Thématique : Concepts
Journée FRB 2025|Biodiversité, eau, alimentation, santé, climat : tout est lié ! – Les actes
Ces cinq éléments sont intrinsèquement liés et pourtant souvent pris en compte en silo. À travers son rapport « Nexus », sortie fin 2024, l’Ipbes – plateforme équivalente du Giec pour la biodiversité et les services écosystémiques – identifie des compromis entre ces cinq thèmes, démontre leur importance, les synergies possibles ainsi que les tensions à éviter ou minimiser. En compilant plusieurs milliers de connaissances académiques et vernaculaires et en explorant des scénarios favorisant l’un ou l’autre des éléments du Nexus, une conclusion se dessine : donner la priorité à la restauration de la Nature (biodiversité-eau-climat) est la solution la plus optimale pour protéger l’ensemble des enjeux étudiés (y compris alimentation et santé). De l’intensification durable à l’agroécologie, de l’énergie solaire aux régimes alimentaires sains, 75 « réponses-types » aux enjeux du nexus y sont comparées en termes d’ambition transformatrice, d’acceptabilité sociale ou d’implications économiques.
Passer d’une approche en silo à une approche systémique est un changement conséquent de nos organisations. En parallèle de son rapport Nexus, l’Ipbes a publié fin 2024 un second rapport relatif aux changements « transformateurs ». Il présente les initiatives permettant de s’engager vers les scénarios et réponses les plus prometteurs, de parvenir à des compromis satisfaisants tels qu’ils émergent du rapport Nexus. Ce rapport souligne l’importance des relations entre les visions, les structures sociales et les pratiques matérielles, susceptibles de modifier en profondeur notre économie et nos rapports au vivant.
Le 26 juin 2025, à travers une journée s’appuyant sur ces deux rapports de l’Ipbes la FRB et l’OFB proposent de décrypter les résultats de ces rapports, d’identifier ce qui y est innovant, les cadres de pensée, les actions concrètes et comment les intégrer ensemble dans tout processus de décision pour sortir des crises. Comment ces rapports scientifiques peuvent guider l’action sociétale ?
[Journée FRB 2025] Biodiversité, eau, alimentation, santé, climat : tout est lié !
Passer d’une approche en silo à une approche systémique est un changement conséquent de nos organisations. En parallèle de son rapport Nexus, l’Ipbes a adopté un second rapport relatif aux changements « transformateurs ». Il présente les initiatives permettant de s’engager vers les scénarios et réponses les plus prometteurs, de parvenir à des compromis satisfaisants tels qu’ils émergent du rapport Nexus. Ce rapport souligne l’importance des relations entre les visions, les structures sociales et les pratiques matérielles, susceptibles de modifier en profondeur notre économie et nos rapports au vivant.
Le 26 juin prochain, à travers une journée s’appuyant sur ces deux rapports de l’Ipbes la FRB et l’OFB proposent de décrypter les résultats de ces rapports, d’identifier ce qui y est innovant, les cadres de pensée, les actions concrètes et comment les intégrer ensemble dans tout processus de décision pour sortir des crises. Comment ces rapports scientifiques peuvent guider l’action sociétale ?
Cette journée s’adresse aux acteurs de la recherche, aux acteurs privés et publics pour un dialogue transdisciplinaire nécessaire à la circulation des savoirs, leur mise en discussion et surtout en action !
(Re)découvrez l’événement sur Youtube
[Vidéos] Le Cadre mondial et le concept de changements transformateurs décrypter par l’ITE
À travers la première série de vidéos, Denis Couvet, président de la FRB et professeur au MNHN, explore le concept de changement transformateur tel que décliné lors de la COP15 de la CDB, sur la base de la définition de l’Ipbes. Il détaille les principaux objectifs et cibles du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal en soulignant ses points forts et ses singularités. Dans cette même série de vidéo, Nils Ferrand, chargé de recherche à Inrae et membre du Conseil scientifique de la FRB, introduit ensuite les fondements, enjeux et objectifs de la gestion participative des territoires ou socioécosystèmes, et valorise la contribution des scientifiques à ce mode de gestion collective.
Enfin, Philippe Billet, professeur de droit public à l’Université Lyon 3 et vice-président du Conseil scientifique de la FRB, expose les principales questions juridiques soulevées par la conception ou/et la réalisation de ce nouveau Cadre mondial de la biodiversité, ainsi que les convergences ou éventuelles contradictions entre les quatre grandes Conventions internationales sur l’environnement : biodiversité (CDB), climat (CCNUCC) et désertification (CLD) (vidéos disponibles prochainement).
La seconde série de vidéos zoome sur l’aide des scientifiques à la gestion participative des socioécosystèmes, esquissée par Niels Ferrand dans la série précédente. Le chercheur présente ici les différentes étapes de cette contribution scientifique, de la modélisation participative à la planification participative, en passant par la mobilisation des acteurs et la réalisation de panels représentatifs.
Ces vidéos s’inscrivent dans le cadre d’un projet, conçu et coordonné par Anne Teyssèdre, co-produit par le Cired, l’IPSL et l’ITE, de diffusion scientifique et médiation interdisciplinaire en sciences de l’environnement qui se veut un guide d’exploration et de navigation dans les socioécosystèmes et la biosphère.
Intégrité des écosystèmes – Approches scientifiques et implications pratiques
Afin de préserver la biodiversité, la Convention sur la diversité biologique (CDB), à travers le cadre mondial de la biodiversité, propose de se préoccuper des écosystèmes, de leur intégrité et de leur résilience. Il s’agit de maintenir la diversité du vivant, d’assurer la fourniture de services écosystémiques, de contributions de la nature aux humains et de maintenir l’intégrité des processus écologiques planétaires.
Dans le cadre mondial de la biodiversité, l’intégrité, la connectivité et la surface des écosystèmes sont étroitement associées. Cela suppose de mieux relier les écosystèmes dits « naturels » et ceux dits « gérés » : les uns doivent être maintenus ou restaurés au-delà des aires protégées et la diversité biologique doit être privilégiée dans les autres.
Cela nécessite de savoir qualifier l’état actuel des écosystèmes, d’évaluer leur dégradation, de définir l’état et les conditions vers lesquels tendre, puis de définir les mesures de gestion qui permettent d’y parvenir.
Cette « Expertise et synthèse » présente d’abord l’intégrité des écosystèmes comme une approche applicable à tous les écosystèmes ; elle discute ensuite cette notion au regard des pressions anthropiques et des changements globaux puis évoque quelques perspectives d’utilisation et limites.
[À vos agendas] Journée FRB 2025|Biodiversité, eau, alimentation, santé, climat : tout est lié !
En parallèle, l’Ipbes a adopté un second rapport qui s’intéresse au changements « transformateurs ». Il présente les initiatives permettant de s’engager vers les scénarios et réponses les plus prometteurs, de parvenir à des compromis satisfaisants tels qu’ils émergent du rapport Nexus. Le rapport souligne l’importance des relations entre les visions, les structures sociales et les pratiques matérielles, susceptibles de modifier en profondeur notre économie et nos rapports au vivant.
Le 26 juin prochain, à travers une journée s’appuyant sur ces deux rapports de l’Ipbes la FRB et l’OFB proposent de décrypter les résultats de ces rapports, d’identifier ce qui y est innovant, les cadres de pensée, les actions concrètes et comment les intégrer ensemble dans tout processus de décision pour sortir des crises.
Cette journée s’adresse aux acteurs de la recherche, aux acteurs privés et publics pour un dialogue transdisciplinaire nécessaire à la circulation des savoirs, leur mise en discussion et surtout en action !
Rendez-vous le 26 juin prochain,
à la Direction Générale Des Finances Publiques (Paris VIe) !
Événement sur inscription
[#Ipbes11] Au cœur de la 11e plénière

Pendant cet événement, seront entre autres examinés :
- l’évaluation thématique des liens entre la biodiversité, l’eau, l’alimentation et la santé (évaluation nexus),
- l’évaluation thématique des causes sous-jacentes de la perte de biodiversité, des déterminants du changement transformateur et des options permettant de réaliser la Vision 2050 pour la biodiversité (évaluation changement transformateur),
- ainsi que le rapport de cadrage pour la deuxième évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques.
Retour sur les échanges jour après jour.
Biodiversité ! Les valeurs de la nature
Ces valeurs doivent nous aider à percevoir que nous sommes des acteurs parmi d’autres, dans des systèmes écologiques d’une grande diversité et complexité ; elles doivent nous aider à distinguer les enjeux et finalités associés aux « contributions matérielles » de la nature, résolument anthropocentrées, le plus souvent développés aux dépens des écosystèmes naturels et de la biodiversité sauvage. Ces valeurs doivent nous servir à percevoir les enjeux et finalités associées aux « contributions régulatrices » comme la régulation du climat, la pollinisation, le contrôle biologique, etc. des écosystèmes « naturels » tels que les forêts et les zones humides, qui eux sont au bénéfice aussi bien des humains que de la biodiversité sauvage. Intégrer cette diversité de valeurs doit nous permettre de mieux penser la question de la fin et des moyens. Se préoccuper des « contributions régulatrices » et des « contributions immatérielles » de la nature peut ainsi être une fin en soi, une façon de préserver le bien-être humain. Cette préoccupation peut aussi être un moyen au service d’une autre finalité : la protection de la biodiversité sauvage. L’ambiguïté de l’ambition a des avantages, en permettant de bâtir des consensus plus solides, entre des parties prenantes qui envisagent la nature de manières fort différentes, d’étroitement utilitariste à transcendantale.

· S O M M A I R E ·
Édito · Conservation de la biodiversité · Regard sur la conservation de la biodiversité · Conserver la nature en Nouvelle-Calédonie : un enjeu complexe entre science et contexte socio-culturel · La conservation est plus efficace lorsque les communautés locales sont inclues dans la gouvernance · Dossier – Quelle(s) valeur(s) devons-nous accorder à la nature pour la sauver ? · Le droit à un environnement sain comme liberté fondamentale · Politiques du flamant rose · Protection et restauration de la biodiversité · Regard sur la protection et restauration de la biodiversité · Le retour du vautour fauve, une chance pour le territoire · Tony Rinaudo, l’agronome qui reboise le Sahel sans planter d’arbre Sommaire · Le castor, un super allié pour restaurer la nature et lutter contre le dérèglement climatique · Pour sauver la faune restante en Afrique centrale, les scientifiques appellent à mettre en oeuvre une stratégie de repli · Utilisation durable de la biodiversité · Regard sur l’utilisation durable de la biodiversité · Le bois tropical venu de Guyane peut-il être durable ? · Portfolio – Utilisation durable et savoirs traditionnels · Comment le vieux porc Souabe a rendu leur dignité aux éleveurs allemands de Hohenlohe · La cueillette de plantes sauvage en France peut-elle être durable ? · Quel modèle agricole pour subvenir aux besoins alimentaires de l’Europe ?
·
À travers divers contextes pour la biodiversité, utilisation durable, conservation, protection et restauration de la biodiversité, ce numéro montre la manière dont les valeurs de la nature, leur diversité, sont embarquées dans nos vies, ouvrant de nouvelles perspectives

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· T R A N S M E T R E P A R L ‘ I M A G E ·
Le dessin, qu’il soit scientifique ou artistique, intrigue, interpelle et rassemble. Lors d’expéditions, il est à la fois vecteur de connaissances scientifiques et source d’échanges entre chercheurs, artistes et populations locales. Il favorise les liens autour des savoirs et usages traditionnels. Par ces différentes illustrations, les artistes naturalistes Delphine Zigoni et Julien Norwood partagent leurs rencontres lors d’une expédition menée en Guyane française en 2021. Cacaoyer, bois-canon et arouman, à travers ces trois plantes emblématiques, ils dévoilent les pratiques et usages des habitants rencontrés. Les liens que les populations locales entretiennent depuis toujours avec l’environnement, dans lequel humains et non-humains cohabitent, sont des exemples de savoirs traditionnels, où l’usage durable favorise la protection de la biodiversité.

· F A V O R I S E R L E L I E N E N T R E C H E R C H E U R S & A R T I S T ES ·
Les chercheurs et chercheuses
Didier Bazile, chercheur au Cirad et membre du Conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité · Arnaud Béchet, directeur de recherche à la Tour du Valat · Aurélien Besnard, directeur d’études de l’école pratique des hautes études au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive · Yoann Bressan, chargé de recherche à l’Office français de la biodiversité (OFB) · Denis Couvet, président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité · Géraldine Derroire, chercheuse au Cirad · Philippe Grandcolas, directeur adjoint scientifique de l’Institut écologie et environnement (Inee) du CNRS · Bruno Hérault, chercheur au Cirad · Florence Pinton, professeure de sociologie à AgroParisTech · Camille Piponiot, chercheuse au Cirad · Xavier Poux, ingénieur agronome et docteur en économie rurale · Catherine Sabinot, docteure en ethnoécologie au Museum national d’Histoire naturelle · Plinio Sist, directeur d’unité au Cirad · Hélène Soubelet, directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité · Virginie Maris, chargée de recherche CNRS au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (Cefe)
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Les artistes
Julie Borgese · Julien Norwood · Melody Ung · Delphine Zigoni
[Ipbes] Ouverture de trois appels à relecture
Cette phase est l’une des plus importantes du processus d’évaluation de l’Ipbes. La participation la plus large possible et l’engagement le plus diversifié sont essentiels pour garantir la qualité scientifique, la crédibilité et la pertinence politique de l’évaluation.
Selon votre domaine d’expertise, tout élément que vous voudrez bien relire et commenter sera utile, même si vous ne pouvez pas relire l’ensemble du document.
L’évaluation “Nexus”
L’évaluation “Nexus” sur les liens entre la biodiversité, l’eau, l’alimentation, la santé, le changement climatique et le système énergétique, met en évidence les seuils, les rétroactions et la résilience de ces liens et interdépendances.
Ouverture de l’appel : 13 mai 2024
Date de clôture : 27 mai 2024
La deuxième évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques
La deuxième évaluation mondiale aura un champ d’application largement similaire à celui de la première évaluation mondiale, tout en s’appuyant sur celle-ci afin d’éviter les répétitions ou les doubles emplois inutiles.
Ouverture de l’appel : 27 mai 2024
Date de clôture : 21 juin 2024
L’évaluation “Changements transformateurs”
L’évaluation “changements transformateurs” met en évidence les causes sous-jacentes de la perte de biodiversité, des déterminants des changements transformateurs et des options permettant de réaliser la “Vision 2050 pour la biodiversité” du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal.
Ouverture de l’appel : 1er juillet 2024
Date de clôture : 5 août 2024
Conservation de la biodiversité dans les territoires : appréhender les dynamiques
Alors que les enjeux de biodiversité montent en puissance auprès des citoyens, des acteurs et des décideurs publics et privés, il est important de rappeler deux évidences.
D’abord la biodiversité n’est pas figée, elle est intrinsèquement dynamique : compositions, structures, fonctions évoluent dans le temps et l’espace – mais aussi au sens « darwinien » et elle croise les grands cycles d’énergie et de matière. Ensuite, nous, humains, coexistons avec cette biodiversité sur les territoires, à des échelles également multiples, territoires eux-mêmes changeants, façonnés par les processus démographiques, politiques, sociologiques, économiques, mais aussi écologiques.
Ainsi, tenir compte des dynamiques de biodiversité dans la gouvernance des territoires humains est un impératif et un défi de tous les instants pour engager des politiques et des pratiques de conservation ambitieuses. Cela ouvre la voie à un changement transformateur indispensable pour une réelle coexistence entre humains et non-humains.
Découvrez au travers de cette publication, les principales conclusions et pistes de recherche issues du Club recherche-action “Conservation de la biodiversité dans les territoires : comment appréhender les dynamiques ?” de la FRB. En croisant leurs visions et pratiques, décideurs, entrepreneurs, gestionnaires et chercheurs de ce groupe de travail se sont notamment intéressés à la naturalité, à la séquence « Éviter, réduire, compenser » et aux métriques de dynamiques de biodiversité ; ils ont échangé autour d’exemples de mise en œuvre dans différents types d’écosystèmes, et pour différents niveaux d’anthropisation.
Utilisation durable des espèces sauvages – Les principaux messages de l’évaluation Ipbes
Pêche, cueillette, observation : nombreuses sont les pratiques humaines à travers le monde en lien direct avec les espèces sauvages de plantes, d’animaux, de champignons et d’algues. Pour tendre vers des pratiques plus durables, 85 experts issus des sciences naturelles, humaines et sociales et 200 auteurs collaborateurs ont travaillé conjointement pendant 4 ans.
En s’appuyant sur plus de 6 200 sources provenant de la littérature scientifique et des savoirs autochtones et locaux, les auteurs proposent une analyse et des outils et identifient cinq catégories d’utilisation des espèces sauvages : la pêche, la cueillette, l’exploitation forestière, le prélèvement d’animaux terrestres et les pratiques non extractives.
La FRB propose dans la brochure les principaux messages à retenir ainsi qu’une analyse critique de ce travail unique.
Les différentes valeurs de la nature – Les principaux messages de l’évaluation Ipbes
Bien que l’humanité fasse partie et dépende de la biodiversité, nos actions conduisent majoritairement à l’extinction du tissu vivant et nous échouons à vivre en harmonie avec la biodiversité. Identifier et comprendre les différentes valeurs accordées à la nature et s’intéresser à leurs rôles dans les prises de décisions est un travail de longue haleine. C’est toutefois une étape fondamentale pour mieux comprendre, gérer, protéger et utiliser la biodiversité. C’est également une étape nécessaire pour atteindre une bonne qualité de vie pour tous, humains et non-humains.
Cette évaluation de l’Ipbes s’est intéressée à ces valeurs qui reflètent les relations des êtres humains avec la nature et sont très liées à la façon dont hommes et femmes interagissent entre eux. Ainsi, les valeurs de certains acteurs peuvent dominer dans les prises de décisions tandis que d’autres peuvent être marginalisées, conduisant souvent à des décisions inéquitables, des conflits et l’aggravation de la perte de biodiversité.
La FRB propose dans la brochure les principaux messages à retenir ainsi qu’une analyse critique de ce travail unique.
La biodiversité : concepts, tendances, menaces et perspectives
À travers un article de vulgarisation et de synthèse, les auteurs, Sandra Diaz et Yadvinder Malhi, travaillant respectivement en Argentine et au Royaume Unis, proposent d’interroger le concept de biodiversité : comment la définir ? Comment l’évaluer, combien y a-t-il d’espèces vivantes : plusieurs millions ou plusieurs milliards ?
>> Le saviez-vous ? Près de 90 % des espèces connues sont terrestres.
Les auteurs discutent également l’ampleur des impacts humains sur la biodiversité, en particulier les vitesses d’extinction, qui peuvent être 100, 1000, 10 000 voire 100 000 fois plus rapides, en fonction des groupes d’espèces vivantes que lors des 5 grandes extinctions de masse connues. Ou encore les périodes pendant lesquelles les impacts massifs ont commencé.
>> Le saviez-vous ? Plus de 98 % de la biomasse des mammifères a déjà disparu il y a 10 000 ans en raison de la chasse, de l’occupation de l’espace et de la transformation des paysages.
Enfin, les auteurs examinent les causes profondes de l’extinction moderne en lien avec les facteurs directs et indirects de pression.
>> Le saviez-vous ? 23 % du déclin de la biodiversité est dû à l’exploitation directe des espèces, comme la chasse, la pêche, la foresterie, l’agriculture, et non pas seulement à la surexploitation comme on entend souvent ?
[Actualité] Deux nouveaux articles publiés dans des revues à comité de lecture !
- Les espèces de poissons menacées dans l’Atlantique Nord-Est sont fonctionnellement rares
dans Global Ecology and Biogeography
Les politiques actuelles de conservation et de protection de la nature sont principalement basées sur la démographie des espèces concernées.
Depuis quelques années, des chercheurs travaillent sur la nécessité d’élargir le spectre des critères pris en compte en s’intéressant également à la rareté fonctionnelle des espèces présentes (cf communiqué Rareté écologique des oiseaux et des mammifères terrestres : la double peine). Cet article apporte une nouvelle pierre à l’édifice en ce sens en démontrant que 38 % des espèces de poissons menacées d’extinction dans les eaux continentales européennes (9 espèces sur 24) ont été identifiées comme étant les plus distinctes sur le plan fonctionnel, les moins abondantes et ayant les plus faibles répartitions géographiques. D’où l’importance de prendre en compte les caractéristiques, notamment fonctionnelles, des espèces dans l’élaboration de plans de gestion et de conservation.
Cet article est aussi le fruit d’une belle synergie entre trois groupes FRB-Cesab – Free (1 2), Maestro et FishGlob – qui fédèrent de nombreux partenaires à différents niveaux parmi lesquels : le MNHN, l’Ifremer, EDF, France Filière Pêche (FFP), le Centre de synthèse national du Canada en écologie et en évolution (CIEE), l’ambassade de France à Vancouver, etc.
>> Retrouvez l’article : Coulon, N., Lindegren, M., Goberville, E., Toussaint, A., Receveur, A., Auber, A. Threatened fish species in the Northeast Atlantic are functionally rare. Global Ecology and Biogeography (2023).
https://doi.org/10.1111/geb.13731
- Analyse de la capacité à initier un changement transformateur : une méthodologie d’évaluation des stratégies en faveur de la biodiversité
dans Biodiversity and Conservation, numéro spécial sur le changement transformateur
Cet article présente une méthode d’évaluation des politiques publiques de biodiversité développée par la FRB. Innovante, cette méthode se base sur deux phases majeures, à savoir : une expertise scientifique indépendante puis une analyse multicritère. Elle a ainsi pour objectif d’identifier, au sein d’une stratégie ou d’un plan d’action, les mesures ayant la plus grande capacité à faire levier, et ainsi conduire à des changements transformateurs dans l’ensemble de la société.
Un premier test de cette méthode a été proposé sur le premier volet pré-Cop15 de la SNB3, à retrouver ici.
>> Retrouvez l’article : Dupuis, L., Léandre, C., Langridge, J., Delavaud, A., Jactel, H., Soubelet, H. Analyzing the capacity to initiate transformative change: a methodology for assessing biodiversity strategies. Biodivers Conserv (2023).
https://doi.org/10.1007/s10531-023-02660-5
[Appel à prestataire] Nomination d’un prestataire pour la réalisation d’une synthèse bibliographique sur les solutions fondées sur la nature et le changement transformateur
Au service de l’objectif “Connecting R&I programs, results and experts to policy” de Biodiversa+, la sous-tâche 4.1.2 “Desk studies and production of knowledge syntheses” de Biodiversa+, pilotée par la Fondation française pour la recherche sur la biodiversité (FRB), publie un marché pour la réalisation d’une synthèse des connaissances afin de fournir un état de l’art sur la capacité des solutions fondées sur la nature (SFN) à induire un changement transformateur pour l’utilisation et la gestion durables de la biodiversité dans les systèmes socio-écologiques. La FRB nommera le bénéficiaire – après le processus d’évaluation/sélection – le 6 février 2023.
La date de clôture des candidatures pour ce marché est fixée au 27 janvier à minuit. Toutes les réponses à ce marché devront être rédigées en anglais et envoyées par email avant cette date butoir à Joseph Langridge (joseph.langridge@fondationbiodiversite.fr), avec Cécile Mandon (cecile.mandon@fondationbiodiversite.fr) en copie.
Plus d’informations :
Consulter le cahier des charges
#IPBES9 – Valeurs et utilisation durable des espèces sauvages : de quoi parle-t-on ?
Pour mieux comprendre les enjeux de ces rapports, la FRB publie depuis quelques mois une série d’articles et d’interviews sur leurs thématiques, intrinsèquement liés.
Consulter le dossier de presse
Loin d’être exhaustive, cette campagne propose des idées de thématiques communes aux sujets des deux rapports qui sortent ce mois-ci, à savoir : l’utilisation durable des espèces sauvages et l’évaluation des valeurs associée à la nature.
Gestion adaptative, le bon sens loin de chez nous
Le verbe gérer, selon le dictionnaire, signifie organiser les choses en s’adaptant à la situation, et donc faire face à une réalité forcément évolutive. Dans ce cadre, l’expression « gestion adaptative » semble s’apparenter à un pléonasme. Un gestionnaire qui ne s’adapterait pas à l’évolution de son environnement n’aurait, en effet, que peu d’avenir, sauf celui de se faire qualifier de « mauvais gestionnaire », de perdre la confiance de ses mandants et, in fine, de se voir retirer la responsabilité qui lui avait été confiée.
« Libre évolution » : de quoi parle-t-on ?
Gestion adaptative : une chasse durable est-elle possible ?
Qu’est-ce que la gestion adaptative de la chasse ?
Cette mesure vise à ajuster les prélèvements en fonction de l’état de conservation des espèces chassées, en s’appuyant à la fois sur la concertation des parties prenantes et sur les données scientifiques. Elle a été introduite en France dans la loi du 24 juillet 2019, portant création de l’Office français de la biodiversité (OFB). Réglementairement, il y a, aujourd’hui quatre espèces soumises à la gestion adaptative : la tourterelle des bois, le grand tétras, la barge à queue noire et le courlis cendré. Mais l’idée est de l’étendre à toutes les espèces exploitées, non seulement chassables mais aussi peut-être un jour pêchables.
En quoi cette gestion diffère de ce qui était précédemment mis en place ?
Jusqu’à présent aucune réglementation, sauf quelques rares exceptions concernant surtout les espèces sédentaires, ne s’appliquait au nombre à prélever. La régulation des prélèvements, pour la chasse des oiseaux, se faisait essentiellement par la durée de la saison de chasse. Or avant l’arrivée de cette modalité de gestion, les chasseurs pouvaient avoir tendance à considérer certains gibiers, et notamment les oiseaux migrateurs, comme une manne infinie qu’ils pouvaient prélever à satiété. La chasse, entre le milieu du 19e et le début du 20e siècle, a pu ainsi prendre des allures industrielles pour les besoins de certaines industries comme la chapellerie : les plumes étant très prisées pour décorer les chapeaux, ou l’agroalimentaires avec les usines de conserves de canards sauvages dans le nord de l’Europe. Des millions d’oiseaux ont été prélevés à cet effet. Mais ces prélèvements illimités n’ont pas pu durer très longtemps, car les populations ont fortement diminué, atteignant a priori leurs niveaux les plus bas à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Des réglementations ont alors vu le jour. Les saisons de la chasse se sont raccourcies, certaines espèces en danger critique ont été placées sous statut de protection. La chasse d’autres espèces, comme les petits oiseaux, tel le rouge gorge, pour des raisons éthiques a été interdite. Si toutes ces régulations combinées ont permis d’atténuer le déclin de certaines espèces, il n’était pas encore question du volume des prélèvements. Un chasseur pouvait, sur une période donnée, prélever autant d’individus d’une espèce qu’il le souhaitait, pourvu que la chasse soit ouverte, et que certaines limites ne soient pas imposées localement par les sociétés de chasse.
Comment la gestion adaptative a-t-elle vu le jour ?
Elle a été introduite en Amérique du nord dans les années 1990 pour la chasse des oiseaux d’eau, les anatidés. À cette époque, des épisodes de sécheresse ont provoqué le déclin de certaines populations de canards et les questions qui se posaient alors étaient les suivantes : la chasse avait-elle un effet additionnel ou, comme le suggérait une étude, la chasse n’avait qu’un rôle compensatoire à la mortalité naturelle, autrement dit les oiseaux seraient morts à cette période d’une façon ou d’une autre ? Ce défaut de connaissances conduisait à l’impossibilité de proposer des quotas sur lesquels tout le monde pouvait s’accorder. Si la chasse prélève des oiseaux qui mourront par ailleurs, pourquoi alors en limiter les prélèvements ?
Comment les parties prenantes se sont accordées ?
Un groupe de scientifiques a proposé de mettre en place une gestion adaptative des prélèvements d’oiseaux d’eau, dans le but d’encadrer la pratique de la chasse, mais aussi d’améliorer simultanément les connaissances et l’état de conservation des espèces. Ils ont réuni différentes parties prenantes comme les instances fédérales, les chasseurs et les naturalistes pour s’accorder à la fois sur des tailles de population cibles et sur une réglementation avant le début de la saison de chasse. Les populations d’anatidés ont alors été suivies durant l’année pour être ensuite confrontées aux prédictions de différents modèles, de manière à faire évoluer la connaissance du fonctionnement du système. Si les connaissances collectées depuis 1995 ont conclu que la chasse jouait bien un rôle additif à la mortalité naturelle des anatidés, les mesures mises en place, ont permis à ces populations d’oiseaux d’aller nettement mieux. Les objectifs de taille de populations initialement visés ont été pour la plupart des espèces très largement dépassés depuis.
À partir de quand la France a-t-elle choisi d’adopter ce modèle ?
Au début des années 2000, en France, une grande tension agitait les défenseurs de la nature et les chasseurs. Les débats portaient sur les volumes de prélèvements ou les périodes de chasse, pour l’oie cendrée ou la tourterelle des bois par exemple. Les bons résultats de la gestion adaptative conduite en Amérique du Nord sont parvenus jusqu’en France. Ce modèle est apparu aux yeux de tous comme un modèle de gestion durable, car fondé sur les connaissances et permettant aux parties prenantes de se mettre autour d’une table et de s’accorder. La gestion adaptative a été graduellement introduite en Europe pour les différentes espèces d’oies, puis en France pour certaines espèces d’oiseaux sédentaires ou migrateurs.
Comment cette gestion a-t-elle été accueillie par les parties prenantes ?
Les dissensions résident dans la manière dont cette gestion adaptative doit être appliquée : faut-il utiliser tel ou tel modèle de dynamique de population ? Lorsqu’une incertitude apparaît, faut-il faire valoir le principe de précaution ? etc. De façon générale les chasseurs acceptent le principe des quotas et le suivi scientifique pour déterminer les causes premières du déclin des espèces chassées, mais ils estiment qu’ils n’en sont pas forcément directement responsables et qu’ils paient le prix pour les autres. Selon eux, il est plus facile de réglementer la chasse qui est un loisir que de modifier les pratiques agricoles qui dans bien des cas sont les causes directes du déclin des oiseaux. C’est le cas par exemple de la tourterelle des bois qui a vu ses populations chuter à cause de la perte d’habitat liées à l’agriculture. Sa taille de population est devenue si faible qu’elles ne peuvent aujourd’hui plus soutenir le prélèvement et sa chasse est actuellement suspendue.
Quels impacts concrets la gestion adaptative va avoir sur les pratiques de chasse ?
Elle va impliquer certaines contraintes, en particulier l’existence de quotas de prélèvements et l’obligation pour les chasseurs de renvoyer chaque année leur tableau de chasse rapidement après la fin de la saison. Mais cette gestion adaptative leur promet aussi un gibier globalement abondant grâce à la réglementation sur les prélèvements ou la période de chasse qui fluctuera en fonction de l’état et des connaissances des populations cibles.
Quand sera-t-elle appliquée aux autres espèces ?
Cette gestion est encouragée par l’Europe. Il est probable que dans les cinq prochaines années, elle soit mise en place pour une grande partie des 90 autres espèces qui aujourd’hui sont chassables en France.
La chasse durable au défi d’écologies plurielles
[#Ipbes9] Exploitation durable du vivant : quelles solutions ?
Le deuxième volet de cette campagne est consacré à l’exploitation des ressources naturelles par les humains.
Comment rendre durable la gestion des forêts tropicales ou celle de la pêche ? Que nous apprennent les systèmes alimentaires des peuples autochtones sur nos modes de consommation et notre lien au sauvage et à la nature ?
Découvrez tous les articles :
[#Ipbes9] Valeurs associées à la nature et utilisation durable des espèces sauvages : de quoi parle-t-on ?
Le premier volet de cette campagne est consacré à la notion de « valeurs » associées à la nature. En quoi évaluer et partager ces valeurs est un enjeu majeur pour la conservation de la nature et de la biodiversité ? En quoi la durabilité de l’utilisation d’espèces sauvages dépend du contexte culturel, politique et social ?
Des questions que viennent interroger et éclairer Virginie Maris (philosophe – CNRS), Florence Pinton (sociologue – AgroParisTech), Catherine Sabinot (ethnoécologue – MNHN), Frédéric Ducarme (philosophe – MNHN) mais aussi Sita Narayanan (Grand port maritime de Guadeloupe), Marika Dumeunier (Noé) et Hélène Leriche (Orée).
Découvrez tous les articles :
- Podcast « En espèces, s’il vous plaît ! » – Et si on se questionnait sur les différents regards portés sur la nature ? (Épisode 1)
- Entretien – Redéfinir nos rapports à la nature pour mieux la conserver : entretien avec Frédéric Ducarme, chercheur en philosophie
- Entretien – Conserver la nature en Nouvelle-Calédonie : un enjeu complexe entre science et contexte socio-culturel
- Article – Le développement de la cueillette de plantes sauvages sur le territoire français : conditions et enjeux de la durabilité
Redéfinir nos rapports à la nature pour mieux la conserver : entretien avec Frédéric Ducarme, chercheur en philosophie
Comment définiriez-vous la notion de « nature » ?
« Nature » est un terme difficile à définir, parce qu’il est très large, très inclusif. Ce terme a pu être manipulé pour servir des fins diverses. La « naturalisation », par exemple, est un très bon moyen de faire passer n’importe quelle idée politique puisque si je dis « c’est naturel » et que vous affirmez le contraire, je peux vous taxer d’être contre-nature. La nature s’est donc parfois teintée de cette dimension normative et morale qui l’a rendue d’autant plus politique et « fourre-tout ». Il est donc nécessaire d’une part d’avoir une idée précise de ce que l’on met derrière ce mot pour mieux la préserver et d’autre part de le faire évoluer pour en faire sortir les nouveaux enjeux pertinents.
Peut-on considérer que « sauvage » et « nature » sont des idées qui se superposent ?
Assimiler la nature au sauvage est caractéristique des pays de culture coloniale, comme l’Australie ou les États-Unis. Lorsque les colons sont arrivés, ils ont appelé « sauvage » et « vierge » des territoires qui ne l’étaient en fait pas tant que cela, mais qu’ils ont perçu comme tels. Leur vision teintée de créationnisme leur faisait dire « nous sommes l’Homme, nous sommes la culture, nous sommes la civilisation et nous nous opposons au sauvage, nous mettons le chaos en ordre ». Ainsi, le sauvage revêt deux visions caricaturales : soit il est pensé comme hostile, chaotique, devant être contrôlé, soit il est pensé comme positif, voire naïf, comme une virginité intacte, non souillée et dont il s’agirait de préserver l’innocence. Ce sont des représentations que les États-Unis ont beaucoup mondialisées du fait de son influence depuis 1945. Mais ça n’est pas du tout la vision qu’on en a en France, colonisée beaucoup plus tôt par Homo sapiens. Après la dernière glaciation, ils faisaient partie des premières espèces pionnières qui ont conquis les terres : les écosystèmes en France se sont donc élaborés précocement à leur contact. Il en est de même pour l’Afrique par exemple. L’assimilation de la nature au sauvage est une vision très récente, très romantique et très américaine et il faut toujours situer une vision dans son contexte. Et au lieu d’opposer de manière si binaire le sauvage et le domestique, on peut dessiner un continuum bien plus subtil en distinguant du plus artificiel au plus naturel, l’urbain, le rural, l’agricole, le forestier, le sauvage et enfin le « vierge » – les deux extrêmes étant l’exception, et cette catégorisation n’ayant rien de normatif.
Peut-on selon vous définir la nature selon les valeurs que l’être humain lui associe ?
La nature ne se définit pas forcément directement en termes de valeurs. En revanche, l’humanité va y trouver ou y projeter de la valeur, qui n’est sans doute pas présente de manière immanente. Il existe deux approches de ces valeurs. La première a eu beaucoup de succès à la fin du XXe siècle : elle s’articule autour de la notion de « valeur intrinsèque », c’est-à-dire qu’on attribue une valeur homogène à la nature dans son entièreté. Donc faire du mal à la nature ou à ses constituants est moralement répréhensible. Le problème, c’est qu’une fois qu’on a dit ça, on n’a rien dit. Parce que si toute la nature a de la valeur de manière égale, ça n’aide pas à faire des choix et à privilégier des modes d’action. La seconde approche propose de hiérarchiser ces valeurs, c’est-à-dire d’admettre que des choses ont plus de valeur que d’autres et de distinguer plusieurs types de valeurs.
L’IPBES DISTINGUE TROIS PRINCIPAUX TYPES DE VALEURS1
> Les valeurs instrumentales, qui indiquent si quelque chose a une valeur utilitaire avec un but précis.
Ex : le bois en tant que combustible ou matériau.
> Les valeurs relationnelles, qui découlent de l’importance du lien entre les individus ou les sociétés et les autres animaux ou aspects du monde vivant, ainsi qu’entre les individus eux-mêmes, reflétées par les institutions formelles et informelles.
Ex : la valeur symbolique de l’aigle à tête blanche, emblème des Etats-Unis.
> Les valeurs intrinsèques, qqui représentent les valeurs indépendantes de toute expérience ou évaluation humaine. Ces valeurs sont vues comme une propriété inhérente de l’entité (par exemple, un organisme) et ne sont pas attribuées ou générées par des évaluateurs extérieurs (tels que les humains). Chaque être vivant est porteur et garant de sa propre valeur.
Que pensez-vous de la typologie utilisée par l’Ipbes ?
Je pense que la valeur intrinsèque ne fait pas bon ménage avec les autres types de valeurs, instrumentales et relationnelles, qui sont variables et mesurables, alors que la valeur intrinsèque ne l’est pas, elle ne dialogue pas avec les autres. Dans le système que je voudrais proposer, je parle plutôt de valeur d’existence : c’est-à-dire de partir du principe que l’existence est préférable à la non-existence, la vie à la mort. Quand on n’a aucun intérêt économique ou utilitaire à éliminer un élément de la nature, que ce soit un individu, une espèce ou n’importe quoi d’autre, il est préférable moralement de ne pas le faire. Mais on finit toujours par devoir faire des compromis parce qu’il faut bien manger, se nourrir, se vêtir, se protéger, etc. Donc qu’est-ce qui justifie qu’on doive prendre la décision d’éliminer des éléments de la nature, en outrepassant cette valeur d’existence ? Qu’est-ce qui justifie de manger du rhinocéros plutôt que de la salade ?
D’un autre côté, la dichotomie entre valeurs instrumentales et non instrumentales s’applique mal à la nature. Elle est très moralisatrice. Car c’est moins le côté instrumental qui compte que l’effet de notre interaction. Quand je m’émerveille devant un récif coralien, c’est très instrumental – c’est d’ailleurs une industrie. L’important, c’est que je ne lui fasse pas de mal. Inversement, il y a des pratiques non instrumentales qui, par désintérêt, peuvent détruire la nature. Certains peuvent détruire la nature par simple négligence et déconsidération. Je pense donc que le couple destructeur / non destructeur (conséquentialiste) est plus pertinent dans notre rapport à la nature qu’une opposition morale du type instrumental/non (déontique), dont la nature se fiche bien.
L’absence de consensus concernant la définition de la notion de nature et les difficultés à identifier et à faire cohabiter ces multiples valeurs sont-elles un frein à la protection de la nature ?
Est-il souhaitable qu’on tombe tous d’accord ? La pluralité est importante. C’est ce qui fait évoluer une pensée ou ce qui amène à la préciser. On est face à un problème complexe, qui transcende les disciplines universitaires, il est normal que des gens avec des schémas de pensée différents se mettent autour de la table et débattent. Aujourd’hui, les enjeux et les outils de réflexion évoluent, donc il est nécessaire de réfléchir ensemble pour que la conservation de la nature s’améliore dans le temps. Il faut être capable de répondre aux questions « Qu’est-ce qu’on conserve ? », « Au nom de quoi ? » et « Dans quel objectif ? ». Si je dispose de 100 000 euros pour la conservation de la nature, est-ce que je les donne à une association pour la protection du rhinocéros blanc ? Est-ce que je dois l’investir dans la recherche en écologie fonctionnelle ? Est-ce que je dois plutôt acheter une forêt et planter des arbres ? Financer un parti politique ? Tous ces choix reposent sur différentes valeurs. Dans ce sens, il est très important de dégager des méthodes d’identification et d’évaluation des valeurs de la nature, comme tente de le faire l’Ipbes.
Quelle méthode adopter : essayer de redéfinir la nature dans une vision partagée qui tenterait d’englober un maximum de valeurs, ou plutôt considérer chaque conception de la nature de manière contextuelle, en tenant compte du territoire et de la culture ?
Les deux. Redéfinir le concept de nature implique aussi de l’ouvrir et l’analyser pour voir ce qu’il y a dedans. D’un point de vue sémantique, on peut isoler au moins quatre composants de la nature. C’est d’abord une productrice de ressources qu’il faut veiller à renouveler durablement. C’est aussi un écosystème : un ensemble d’espèces qui partagent un milieu et entretiennent des interactions complexes. Mais c’est aussi un patrimoine : on a le jardin des Plantes, le bocage normand, les bords de Loire, etc., qu’il s’agit de conserver et de transmettre. Et enfin il y a la nature comme biosphère, c’est-à-dire comme planète prise dans son ensemble avec son climat et ses nombreux autres paramètres, dont d’infimes variations peuvent nous éradiquer rapidement. Tous ces composants doivent entrer en compte dans la conservation de la nature. Mais parfois, on voit apparaître des controverses de « spécialistes ». Pour caricaturer, penser la conservation en tant que physicien, c’est peut-être irriguer le Sahara et planter des eucalyptus transgéniques sur des millions de kilomètres pour stocker du carbone, et hop ! On a conservé la nature. Mais des biologistes verraient peut-être cela comme une hérésie. C’est notamment pour cela qu’a été créé l’Ipbes, qui se veut être un Giec de la biodiversité, mais animé par des biologistes. Pour inclure cette dimension de biologie et de biodiversité dans la conservation de la nature même à grande échelle.
Comment la science peut-elle intégrer les savoirs locaux à la réflexion scientifique sur la nature ?
Que la science globale prenne en compte toute la multiplicité des savoirs locaux est une nécessité. Mais je me méfie de la mise dos à dos de la science moderne et des connaissances et savoirs locaux. La science moderne s’est nourrie, historiquement, d’une multitude d’éléments issus du monde entier : elle n’est pas, comme on l’entend parfois chez certains relativistes, une vulgaire ethnoscience européenne. La science a toujours cherché à intégrer un maximum de savoirs et à sélectionner les plus satisfaisants sur des bases rationnelles. La science moderne doit sans doute plus à la Chine ou au monde arabe qu’au Portugal ou à la Slovaquie : elle s’est concentrée en Europe à certaines périodes, mais ce n’est plus du tout le cas. Le but est donc d’assurer la participation de tous les savoirs du monde à cette science : pour la pharmacie, par exemple, l’ethnobotanique est d’une importance capitale. D’autre part, les cultures locales, elles, se doivent d’être prises en compte dans les formes et buts que se fixe la conservation de la nature dans ses réalisations locales.
Quelle est la prochaine étape ?
Ce qui compte avant tout aujourd’hui ce sont des outils intellectuels pour l’action. L’Ipbes a le mérite de s’inscrire dans cette démarche. Ça fait 3 000 ans qu’on réfléchit de manière spéculative à la philosophie de la nature, mais aujourd’hui, elle doit s’inscrire dans une action avec des objectifs qu’il va falloir définir, questionner et justifier.
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1 Preliminary guide regarding diverse conceptualization of multiple values of nature and its benefits, including biodiversity and ecosystem functions and services, 2015, IPBES/4/INF/13
[Podcast] “En espèces, s’il vous plaît !” – Et si on se questionnait sur les différents regards portés sur la nature ? (Épisode 1)
Dans le cadre de sa campagne sur les thèmes des prochains rapports Ipbes, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité propose son nouveau podcast “En espèces, s’il vous plaît !”. De la chasse à l’économie en passant par l’éducation, ce nouveau format donne la parole à des acteurs de la société et met en relief leurs discours et considérations par l’expertise d’un chercheur.
En espèces, s’il vous plaît !, un dialogue science-société où chacun partage ses enjeux et problématiques.
Ce premier épisode de « En espèces s’il vous plaît ! » propose de questionner les différents regards portés sur la nature. Trois acteurs de la société, membres de l’Assemblée des parties prenantes de la Fondation, et une philosophe du CNRS ont été invité à répondre à une série de questions.
Les invitées :
- Sita Narayanan, directrice de l’Aménagement et du développement durable au Grand port maritime de Guadeloupe, chargé de la gestion des installations, des infrastructures et de espaces naturels de sa circonscription.
- Marika Dumeunier, directrice du pôle national de Noé, une association fondée en 2001 spécialisée dans la protection de la nature, en France et à l’international.
- Hélène Leriche, responsable Biodiversité et économie à l’association Orée, une association multi-acteurs travaillant depuis 1992 sur les questions de développement durable.
- Virginie Maris, philosophe de l’environnement au CNRS. Ses travaux portent notamment sur l’épistémologie de l’écologie et des sciences de la conservation, l’éthique environnementale et la philosophie des politiques environnementales.
[Ipbes9] Valeurs et utilisation durable des espèces sauvages : de quoi parle-t-on ?
Pour mieux comprendre les enjeux des sujets traités par ces rapports, la FRB vous donne rendez-vous de janvier à juin pour une série d’articles et de podcasts sur ces thématiques intrinsèquement liées.
Ainsi, tout au long des mois à venir, la FRB donne la parole à des chercheurs et chercheuses ainsi qu’à des acteurs de la société pour parler de valeurs et d’utilisation durable sous différents angles, de la chasse à l’économie en passant par l’éducation, etc.
Valeurs associées à la nature et utilisation durable des espèces sauvages : de quoi parle-t-on ?
Le premier volet de cette campagne est consacré à la notion de « valeurs » associées à la nature. En quoi évaluer et partager ces valeurs est un enjeu majeur pour la conservation de la nature et de la biodiversité ? En quoi la durabilité de l’utilisation d’espèces sauvages dépend du contexte culturel, politique et social ?
Des questions que viennent interroger et éclairer Virginie Maris (philosophe – CNRS), Florence Pinton (sociologue – AgroParisTech), Catherine Sabinot (ethnoécologue – MNHN), Frédéric Ducarme (philosophe – MNHN) mais aussi Sita Narayanan (Grand port maritime de Guadeloupe), Marika Dumeunier (Noé) et Hélène Leriche (Orée).
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Exploitation durable du vivant : quelles solutions ?
Le deuxième volet de cette campagne est consacré à l’exploitation des ressources naturelles par les humains. Comment rendre durable la gestion des forêts tropicales ou celle de la pêche ? Que nous apprennent les systèmes alimentaires des peuples autochtones sur nos modes de consommation et notre lien au sauvage et à la nature ?
Des questions que viennent interroger et éclairer Muriel Figuié (directrice de recherche au Cirad), Didier Gascuel (professeur à l’Institut Agro de Rennes), Camille Piponiot (chercheure au Cirad), Plinio Sist (directeur d’unité au Cirad), Géraldine Derroire (chercheuse au Cirad) et Bruno Hérault (chercheur au Cirad).
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Chasses et pêches : vers des pratiques durables ?
Le troisième volet de cette campagne est consacré aux chasses et aux pêches artisanales. Que nous apprend l’évolution des pratiques de chasse sur notre lien à la nature ? Comment certaines techniques de pêche peuvent devenir un changement transformateur de notre société ? Quel lien existe entre l’évolution des pratiques de chasse et de pêche et les réglementations ?
Des questions que viennent interroger et éclairer Ludovic Ginelli (sociologue à l’Inrae), Matthieu Guillemain (chef de service « Conservation et gestion durable des espèces exploitées » à l’Office français de la biodiversité), Jérôme Noël Petit (responsable France du projet Pew Bertarelli Ocean Legacy) et Charles Guirriec (fondateur de Poiscaille).
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Tourisme et éducation : comment revoir nos rapports au sauvage et à la nature ?
Le quatrième volet de cette campagne est consacré à l’éducation et au tourisme. Comment nos rapports au sauvage et à la nature peuvent-être revus pour favoriser la protection de la biodiversité ? En quoi le tourisme et l’éducation peuvent être considérés comme des formes d’exploitation du monde vivant et comment les rendre durables et bénéfiques ? Comment l’éducation peut-elle nous permettre de renouer avec le vivant ?
Des questions que viennent interroger et éclairer Morgane Ratel, chargée du projet « Conservation » et Laurène Trudelle, chargée de mission scientifique pour le Programme Whale-Watching chez Miraceti, Eve Afonso, maître de conférences en écologie à l’Université de Franche-Comté, Li Li, professeur d’écologie du paysage à l’Université des Finances et d’Economie du Yunnan (Chine) et Patrick Giraudoux, Professeur d’écologie à l’Université de Franche-Comté, Edith Planche, ethnologue à l’Université de Lyon et directrice-fondatrice de l’association Science et Art et Julien Perrot, fondateur de La Salamandre.
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Droit et économie : un système à réinventer
Le cinquième et dernier volet permettra d’avoir une vision globale de l’impact de l’économie globale sur nos conceptions de la nature et ses conséquences sur la préservation de la biodiversité. Nous verrons que les outils juridiques et économiques peuvent représenter des leviers importants à l’avenir, que ce soit pour le commerce d’espèces sauvages ou l’évolution de notre rapport à la nature.
Des questions que viennent interroger et éclairer Meganne Natali (Docteur en droit), Catherine Aubertin (économiste de l’environnement à l’IRD) et Valérie Boisvert (professeur à l’Institut de géographie et durabilité et à la Faculté de Géosciences et d’Environnement de l’Université de Lausannee).
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[Journée FRB 2021] Agir en faveur de la biodiversité – Osons les changements transformateurs !
Il est désormais clair que la biodiversité est au cœur des débats sociétaux et de l’agenda politique planétaire. Son avenir et les actions à mettre en œuvre pour enrayer son déclin demandent plus d’ambition. Réunie au sein de l’Ipbes, pour plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, l’expertise scientifique internationale appelle désormais à des changements transformateurs. C’est-à-dire, des changements profonds de nos modes de vie et de consommation qui passent par la réorganisation fondamentale des facteurs économiques, sociaux et technologiques qui les régissent.
Concrètement, quels sont-ils et comment les mettre en place ?
Qu’impliquent-ils pour les acteurs publics et privés, les décideurs politiques et économiques ? Quelles actions sont déjà menées ? Pour quels résultats ?
L’objectif est d’emprunter des trajectoires pensées de manière globale, intégrant à la fois les enjeux alimentaires, énergétiques, climatiques et environnementaux. Ainsi, consommer local, passer à une comptabilité environnementale, réinventer ses processus industriels, changer de modèle de gouvernance, repenser l’urbanisation de nos villes, sont autant d’exemple de mesures leviers à mettre en œuvre.
À l’occasion de la Journée FRB 2021, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité s’empare de ce sujet. Elle souhaite ainsi mettre en lumière les fondements scientifiques et les enjeux pour la recherche, articulant sa réflexion à partir d’ateliers menés en amont avec son Conseil scientifique et son Conseil d’orientation stratégique. Alors que l’Ipbes vient d’annoncer le lancement d’un rapport sur le sujet, la FRB propose un espace de dialogue aux chercheurs et acteurs, publics et privés, de la société afin de mieux en comprendre les contours pour oser les changements transformateurs.
L’évolution darwinienne, la biodiversité et les humains
Sélection artificielle pour augmenter la productivité agricole, surexploitation des ressources altérant la morphologie et les cycles de vie des espèces exploitées, invasions biologiques favorisées par l’accroissement des activités humaines, nouvelles pressions de sélection liées à l’anthropisation des milieux, fragmentation des populations, etc. : l’action de l’Homme peut altérer, de manière maitrisée ou non, l’évolution darwinienne des organismes vivants.
Trop peu rappelé lorsque l’on parle de préservation de la biodiversité, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) vous propose ce cahier thématique sur l’évolution darwinienne. Consultable dans les ressources ci-dessous, ce document est le fruit du travail du Club recherche-action de la FRB sur les Impacts évolutifs des activités anthropiques.
[Appel à experts Ipbes] Candidatez pour participer aux évaluations “nexus” et “changements transformateurs”
Dans le cadre du lancement de ces prochaines évaluations thématiques, l’Ipbes cherche des experts (chercheurs, professionnels ou techniciens), idéalement multidisciplinaires ou interdisciplinaires, avec une expertise dans une ou plusieurs disciplines des sciences naturelles, des sciences sociales ou des sciences humaines ou des experts en savoirs autochtones et locaux. L’Ipbes encourage également les experts en politique et les praticiens à candidater.
Les évaluations thématiques en question portent sur :
- les liens entre la biodiversité, l’eau, l’alimentation et la santé : Évaluation “Nexus” ;
- les causes sous-jacentes de la perte de biodiversité, les déterminants du changement transformateur et les options pour réaliser la Vision 2050 pour la biodiversité : Évaluation “Changements transformateurs”.
Retrouvez toutes les informations sur les modalités de l’appel et la procédure de candidature sur le lien ci-dessous.
Rendez-vous jeudi 26 août, de 10h30 à 11h30, pour un temps d’échange proposé par la FRB avec les experts intéressés afin d’optimiser leur candidature. Inscriptions.
Il offre une opportunité de travailler au sein d’un groupe d’experts internationaux et d’acquérir une expérience en équipe pluridisciplinaire pour produire des évaluations scientifiques majeures.
Le formulaire de candidature pour l’évaluation “Nexus” et pour l’évaluation “Changements transformateurs” sont à remplir avant le 20 septembre.
[À vos agendas] Rendez-vous le 30 septembre pour la Journée FRB 2021, consacrée aux changements transformateurs
JOURNÉE FRB 2021
Agir en faveur de la biodiversité – L’heure est aux changements transformateurs
Il est désormais clair que la biodiversité est au cœur des débats sociétaux et de l’agenda politique planétaire. Son avenir et les actions à mettre en œuvre pour enrayer son déclin demandent plus d’ambition. Réunie au sein de l’Ipbes – pour plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, l’expertise scientifique internationale appelle désormais à des changements transformateurs. C’est-à-dire, des changements profonds de nos modes de vie et de consommation qui passent par la réorganisation fondamentale des facteurs économiques, sociaux et technologiques qui les régissent.
Concrètement, quels sont-ils et comment les mettre en place ?
Qu’impliquent-ils pour les acteurs publics et privés, les décideurs politiques et économiques ? Quelles actions sont déjà menées ? Pour quels résultats ?
Consommer local, passer à une comptabilité environnementale, réinventer ses processus industriels, changer de modèle de gouvernance, repenser l’urbanisation de nos villes, etc. L’objectif est d’emprunter des trajectoires pensées de manière globale, intégrant à la fois les enjeux alimentaires, énergétiques, climatiques et environnementaux.
À l’occasion de la Journée FRB 2021, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité s’empare de ce sujet. Elle mettra en lumière les fondements scientifiques et les enjeux pour la recherche, articulant sa réflexion à partir de huit ateliers huit ateliers menés en amont avec son Conseil scientifique et son Conseil d’orientation stratégique. Interface science-société originale, elle mettra en effet l’accent sur l’appropriation de ces enjeux par les acteurs en s’appuyant sur des actions concrètes menées par ces derniers.
Rendez-vous jeudi 30 septembre prochain pour suivre et participer aux discussions !
[Plénière Ipbes] En route vers la huitième session
L’Ipbes (la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) avait beaucoup fait parler d’elle lors de la 7e session plénière de ses États membres, qui s’était tenue à Paris en avril-mai 2019. Elle y avait notamment adopté sa première évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques, qui a largement contribué à l’attention croissante accordée aux enjeux de biodiversité ces deux dernières années. Après une “année blanche” en 2020, l’Ipbes organise sa 8e session en juin 2021, qui se déroule exclusivement en ligne, situation sanitaire oblige.
Plénière de l’Ipbes, huitième session :
Les deux principaux sujets à l’ordre du jour de cette plénière sont l’approbation de deux documents :
- Le rapport de cadrage de l’évaluation dite “nexus“, qui concerne les liens d’interdépendance entre la biodiversité, l’eau, l’alimentation, la santé, l’énergie et le changement climatique en vue d’orienter l’élaboration des politiques et des mesures permettant de répondre de manière intégrée aux objectifs de développement durable.
- Le rapport de cadrage de l’évaluation dite sur “les changements transformateurs”, dont l’objectif est de comprendre et d’identifier les facteurs des sociétés humaines (dimensions comportementales, sociales, culturelles, économiques, institutionnelles, techniques et technologiques) qui peuvent être mis à profit pour provoquer un changement transformateur1 en vue de la conservation, de la restauration et de l’utilisation rationnelle de la biodiversité.
Ces rapports de cadrage constituent la commande passée par les États membres de l’Ipbes auprès des groupes d’experts pour les deux prochaines évaluations inscrites au programme de travail de l’Ipbes. Celles-ci se dérouleront respectivement sur 5 et 3 ans. L’adoption de ces documents en plénière participe à la priorisation des attendus et des sujets majeurs qui devront être abordés par l’Ipbes dans ses travaux.
La plénière examine également un rapport concernant la collaboration entre l’Ipbes et le Giec, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, et un document sur le travail des “équipes spéciales” de l’Ipbes, des groupes transversaux permettant de renforcer les capacités et l’efficacité de la plateforme, de consolider les bases de connaissances et de soutenir les décisions politiques.
Du 3 au 9 juin : les Stakeholder Days
Cet évènement (en anglais) a rassemblé les parties prenantes de toutes les régions du monde, afin de favoriser les échanges et la coopération avec l’Ipbes.
Un récapitulatif des faits marquants et du programme de travail de l’Ipbes a été présenté. Les Stakeholder Days permettent aux parties prenantes de connaître davantage la manière dont elles peuvent s’impliquer dans le processus Ipbes et l’organisation du travail qui leur est demandé en préparation de la plénière.
Le travail effectué par le réseau ouvert des parties prenantes (ONet) et le forum international des autochtones sur la biodiversité et les services écosystémiques (IIFBES) ont été présentés. Les parties prenantes connectées ont également pu contribuer à l’élaboration des déclarations des parties prenantes, faites au cours de la plénière, en réaction au programme de travail de l’Ipbes. + d’infos
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[Atelier Cos-Ipbes] Appel à relecture externe de l’évaluation Ipbes concernant l’utilisation durable des espèces sauvages
Important – Pour participer à cet atelier, vous devez obligatoirement :
- Être membre du Conseil d’orientation stratégique (Cos) de la FRB ;
- Être inscrits en tant que relecteur du projet d’évaluation (+ d’infos).
Cet atelier prendra la forme d’un World Café pour faciliter le dialogue et le partage de connaissances et d’idées. Vous aurez l’opportunité lors de cet atelier de contribuer à la réalisation de ce rapport, en apportant vos connaissances pratiques et techniques, et vos savoirs locaux et traditionnels. Il vous sera proposé de travailler sur le « résumé pour décideurs », document de référence produit par l’Ipbes et résumant l’évaluation. Il s’adresse, au-delà des décideurs publics, aux décideurs privés (monde de l’entreprise, associatif, ou à titre individuel).
Déroulé de l’atelier :
- Présentation des modalités de la relecture ;
- Échanges et dialogues entre participants ;
- Formulation des commentaires sur le résumé pour décideurs ;
Si vous souhaitez participer à cet atelier, merci de vous inscrire au plus tard le 30 avril 2021.
+ d’infos :
- Plus de détails sur l’appel à relecture
- En savoir plus sur le rapport Ipbes
Biodiversité et services écosystémiques
L’évaluation mondiale de l’Ipbes (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique pour la biodiversité et les services écosystémiques), parue fin 2019, a souligné l’état dramatique de la biodiversité, en majeure partie imputable aux activités humaines. Cet enjeu prend aujourd’hui une importance croissante sur la scène internationale et la lutte contre la perte de la diversité biologique s’impose désormais comme une priorité pour de nombreux pays, dont la France. Les questions liées à la biodiversité ont en effet des répercussions fortes sur plusieurs dynamiques, parmi lesquelles le commerce international, la sécurité alimentaire, le développement, la pollution, les ressources en eau, la santé, la lutte contre la criminalité transnationale ou encore la corruption. Si le constat alarmant du rythme de destruction de la biodiversité est largement partagé, les actions mises en oeuvre pour inverser cette tendance restent toutefois insuffisantes au regard de l’urgence de la situation.
#ScienceDurable – Le déploiement de la biologie de la conservation
Apparue au milieu des années 1980, cette jeune science invite à identifier les espèces et les écosystèmes menacés, diagnostiquer les causes de leur déclin, proposer, tester et valider des moyens d’y remédier : « Jusqu’alors, c’était l’affaire de naturalistes passionnés, de gestionnaires d’espaces protégés ou d’ONG, souligne le biologiste de la conservation François Sarrazin. Depuis, les scientifiques les aident à identifier les priorités et améliorer les pratiques de conservation, à comprendre leurs causes de succès et d’échecs. » Là où le gestionnaire s’empare d’une action à une échelle locale, le scientifique peut apporter le recul statistique sur un grand nombre d’opérations et permet d’améliorer les pratiques à une échelle plus globale.
#ScienceDurable – Restaurer et recycler grâce aux plantes
[Ipbes] Participez à la préparation des évaluations Ipbes “nexus” et “changements transformateurs”
Deux webinaires sont organisés (en anglais) visant à recueillir les points de vue des parties prenantes et des détenteurs de savoirs traditionnels et locaux :
- 14 juillet 15h00-16h45 : webinaire pour les parties prenantes – Inscription
- 16 juillet 14h00-16h00 : webinaire pour travailler avec les détenteurs de connaissances traditionnelles et locales – Inscription
Les participants à ces webinaires devront par ailleurs s’assurer d’être inscrits au processus de relecture des documents afin d’y avoir accès. Les dates indiquées correspondent à la période durant laquelle la relecture des documents est ouverte :
- Pour l’évaluation nexus (05/06 au 31/07)
- Pour l’évaluation changements transformateurs (03/07 au 28/08)
(Attention : Ces pages sont accessibles qu’une fois connecté à votre compte utilisateur du site de l’Ipbes.)
Les cadrages des deux évaluations seront présentés à la 8ème session plénière de l’Ipbes, prévue au premier semestre 2021. Si les cadrages sont adoptés, la plénière pourra décider de lancer ces évaluations dès l’année prochaine.
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* la vision 2050 fait référence à celle de la Convention sur la diversité biologique : “Vivre en harmonie avec la nature”
#ScienceDurable – L’écologie « relationnelle » pour repenser les rapports entre l’homme et son environnement
Il est toutefois intéressant de constater que le terme, peu importe son contexte d’utilisation, s’est longtemps ancré dans un même et unique rapport au monde : l’appréhension de ce qui est autre par le seul prisme de la division entre deux mondes, celui de l’humain et celui de la nature. Plusieurs auteurs ont depuis contesté cette posture.
Les auteurs de cet article proposent de remettre en perspective ces critiques pour cheminer vers un nouveau champ d’études à explorer dans le domaine de l’écologie. Soit la découverte et les potentialités offertes par l’étude des liens entre l’humain et le non-humain, qu’ils nomment « écologie relationnelle ».
Biomimétisme et biodiversité
Le concept de biomimétisme ou bio-inspiration a été théorisé pour la première fois il y a une vingtaine d’année (cf. Janine Benyus : Biomimicry, Innovation Inspired by Nature). L’approche initiale défend une vision qui considère que cette démarche d’innovation « fait appel au transfert et à l’adaptation des principes et stratégies élaborés par les organismes vivants et les écosystèmes, afin de produire des biens et des services de manière durable, et rendre les sociétés humaines compatibles avec la biosphère ».
Le Biomimétisme identifie des solutions naturelles apparues au cours de l’évolution, c’est à dire des fonctions ou des rapports entre structures et fonctions chez les organismes vivants qu’il peut être intéressant de transposer à une fonction d’intérêt humain : sa finalité est de chercher, d’identifier et de d’industrialiser une solution à un problème humain.
Cette démarche est nécessairement interdisciplinaire, entre sciences fondamentales et sciences de l’ingénieur, et demande de la part des acteurs économiques la mobilisation de ressources significatives en matière de recherche et développement (R&D).
Le biomimétisme est la rencontre de plusieurs mondes, l’écologie,
les sciences de l’évolution, la biologie et l’ingénierie,
ou encore une interface entre sciences naturelles et industrie.
L’association Biomimicry Europa, créée en 2006 pour la promotion du biomimétisme, propose de distinguer trois niveaux d’inspiration : les formes biologiques, les matériaux et processus, les interactions.
En matière de recherche et développement, l’Allemagne a longtemps été en tête avec plus de 100 structures de recherche publiques impliquées et dix réseaux territoriaux spécialisés. Le Royaume-Uni et la Suisse sont aussi deux pays fortement impliqués en Europe.
En France, l’implication est plus récente, mais actuellement, plus de 175 équipes de recherche s’intéressent au sujet et plus de 100 entreprises font appel à cette démarche. Plusieurs Groupements de recherche (GDR) et Réseaux thématiques pluridisciplinaires (RTP) génèrent des initiatives structurantes autour de la chimie bio-inspirée, la mécanique des matériaux biologiques ou les micro-technologies inspirées des insectes. Le centre européen d’excellence en biomimétisme (Ceebios), créé en 2012, fédère un nombre croissant de grandes entreprises comme L’Oréal, LVMH, Engie, Vicat, Saint-Gobain, et bénéficie du soutien du ministère de la transition écologique et solidaire.
Les régions les plus impliquées en matière de R&D (compétences académiques) sont l’Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine, puis, à un niveau sensiblement équivalent, Occitanie, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Grand-Est.
Évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques – Les principaux messages de l’évaluation Ipbes
Cette évaluation sans précédent a permis de rendre compte des changements qui se sont opérés au cours des 50 dernières années et a fourni un aperçu complet de la relation entre les trajectoires de développement économique et leurs impacts sur la biodiversité.
L’Ipbes a appelé à des changements systémiques profonds à l’échelle planétaire pour inverser les tendances et assurer l’avenir de l’humanité.
La FRB propose dans la brochure (téléchargeable dans les ressources ci-dessous) les principaux messages à retenir ainsi qu’une analyse critique de ce travail unique.
[Ipbes] Appel à relecteurs dans le cadre de deux évaluations en cours
L’Ipbes (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) a ouvert la première relecture externe de deux évaluations : la première concernant la conceptualisation des valeurs de la nature et de ses contributions, y compris la biodiversité et les fonctions et services des écosystèmes ; la seconde concernant l’usage durable des espèces sauvages.
Cette phase est l’une des plus importantes du processus d’évaluation de l’Ipbes et s’adresse à des experts intéressés et qualifiés, notamment des scientifiques, des décideurs, des praticiens et autres détenteurs de connaissances.
Pour l’évaluation sur les valeurs :
- Date limite : le 22 septembre 2019
- Toutes les informations
Pour l’évaluation sur l’usage durable :
- Date limite : le 20 octobre 2019
- Toutes les informations
[IPBES7] Changement d’usage des terres et biodiversité : halte à l’uniformisation
À l’occasion du nouveau rapport de l’IPBES sur l’état de la biodiversité mondiale dont le résumé pour décideurs est paru en mai 2019, la FRB donne chaque mois la parole à des scientifiques qui travaillent sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité, mais aussi sur les solutions pour y remédier. Juristes, économistes, biologistes de la conservation sont autant de chercheurs qui offriront chacun un éclairage précis sur l’état et le devenir des espèces et de leurs écosystèmes.
Le cinquième et dernier thème abordé est celui du changement d’usage des terres, considéré comme la 1re cause de perte de biodiversité dans le monde.
FunctionalWebs | Diversité fonctionnelle des réseaux trophiques : le lien entre écologie, physiologie et biogéographie
Les écologistes peinent à établir des modèles prédictifs reliant environnement et structure des communautés. Des progrès seraient réalisés en mettant l’accent sur les traits fonctionnels, plutôt que sur l’identité des espèces. Nous manquons d’analyses à de vastes échelles spatiales où la dispersion inter-sites est rare, donc nous ne pouvons déterminer si la diversité fonctionnelle est régie par les niches écologiques ou limitée par la dispersion, l’évolution ou la biogéographie.
Le groupe FRB-Cesab FunctionalWebs a échantillonné le réseau trophique des broméliacées remplies d’eau de pluie dans 12 régions néotropicales. La base de données est en libre accès et regroupe les données de plus de 1750 broméliacées et 12 traits. Le groupe FRB-Cesab FunctionalWebs a cherché à savoir quels processus déterminent la diversité fonctionnelle à différentes échelles spatiales.
Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.
[Ipbes 6] Dégradation et restauration des terres – Lacunes et besoins de connaissances
Après la sortie du rapport d’évaluation « Dégradation et restauration des terres », l’Ipbes organise une conférence web – du 14 janvier au 4 février – dédiée aux lacunes et besoins de connaissances.
L’objectif : stimuler la production de nouvelles connaissances scientifiques.
En partant du rapport, conférenciers et participants identifieront et prioriseront les besoins en informations scientifiques pour étayer les décisions des politiques, des gestionnaires et autres acteurs.
L’Ipbes diffusera les conclusions sur les besoins de recherche auprès des décideurs et des agences de financement. La FRB relaiera également les conclusions sur son site et dans les réseaux concernés, dont le Comité français pour l’Ipbes.
Ouverte à tous, cette conférence en ligne, consultative et interactive, se déroulera en plusieurs temps :
- 14 janvier : webinaire d’ouverture
- 14-18 janvier : forum, quelles lacunes ?
- 21-25 janvier : forum, quels besoins ?
- 28 janvier – 1er février : forum, quelles pistes d’actions ?
- 4 février : webinaire de clôture
En tant que chercheurs, acteurs ou décideurs, vous pouvez :
- Contribuer directement (en anglais) à la consultation et aux échanges sur le site de la conférence : il suffit simplement de vous inscrire sur le site.
- Synthétiser votre message (en anglais ou français) pour l’un ou l’autre temps de la conférence et le faire remonter via la participation de la FRB avant chaque mercredi.
Répartition globale de la biomasse au sein de la biosphère
La quantification de l’abondance de chaque composant individuel est essentielle pour décrire un système complexe comme la biosphère (c’est-à-dire les espèces ou les groupes taxonomiques plus larges). Les premiers efforts pour estimer la biomasse mondiale ont principalement porté sur des groupes uniques comme les plantes, les procaryotes1 (Whitman et al., 1998) ou les poissons avec une révision récente de leur biomasse grâce à de nouvelles techniques d’échantillonnage (Irigoien X et al., 2014). Il manque parfois des données sur des groupes importants comme les arthropodes.
Deux tentatives d’une comptabilité globale de tous les composants de la biomasse mondiale ont été publiées, celle de Whittaker et Likens au début des années 1970, qui n’incluait pas la biomasse bactérienne et fongique, et celle de Smil en 2013. Wikipedia fournit également une gamme d’estimations sur divers taxons. Mais aucune de ces études ne donne une vue complète et intégrée et c’est ce qui fait l’originalité du présent travail.
Le progrès des techniques de séquençage permet actuellement la détermination de la composition des communautés naturelles sur la base de l’abondance relative des génomes. L’amélioration de la télédétection autorise également une appréhension de l’environnement à l’échelle mondiale avec une résolution sans précédent. Enfin, les grandes expéditions comme l’expédition Tara Oceans ou les observatoires locaux (comme le Réseau national d’observatoires écologiques en Amérique du Nord) concourent aux efforts d’échantillonnage global et à la connaissance fine des habitats naturels.
La présente analyse est basée sur des centaines d’études portant sur les principaux groupes taxonomiques constituant le vivant. Les chercheurs ont choisi d’utiliser la biomasse terrestre comme mesure de l’abondance des différents groupes d’espèces (les taxons) et de leur importance relative au sein du vivant. Elle résume les connaissances actuelles sur la distribution de la biomasse mondiale.
Vertébrés continentaux : la sixième extinction est en marche
L’étude alarmante, publiée le 10 juillet dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) et qui conclue à l’accélération de la sixième extinction des vertébrés continentaux, a largement été relayée dans les médias.
Dans un résumé court et précis, Philippe Gros, directeur scientifique à l’Ifremer et membre du conseil scientifique de la FRB, revient sur les points scientifiques majeurs de l’article et le compare à celui de David Tilman et al. sur la Prédiction des menaces futures sur la biodiversité et pistes pour les réduire dont la synthèse a été réalisée par Jean-François Silvain, directeur de recherche à l’IRD et président de la FRB.
Consultez la synthèse dans les ressources ci-dessous.
Biodiversité – Une clé à destination des acteurs économiques
Au sommaire :
- Qu’est-ce que la biodiversité ?
- En quoi nous concerne-t-elle ?
- Dans quel état est-elle ?
- Quelle est sa dynamique ?
- Comment évolue-t-elle ?
- Comment la préserver ?
- Pourquoi est-il nécessaire de mieux la connaître scientifiquement ?
Ce document, consultable ci-dessous, est particulièrement destiné aux acteurs économiques.
Les solutions fondées sur la nature
Mise en avant par l’UICN depuis 2009, l’idée de « solutions fondées sur la nature » (SFN) invite à mieux s’appuyer sur des processus naturels, et pas seulement sur des moyens technologiques, pour répondre à des enjeux de société (changement climatique, santé et bien-être humains ou encore sécurité alimentaire). L’idée a été reprise par des instances de la politique de recherche à l’échelle européenne. La direction générale Recherche et Innovation de la Commission européenne a déjà lancé des appels à projets sur les Solutions fondées sur la nature. L’agenda stratégique de l’ERA-Net BiodivERsA comporte notamment un axe « biodiversité et Solutions fondées sur la sature ». Le conseil scientifique a mené des réflexions sur le potentiel de cette notion à inspirer de nouvelles recherches, ainsi que sur ses limites.
Islands | Assemblage des communautés écologiques sur les îles lointaines vers un nouveau modèle de biogéographie insulaire
La théorie de la biogéographie insulaire (ETIB) a longtemps servi de référent pour comprendre la formation des communautés sur les îles. Fondée sur le postulat que le nombre d’espèces d’une île dépend d’un équilibre dynamique entre des processus de colonisation et d’extinction, elle prédit notamment que les grandes îles ou celles qui sont proches des continents contiennent davantage d’espèces que les îles petites ou lointaines. Or bien que les prévisions de cette théorie aient souvent été vérifiées, la superficie et le degré d’isolement ne sont pas les seuls facteurs qui influencent la biodiversité des îles. En effet, la divergence évolutive et la formation de nouvelles espèces sur les îles est un paramètre qui n’a jusqu’ici pas été pris en compte.
Des études récentes ont suggéré que la spéciation – c’est à dire le processus évolutif par lequel de nouvelles espèces apparaissent – peut jouer un rôle analogue à la colonisation, en ajoutant des espèces aux communautés des îles éloignées. Deux populations insulaires issues d’un même événement de colonisation (une même population mère) peuvent ainsi se différencier à l’intérieur d’une île ou d’un archipel et devenir reproductivement isolées l’une par rapport à l’autre ; ce phénomène se nomme la cladogénèse. Mais les différences conséquentes entre les processus de spéciation et de colonisation ne permettent pas de déterminer comment et dans quelle mesure l’analogie peut être étendue à l’ETIB ou à d’autres théories pertinentes qui cherchent à expliquer l’assemblage communautaire.
L’objectif initial du groupe FRB-Cesab Islands a donc été de tirer parti des excellentes conditions expérimentales des systèmes insulaires pour examiner et comparer systématiquement l’influence des facteurs géographiques et géologiques sur l’évolution des assemblages écologiques, puis de fournir une nouvelle et meilleure compréhension des communautés d’espèces assemblées au fil du temps sur les îles.
Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.
Réponses et adaptations aux changements globaux
Le Conseil scientifique de la FRB souligne dans sa dernière prospective pour la recherche française sur la biodiversité l’importance de la question de l’adaptation, au regard de changements environnementaux très rapides.
Ce rapport développe :
- une prospective sur les recherches à mener sur l’adaptation aux changements globaux à différentes échelles, de l’organisme à la société. L’enjeu résulte de la nécessité de mieux comprendre – de l’échelle des individus à celle des espèces et communautés, jusqu’aux écosystèmes et socio-écosytèmes – les conséquences des changements globaux, dans un objectif d’anticipation des états futurs de la biodiversité ;
- des exemples de recherches illustrant l’état des connaissances dans le domaine ;
- l’identification de problématiques et axes de recherche prioritaires – et partagés.
Cette prospective est l’occasion de rappeler la capacité du vivant à évoluer et donc la responsabilité forte que porte nos sociétés pour maintenir cette capacité. Par les différents exemples donnés, l’ouvrage montre que si les mécanismes de renouvellement et d’évolution de la biodiversité sont maintenus, les capacités d’adaptation de la biodiversité face aux nouvelles contraintes environnementales seront mieux préservées. Ce document est ainsi une contribution à un changement des visions sur la biodiversité vue comme un processus dynamique.
Elle est à télécharger dans les ressources ci-dessous.
Scénarios de la biodiversité : Un état des lieux des publications scientifiques françaises
Une étude de profils Web of Science souligne l’expansion forte et récente de ce champ d’étude dans lequel la France participe à près de 7 % des publications internationales : la recherche française se situe ainsi au 6e rang mondial et au 3e rang européen en termes de nombre de publications sur les scénarios de la biodiversité.
Au-delà de cette étude de profils, une bibliographie fine de l’ensemble des travaux publiés ces quinze dernières années par la communauté scientifique française en matière de scénarios de la biodiversité – entendus comme “descriptions quantitatives ou qualitatives des devenirs possibles de la biodiversité et/ou des services écosystémiques associés” – est ici proposée.
L’analyse des 111 publications répondant strictement à cette définition révèle que les chercheurs français qui travaillent sur ce thème publient majoritairement des articles fréquemment cités, et ce, dans des revues à fort facteur d’impact. Ces publications sont pour la plupart le fruit de collaborations internationales. Une analyse détaillée des articles indique une forte représentation :
- des scénarios exploratoires,
- des travaux prenant l’espèce comme niveau d’étude de la biodiversité,
- du climat comme facteur de changement,
- des milieux forestiers, agricoles et montagnards européens et français,
- de l’échelle spatiale locale ou régionale,
- et des approches quantitatives basées sur de la modélisation, avec une prédominance des modèles de niche.
À l’inverse, les scénarios concernant les micro-organismes et le niveau infraspécifique de la biodiversité sont très peu représentés. Les services écosystémiques dépendant de la biodiversité sont également relativement peu étudiés. Enfin, une très large majorité de publications n’associe aucun acteur de la société. Cependant, l’étude permet d’identifier des formes de collaborations « science-société » à la fois innovantes et pertinentes pour la co-construction de scénarios.
Téléchargez l’intégralité de l’étude dans les ressources ci-dessous.
Les valeurs de la biodiversité #2 – un regard sur les approches et le positionnement des acteurs
Comment les acteurs de la société, au-delà des communautés scientifiques, se sont-ils emparés du thème des valeurs de la biodiversité ?
Par le recueil et l’analyse des discours de porteurs d’enjeux de la biodiversité, l’étude présentée dans ce rapport tente de répondre à cette question, en apportant un regard sur trois points principaux :
- les types de valeurs attribués à la biodiversité par les porteurs d’enjeux ;
- l’influence du cadre politique et juridique sur la prise en compte des valeurs de la biodiversité ;
- la manière dont les valeurs de la biodiversité peuvent être mobilisées dans les stratégies de positionnement des porteurs d’enjeux.
Cette étude, téléchargeable dans les ressources ci-dessous, présente ainsi des éléments clés pour la compréhension des motivations des acteurs autour de la biodiversité, de ce qui fait sens et ce qui a de l’importance pour eux. En venant compléter l’état des lieux de la recherche française sur les valeurs de la biodiversité, elle contribuera à alimenter le dialogue entre l’ensemble des acteurs, pour identifier des voies de progrès et des questions de recherche.
Les valeurs de la biodiversité #1 – un état des lieux de la recherche française
Comment les chercheurs abordent-ils la notion de valeur dans le domaine de la biodiversité ?
Au cours des vingt dernières années, la recherche sur la biodiversité a connu une importante recomposition de ses cadres de pensée, avec l’arrivée de nouveaux concepts et de nouveaux outils, dans le contexte d’une montée en puissance de la gouvernance mondiale et d’une transformation des modes de gestion à l’échelle locale. Cela a constitué le terreau de nouvelles réflexions – et parfois de vives controverses – autour de l’évaluation de la biodiversité et des valeurs qui lui sont attribuées par les sociétés humaines.
Ce rapport, consultable dans les ressources téléchargeables ci-dessous, analyse l’état et la dynamique de la recherche française autour des valeurs de la biodiversité à la lumière de ces évolutions. Il présente un tour d’horizon des questions abordées et des approches mobilisées par les chercheurs de différentes disciplines. Au fil de ce rapport, se dessine la structuration et la dynamique d’un champ de recherche en pleine évolution.













