux au grand public et aux politiques.

 

Articulation CDB- IPBES – Giec

Souvent négligée dans les débats sur les leviers d’action pour le climat, la biodiversité doit pourtant être prise en compte selon trois axes essentiels pour que les actions pour le climat soient efficaces et ne s’accompagnent pas de conséquences négatives pour la biodiversité :

  1. Les impacts du changement climatique sur la biodiversité et les écosystèmes doivent être mieux compris, justifiant d’autant plus le besoin d’agir rapidement pour minimiser le changement et de repenser les actions de conservation in situ ;
  2. Les solutions apportées par la biodiversité pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique doivent être mieux connues et reconnues par les négociateurs comme les réponses les plus économiques, apportant de multiples bénéfices en termes de développement durable ;
  3. Les politiques et mesures pour le climat ne reposant pas sur la préservation de la biodiversité doivent faire l’objet d’une évaluation d’impact ex ante, pour s’assurer qu’elles ne sont pas contradictoires avec l’impératif de protection de la biodiversité.

 

Les travaux du Giec et de l’Ipbes contribuent ensemble à répondre à ces questions et fournissent aux décideurs des informations reposant sur les connaissances scientifiques existantes les plus solides à ce jour. Ils rendent évident que les changements climatiques et l’érosion de la biodiversité ne pourront être stoppés l’un sans l’autre.

Biodiversité et climat : un même combat international

Souvent négligée dans les débats sur les leviers d’action pour le climat, la biodiversité doit pourtant être prise en compte selon trois axes essentiels pour que les actions pour le climat soient efficaces et ne s’accompagnent pas de conséquences négatives pour la biodiversité :

  1. Les impacts du changement climatique sur la biodiversité et les écosystèmes doivent être mieux compris, justifiant d’autant plus le besoin d’agir rapidement pour minimiser le changement et de repenser les actions de conservation in situ ;
  2. Les solutions apportées par la biodiversité pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique doivent être mieux connues et reconnues par les négociateurs comme les réponses les plus économiques, apportant de multiples bénéfices en termes de développement durable ;
  3. Les politiques et mesures pour le climat ne reposant pas sur la préservation de la biodiversité doivent faire l’objet d’une évaluation d’impact ex ante, pour s’assurer qu’elles ne sont pas contradictoires avec l’impératif de protection de la biodiversité.

 

Les travaux du Giec et de l’Ipbes contribuent ensemble à répondre à ces questions et fournissent aux décideurs des informations reposant sur les connaissances scientifiques existantes les plus solides à ce jour. Ils rendent évident que les changements climatiques et l’érosion de la biodiversité ne pourront être stoppés l’un sans l’autre.

Énergie renouvelable et biodiversité : les implications pour parvenir à une économie verte

En raison de leur rôle crucial dans la lutte contre le changement climatique, les filières de production d’énergie à partir de sources dites « renouvelables » sont souvent implicitement considérées comme favorables à l’environnement alors qu’elles ont toute des impacts, plus ou moins importants sur la biodiversité et les écosystèmes, ainsi que le démontre cette revue de la littérature qui a analysé plus de 500 références scientifiques.

 

Les impacts sont variés, mais ils seront d’autant plus importants que ces solutions énergétiques seront déployées à grande échelle pour permettre une transition rapide vers une économie verte. Si ces pressions varient considérablement entre les différentes filières et les contextes environnementaux dans lesquels elles opèrent, l’impact majeur, commun à toutes les filières, est la perte ou la modification des habitats. Mais d’autres effets négatifs existent comme les traumatismes parfois mortels, la pollution, l’émission de gaz à effet de serre, la compétition pour les usages de l’eau ou encore l’induction de comportement d’évitement, les invasions biologiques ou la modification des micro-climats locaux qui perturbent les écosystèmes.

 

Consultez la synthèse complète dans les ressources ci-dessous.

 

Le résumé des effets négatifs et positifs par filière listés dans la revue est présenté ci-après :

 

Énergie solaire

 

Effets négatifs sur la biodiversité

  • Perte ou fragmentation des habitats : c’est l’effet sur la biodiversité le mieux documenté
  • Collision des oiseaux avec les installations
  • Brûlures occasionnées aux oiseaux exposés aux flux solaires intenses. Ceci pourrait occasionner la mort de milliers d’oiseaux
  • Pollution des masses d’eau à partir de produits chimiques toxiques utilisés pour le traitement des panneaux solaires et des sols (herbicides)
  • Utilisation croissante de l’eau (en particulier dans les déserts)
  • Attraction et désorientation des insectes et des oiseaux causés par une lumière intense ou polarisée
  • Piège écologique en raison de mécanismes attracteurs cumulatifs
  • Perturbation du micro-climat local

 

Effets positifs possibles pour la biodiversité

  • Fourniture de zones de couverture ou d’habitat et d’alimentation (par exemple, pâturages) pour certains animaux

 

Énergie éolienne terrestre

 

Effets négatifs sur la biodiversité

  • Collision d’oiseaux et de chauves-souris avec des éoliennes.Comme pour les oiseaux les risques ne concernent pas seulement les espèces locales, mais aussi les espèces migratrices
  • Traumatismes internes (barotrauma) chez les chauves-souris associés à des réductions soudaines de pression de l’air à proximité des pales
  • Perturbation des voies migratoires pour certaines espèces d’oiseaux et de chauves-souris : c’est une des incidences les mieux documentées et le plus étudiées

 

Effets positifs possibles pour la biodiversité

  • Constitution de territoires favorables pour certaines espèces terrestres en raison de la réduction du trafic, de la disponibilité en ressources alimentaires et de la réduction de prédateurs

 

Énergie hydraulique

 

Effets négatifs sur la biodiversité

  • Disparition d’écosystèmes (lors de la mise en eau des barrages) y compris les réserves naturelles, fragmentation des habitats
  • Perturbation des flux hydriques en amont et en aval des installations hydroélectrique
  • Perturbation des voies migratoires de certaines espèces de poissons
  • Détérioration de la qualité de l’eau en raison des changements dans la charge en sédiments, la turbidité et l’eutrophisation
  • Émissions de GES par les réservoirs qui contribuent au changement climatique anthropique

 

Effets positifs possibles pour la biodiversité

  • Création de nouveaux habitats ou de nouveaux écosystèmes

 

Bioénergie

 

Effets négatifs sur la biodiversité

  • Perte, fragmentation, simplification et homogénéisation des habitats en raison de la mise en place de monocultures intensives et pertes de biodiversité associées
  • Pollution du sol et de l’eau associée à l’utilisation d’engrais et pesticides qui provoque toxicité et eutrophisation,
  • Emissions de polluants dans l’air ambiant qui contribuent à l’acidification et à la formation d’ozone troposphérique, émission de GES pendant tout le cycle de vie de la production de bioénergie qui contribue au changement climatique anthropique
  • Modification des micro-climats locaux en raison des changements dans l’albédo et l’évapotranspiration
  • Concurrence avec la végétation indigène de certaines espèces utilisées comme matières premières (par exemple, Eucalyptus, Miscanthus)

 

Effets positifs possibles pour la biodiversité

  • Fourniture d’habitat, alimentation et autres services écosystémiques de soutien par certaines surfaces recouvertes de plantes énergétiques (par exemple : Miscanthus, Panicum virgatum –switchgrass-)

 

Énergie des mers

 

Effets négatifs sur la biodiversité

  • Perturbations des milieux liées à la construction des installations d’énergie océanique, (par exemple pollution sonore qui affecte certaines espèces aquatiques, en particulier les mammifères marins)
  • Perte ou changement d’habitats associés à la mise en place des fondations des installations ancrés dans le fond marin, la mise en eau permanente des portions des estuaires situés en amont des structures marémotrices, la modification des processus hydrodynamiques et de sédimentation
  • Augmentation de la turbidité dans la colonne d’eau due aux perturbations des fonds marins, changements dans la salinité, afflux d’eau plus oxygénée dans les structures marémotrices
  • Pollution électromagnétique associée aux câbles sous-marins et chimique provenant de lubrifiants et peintures toxiques
  • Changement de composition des communautés de poissons benthiques en raison de pertes d’habitats
    Perturbation des déplacements et de l’alimentation des espèces locales et migratrices
  • Mortalités d’espèces dans les structures marémotrices, collision des oiseaux avec les éoliennes marines et des espèces aquatiques avec des dispositifs utilisant l’énergie des vagues
  • Mortalité des poissons tropicaux en raison des chocs thermiques générés par certaines installations

 

Effets positifs possibles pour la biodiversité

  • Protection de la biodiversité par la création de zones interdites d’accès aux activités de pêche et de transport (par exemple les champs d’éoliennes marines)
  • Abris pour certaines espèces notamment autour des parcs éoliens marins et les infrastructures basées sur l’exploitation des vagues et des marées

 

Énergie géothermique

 

Effets négatifs sur la biodiversité

  • Perte d’habitat pendant la conversion des zones naturelles en installations géothermiques
  • Changement d’habitat au cours du déboisement du site, de la construction de routes, du forage des puits et des sondages sismiques qui affecte les processus de reproduction, de recherche de nourriture et de migration de certaines espèces
  • Émissions de polluants toxiques tels que le H2S, l’arsenic et l’acide borique qui peuvent défolier les plantes ou être incorporés par les organismes
  • Pollution par le bruit et la chaleur des installations géothermiques

 

La revue propose aussi pour chaque filière des mesures d’atténuation permettant d’éviter, minimiser, restaurer ou compenser les impacts, la plus emblématique d’entre elle étant la localisation des installations dans les zones à faible biodiversité, mais le choix de technologies moins impactantes, la planification en amont incluant des procédures de préservation de la biodiversité ou la mise en place systématique d’éléments favorables à la biodiversité au sein ou autour des infrastructures est aussi recommandé. Les auteurs préconisent également de profiter des emprises territoriales, parfois importantes, de ces infrastructures pour créer et maintenir des réserves naturelles dans lesquelles les activités humaines sont réduites.

Un important travail reste à conduire pour renforcer l’acquisition de connaissances sur les impacts réels de ces filières sur les différents compartiments de la biodiversité (des espèces aux écosystèmes) et développer des outils d’évaluation pertinents et efficients.

En effet, la transition énergétique ne pourra se passer de l’exploitation des ressources énergétiques renouvelables. Il est donc essentiel que son développement et les politiques publiques associées prenne en compte la biodiversité. Ceci est d’autant plus crucial que le développement à grande échelle de la transition vers une économie verte démultipliera, parfois de façon exponentielle les effets directs et indirects de ces filières sur l’environnement en général et la biodiversité en particulier.

Journées FRB 2017 Biodiversité et transition énergétique : enquêtes sur des liaisons dangereuses

En 2017, la Journée FRB visait à illustrer certaines incohérences entre la mise en œuvre de la transition énergétique et la prise en compte des enjeux associés à la biodiversité, puis à montrer les pistes de mobilisation des acteurs, des citoyens et des décideurs politiques et l’apport de la science pour une transition énergétique, écologique et solidaire. 

 

L’atténuation du changement climatique repose pour une large part sur la transition énergétique, c’est-à-dire l’abandon des sources d’énergie fondées sur le carbone fossile au profit des énergies renouvelables. Cet un objectif national et européen majeur suscite des développements technologiques et d’importants investissements. Or les infrastructures développées peuvent avoir des impacts multiples, et surtout non anticipés, sur la biodiversité et en particulier sur le fonctionnement des écosystèmes. Il est donc aujourd’hui indispensable de concilier défi énergétique et préservation de la biodiversité, cette dernière étant essentielle pour assurer le devenir de l’Humanité et garantir son bien-être. Retrouver les comptes-rendus de la journée dans les ressources ci-dessous. 

[Journée FRB 2017] Biodiversité et transition énergétique – Enquêtes sur des liaisons dangereuses

L’atténuation du changement climatique repose pour une large part sur la transition énergétique, c’est-à-dire l’abandon des sources d’énergie fondées sur le carbone fossile au profit des énergies renouvelables. Cet un objectif national et européen majeur suscite des développements technologiques et d’importants investissements. Or les infrastructures développées peuvent avoir des impacts multiples, et surtout non anticipés, sur la biodiversité et en particulier sur le fonctionnement des écosystèmes. Il est donc aujourd’hui indispensable de concilier défi énergétique et préservation de la biodiversité, cette dernière étant essentielle pour assurer le devenir de l’Humanité et garantir son bien-être.

 

La Journée FRB du 5 octobre vise à illustrer certaines incohérences entre la mise en œuvre de la transition énergétique et la prise en compte des enjeux associés à la biodiversité, puis à montrer les pistes de mobilisation des acteurs, des citoyens et des décideurs politiques et l’apport de la science pour une transition énergétique, écologique et solidaire.

 

Retrouver le programme et les comptes-rendus de la journée dans les ressources ci-dessous. 

Les mécanismes d’adaptation de la biodiversité aux changements climatiques

L’Académie des sciences vient de publier « Les mécanismes d’adaptation de la biodiversité aux changement climatique ». Cette vaste étude dresse un tableau détaillé de la dégradation par l’Homme de la biodiversité et tente de mesurer la résilience des écosystèmes fragilisés face au réchauffement climatique.

 

Trois membres de l’Académie, Sandra Lavorel, écologue et membre du conseil scientifique de la FRB, Jean-Dominique Lebreton, bio-mathématicien, et Yvon Le Maho, écophysiologiste, ont coordonné ce travail de deux ans auquel ont contribué 32 scientifiques français.

 

Parmi les références du rapport se trouve la prospective Réponses et adaptations aux changements globaux : quels enjeux pour la recherche sur la biodiversité ? de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité publiée en 2015.

Cette prospective a notamment rappelé la capacité du vivant à évoluer et donc la responsabilité forte que portent nos sociétés pour maintenir cette capacité (Ronce et al., 2015). À partir des différents exemples donnés, l’ouvrage montre que si les activités humaines ne perturbent pas les mécanismes de renouvellement et d’évolution de la biodiversité, les capacités d’adaptation de celle-ci face aux nouvelles contraintes environnementales seront mieux préservées.

Biodiversité et transition énergétique : enquêtes sur des liaisons dangereuses

Les gouvernements et les entreprises doivent porter une attention identique aux deux grands enjeux planétaires que sont la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité. A l’heure où de nombreux travaux de recherche soulignent les risques d’extinction massive de populations et d’espèces au cours des 50 prochaines années, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité se penche sur le lien qui unit les questions de préservation de la biodiversité et de transition énergétique.

 

La réponse à l’urgence climatique passe prioritairement par la réduction des émissions de carbone, mais ne prend pas suffisamment en compte l’impératif de préservation de la biodiversité. Ainsi, en Europe, l’engouement pour les granulés de bois a entrainé une surexploitation des forêts du sud des Etats-Unis qui s’est traduite par une pression considérable sur la biodiversité. En 2025, un rapport de l’Union européenne[1] prévoit que 10 à 12 millions de tonnes de bois traverseront l’Atlantique pour le développement de cette filière basée sur une matière première considérée comme renouvelable.

 

Cet exemple, parmi d’autres, rappelle qu’il est aujourd’hui essentiel que la préservation de la biodiversité soit intégrée en amont des stratégies énergétiques de notre pays, et plus généralement de l’Europe.

 

La biodiversité peut elle-même fournir des solutions efficaces pour lutter contre le changement climatique et accompagner la transition énergétique. L’initiative internationale « 4 pour mille » élaborée pour contribuer au stockage du carbone via la restauration de la fertilité des sols en est une illustration.

 

La journée FRB du 5 octobre qui réunira décideurs, grandes entreprises, associations, chercheurs et citoyens appelle à réfléchir sur les incohérences entre la mise en œuvre de la transition énergétique et la prise en compte de la biodiversité. Elle interrogera également de grands acteurs industriels sur leurs actions pour concilier ces deux enjeux. Enfin, elle montrera comment la science apporte déjà des solutions pour une transition énergétique, écologique et solidaire.

 

Toutes les informations sur la Journée FRB 2017

 

 

1. A. Strange Olesen & S. L. Bager (COWI, DK), B. Kittler, W. Price, & F.Aguilar (Pinchot Institute for Conservation, US). 2015. Increased Reliance of the EU on Biomass from the South East US. Commission européenne.

Les réserves marines peuvent atténuer les effets du changement climatique

Accédez à la transcription de l’article de C.M. Roberts et al. par Hélène Soubelet, docteur vétérinaire et directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB).

 

Les aires marines protégées ont un rôle majeur à jouer dans l’atténuation et l’adaptation aux changements globaux. En plus de préserver la biodiversité, une bonne gestion des réserves marines peut contribuer à l’adaptation des écosystèmes et des populations humaines aux cinq impacts majeurs du changement climatique sur les océans : l’acidification, la montée des eaux, l’intensification des tempêtes, les changements dans la distribution des espèces, la baisse de productivité et l’appauvrissement en oxygène. Les aires marines protégées peuvent même devenir des outils efficaces et peu coûteux pour réduire l’avancée du changement climatique. En effet, elles favorisent la séquestration et le stockage du carbone et constituent une « police d’assurance » pour les sociétés humaines en limitant les pressions directes sur l’environnement.

 

Parmi les effets positifs des aires marines protégées pour l’adaptation aux effets du changement climatique, on peut retenir que :

1/ la protection des zones littorales humides (mangroves, marais, herbiers) maintient une forte activité photosynthétique qui, en utilisant le CO2, réduit l’acidification des eaux. Ces zones constituent des refuges pour les organismes calcifiants.

2/ la création d’aires marines protégées en haute mer favorise la préservation d’une grande abondance des poissons téléostéens méso-pélagiques qui jouent un rôle majeur dans le cycle du carbone.

3/ les aires marines protégées régulent les menaces telles que la surexploitation des milieux, l’urbanisation côtière ou le dragage non durable et sanctuarisent des zones tampons (zones humides côtières, les vasières et les récifs) qui protègent les infrastructures et les zones anthropisées contre l’élévation du niveau de la mer.

 

Parmi les effets positifs des aires marines protégées pour l’atténuation du changement climatique, on peut retenir que :

1/ les océans constituent un puits de carbone majeur. Les animaux jouent des rôles cruciaux dans les processus biogéochimiques. Les aires marines protégées contribuent ainsi à la préservation du rôle des océans dans la régulation du climat.

2/ les aires marines empêchent le déstockage du carbone en limitant des méthodes de pêche hauturières intensives – comme le chalutage – qui participent à la remise en suspension du carbone sédimentaire.

3/ les écosystèmes complexes favorisent des processus comme la dispersion des pollutions, la protection côtière, ou encore la production alimentaire tout en évitant les changements de régime des écosystèmes aux conséquences graves et inattendues. 

 

C.M. Roberts et al., Marine reserves can mitigate and promote adaptation to climate change, PNA 114, 6167-6175, 2017

Lola BMS | Comment les processus à l’échelle locale impactent-ils la réponse des papillons aux changements globaux à une échelle plus globale ?

Les programmes de suivi standardisés sur le long terme sont essentiels pour évaluer l’état de la biodiversité. Ils permettent en effet de quantifier l’impact des changements environnementaux sur l’abondance des populations et d’évaluer les conséquences de certaines décisions politiques de gestion des statuts des espèces et des écosystèmes. Le suivi des papillons est un exemple récent de sciences citoyennes. Les programmes de suivi se fondent majoritairement sur le protocole “Butterfly Monitoring Schemes” (BMS), développé au Royaume-Uni. De nos jours, le suivi standardisé de papillons est étendu à 22 pays en Europe, et bien davantage dans le monde. En favorisant la mise en place de collaborations productives et le développement d’approches innovantes, le projet FRB-Cesab Lola-BMS, constitué d’une équipe de 15 experts incluant écologistes, statisticiens et modélisateurs, a permis d’exploiter efficacement les informations issues de ces bases de données dans un objectif double :

  • la compréhension des réponses des papillons aux changements climatiques et la manière dont les processus locaux se traduisent le long de larges gradients,
  • la mise en place d’une infrastructure qui faciliterait la collaboration et les échanges entre les différentes méthodes de suivi. Elle permet d’aborder de nouvelles problématiques au-delà des limites initialement établies, et d’améliorer les performances des méthodes de suivi actuelles et en cours de développement.

 

Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.

[Journée FRB 2016] Rencontres Ipbes – Giec

Les acteurs publics et privés recourent de longue date aux travaux de la recherche scientifique pour étayer la formulation et la mise en œuvre de leurs politiques et actions. Dans le cas des enjeux environnementaux mondiaux que sont le changement climatique et l’érosion de la biodiversité auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui, il est nécessaire de mobiliser et de synthétiser les connaissances de toutes les disciplines, de toutes les régions du monde et sous toutes les formes (scientifiques, pratiques, culturelles, etc.).

 

Si les plateformes intergouvernementales, comme le Giec et l’Ipbes, représentent des outils irremplaçables pour organiser la production de telles synthèses, elles constituent aussi des lieux où les représentants des gouvernements et les acteurs interagissent avec des experts du monde entier afin d’orienter leurs politiques et leurs actions pour stopper le déclin de la biodiversité.

 

Lors de la conférence publique organisée le 13 octobre, des scientifiques présenteront la façon dont leurs recherches ont évolué pour répondre aux questions sociétales posées par l’érosion de la biodiversité et le changement climatique, en participant notamment aux travaux du Giec et de l’Ipbes. Les acteurs publics et privés, qui font face à ces grands enjeux environnementaux, auront quant à eux l’occasion d’analyser comment ils peuvent participer à ces recherches et les utiliser dans le cadre de leurs activités.

 

Le lendemain, les experts français participant au Giec et à l’Ipbes échangeront sur leur expérience au sein de ces plateformes internationales. Une occasion renouvelée de renforcer les relations entre les chercheurs travaillant sur deux questions environnementales étroitement liées.

 

Consultez dans les ressources ci-dessous : 

  • Le programme
  • Le regard de Frédéric Denhez
  • Le compte-rendu

Les réserves marines peuvent atténuer les effets du changement climatique et favoriser l’adaptation des écosystèmes et des populations

Un article de synthèse signé par les plus grandes autorités mondiales en matière d’océanographie biologique – comme les scientifiques C.M. Roberts (Université d’York), J. Lubchenco, ancienne sous-secrétaire au commerce de l’administration Obama, D. Pauly (Université de la Colombie-Britannique) ou encore P. Cury (IRD et alors membre du conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité) – démontrent comment les aires marines protégées contribuent à la fois à la préservation des espèces, à l’atténuation du changement climatique et à son adaptation. Pour que ces zones soient un outil efficace pour préserver les espèces et faire face au changement climatique, les scientifiques estiment qu’il faudrait protéger 30 % du domaine marin, or seuls 3,5 % sont actuellement couverts.

 

Les aires marines protégées ont un rôle majeur à jouer dans l’atténuation et l’adaptation aux changements globaux. En plus de préserver la biodiversité, une bonne gestion des réserves marines peut contribuer à l’adaptation des écosystèmes et des populations humaines aux cinq impacts majeurs du changement climatique sur les océans : l’acidification, la montée des eaux, l’intensification des tempêtes, les changements dans la distribution des espèces, la baisse de productivité et l’appauvrissement en oxygène. Les aires marines protégées peuvent même devenir des outils efficaces et peu coûteux pour réduire l’avancée du changement climatique. En effet, elles favorisent la séquestration et le stockage du carbone et constituent une « police d’assurance » pour les sociétés humaines en limitant les pressions directes sur l’environnement.

 

Parmi les effets positifs des aires marines protégées pour l’adaptation aux effets du changement climatique, on peut retenir que :

  • la protection des zones littorales humides (mangroves, marais, herbiers) maintient une forte activité photosynthétique qui, en utilisant le CO2, réduit l’acidification des eaux. Ces zones constituent des refuges pour les organismes calcifiants ;
  • la création d’aires marines protégées en haute mer favorise la préservation d’une grande abondance des poissons téléostéens méso-pélagiques qui jouent un rôle majeur dans le cycle du carbone ;
  • les aires marines protégées régulent les menaces telles que la surexploitation des milieux, l’urbanisation côtière ou le dragage non durable et sanctuarisent des zones tampons (zones humides côtières, les vasières et les récifs) qui protègent les infrastructures et les zones anthropisées contre l’élévation du niveau de la mer

 

Parmi les effets positifs des aires marines protégées pour l’atténuation du changement climatique, on peut retenir que :

  • les océans constituent un puits de carbone majeur. Les animaux jouent des rôles cruciaux dans les processus biogéochimiques. Les aires marines protégées contribuent ainsi à la préservation du rôle crucial des océans dans la régulation du climat ;
  • les aires marines empêchent le déstockage du carbone en limitant des méthodes de pêche hauturières intensives – comme le chalutage- qui participent à la remise en suspension du carbone sédimentaire ;
  • les écosystèmes complexes favorisent des processus comme la dispersion des pollutions, la protection côtière, ou encore la production alimentaire tout en évitant les changements de régime des écosystèmes aux conséquences graves et inattendues

Les solutions fondées sur la nature

Mise en avant par l’UICN depuis 2009, l’idée de « solutions fondées sur la nature » (SFN) invite à mieux s’appuyer sur des processus naturels, et pas seulement sur des moyens technologiques, pour répondre à des enjeux de société (changement climatique, santé et bien-être humains ou encore sécurité alimentaire). L’idée a été reprise par des instances de la politique de recherche à l’échelle européenne. La direction générale Recherche et Innovation de la Commission européenne a déjà lancé des appels à projets sur les Solutions fondées sur la nature. L’agenda stratégique de l’ERA-Net BiodivERsA comporte notamment un axe « biodiversité et Solutions fondées sur la sature ». Le conseil scientifique a mené des réflexions sur le potentiel de cette notion à inspirer de nouvelles recherches, ainsi que sur ses limites.

Réponses et adaptations aux changements globaux

Le Conseil scientifique de la FRB souligne dans sa dernière prospective pour la recherche française sur la biodiversité l’importance de la question de l’adaptation, au regard de changements environnementaux très rapides.

 

Ce rapport développe :

  • une prospective sur les recherches à mener sur l’adaptation aux changements globaux à différentes échelles, de l’organisme à la société. L’enjeu résulte de la nécessité de mieux comprendre – de l’échelle des individus à celle des espèces et communautés, jusqu’aux écosystèmes et socio-écosytèmes – les conséquences des changements globaux, dans un objectif d’anticipation des états futurs de la biodiversité ;
  • des exemples de recherches illustrant l’état des connaissances dans le domaine ;
  • l’identification de problématiques et axes de recherche prioritaires – et partagés.

 

Cette prospective est l’occasion de rappeler la capacité du vivant à évoluer et donc la responsabilité forte que porte nos sociétés pour maintenir cette capacité. Par les différents exemples donnés, l’ouvrage montre que si les mécanismes de renouvellement et d’évolution de la biodiversité sont maintenus, les capacités d’adaptation de la biodiversité face aux nouvelles contraintes environnementales seront mieux préservées. Ce document est ainsi une contribution à un changement des visions sur la biodiversité vue comme un processus dynamique.

Elle est à télécharger dans les ressources ci-dessous. 

[Journées FRB 2015] Les scénarios de la biodiversité à l’heure du changement climatique

Mieux comprendre les effets des changements climatiques sur la biodiversité, les écosystèmes et les services associés, ainsi que les effets en retour des changements affectant la biodiversité et les écosystèmes sur le climat, sont des enjeux majeurs, à l’échelle mondiale. Le développement de modèles est une des pistes pour une meilleure compréhension de ces interactions et le développement de scénarios peut aider les sociétés à élaborer des réponses pour prévenir les conséquences des changements attendus, et y faire face.

 

Les deux journées organisées par la FRB, les 1er et 2 octobre 2015 avaient pour but de montrer les avancées en matière de développement de scénarios, notamment à l’interface climat – biodiversité.

Elles font suite aux premières rencontres entre experts français de l’Ipbes et du Giec, organisées le 6 novembre 2014, avec le soutien du ministère chargé de l’écologie, du développement durable et de l’énergie et permettront la présentation des premiers résultats du programme modélisation et les scénarios de la biodiversité, animé par la FRB depuis 2010.

 

Ces Journées avaient pour objectifs :

  • Présenter un éclairage sur les avancées scientifiques récentes en matière de modèles et de scénarios du climat et de la biodiversité et les interactions actuelles ou souhaitables entre ces recherches ;
  • Tirer profit de l’avancée des travaux de l’Ipbes et du Giec pour renforcer les liens antre les communautés de recherche de la biodiversité et du climat, autour des modèles et des scénarios ;
  • Permettre un dialogue avec les utilisateurs potentiels des scénarios ;
  • Réaliser un premier bilan du programme de recherche « modélisation et scénarios de la biodiversité » lancé par la FRB en 2010.

 

Cet événement s’adresse à tous les chercheurs, décideurs politiques et autres parties prenantes concernés par les enjeux liés à la biodiversité et au climat.

 

Consultez, dans les ressources ci-dessous :

  • le programme des deux jours,
  • le dossier de presse,
  • les compte-rendus des ateliers d’échanges entre experts, des tables rondes (par Frédéric Denhez) et de la conférence scientifique. 

Biodis | Biodiversité et maladies infectieuses émergentes : des liens complexes et paradoxaux

De nombreux agents infectieux d’origine animale, tels que les virus de grippes aviaires ou la bactérie responsable de la maladie de Lyme, peuvent occasionnellement infecter l’humain. La plupart de ces agents infectieux se transmettent généralement dans la nature entre de  nombreuses espèces animales, que ce soit au sein d’espèces de mammifères ou d’espèces d’oiseaux voire même pour certains entre ces deux groupes animaux. 
 
A l’heure actuelle, la perte de biodiversité – et donc, en conséquence, la part de biodiversité qui intervient dans la transmission infectieuse en tant que réservoir ou même comme vecteur – que l’on observe globalement laisse craindre l’apparition de nouveaux risques de maladies infectieuses émergentes. Le but principal du programme international Biodis a été de comprendre comment un appauvrissement ou une perte de biodiversité et des changements environnementaux concomitants pouvait influer sur la transmission de maladies infectieuses d’origine animale vers les populations humaines en accroissant le risque de transmission.
 
 
Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.

Climat et biodiversité – Synthèse de la rencontre avec les experts français du Giec et de l’Ipbes

Le 6 novembre 2014 s’est tenue à la Maison des Océans (Paris Ve) une conférence intitulée “Climat et biodiversité – Rencontre avec les experts français du Giec et de l’Ipbes”, organisée conjointement par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et le ministère de l’Écologie, du développement durable et de l’énergie (MEDDE).

 

Elle a réuni un public nombreux (environ 400 personnes) et divers (chercheurs, étudiants, agents de la fonction publique, décideurs, professionnels et gestionnaires, membres d’ONG, journalistes, etc.) et s’articulait selon trois thèmes :

  • Les impacts du changement climatique sur la biodiversité, le fonctionnement des écosystèmes et sur les services écosystémiques : aspects terrestres et marins ;
  • Les interactions climat – biodiversité (rétroactions biosphère – climat) : aspects terrestres et marins ;
  • Les implications socio-économiques des interactions entre changement climatique et biodiversité Des scientifiques français de haut niveau, membres du GIEC ou de l’IPBES, sont intervenus pour présenter leur recherche et communiquer quelques messages clés.

Gaspar | Adaptation des espèces de poissons envahissantes dans un contexte de changement global

L’invasion d’espèces non autochtones est considérée comme l’une des principales menaces pour la biodiversité, entrainant des changements importants dans la structure et le fonctionnement des écosystèmes. Dans le contexte de la globalisation, la recherche sur les espèces envahissantes est devenue de plus en plus importante du fait du nombre croissant d’espèces déplacées par l’activité humaine –transports, commerce, etc. Les espèces envahissantes sont souvent sources de problèmes, car elles entrent en compétition avec la faune ou flore locales. Elles perturbent ainsi souvent la densité et la qualité des espèces natives. Il en résulte une perte de biodiversité qui, à terme, peut engendrer des pertes importantes de services écosystémiques, comme par exemple une diminution des rendements de la pêche. Depuis l’ouverture du Canal de Suez en 1869, la Méditerranée de l’Est connait une transformation sans précédent dans la composition de ses espèces, avec l’arrivée massive d’espèces non autochtones, dites lessepsiennes, provenant de la Mer Rouge. Ces espèces constituent déjà plus du quart des captures dans l’est de la Méditerranée, et parfois bien plus. Certaines de ces espèces arrivent même aujourd’hui jusqu’en Méditerranée de l’Ouest.

 

Le projet Gaspar a particulièrement étudié les mécanismes qui permettent l’adaptation d’une espèce à un nouvel environnement, dans le contexte d’une invasion biologique et de l’adaptation des espèces aux changements climatiques et globaux. En effet, pour la première fois, le projet Gaspar a mené une étude sur l’ensemble des espèces habitant des systèmes limitrophes pour identifier les processus sélectionnant celles qui deviendront envahissantes. Cette information est rarement disponible et jusqu’à présent cette approche n’avait jamais été utilisée.  

 

 

Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.

Divgrass | Assembler, analyser et partager des données sur la diversité fonctionnelle végétale afin de comprendre les effets de la biodiversité sur le fonctionnement des écosystèmes

Chaque prairie est unique. Par exemple, certaines contiennent plus d’espèces que d’autres, certaines sont plus grandes que d’autres. Pourquoi ces différences existent-elles ? Sont-elles dues à des conditions climatiques différentes ? Est-ce dû à la façon dont les prairies sont gérées par les agriculteurs ? En raison des différents sols ? Quel est l’impact de ces différences sur le fonctionnement de ces prairies (comme la production de fourrage par exemple) ? Le projet Divgrass synthétise des données existantes sur la diversité végétale des prairies sur l’ensemble de la France, permettant de comparer des situations très différentes et donc d’identifier les facteurs les plus importantes qui expliquent la diversité des prairies, la présence de telle ou telle espèce.

 

Le projet a proposé une compilation unique de :

  • données d’échantillonnage botanique,
  • des informations sur le climat, les sols et l’utilisation des terres et
  • des informations sur le rôle fonctionnel de chaque espèce de prairie (par exemple, leur capacité à capturer la lumière et à la transformer en énergie).

 

Divgrass a montré que les différences écologiques ne sont principalement dues à des variables pédologiques et climatiques que lorsque les agriculteurs ont à peine modifié les prairies. Inversement, lorsque la fertilisation est élevée, Divgrass a constaté une homogénéisation écologique des prairies sur l’ensemble du territoire. Ce résultat a une grande importance pour les prévisions du rôle joué par les prairies dans la séquestration du carbone, la régulation de l’eau, etc. Les modèles des sciences de la terre ne tiennent pas encore compte des différences écologiques entre les prairies et négligent l’effet des différentes pratiques agricoles sur le fonctionnement des écosystèmes. Par conséquent, ces conclusions devraient aider à comprendre la réponse des prairies au changement mondial et les effets des prairies sur le fonctionnement du système terrestre. 

 

Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.

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