Fronts de sciences 2025

Face au déclin accéléré de la biodiversité, où en est la recherche sur la biodiversité ? Quels sont ses avancées et les obstacles rencontrés ?

En 2025, le Conseil scientifique (CS) de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) met en lumière certaines des évolutions de la recherche sur la biodiversité et offre ainsi un aperçu de plusieurs actualités scientifiques et des défis auxquels la recherche fait face.

 

Dans cette édition 2025 vous retrouverez deux fronts de sciences sur les sujets :

  • Coupes rases et biodiversité forestière
  • Changements transformateurs : quelle participation efficiente pour les initier, piloter et adapter ?
     

Rencontre-Atelier n°1 – Surveillance et suivi de la biodiversité terrestre : les résultats du programme « Pressions anthropiques et impacts sur la biodiversité terrestre »

 

Les projets financés dans le cadre de ce programme ont pour but de caractériser les liens entre pressions et impacts des activités humaines sur la biodiversité terrestre, quantifier les impacts de ces pressions, examiner leurs effets interactifs, spatiaux et temporels & répondre aux lacunes des suivis actuels des pressions humaines (métriques, indicateurs, répartition spatiale, fréquence temporelle, types de pression, type de biodiversité). 

 

RDV le jeudi 25 septembre 2025 pour assister à la 1ère rencontre-atelier !

 

A destination des acteurs et chercheurs de la surveillance et du suivi de la biodiversité terrestre, cette rencontre-atelier permettra de discuter de manière approfondie des bases de données utilisées ou produites, des indicateurs, modèles testés ou développés ou de préconisation de bonnes pratiques provenant des résultats des projets pour une intégration dans les suivis de biodiversité, les politiques publiques, les stratégies de gestion des espaces et des espèces… Cette rencontre-atelier alimentera la révision du Schéma national de la surveillance de la biodiversité terrestre.  

Des résultats rassurants sur le déclin des insectes remis en cause par l’analyse détaillée d’une base de données mondiale

Le problème de la qualité des données en écologie : l’exemple d’InsectChange

 

La crise actuelle de la biodiversité soulève des enjeux écologiques, économiques et sociétaux majeurs. Aussi, des bases de données en écologie se multiplient pour évaluer les tendances de la biodiversité. Les résultats de ces évaluations influencent l’opinion publique et les décideurs. Or, bien qu’elle soit une condition nécessaire à la fiabilité des tendances estimées, la qualité de ces jeux de données fait rarement l’objet d’investigations poussées.

 

Les données sur les insectes n’échappent pas à ce constat. Les insectes assurent des services essentiels dans les écosystèmes (pollinisation, recyclage de la matière organique, source de nourriture pour de nombreuses espèces, contrôle des bioagresseurs …). Leur déclin est donc particulièrement préoccupant mais il est très difficile de mesurer précisément son ampleur et ses déterminants en raison de leur grande diversité taxonomique et d’un manque de données concernant certains groupes.

 

Ainsi, une évaluation minutieuse de la seule base de données mondiale sur les insectes, InsectChange, publiée dans Ecology en 2021, montre qu’il est crucial de mieux prendre en compte la question de la qualité des bases de données. InsectChange rassemble les données utilisées dans la méta-analyse de van Klink et al. publiée dans Science en 2020, qui montrait un déclin des insectes terrestres de 9 % par décade, et une augmentation des insectes d’eau douce de 11 % par décade. Cette méta-analyse ne mettait pas en évidence d’impact de l’agriculture sur le déclin des insectes. Elle argumentait au contraire que l’amélioration des pratiques agricoles était un facteur explicatif de l’augmentation des insectes d’eau douce. Cette méta-analyse, plutôt rassurante par rapport à d’autres résultats antérieurs, a fait néanmoins l’objet de plusieurs analyses critiques de la part de la communauté scientifique internationale, dont une publiée dans Science la même année. Les auteurs de l’article débattu ont publié une correction, mais celle-ci n’a considéré qu’à la marge les critiques énoncées, et la publication a continué à être fortement médiatisée. L’analyse complète de InsectChange, en révélant une accumulation d’erreurs et de biais dans les données, démontre que les tendances estimées et leurs déterminants ne sont pas fiables.

 

Cette analyse critique révèle plus de 500 erreurs et problèmes méthodologiques dans la constitution de cette base de données à partir de 165 jeux de données. Ces problèmes, parfois transmis depuis une autre base de données, relèvent de 17 types : chiffres mal reportés, biais d’échantillonnage, insectes comptés deux fois, unités de mesures non standardisées, etc. La méthode développée pour évaluer la base de données définit des critères spécifiques et regroupe les problèmes en quatre catégories : erreurs, incohérences, problèmes méthodologiques et déficit d’informations.

 

Illustration de la répartition et du nombre moyens des 17 types de problèmes rencontrés par jeu de données dans la base InsectChange, auquel s’ajoute le problème général de non-standardisation des données (non représenté sur le graphique). Ces types de problèmes appartiennent à quatre catégories : les erreurs, les incohérences, les problèmes méthodologiques et les déficits d’information.

 

Ainsi, l’analyse détaille quatre problèmes majeurs qui ont conduit à fausser l’analyse des tendances des insectes et celle de leurs déterminants.

 

 

Des données hétérogènes et leur transformation mathématique invalident l’estimation des tendances globales

 

Un problème majeur de la base de données réside dans le fait que les métriques (abondance, biomasse) sont disparates, les méthodes d’échantillonnage sont différentes et les unités de mesure ne sont pas standardisées. L’analyse montre que la transformation mathématique log(x+1) de ces données hétérogènes effectuée dans la méta-analyse de Science compromet la comparaison des pentes entre les séries temporelles et l’estimation des tendances globales des insectes. Elle ne permet pas, comme il était spécifié, de travailler sur des variations temporelles relatives et donc comparables entre jeux de données. Ce problème suffit ainsi à lui seul à invalider l’estimation faite des tendances des insectes dans le monde. 

 

 

Des erreurs conduisent à sous-estimer le déclin des insectes

 

La base de données présente plusieurs d’erreurs et d’incohérences comme :

  • l’inversion des chiffres entre le premier et le dernier enregistrement d’une série, transformant ainsi une diminution en une augmentation,
  • la sélection préférentielle dans certaines études de séries où la tendance des insectes augmentait,
  • ou encore la non-correction de l’augmentation de l’effort d’échantillonnage.

En plus de ces erreurs, un problème majeur a conduit à sous-estimer le déclin des insectes à partir de cette base de données. En effet, beaucoup de jeux de données comprennent des invertébrés qui ne sont pas des insectes, comme des moules envahissantes, des escargots, des vers et des crustacés. C’est le cas de près de la moitié des jeux de données d’eau douce concernant l’abondance des insectes (le nombre d’individus) et plus de trois quarts de ceux concernant leur biomasse (le poids cumulé des individus). Ce type d’erreur peut avoir des impacts importants sur l’évaluation des tendances : ainsi, un jeu de données d’un lac du Kazakhstan montre, en près d’un siècle, une augmentation exponentielle « d’insectes » … alors qu’il s’agit pour la plupart de coquillages envahissants, atteignant à la fin de la période considérée 95 % de la biomasse de l’assemblage total d’invertébrés pris en compte.

 

De plus, un examen minutieux des données sources a permis d’identifier les jeux de données pour lesquels il était en fait possible de séparer insectes et non insectes. Dans ces jeux de données, bien souvent la biomasse des seuls insectes diminuait, alors que celle des assemblages d’invertébrés présentés comme des insectes augmentait. Il a pu ainsi être démontré que la prise en compte de l’ensemble des invertébrés, et non des seuls insectes, conduisait à surestimer la tendance des « insectes » d’eau douce.

 

 
Des données sont issues de contextes spécifiques, influençant les tendances locales, mais non pris en compte

 

Une faille méthodologique réside dans le fait que plus de la moitié des publications sources étudiaient les dynamiques des insectes dans des contextes très spécifiques (mesures de restauration, création de nouveaux habitats, feu, sécheresse, traitements insecticides, etc.). Ces contextes étaient des perturbations extrêmes ou des facteurs étudiés comme pouvant influencer les dynamiques observées et testés au travers d’expériences contrôlées (avec manipulation du milieu) ou d’expériences naturelles (comparaison de sites naturellement perturbés avec d’autres restés intacts). Mais ces contextes spécifiques ne sont la plupart du temps pas reportés dans la base de données. Or ils créent des situations non représentatives de la diversité des conditions de vie des insectes dans le monde qui favorisent cinq fois plus fréquemment l’augmentation des insectes que leur diminution. L’utilisateur est laissé ignorant des biais dans les tendances, artificiellement causés par ces facteurs influents, et de la sous-estimation du déclin global des insectes qui en résulte.

 

 

Une méthodologie inappropriée conduit à écarter l’agriculture comme facteur du déclin des insectes

 

Alors que les contextes spécifiques aux études sources – facteurs les plus directement influents sur la dynamique des insectes – ne sont souvent pas reportés dans la base de données, cette dernière extrait depuis des bases externes des données concernant les facteurs anthropogéniques susceptibles d’influencer localement les tendances observées. Plus précisément, les données d’évolution des insectes dans InsectChange sont appariées via les coordonnées géographiques des sites d’échantillonnage avec d’autres bases de données mondiales décrivant l’évolution de l’utilisation des terres (agriculture, urbanisation) et du climat. Or, une analyse détaillée montre que pour deux tiers des jeux de données, l’appariement des bases de données est compromis parce que la zone d’échantillonnage est plus grande que la zone définie comme échelle locale dans la base de données externe, ou n’est pas localisée au bon endroit dans InsectChange. Par ailleurs, la base de données qui code la couverture des terres du globe à partir d’une interprétation automatisée d’images satellites, peut confondre les cultures agricoles avec des prairies, des steppes, etc. Ainsi, une analyse exhaustive montre que les sites considérés sans culture agricole au niveau local sont bien non cultivés, tandis que les sites considérés comme cultivés ne le sont en général pas, ou moins que ce qui est reporté. Cette surestimation importante de la couverture des terres cultivées conduit les auteurs de la méta-analyse à écarter ainsi de façon erronée les pratiques agricoles comme cause possible du déclin des insectes. À cause d’une méthodologie doublement inappropriée, InsectChange ne permet donc pas d’identifier les déterminants des tendances des insectes.

 

 

Conclusion

 

Ce travail minutieux et complet d’évaluation montre l’insuffisante attention accordée à la qualité des données d’InsectChange et amène à réfléchir sur la nécessité d’une évaluation systémique des grosses bases de données construites pour estimer les tendances de la biodiversité. À ce titre, la méthodologie reproductible développée pour évaluer InsectChange peut contribuer à l’élaboration d’une méthode généralisable d’évaluation de la qualité des bases de données en écologie.

 

Ce travail d’ampleur met également en garde contre les risques d’une science toujours plus rapide. Il appelle les revues scientifiques à améliorer leur processus d’évaluation par les pairs et à garantir la prise en compte des commentaires post-publication, afin de préserver la qualité des connaissances scientifiques. Cela concerne tout particulièrement les revues de renom, intermédiaires privilégiés des journalistes.

 

Enfin, cette démarche inédite met en lumière le rôle fondamental de l’organisation de chercheurs à but non lucratif Peer Community In. En publiant, comme elle l’a fait pour cette réanalyse des données de InsectChange, des commentaires critiques sans restriction éditoriale, selon une démarche de science ouverte et un processus d’évaluation indépendant et transparent, cette organisation participe à préserver l’intégrité scientifique et la qualité du débat scientifique.

 

 

Cet article a d’ores et déjà fait l’objet de différentes communications et reprises dans la presse. Merci à Laurence Gaume, chercheuse en écologie au CNRS, et Marion Desquilbet, chercheuse en économie de l’environnement (INRAE) d’avoir pris le temps de revenir sur ce texte pour la FRB.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[Programme Scénario #2] Scénarios territoriaux et trajectoires de transitions : préparer le terrain !

Pour contribuer à répondre à ces questions, la FRB a initié en 2022 le programme Scénario #2, intitulé « Comment vivre “bien“ en 2050 dans son territoire et quelles places pour la biodiversité, quels types de socio-écosystèmes, dans ce devenir ? ». 

 

Dans le cadre de ce programme et avec le concours du programme ÉRABLE (GIP EPAU) et du métaprogramme BIOSEFAIR (Inrae), la FRB organise un événement scientifique national sur le thème ” Scénarios territoriaux et trajectoires de transition : préparer le terrain ! “.

 

Cet événement s’appuiera sur des projets et sera constitué d’ateliers, de temps d’échange et de rencontres entre communautés intéressées. Il abordera les questions de transdisciplinarité, de prospective (en lien avec la prospective transition 2070 de l’Ademe), de potentiel transformateur des projets de recherche et permettra de travailler les trois piliers du programme : modélisation, mise en arts et carte cognitive. 

 

Les présentations des intervenants et intervenantes sont disponibles dans la partie ressources.

 

 

🎯 Cet événement a pour objectifs de :

 

  • faire circuler les savoirs, questionnements et expériences sur les scénarios de biodiversité ;
  • promouvoir la transdisciplinarité (ente disciplines et avec les acteurs) dans la recherche axée sur le développement de scénarios et de trajectoires de transition dans les territoires : partage d’expériences réussies et moins réussies, spécificités des travaux avec les acteurs, finalités des projets, etc. ;
  • faciliter les connexions, les rencontres, les collaborations entre chercheurs, chercheuses et actrices, acteurs s’appuyant sur les récits, les cartes cognitives, les modèles quantitatifs et/ou qualitatifs ;
  • informer sur le programme Scénario #2 ;
  • préciser les questions de recherche d’intérêt, bien positionner les futurs au centre des travaux et engager une recherche transformative via les interactions avec les acteurs.

 

Il s’adresse aux chercheuses, chercheurs, actrices et acteurs qui développent ou souhaitent développer, de manière transdisciplinaire, des scénarios de transition des socio-écosystèmes.

 

Outils d’exploration de futurs plausibles, les scénarios sont des vecteurs de prise de conscience, de connaissances, d’endossement des responsabilités sur des sujets complexes et difficiles à appréhender. Ils sont précieux pour développer des capacités d’anticipation, de décisions et d’organisation collective. Alors même que la notion de « consensus » peut être questionnée du fait de la diversité des parties prenantes, des valeurs et conceptions de monde, les scénarios peuvent aider à identifier une variété d’options (difficultés, risques, opportunités et forces), à construire des solutions et aussi à négocier des compromis.

[Biodiversité et changement climatique] Mieux comprendre la redistribution du vivant pour mieux anticiper l’avenir

Ces dernières semaines, trois papiers majeurs sont parus à ce sujet dans des revues scientifiques différentes (Nature Reviews Earth & Environement, Proceedings of the National Academy of Science, Global Change Biology) : le fruit d’un travail conséquent mené par un consortium de 23 chercheurs et chercheuses de 8 nationalités différentes, réunis au sein de BioShifts, un groupe de recherche financé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), à travers son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab).

 

En montagne, les neiges éternelles marquent une limite entre le royaume des glaces de l’étage nival et les étages sous-jacents. C’est la manifestation visible et tangible de l’isotherme du 0°C. Avec le réchauffement, l’isotherme du 0°C remonte inexorablement, et de manière accélérée, vers les sommets en altitude et vers les pôles en latitude, et avec lui la limite des surfaces gelées. Alors qu’il était jusqu’à présent largement accepté que les migrations du vivant suivaient cette même logique, une étude publiée en avril par le consortium BioShifts dans la revue Nature Reviews Earth & Environment montre que seulement 59 % des migrations d’espèces documentées dans la littérature scientifique sont conformes aux directions attendues (c’est-à-dire vers les pôles en latitude ou les sommets en altitude). En analysant les données publiées à travers plus de 250 études, les scientifiques confirment la migration des espèces mais révèlent qu’elles ne se déplacent pas toutes dans les mêmes directions (35 % partent même dans des directions opposées) ni même à la même vitesse que la migration des isothermes. D’autres paramètres que la température entrent donc en jeu pour expliquer les différences entre la redistribution et la vitesse de migration des espèces attendues et celles finalement observées.

 

Une première piste proposée par le groupe incite à considérer la connectivité spatiale des habitats et donc des isothermes. Celle-ci est par exemple plus importante et resserrée en montagne que dans les régions de grandes plaines, ce qui pourrait expliquer des différences de vitesse de migration (cf J. Lenoir, PNAS 2024). La seconde piste concerne les traits d’histoire de vie ou caractéristiques fonctionnelles des espèces. Dans une autre étude, parue cette année dans la revue Global Change Biology, les chercheurs et chercheuses du groupe BioShifts montrent cette fois que le degré d’exposition au changement climatique affecte différemment la redistribution des espèces en fonction de leurs caractéristiques fonctionnelles (durée de vie, capacités de dispersion, etc.). Bien que leur prise en compte soit complexe, ne pas les prendre en compte peut amener à conclure, à tort, que les traits d’histoire de vie ne sont pas importants. Un phénomène décrit avec précision dans l’étude qui dresse une feuille de route avec des recommandations adressées aux chercheurs pour mieux les intégrer par la suite dans leurs études.

 

Grâce aux méthodes pointues de synthèses de données et de connaissances, les travaux menés par les scientifiques du groupe Bioshifts offrent aujourd’hui une vision plus claire de la manière dont les espèces s’adaptent au changement climatique. Des informations précieuses pour perfectionner les scénarios et mieux éclairer les décideurs.

[Programme FRB-MTE-OFB Pressions anthropiques et impacts sur la biodiversité terrestre] Sept projets sélectionnés suite à l’appel 2023

Les résultats des recherches financées par le programme devraient permettre de contribuer à renforcer les actions de la société dans son ensemble pour enrayer le déclin de la biodiversité et favoriser un développement humain soutenable.  

 

 

 

 

 

 

Trois types de projets sont financés par l’appel de 2023 :

 

1 PROJET REVUE SYSTEMATIQUE
EBENN

Porteurs du projet : Yorick Reyjol (PatriNat) et Romain Sordello (PatriNat)

 

Quel est l’Effet sur la Biodiversité des écosystèmes forestiers tempérés et tropicaux des plantations d’Espèces d’arbres Non-Natives ?

L’objectif du projet EBENN est de produire une synthèse des effets, et de tenter d’identifier quelles espèces d’arbres non-natives plantées génèrent le plus d’effet sur la biodiversité forestière et dans quelles configurations.

 

Consulter la page du projet

Ce projet, d’une durée de deux ans, doit présenter un état des lieux des pratiques humaines ayant un impact sur la biodiversité et une synthèse de l’état de la connaissance sur les impacts considérés. 

 

 

3 PROJETS SYNERGIE

CARAPAT

Porteurs du projet : Etienne Gaujour (Institut Agro Dijon) et Audrey Michaud (Université Clermont Auvergne, INRAE, VetAgro Sup)

 

CARAbidés et systèmes de PATurage de prairies permanentes

Ce projet CARAPAT vise à montrer comment différents systèmes de pâturage peuvent affecter les communautés végétales et les communautés de carabidés des prairies permanentes.

 

Consulter la page du projet

 

ELAN

Porteuse du projet : Coralie Calvet (AgroParisTech, Montpellier)

 

Étude des Luttes écologiques pour l’Action eNvironnemental

Le projet ÉLAN vise à étudier les mouvements citoyens pour la justice environnementale, communément dénommés “luttes écologiques”, à l’échelle de la France métropolitaine en se basant sur l’étude d’une base de données publique qui recense plus de 600 luttes.

 

Consulter la page du projet

FRAGSHIFTS

Porteurs du projet : Jonathan Lenoir (CNRS, Université de Picardie Jules Verne) et Lise Comte (Conservation Science Partners)

 

Impact de la fragmentation forestière et des infrastructures routières sur la vitesse de migration des espèces végétales vers les sommets des montagnes françaises

L’objectif du projet FRAGSHIFTS est de faire la lumière sur l’influence des pressions humaines sur la vitesse et la direction des déplacements des espèces végétales forestières le long du gradient d’altitude au sein des montagnes françaises.

 

Consulter la page du projet

Ces projets, d’une durée d’un an, devront apporter des réponses complémentaires sur une question qui émerge d’un projet de recherche finalisé ou en cours de réalisation, et ainsi permettre d’éclairer les porteurs d’enjeux sur les indicateurs de mesures.

 

 

3 PROJETS SYNTHESE DE DONNEES CESAB

BEYONDS

Porteuses du projet : Clélia SIRAMI (Inrae) et Lauriane MOUYSSET (CNRS)

 

Prédictions de la biodiversité selon des scénarios de décroissance

Le projet BEYONDS vise à explorer les conséquences, pour la conservation de la biodiversité, de trajectoires économiques et sociétales alternatives afin de combler une lacune des analyses prédictives existantes

 

Consulter la page du projet

 

FELLOW

Porteurs du projet : Elena KAZAKOU (Institut Agro Montpellier UMR Cefe) et Guillaume FRIED (Anses)

 

Dynamique spatio-temporelle des communautés de plantes adventices et leur rôle sur les services écosystémiques le long d’un gradient de pressions humaine.

Le projet FELLOW vise à quantifier l’importance relative de différents facteurs sur les propriétés fonctionnelles de la flore et à évaluer sa valeur en termes de biodiversité pour fournir des ressources aux pollinisateurs, aux insectes, aux oiseaux et à d’autres organismes.

 

Consulter la page du projet

 

FunBioDiv

Porteurs du projet : Aude VIALATTE (Inrae), Adrien RUSCH (Inrae)

 

Analyse fonctionnelle de la lutte biologique contre les bioagresseurs par la diversification des plantes à toutes les échelles

Le projet FunbioDiv évalue l’impact de la combinaison de stratégies de diversification végétale à différentes échelles spatiales et temporelles sur la biodiversité et sur le contrôle des bioagresseurs des cultures.

 

Consulter la page du projet

Ces projets d’une durée de trois ans, devront développer des synthèses d’idées et/ou de concepts, des analyses de données existantes, et devront s’intéresser aux facteurs affectant l’état, l’évolution et la dynamique de la biodiversité. 

 

 

+ d’infos

Consulter la page de l’appel à projets
>>> Pressions anthropiques et impacts sur la biodiversité terrestre <<<

Consulter la page du programme
>>> Pressions anthropiques et impacts sur la biodiversité terrestre <<<

[ANR-AllEnvi-FRB] 15 ans de recherches en biodiversité : bilan des financements et perspectives

 

 

L’ANR, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et l’alliance Allenvi proposent une événement de bilan et de perspectives basée sur l’analyse de 15 années de financement ANR et sur l’exercice de prospective sur la biodiversité. Une journée d’échanges basée sur deux documents qui seront prochainement publiés : une analyse scientifique et sémantique de 15 années de financement de l’ANR et un exercice de prospective d’AllEnvi sur la biodiversité.

 

Au programme :

 

>> Présentation de projets 

>> Tables rondes

>> Moments d’échanges entre participants et intervenants

 

 

Consulter la page de l'événement

 

Informations et  inscriptions à venir

 

 

Ce colloque s’inscrit dans le cadre de la sortie prochaine de deux analyses :

 

  • Un cahier « Biodiversité » de l’ANR et de la FRB sur les projets soutenus par l’ANR entre 2005 et 2019, véritable synthèse des thématiques, des acteurs, et des pratiques mobilisées ;
  • Une prospective conduite par la FRB et Allenvi pour la recherche française sur la biodiversité.

 

Ce colloque s’adresse aux scientifiques, aux gestionnaires d’espaces naturels, aux acteurs publics et institutionnels de la recherche et plus largement à celles et ceux intéressés par les questions de biodiversité.

 

Prospective scientifique pour la recherche française sur la biodiversité – 2023

Le paysage de la connaissance et de la recherche a fortement changé ces dernières années avec la publication des grandes évaluations de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes), la mise en place du Partenariat européen cofinancé sur la biodiversité, Biodiversa+, ou encore le développement du Groupe d’observation de la Terre, Geo. À cela s’ajoute le besoin de plus en plus affirmé par les citoyens, par les acteurs publics et privés, de mieux protéger la biodiversité sous toutes ses facettes.

 

Le point de vue adopté dans cette prospective est d’explorer les avancées et perspectives des études et sciences de la biodiversité à la lumière des trois objectifs de la Convention sur la diversité biologique (CDB) liés à la biodiversité : préservation ; utilisation durable ; accès et partage des avantages. Ces objectifs et leur combinaison difficile, mais nécessaire, concernent la recherche la plus fondamentale comme la plus impliquée : de l’écologie aux sciences de l’évolution en passant par l’économie, la sociologie et l’anthropologie. Ils impliquent d’aborder de concert la biodiversité et les sociétés, d’envisager leurs relations en termes de systèmes dynamiques, d’interconnexions, de rétroactions et d’évolution.

 

Les axes structurant de la prospective impliquent de manière très différente les disciplines scientifiques, leurs relations avec les savoirs vernaculaires et partagent les mêmes exigences intellectuelles, chacun combinant des enjeux de connaissances à la fois très fondamentaux et très pratiques.

 

L’ambition de cette prospective pilotée par la FRB : que les parties prenantes françaises disposent d’une vision intégrative et inclusive des problématiques de recherches sur la biodiversité. Elle est en conséquence fondée sur les recommandations mondiales, européennes, les plus récentes. Au-delà de la résonnance qu’il trouvera auprès d’un public académique, ce texte s’adresse aux acteurs publics et privés en mesure d’appuyer la programmation et le financement de la recherche sur la biodiversité.

 

[FRB-Cesab] Cet été au Cesab, chercheuses et chercheurs venant des trois continents se sont rassemblés pour mieux connaître le rôle de la macrofaune des sols dans les tropiques

 

Dans le cadre du projet de recherche FaunaServices, portant sur les relations entre la biodiversité de la macrofaune du sol et la fourniture de services écosystémiques dans les néotropiques (tropiques d’Amérique centrale et du Sud), des scientifiques d’Amérique du Sud, d’Europe, et du Canada collaborent au cours de quatre sessions de travail d’une semaine, deux hébergées au Cesab, en France, et deux ayant lieu dans l’état de Sao Paulo, au Brésil. Ce partenariat permet, pour la première fois, de synthétiser les données sur les liens entre biodiversité des sols et cinq services écosystémiques majeurs rendus par les sols tels que la fertilité, la séquestration du carbone, la retenue d’eau ou encore la régulation de pathogènes et parasites.  

 

Ce partenariat unique a, en plus, bénéficié cette année d’une contribution de l’ambassade de France au Canada qui a financé la participation d’un chercheur canadien à la session de travail. Ainsi, suite à un appel à participation, Zoe Lindo, spécialiste de la biodiversité des sols et de leurs fonctions écosystémiques à l’Université d’Ontario, a pu apporter des contributions majeures au groupe. Plus particulièrement, Zoe a partagé avec le groupe son package R récemment publié qui permet de modéliser les réseaux trophiques dans les écosystèmes des sols.  

 

Cette seconde session au Cesab a donc été l’occasion de rassembler expertes et experts ayant des compétences complémentaires sur un même thème, une collaboration impossible sans le soutien des multiples partenaires du projet.  

La biodiversité : concepts, tendances, menaces et perspectives

À travers un article de vulgarisation et de synthèse, les auteurs, Sandra Diaz et Yadvinder Malhi, travaillant respectivement en Argentine et au Royaume Unis, proposent d’interroger le concept de biodiversité : comment la définir ? Comment l’évaluer, combien y a-t-il d’espèces vivantes : plusieurs millions ou plusieurs milliards ?

 

>> Le saviez-vous ?  Près de 90 % des espèces connues sont terrestres.

 

 

Les auteurs discutent également l’ampleur des impacts humains sur la biodiversité, en particulier les vitesses d’extinction, qui peuvent être 100, 1000, 10 000 voire 100 000 fois plus rapides, en fonction des groupes d’espèces vivantes que lors des 5 grandes extinctions de masse connues. Ou encore les périodes pendant lesquelles les impacts massifs ont commencé.

 

>> Le saviez-vous ? Plus de 98 % de la biomasse des mammifères a déjà disparu il y a 10 000 ans en raison de la chasse, de l’occupation de l’espace et de la transformation des paysages.

 

 

Enfin, les auteurs examinent les causes profondes de l’extinction moderne en lien avec les facteurs directs et indirects de pression.

 

>> Le saviez-vous ?  23 % du déclin de la biodiversité est dû à l’exploitation directe des espèces, comme la chasse, la pêche, la foresterie, l’agriculture, et non pas seulement à la surexploitation comme on entend souvent ?

[Programme Scénario #2] Scénarios territoriaux et trajectoires de transitions : quelles recherches transdisciplinaires ?

Face à cette diversité de territorialisations, aux interrogations associées et à la demande d’éclairages scientifiques, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et Future Earth (FE) organisent un atelier national de facilitation des collaborations sur le thème : « Scénarios et trajectoires de transitions : quelles recherches transdisciplinaires ? ». Cet atelier s’adresse à toutes et tous, chercheurs, chercheuses, acteurs et actrices, souhaitant développer de manière transdisciplinaire et collaborative des scénarios et des trajectoires de transition des socio-écosystèmes.

 

 

Cet atelier s’inscrit dans le programme Scénario porté par la FRB : « Comment vivre “bien“ en 2050 dans son territoire et quelles places pour la biodiversité, quels types de socio-écosystèmes, dans ce devenir ? ». Un appel à projets sera ouvert à la suite de cet atelier. Il soutiendra des recherches engageant les acteurs dans la conception de scénarios territorialisés et s’appuyant sur les récits, les cartes cognitives, les modèles quantitatifs et/ou qualitatifs.

 

 

S'inscrire

 

 

L’atelier a pour objectifs de :

 

  • promouvoir la transdisciplinarité (ente disciplines et avec les acteurs) dans la recherche axée sur le développement de scénarios et de trajectoires de transition dans les territoires : partage d’expériences réussies et moins réussies, spécificités des travaux avec les acteurs, finalités des projets, etc. ;
  • faciliter les connexions, les rencontres, les collaborations entre chercheurs et acteurs s’appuyant sur les récits, les cartes cognitives, les modèles quantitatifs et/ou qualitatifs ;
  • informer sur le programme Scénario et sur l’appel à projets de ce programme ;
  • préciser les questions de recherche d’intérêt, bien positionner les futurs au centre des travaux et engager une recherche transformative via les interactions avec les acteurs.

 

 

Toutes les informations sur l'atelier

 

 

Outils d’exploration de futurs plausibles, les scénarios sont des vecteurs de prise de conscience, de connaissances, d’endossement des responsabilités sur des sujets complexes et difficiles à appréhender. Ils sont précieux pour développer des capacités d’anticipation, de décisions et d’organisation collective. Alors même que la notion de « consensus » peut être questionnée du fait de la diversité des parties prenantes, des valeurs et conceptions de monde, les scénarios peuvent aider à identifier une variété d’options (difficultés, risques, opportunités et forces), à construire des solutions et aussi à négocier des compromis.

 

 

Les personnes intéressées par l’atelier et/ou l’appel à projets ont également la possibilité de déposer une courte note d’intention.

[Interview croisée] Un nouveau projet conjoint dédié aux risques liés à la perte des bénéfices que nous retirons de la biodiversité

Bonjour à tous les deux, pouvez-vous nous en dire plus sur le pourquoi de ce programme ?

 

Hélène Soubelet (HS) – Face à la conscience croissante que l’humanité a atteint et dépassé plusieurs limites planétaires qui maintiennent, pour l’instant encore, de bonnes conditions de vie sur la majorité de la Terre, le besoin de compréhension des enjeux et de recommandations pour l’action, n’a jamais été aussi pressant. Les acteurs se tournent alors vers la recherche afin qu’elle leur apporte des clés pour agir. Plusieurs outils existent : financer des projets de recherche, solliciter l’expertise de groupes de chercheurs et chercheuses, analyser l’état de la connaissance déjà disponible.

 

La question qui est posée dans le programme de connaissance en partenariat avec la Fondation Crédit Mutuel Alliance Fédérale est l’une des plus complexes et des plus cruciales : peut-on avoir une idée des risques que nous, nos activités, notre économie, notre bien-être, encourons en raison de la perte des bénéfices, gratuits, invisibles, que nous retirons de la biodiversité ?

 

Nous savons déjà que la perte de biodiversité entraine la perte de nombreuses contributions que nous retirons de la nature. En particulier, les scientifiques documentent la décroissance inquiétante de la fertilité des sols, la diminution de la capacité des écosystèmes à réguler les pathogènes, la perte des pollinisateurs, la simplification de nos paysages qui détruisent des habitats naturels, mais aussi des identités culturelles. Mais nous manquons d’une vision globale : qu’est-ce qui diminue, en quelle quantité, quelles en sont les conséquences à court ou moyen termes ? Répondre à ces questions est essentiel pour faire avancer la connaissance et accompagner la transition nécessaire à notre avenir et à celui des générations futures : des changements s’imposent, encore faut-il savoir lesquels en portant une attention particulière aux « fausses solutions » qui peuvent s’avérer délétères. C’est un programme aussi ambitieux qu’exploratoire !

 

Christophe Salmon (CS) – De notre côté, lorsque la Fondation Crédit Mutuel Alliance Fédérale s’est créée, elle s’est donnée comme domaine d’action l’Environnement. Avant d’agir, la Commission Environnement, qui est composée d’élus et de collaborateurs du groupe, a eu pour première mission de définir des axes stratégiques pertinents et ayant un impact réel et concret. Naturellement, la préservation de la biodiversité s’est rapidement imposée comme un enjeu majeur étant donné les pressions qu’elle subit menaçant directement le développement durable de l’ensemble des êtres vivants. Et c’est un membre de cette même Commission Environnement, Virginie McGetrick, Responsable ingénierie et montages structurés au CIC, qui nous a proposé ce projet ambitieux et innovant de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité. Avoir une vision globale des risques liés au déclin des services que les humains retirent de la biodiversité, c’est ce que nous recherchons au travers de ce projet.

 

 

Concrètement, comment la FRB s’empare-t-elle de cette question ?

 

HS – Un des outils les plus efficaces pour explorer les connaissances est la revue systématique de la littérature scientifique. Elle permet, en posant une question précise, de capter dans les bases de données de publications scientifiques tous les articles qui répondent totalement ou partiellement à la question et de les sélectionner par une démarche rigoureuse. Le processus est long, avec un protocole précis qui doit être suivi, mais il permet de capter la majorité des preuves scientifiques déjà publiées sur la question. C’est cet outil qui a été choisi dans le cadre de ce programme, car le sujet est assez diffus : il fait appel à de nombreuses disciplines scientifiques – écologie, économie, sociologie, géographie, agronomie – qui ne publient pas nécessairement ensemble. Au travers de plusieurs sous-questions centrées sur les activités connues pour être les plus impactantes (agriculture, pêche, foresterie, mines, économie, tourisme, urbanisation), le programme ambitionne de décrypter ce que dit aujourd’hui la science sur les conséquences économiques, sociales, environnementales de la perte des services écosystémiques. La FRB analysera aussi, au travers des exemples issus de la littérature, les mécanismes, en particulier les « fausses bonnes idées », qui ralentissent le développement d’alternatives durables, conduisent à une destruction du vivant et, in fine, d’un environnement favorable à une bonne qualité de vie sur Terre.

 

CS – Et c’est ce qui nous a tout de suite parlé dans ce projet : son caractère innovant ! Déjà par cette volonté manifeste des équipes de la FRB de vouloir donner cette vision globale. On s’est rendu compte qu’il y a des milliers de recherches et de publications scientifiques sur des domaines et des questions spécifiques, mais peu, jusqu’à présent, vont jusqu’aux relations de causalité, de manière transverse et dans le but d’agir.

Par ailleurs, nous avons également beaucoup apprécié la démarche de co-construction qui s’est installée avec les équipes de la FRB. Avant de lancer concrètement cette étude, nous avons travaillé avec eux pour affiner les contours de ce projet et identifier les sous-thématiques qui nous semblaient les plus impactées par l’érosion de la biodiversité. L’objectif est de faire ressortir les solutions qui permettront d’obtenir des résultats concrets tout en s’écartant des « fausses bonnes idées » qui peuvent favoriser le fait de ne s’attaquer qu’à un seul maillon de la chaîne sans voir le problème dans sa globalité.

 

 

Ce programme s’inscrit dans la recherche partenariale science-action, en quoi cela consiste ?

 

HS – Oui, il en est un excellent exemple. Tout d’abord par la co-construction de la question de recherche. Ensuite, par le financement pluriannuel qui donne du temps à la synthèse de connaissances. Enfin, par le partage de rôles et la confiance réciproque entre nos deux fondations : cela permet un travail concerté et fructueux ainsi qu’une large diffusion au sein de nos sphères respectives. Il me parait illustrer parfaitement d’une part le dialogue et la collaboration science-société portés par la FRB et d’autre part la prise de conscience de la responsabilité sociale et environnementale d’un acteur économique, ces deux axes étant essentiels pour notre avenir et celui des générations futures.

 

CS – Cela se résume en un mot : la CONFIANCE. Nous ne sommes pas des experts de la biodiversité. Comme tout un chacun, nous souhaitons agir pour faire face au défi climatique actuel. Mais pour cela, encore faut-il savoir comment agir efficacement. Et c’est tout l’intérêt de cette étude qui souhaite mettre en lien et traduire, concrètement et simplement, les impacts de l’érosion de la biodiversité et des services qu’elle nous rend sur notre vie de tous les jours. Pour bien le faire, cela nécessite de créer une véritable relation partenariale qui conjugue confiance en l’expertise des scientifiques de la FRB, soutien de long terme permettant de donner de la sécurité et de la perspective et partage de points de vue constructifs et complémentaires au sein d’un Comité de pilotage commun. Nous tenons à cette méthode, car c’est elle qui nous permet d’affiner au fur et à mesure l’approche scientifique de cette étude. Faire confiance, s’impliquer, partager : c’est en définitive l’ADN de notre fondation.

[Appel à projets FRB-MTE-OFB 2022] Neuf projets sélectionnés suite à l’appel “Impacts sur la biodiversité terrestre dans l’anthropocène”

Dans le cadre de la mise en place du  programme national de « surveillance de la biodiversité terrestre » porté par l’Office français de la biodiversité (OFB) visant à mesurer, identifier et suivre l’influence des activités humaines sur la biodiversité et les pratiques les plus vertueuses à valoriser, le ministère de la Transition écologique (MTE) et la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) ont lancé un appel à projets de recherche en 2022 « Impacts sur la biodiversité terrestre dans l’anthropocène », sur la caractérisation des impacts positifs, négatifs ou l’absence d’impacts des activités humaines et des pressions induites sur l’état et la dynamique de la biodiversité terrestre.

 

Trois types de projets sont financés par l’appel de 2022 :

 

DES PROJETS SYNTHÈSE

  • Discar – Population consequences of human DISturbance on small CARnivores ; Olivier Gimenez (CNRS) et Sandrine Ruete (OFB),
  • DragonDragonflies as bellwether for the human impact on interface ecosystems ; Colin Fontaine (CNRS) et Reto Schmuki (UK Centre for Ecology and Hydrology),
  • Motiver – Developing agri-environmental Indicators to MOnitor The Impact of human-driven landscape changes on biodiVERsity in European farmland ; Gaël Caro (Univ de Lorraine) et Ronan Marrec (Univ de Picardie)

Ces projets, d’une durée de trois ans, devront développer des synthèses d’idées et/ou de concepts, des analyses de données existantes, et devront s’intéresser aux facteurs affectant l’état, l’évolution et la dynamique de la biodiversité.

 

DES PROJETS SYNERGIE 

 

  • ComepiCOmprendre les patrons de biodiversité et leurs impacts fonctionnels, MEsurer des indicateurs pour PIloter les habitats par la gestion anthropique ; Anne BONNIS (CNRS)
  • IndicatorsPlant reproductive strategies as new diversity indicators – proof of concept in agricultural landscapes ; Sylvain GLEMIN (CNRS)
  • PppirecPollinisateurs, Pesticides, et Paysages : Indicateurs de Réponses, des Espèces aux Communautés ; Nicolas DEGUINES (CNRS, Université de Poitiers)
  • RodexpoAnticoagulant rodenticides in rodent communities sampled along a gradient of forest anthropisation : exposure and resistance ; Virginie LATTARD (Vet-Agrosup)

 

Ces projets, d’une durée d’un an, apporteront apporter des réponses complémentaires sur une question qui émerge d’un projet de recherche finalisé ou en cours de réalisation, et permettront d’éclairer les porteurs d’enjeux sur les indicateurs de mesures et les pratiques à promouvoir pour préserver la biodiversité.

 

DEUX PROJETS REVUE SYSTÉMATIQUE

 

  • DesybelA SYstematic review on the impact of anthropogenic noise on terrestrial biodiversity ; Yorick REYJOL (MNHN)
  • Tres-PraticTrait-based responses of soil fauna to agricultural practices & agricultural management strategies: a systematic review and meta-analysis ; Mickael HEDDE (Inrae)

 

[Appel à projets] Ouverture de deux appels à projets sur la biodiversité «DataShare» et «Pressions anthropiques et impacts sur la biodiversité terrestre»

Deux appels à projets permettent le financement de projets de recherche sur la biodiversité de 1 à 3 ans.

 

Appel à projets DataShare 2023

 

L’objectif de cet appel DataShare est d’accélérer le partage d’ensembles de données en libre accès et à grande échelle sur la biodiversité. Cet appel complète les appels classiques de synthèse sur la biodiversité, qui visent à encourager l’analyse des données existantes et la synthèse d’idées et de concepts, en mettant l’accent sur la compilation et le partage des données. Il peut être considéré comme une étape préliminaire, mais non obligatoire, avant de soumettre une proposition de recherche à un appel de synthèse classique sur la biodiversité (par exemple Cesab, sDiv, NCEAS).

Pour sa seconde édition 2023, quatre projets de deux ans seront financés, avec le soutien d’un.e datascientist.

 

Plus d'informations

 

 

Appel à projets Pressions anthropiques et impacts sur la biodiversité terrestre 2023

 

Dans le cadre de la mise en place du  programme national de « surveillance de la biodiversité terrestre » mis en place par le Ministère de la Transition Ecologique (MTE) et l’Office français de la biodiversité (OFB), la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) lance, pour la troisième année consécutive, l’appel à projets de recherche « Pressions anthropiques et impacts sur la biodiversité terrestre ». Cet appel a pour objectif de caractériser les liens entre pressions et impacts des activités humaines sur la biodiversité terrestre.

 

Les résultats des recherches financées par le programme devraient permettre de contribuer à renforcer les actions de la société dans son ensemble pour enrayer le déclin de la biodiversité et favoriser un développement humain soutenable.  

 

Cet appel permettra le financement de :

  • 3 projets de SYNTHÈSE de données de trois ans – ces projets devront développer des synthèses d’idées et/ou de concepts, des analyses de données existantes, et devront s’intéresser aux facteurs affectant l’état, l’évolution et la dynamique de la biodiversité. 
  • 4 à 6 projets SYNERGIE d’un an – ces projets devront apporter des réponses complémentaires sur une question qui émerge d’un projet de recherche finalisé ou en cours de réalisation, et ainsi permettre d’éclairer les porteurs d’enjeux sur les indicateurs de mesures et les pratiques à promouvoir et abandonner pour préserver la biodiversité.
  • 1 à 2 projets de REVUE SYSTÉMATIQUE de deux ans – ces projets devront présenter un état des lieux des pratiques humaines ayant un impact sur la biodiversité et une synthèse de l’état de la connaissance sur les impacts considérés

 

 

Plus d'informations

Forcis | Réponse des foraminifères au stress climatique

Les émissions anthropogéniques de CO2 causent un réchauffement de l’océan, mais également une baisse du pH de l’océan de surface. Cette acidification de l’océan affecte les organismes marins calcifiants, qui jouent un rôle clé dans la pompe biologique. Parmi ces organismes, les coquilles fossilisées des foraminifères planctoniques constituent l’archive géologique la plus documentée de la biodiversité passée mais aussi des paléoclimats. Les changements récents des faunes de foraminifères planctoniques n’ont jamais été synthétisés à l’échelle globale, alors que la distribution de ces micro-organismes a déjà été impactée.

Le projet FRB-Cesab Forcis a étudié la réponse des foraminifères planctoniques aux stress climatiques via l’analyse de données mondiales depuis 1910. Il visait à constituer une base de données, identifier les facteurs environnementaux influents et modéliser leurs réponses passées et futures aux changements globaux.

 

Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.

La démographie, une des pressions indirectes identifiées par l’Ipbes

Ce travail s’appuie sur une brève synthèse de la littérature scientifique publiée entre 2019 et début 2021 et a bénéficié de relectures par les membres du Conseil scientifique de la FRB. Il est original en ce qu’il est focalisé sur le réseau des liens entre la biodiversité et le facteur indirect sans doute le moins exploré de ce point de vue : la démographie humaine.

 

Première approche de mise en évidence des impacts entre démographie humaine et biodiversité, fondée sur les résultats de travaux de recherche, il a vocation à se poursuivre et à être enrichi par des échanges en interne et l’ensemble des partenaires de la Fondation. Les fiches présentées ci-après approfondissent les éléments de connaissance autour de la démographie humaine (FICHE 1) et de la manière dont elle peut influencer les facteurs directs et certains facteurs indirects façonnant la biodiversité (FICHES 2 à 11). La quantification de l’effet de la croissance de la population humaine sur l’érosion de la biodiversité, par rapport à d’autres facteurs de pression, comme le changement climatique par exemple, reste, quant à elle, un aspect peu abordé dans la littérature et constitue à ce titre un « front de science », une question appelant à des recherches inédites.

 

Dans son récent rapport sur l’état et les tendances de la biodiversité mondiale (années 1970-2050), l’Ipbes dresse le constat de l’impressionnante détérioration de la biosphère à toutes les échelles spatiales, ainsi que de l’exceptionnelle rapidité de l’érosion de la biodiversité – des gènes aux communautés d’espèces – la dégradation des écosystèmes.

 

Parallèlement :

  • le nombre d’humains a triplé au cours du demi-siècle écoulé ;
  • en sept décennies, de 1950 à 2019, le produit intérieur brut (PIB) global par habitant a presque quintuplé, passant de 3 500 à 17 000 dollars internationaux (réf. prix 2011) alors que la population mondiale passait de ∼2,5 à 7,7 milliards d’humains ; l’activité économique s’est alors construite sur l’exploitation de ressources finies rendant ce modèle non soutenable (Barrett et al., 2020) ;
  • les besoins en énergie et matières premières se sont accrus de concert avec l’intensification du commerce international (Gephart & Pace, 2015 ; Wiedmann & Lenzen, 2018 ; Liu et al., 2019 ; Scheffers et al., 2019 ; Green et al., 2019 ; Xu et al., 2020) ;
  • la superficie des zones urbaines et du réseau de leurs infrastructures a doublé en trois décennies (Johnson & Munshi-South, 2017 ; Weiss, 2018) : plus d’une personne sur deux vit aujourd’hui en ville et ce chiffre devrait être porté à deux sur trois en 2050 ; la taille des villes a augmenté de manière exponentielle depuis 1950 et les 28 premières agglomérations dans le monde, en 2030, auront des effectifs proches ou supérieurs à 20 millions d’habitants (United Nations, 2018) créant une demande en infrastructures et approvisionnements (énergie, alimentation, etc.) ;
  • les terres consacrées à l’agriculture et à l’élevage occupent désormais plus du tiers des surfaces continentales (Ipbes, 2019) et, si une grande partie des terres a historiquement été utilisée par les humains, l’intensification de l’utilisation a concouru à l’érosion de la biodiversité (Ellis et al., 2021).

 

 

La plupart des « objectifs d’Aichi », définis par la Convention sur la diversité biologique (CDB), ne sont pas atteints (Ipbes 2019, fig. SPM6). Les trajectoires actuelles du développement des sociétés humaines sont incompatibles avec l’accomplissement des objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, spécialement ceux relatifs à la pauvreté, la faim, l’eau, l’urbanisation, les océans et les terres (Ipbes 2019, fig. SPM7). L’extraordinaire essor de la production de nourriture, d’aliments pour animaux, de matériaux et d’énergie est accompli au détriment de services écosystémiques tels que la régulation du climat, la qualité des eaux continentales et marines, de l’air et des sols (Steffen et al., 2015, 2018 ; Springmann et al., 2018 ; Jouffray et al., 2020). Nombre de ces activités impriment à la surface de la planète une signature caractéristique de l’Anthropocène1 (Lewis & Maslin, 2015 ; Waters et al., 2016), dont le changement d’usage des terres (artificialisation, etc.) et la transformation des écosystèmes.

 

 

L’enrichissement des bases de données et l’analyse des flux d’information permettent aujourd’hui d’appréhender ces bouleversements à l’échelle pluri-décennale, et de porter à connaissance des synthèses globales de l’intensité de l’exploitation (et des projets de mise en exploitation) des ressources de la planète. Sans prétendre à l’exhaustivité, des constats avérés sont établis en ce qui concerne les ressources alimentaires (FAO, 2020 ; IPCC, 2019), biologiques (par ex. génétiques, Blasiak et al., 2018 ; FAO, 2019a), mais aussi minières (par ex. celles des fonds océaniques, Miller et al., 2018), ou encore les ressources en eau douce, indispensables aux services écosystémiques (Pekel et al., 2016 ; Abbott et al., 2019 ; Immerzeel et al., 2019 ; Schyns et al., 2019), sans méconnaître ni les risques afférents (Liu et al., 2019 ; Nienhuis et al., 2019), ni la percolation des activités humaines dans les espaces réservés à la préservation de la biodiversité (Ramirez-Llodra et al., 2011 ; Dureuil et al., 2018 ; Kroner et al., 2019 ; Martin et al., 2020). Quant aux stocks halieutiques, ils sont soit exploités au maximum de leur potentiel de renouvellement, soit surexploités pour un tiers d’entre eux (FAO, 2019b, 2020 ; Taconet et al., 2019).

 

 

Au-delà de ces constats, l’Ipbes a élaboré un modèle conceptuel qui distingue, d’une part, les « moteurs directs » de l’érosion de la biodiversité (amplification des usages de l’océan et des terres, exploitation des écosystèmes, changement climatique, pollutions, espèces exotiques envahissantes) et d’autre part les « moteurs indirects », c’est-à-dire les causes profondes des atteintes à la biodiversité, dont la démographie humaine, la consommation, l’économie, les échanges commerciaux, les progrès technologiques, les institutions, la gouvernance, etc. étayés par un système de valeurs et de choix de comportement (Ipbes, 2019, fig. SPM2, SPM9). Ces moteurs indirects rétroagissent et aggravent les pressions directes exercées sur la biodiversité.

Les interactions entre la biodiversité et les moteurs directs ont été – et demeurent – l’objet de nombreuses recherches. En revanche, l’étude des relations entre la biodiversité et les moteurs indirects, notamment la démographie, semble moins fréquente.

 

Une nouvelle méthode pour évaluer la vulnérabilité des écosystèmes et protéger la biodiversité

Définir des stratégies de conservation appropriées est un objectif difficile à atteindre, notamment en raison de la complexité des menaces et des réponses des espèces, ainsi que des limitations budgétaires. Pour surmonter ce défi, l’équipe de scientifiques, dont des chercheurs du CNRS, de l’Ifremer, de l’IRD et d’organisations internationales, a simulé la réponse des communautés d’espèces à un large éventail de perturbations, pour fournir une estimation robuste de leur vulnérabilité dans un monde où les menaces futures sont diverses et difficiles à prévoir.

 

Quantifier la vulnérabilité de la biodiversité est crucial pour sauvegarder les écosystèmes les plus menacés. Publié dans Nature Communications le 1er septembre 2022, ce nouvel outil se distingue des travaux précédents car il estime le degré de changement de la diversité fonctionnelle, c’est-à-dire la biodiversité et les fonctions associées des écosystèmes, lorsqu’elle est exposée à des pressions multiples. Il a été développé dans le cadre de deux projets financés par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) au sein de son Centre de synthèse et d’analyse de la biodiversité (Cesab) et avec le soutien d’Électricité de France (EDF) et de France Filière Pêche (FFP).

 

Pour calculer la vulnérabilité des écosystèmes, l’équipe de 20 scientifiques a utilisé des simulations répétées par ordinateur de perturbations sur des communautés d’espèces. Qu’il s’agisse du changement climatique, de changement d’usage des terres, de pollution ou de surexploitation des ressources, ces perturbations simulent les impacts d’un large éventail de menaces potentielles sur les communautés d’espèces. « En simulant tous les scénarios possibles, même les pires, explique Arnaud Auber, chercheur à l’Ifremer et premier auteur de la publication, nous sommes en mesure d’identifier les écosystèmes les plus vulnérables d’un point de vue fonctionnel. De plus, nous pouvons désormais estimer leur vulnérabilité en tenant compte des pressions inconnues, imprévisibles ou mal documentées, ce qui constitue une avancée majeure par rapport aux travaux précédents. » Cette approche, plus sûre, offre aux décideurs la possibilité de classer plusieurs sites en fonction de la vulnérabilité fonctionnelle qui leur est associée, et ainsi de permettre une gestion adaptative de la biodiversité.

 

Dans cette étude, la diversité fonctionnelle des communautés a été placée au centre du calcul de la vulnérabilité. Historiquement, la conservation de la biodiversité s’est principalement concentrée sur la diversité taxonomique (par exemple, le nombre d’espèces dans un écosystème). Cependant, des études récentes, dont des travaux du projet Free, ont montré que l’étude de la diversité fonctionnelle peut fournir une évaluation plus précise du fonctionnement d’un écosystème. En effet, une espèce peut avoir la même fonction qu’une autre (par exemple, les mêmes proies ou le même cycle de reproduction) et donc si une espèce disparaît, une autre peut toujours remplir son rôle dans l’écosystème. Mais si toutes les espèces partageant une même fonction essentielle disparaissent, l’écosystème deviendra moins diversifié sur le plan fonctionnel, moins résilient aux menaces et donc plus vulnérable. En d’autres termes, la diversité taxonomique dans un écosystème est importante mais pas suffisante pour évaluer correctement la vulnérabilité de l’écosystème. Les poissons-perroquets, par exemple, sont l’une des seules espèces de poissons qui peuvent se nourrir directement de coraux. S’ils disparaissent, une composante essentielle du cycle du carbone dans les récifs coralliens sera perdue. La diversité fonctionnelle et la diversité taxonomique sont donc complémentaires et doivent être utilisées ensemble pour mieux guider les décideurs dans l’identification des zones prioritaires pour la protection de la biodiversité.

 

Cette nouvelle approche peut être appliquée à tous les écosystèmes, qu’ils soient marins, terrestres ou d’eau douce. « À titre d’exemple, explique Arnaud Auber, nous avons utilisé notre outil de vulnérabilité fonctionnelle pour étudier la dynamique temporelle passée de la communauté de poissons de la mer du Nord. En utilisant les données sur l’abondance des poissons et les traits des espèces liés au fonctionnement de l’écosystème, tels que la fécondité, la taille de la progéniture et le mode d’alimentation, notre outil a révélé une vulnérabilité fonctionnelle élevée des communautés de poissons de la mer du Nord. Cependant, nous avons constaté une diminution significative de la vulnérabilité fonctionnelle au cours des quatre dernières décennies, passant de 92 à 86 %. Au cours de la même période, la pression de pêche en mer du Nord a diminué, suite à la politique commune de la pêche (en anglais Common Fisheries Policy), avec une diminution progressive des quotas de capture et une amélioration de la sélectivité des équipements. »

 

De plus, cet outil est en libre-accès et peut être utilisé pour prédire la vulnérabilité des écosystèmes en utilisant par exemple les scénarios de changement climatique ou pour comparer différents écosystèmes. Cette étude souligne le besoin de synthèse alors que nous cherchons à démêler la complexité de la nature. Ce n’est qu’une fois réunies que les données et les connaissances permettront de quantifier l’impact des multiples menaces qui pèsent sur les écosystèmes et d’aider les décideurs dans leurs actions de gestion et de conservation de la biodiversité dans un avenir incertain.

 

Référence de l’article

 

Arnaud Auber1, Conor Waldock2,3, Anthony Maire4, Eric Goberville5, Camille Albouy6,7, Adam C. Algar8, Matthew McLean9, Anik Brind’Amour10, Alison L. Green11, Mark Tupper12,13, Laurent Vigliola14, Kristin Kaschner15, Kathleen Kesner-Reyes16, Maria Beger17,18, Jerry Tjiputra19, Aurèle Toussaint20, Cyrille Violle21, Nicolas Mouquet22,23, Wilfried Thuiller24, David Mouillot23,25. “A functional vulnerability framework for biodiversity conservation”. 2022. Nature Communications. doi: https://doi.org/10.1038/s41467-022-32331-y/

[FRB-Cesab] Des espèces aux fonctions : vers un changement de paradigme pour la conservation de la biodiversité ?

Le groupe de travail Free du Centre de synthèse et d’analyse de la biodiversité (Cesab) de la FRB, vous convie à Montpellier pour une conférence en anglais le jeudi 16 juin 2022 à 14h, intitulé Des espèces aux fonctions : vers un changement de paradigme pour la conservation de la biodiversité ?”.

 

Cette conférence présentera une nouvelle facette de la rareté biologique – la rareté fonctionnelle – et posera les bases des politiques de conservation de la biodiversité et de la rareté, revisitées à la lumière de l’écologie fonctionnelle. Le groupe de travail Free a largement contribué à développer les bases conceptuelles de la rareté fonctionnelle et a proposé des analyses mondiales tentant d’identifier des zones du globe abritant une proportion importante d’espèces écologiquement uniques.

 

Au cours de cette conférence, un groupe de chercheurs internationaux discutera des implications directes et majeures de ces recherches pour les politiques de conservation de la biodiversité. 

 

 

La conférence se tiendra l’après-midi à partir de 14h et sera précédée le matin, d’un atelier consacré à l’utilisation de différents packages R permettant de calculer plusieurs indices de rareté/diversité fonctionnelle et de les cartographier. Cet atelier sera dispensé en anglais, gratuit, et le repas du midi sera compris. Les autres frais sont à la charge des participant.e.s. Une bonne maîtrise du logiciel R est requise.

 

Energies renouvelables : quels impacts des installations de production sur la biodiversité ?

Afin d’accompagner la transition énergétique et de répondre aux enjeux énergétiques et de développement durable, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), en partenariat avec TotalEnergies, a réalisé un état de l’art des impacts des installations de production d’énergies renouvelables sur la biodiversité : l’éolien et particulièrement l’éolien offshore, le photovoltaïque, le biogaz et l’hydrogène.

 

Les 5 grands facteurs de perte de biodiversité identifiés par l’Ipbes ont ainsi été pris comme cadre d’analyse pour identifier les connaissances issues de la communauté de recherche sur les impacts de ces installations sur la biodiversité : changement d’occupation des sols, exploitation des espèces, pollutions, changement climatique et espèces exotiques envahissantes. Ces impacts surviennent à différentes échelles, que cela soit au niveau de l’individu (perturbations, blessures ou mort), des populations, des espèces et des communautés.

 

Dans un second temps, ce travail se penche sur les manques de connaissances concernant ces impacts et sur les pistes de recherche qui permettraient de les combler, ainsi que sur les solutions et bonnes pratiques permettant d’éviter, réduire ou compenser ces impacts. 

 

Dans les ressources ci-dessous, vous trouverez ainsi une fiche sur chaque type de d’énergies renouvelables décrites dans l’étude ainsi qu’une synthèse sous forme de prospective. 

 

Pour aller plus loin 

>> Consulter  les ressources bibliographiques associées à ce travail. 

>> Consulter la synthèse bibliographique de cette étude. 

[Journée FRB 2022] Vous reprendrez bien un peu de CDB ? Un regard de la recherche sur le cadre mondial pour la biodiversité

 

Il y a 30 ans, 1992, la conférence de Rio organisée par les Nations Unies porteuse de grandes ambitions dans le domaine environnemental a permis notamment la création de trois Conventions, dont celle sur la diversité biologique, la CDB. Trois objectifs structurants ont fait consensus :

 

  • Conserver la diversité biologique ; 
  • Utiliser durablement ses composantes ;
  • Partager de manière juste et équitable les avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques.

 

30 ans plus tard, l’érosion de la biodiversité n’a pas été stoppée. Pourtant les chercheurs n’ont cessé d’alerter sur l’état de la biodiversité, son déclin accéléré, les disparitions d’espèces, les impacts notamment par et sur l’espèce humaine, les enjeux pour les humains et les non-humains, et les réponses qui peuvent être apportées via une gouvernance mondiale plus inclusive.

 

Comment dépasser les freins aux trajectoires de développement plus soutenables ? Comment mieux intégrer la recherche et la connaissance dans les décisions publiques et privées ? Comment enrayer le déclin de la biodiversité ? Autant de questions que le nouveau cadre mondial pour la biodiversité a pour ambition de traiter.

 

 

Cette Journée ambitionnait de valoriser le contexte scientifique de ces négociations politiques internationales et de mettre l’accent sur l’appropriation de ces enjeux par les acteurs en s’appuyant sur des actions concrètes menées par ces derniers.

 

 

(Re)découvrez la vidéo
« la Convention sur la diversité biologique décryptée »

 

 

[Appel à projets SYNERGY FRB-Cesab / SinBiose / FAPESP / CEBA] Deux nouveaux projets sur la biodiversité néotropicale

Deux projets de recherche innovants portant sur la biodiversité néotropicale ont été sélectionnés suite à l’appel à projet du Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab) de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), en partenariat avec le Centre de synthèse brésilien sur la biodiversité et les services écosystémiques (SinBiose), la Fondation d’appui à la recherche de l’état de São Paulo (FAPESP)et le Laboratoire d’Excellence CEBA (Centre d’étude sur la biodiversité amazonienne).

 

La relation entre la biodiversité de la macrofaune du sol et la fourniture de services écosystémiques à travers les systèmes d’utilisation des terres dans les biomes de la forêt tropicale humide

Porteurs de projet : Jérôme MATHIEU (Sorbonne Université, France) et Miguel COOPER (Université de Sao Paulo, Brésil)

 

Réseaux d’interactions fongiques dans les régions néotropicales

Porteurs de projet : Mélanie ROY (Université de Toulouse, France) et Paulo GUIMARAES (Université de Sao Paulo, Brésil)

 

Les deux projets seront financés pour une durée de trois ans, incluant : le recrutement d’un post-doctorant basé au Brésil pendant deux ans, l’organisation de quatre réunions du groupe de travail (deux en France, à Montpellier au Cesab et deux dans l’état de São Paulo au Brésil), la valorisation des résultats, ainsi qu’un appui logistique, technique et administratif tout au long du projet.

[Appel à projets FRB-MTE-OFB 2021] Huit projets sélectionnés suite à l’appel “Impacts sur la biodiversité terrestre dans l’anthropocène”

Dans le cadre de la mise en place du  programme national de « surveillance de la biodiversité terrestre » porté par l’Office français de la biodiversité (OFB) visant à mesurer, identifier et suivre l’influence des activités humaines sur la biodiversité et les pratiques les plus vertueuses à valoriser, le ministère de la Transition écologique (MTE) et la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) ont lancé un appel à projets de recherche en 2021 « Impacts sur la biodiversité terrestre dans l’anthropocène », sur la caractérisation des impacts positifs, négatifs ou l’absence d’impacts des activités humaines et des pressions induites sur l’état et la dynamique de la biodiversité terrestre.

 

Trois types de projets sont financés par l’appel de 2021 :

 

DES PROJETS SYNTHÈSE

 

  • Acoucène, porté par Jean-Yves BARNAGAUD (EPHE, France) et Solène CROCI (CNRS, France) – Vers un printemps silencieux ? Modélisation et projection des impacts de l’anthropocène sur les paysages sonores avec les oiseaux comme indicateur écologique acoustique
  • Impacts, porté par Wilfried THUILLER (CNRS, France) et Franziska SCHRODT (Université de Nottingham, United Kingdom) – La biodiversité française dans l’anthropocène – impacts et drivers de la réponse spatiale et temporelle
  • LandWorm, porté par Daniel CLUZEAU (Université de Rennes, France) et Céline PELOSI (INRAE, France) – Impact de l’utilisation et de la gestion des sols sur les communautés de vers de terre
  • Spatman, porté par Isabelle BOULANGEAT (INRAE, France) et Mohamed HILAL (INRAE, France) – Quel rôle pour l’organisation spatiale des sociétés humaines pour moduler leurs pressions sur la biodiversité ?

 

Ces projets, d’une durée de trois ans, devront développer des synthèses d’idées et/ou de concepts, des analyses de données existantes, et devront s’intéresser aux facteurs affectant l’état, l’évolution et la dynamique de la biodiversité.

 

DES PROJETS SYNERGIE 

 

  • Funindic, porté Cyrille Violle (CEFE-CNRS) La rareté fonctionnelle comme marqueur de l’intensification de l’utilisation des terres et des fonctions écosystémiques dans les prairies permanentes : vers de nouveaux indicateurs pour le suivi et la conservation de la flore française.
  • Interface, porté par Céline Clauzel (Université Paris Diderot) –  Modélisation de réseaux multi-habitats pour la conservation intégrée des environnements d’interface.
  • Lanbio, porté par Cendrine Mony (Université de Rennes) –  Effet de la modification du paysage par l’homme sur la biodiversité dans les paysages de bocage : vers des indicateurs intégratifs. 

 

Ces projets, d’une durée d’un an, apporteront apporter des réponses complémentaires sur une question qui émerge d’un projet de recherche finalisé ou en cours de réalisation, et permettront d’éclairer les porteurs d’enjeux sur les indicateurs de mesures et les pratiques à promouvoir pour préserver la biodiversité.

 

UN PROJET CARTE SYSTÉMATIQUE 

 

  • Solaire-BP, porté par Yorick Reyjol (UMS PatriNat OFB-CNRS-MNHN) – Revue systématique de la littérature sur les impacts des énergies renouvelables : photovoltaïque et biodiversité. 

 

Ce projet, d’une durée d’un an, est une étape préalable à la « revue systématique » et porte sur les liens pressions-impacts liés aux pratiques humaines afin de mettre en évidence si les impacts sur la biodiversité sont bien établis ou souffrent d’un manque de données ou de littérature.

[Appel à projets FRB-Cesab 2022] Ouverture de l’appel !

Au travers de son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab), la Fondation pour la recherche sur la biodiversité ouvre son appel à projets de recherche 2022 pour financer trois projets innovants de synthèse d’idées et de concepts et/ou d’analyse de données existantes, en vue d’améliorer la connaissance scientifique relative à la biodiversité et de permettre de mieux la protéger.

 

Les projets soumis pourront traiter de tout sujet relatif à la biodiversité, du point de vue des sciences naturelles et/ou des sciences humaines et sociales.

 

Les projets sélectionnés seront financés pour une durée de trois ans, incluant : le recrutement d’un post-doctorant sur 24 mois, l’organisation de six réunions du groupe de travail au Cesab, la valorisation des résultats, ainsi qu’un appui logistique, technique et administratif au déroulement du projet. 

 

  • Date de clôture des pré-propositions : 19 mai 2022, 18:00 CEST

 

 

Plus d'informations

Modifions le cours de notre histoire commune avec la biodiversité

Dans le cadre de la campagne présidentielle, l’équipe de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et ses instances de gouvernance (Conseils d’administration, scientifique et d’orientation stratégique) interpellent les candidats à l’élection présidentielles. En dépit des alertes nombreuses des scientifiques et de l’intégration croissante des enjeux par les acteurs de la société, la prise en compte de la biodiversité et la mise en place de changements transformateurs ne sont que trop peu abordés.

 

Lire la tribune

 

Les signataires :

 

Modifions le cours de notre histoire commune avec la biodiversité

En 2017, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité et son Conseil d’orientation stratégique composé de près de deux cents parties prenantes ont interrogé les candidats à l’élection présidentielle sur leur action en faveur de la biodiversité. En dépit des engagements forts de chacune et chacun, peu d’avancées ont été observées. Les rapports des scientifiques restent toujours aussi accablants.

 

En 2019 encore, l’Ipbes, le Giec de la biodiversité, alertait sur le déclin des espèces communes à savoir, les oiseaux, les insectes, les pollinisateurs, les amphibiens, qui sont au cœur du fonctionnement de nos écosystèmes. La plateforme internationale pointait du doigt l’accélération des extinctions d’espèces, la dégradation des écosystèmes et l’altération de leurs fonctions vitales associées, comme la régulation du climat, l’épuration des eaux et de l’air, la pollinisation, le contrôle des ravageurs et des épidémies, etc.

 

Ce déclin de la biodiversité qui se poursuit inlassablement menace d’”éroder les fondements mêmes de nos économies, de nos moyens de subsistance, de notre sécurité alimentaire, de la santé et de la qualité de vie” comme le rappelait alors le président de l’Ipbes, Robert Watson. La mise en garde de la recherche contre cette érosion n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’alerte sur l’actuelle pandémie qui avait pourtant été annoncée par les scientifiques depuis longtemps, mais qui avait été reçue dans une réelle indifférence sociale et politique, car non “pensable” en tant que réalité.   

 

Les origines de la perte de biodiversité sont aujourd’hui bien connues. L’Ipbes en a rappelé les cinq causes directes : les transformations des écosystèmes, l’exploitation des ressources naturelles, le changement climatique, les pollutions et les invasions biologiques. Mais peut-être plus important encore, l’Ipbes a aussi rappelé les causes indirectes liées aux facteurs économiques, sociaux, technologiques et de gouvernance des sociétés.

 

Pour lutter contre le déclin de la biodiversité, l’expertise scientifique internationale a souligné la pertinence de “changements transformateurs”, c’est-à-dire des changements qui repenseraient non seulement notre organisation économique, sociale et technique, mais aussi des paradigmes et des valeurs, telle que la croissance soutenue.

 

De si profonds changements sont-ils réellement possibles ? Notre société occidentale en a déjà vécu un : la révolution industrielle qui a bouleversé de fond en comble nos modes de production, de consommation et de vie. Celle-ci a été matériellement rendue possible grâce aux énergies fossiles, à l’accompagnement de la recherche et au développement de technologies qui ont facilité sa mise en œuvre.

 

Sans renier toutes les avancées exceptionnelles de cette révolution, et face aux limites environnementales et planétaires, il s’agit maintenant de faire en sorte que cet épisode de croissance économique soutenue, qui a été aussi accompagnée par une forte croissance démographique, se transforme. Cette transformation concerne les secteurs de l’énergie, de l’agriculture, de l’industrie… mais aussi de la consommation, de la vie en société en général. Des initiatives sont déjà en œuvre, telles que l’agroécologie, l’économie circulaire, la préservation des écosystèmes. De façon générale, il s’agit de donner plus de poids à la biodiversité dans toutes les décisions socio-économiques afin de promouvoir des socio-écosystèmes résilients assurant à la fois le bien-être des populations humaines et un bon état à la biodiversité.

 

De manière pragmatique, nous, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, composée d’acteurs publics, du monde économique et de la société civile, de chercheurs et chercheuses, de représentantes et représentants d’institutions académiques, vous invitons à vous saisir de cette notion de changements transformateurs et à venir en discuter avec nos experts académiques et non académiques.  

 

En cette veille d’élection présidentielle, il nous parait plus que jamais nécessaire que nos concitoyennes et concitoyens connaissent vos ambitions dans le domaine de la biodiversité. Nous avons compilé vos mesures et vous invitons à nous contacter afin de préciser vos engagements en faveur du vivant et de la recherche sur la biodiversité.

Les récifs coralliens cernés par les impacts anthropiques et les changements globaux

Du 9 au 11 février s’est tenu à Brest le premier One Ocean Summit, un sommet international qui a permis de concrétiser des engagements en faveur de la protection des mers et des océans. Les écosystèmes marins sont en effet menacés à la fois par des facteurs globaux (tels que le réchauffement de l’eau et l’acidification des océans), mais aussi par des facteurs locaux (tels que la pêche, la pollution lumineuse ou encore la navigation). Les facteurs de pression étant directement associés aux activités humaines, les écosystèmes les plus éloignés des humains devraient intuitivement subir moins d’impacts et constituer des refuges plus sûrs pour la biodiversité. Cette idée est d’ailleurs confortée par plusieurs études scientifiques qui démontrent l’existence d’une corrélation claire entre l’état des écosystèmes et leur distance par rapport aux grandes villes (Figure 1). Pour cette même raison, les zones les plus éloignées sont aussi considérées comme des réservoirs potentiels de biodiversité qui peuvent préserver les écosystèmes en cas d’extinction importante.

 

Fig1_Score_Reef_Strona_2021

Figure 1. L’impact des activités anthropiques, ou leurs conséquences (tels que la pêche, la pollution) sur les communautés des poissons des récifs coralliens diminue avec l’éloignement aux activités humaines. Chaque point correspond à une zone de récifs coralliens à une résolution spatiale de 1 × 1 degré de latitute/longitude. Modifié de Strona et al. 2021b (CC BY 4.0).

 

 

Cependant, des études menées au sein du projet de recherche Score-Reef, co-financé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) à travers son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab), l’Office français de la biodiversité (OFB) et le Ministère de la transition écologique (MTE), montrent que la réalité est tout autre lorsque l’on prend en compte la dépendance des poissons vis-à-vis des récifs coralliens.

 

Réintroduction d’espèces sauvages et bénéfices pour les territoires : l’exemple de la réintroduction des vautours fauves dans les parcs naturels régionaux du Vercors et des Baronnies provençales

L’érosion de la biodiversité est dans certains territoires un enjeu majeur en raison de la disparition d’espèces de faune sauvage remplissant des fonctions écologiques clés. Diverses solutions peuvent être envisagées pour enrayer cette érosion et restaurer les fonctions écologiques des écosystèmes. Parmi ces solutions, les réintroductions et les renforcements de populations d’espèces de faune sauvage peuvent s’avérer particulièrement pertinentes. Longtemps perçues comme des actions ayant pour unique objectif l’amélioration de l’état de conservation de certaines espèces, elles peuvent avoir bien d’autres avantages pour les territoires.

 

En France, les premières actions de réintroductions et de renforcements de populations d’espèces de faune sauvage ont été mises en place durant le 20e siècle afin de reconstituer des populations d’espèces disparues ou pour renforcer celles en mauvais état de conservation. Les premières réintroductions de bouquetins dans les Alpes datent par exemple de 1910. Depuis, castors, tortues cistude, ours bruns ou encore différentes espèces de vautours ont été concernés par ces programmes. Les vautours fauves, par exemple, ont subi une période d’intenses pressions qui a conduit à leur disparition du sol français à la fin du 19e siècle. Dans les années 1970, dans le Massif Central, puis dès 1996 dans les Alpes, les premiers succès écologiques de réintroduction de ces oiseaux sont intervenus dans des paysages écologiques marqués par l’exode rural, la déprise agricole1, le retour de la forêt, la multiplication des grands herbivores et le retour des grands prédateurs.

 

Dans le cadre de l’Évaluation française des écosystèmes et services écosystémiques (Efese), qui vise à développer les outils d’évaluation nécessaires pour accompagner la transition écologique de la société française, l’amélioration des relations entre les populations et la faune sauvage au sein des territoires représente en enjeu crucial pour la transition écologique. Ainsi, en avril 2021, une étude2 de l’Efese s’est intéressée aux fonctions écologiques et services écosystémiques liés à la réintroduction des vautours fauves3 dans les parcs naturels régionaux (PNR) du Vercors et des Baronnies provençales. Cette étude propose en particulier une méthode d’évaluation destinée à aider les gestionnaires d’espaces naturels à identifier des pistes et des leviers d’action pour préserver la biodiversité en passant par la mise en valeur écologique, économique, sociale et culturelle des espèces. Pour ce faire, la méthode d’évaluation utilisée dans l’étude s’appuie sur un retour d’expérience de près de 25 ans du projet de réintroduction du vautour fauve dans ces deux parcs naturels régionaux.

 

Cet article présente les principaux résultats de l’étude Efese. Les différentes analyses ont été réalisées à partir de données récoltées dans la zone d’étude “Baronnies-Vercors”, soit une centaine de communes principalement de la Drôme, des Hautes-Alpes et de l’Isère. Cet ensemble forme un territoire de moyenne montagne (entre 234 m et 2 341 m d’altitude) d’environ 2 500 km2, dont la population de vautours fauves est estimée à 1 000 individus en vol en 2018.

 

1/ Bref aperçu de l’écologie du vautour fauve

 

En métropole, quatre espèces de vautours cohabitent : le vautour fauve (Gyps fulvus), le vautour moine (Aegypius monachus), le vautour percnoptère (Neophron percnopterus) et le gypaète barbu (Gypaetus barbatus). Les quatre espèces de vautour sont spécialisées dans la consommation de cadavres d’animaux qu’ils soient sauvages ou issus de bétail d’élevage. Ils constituent à eux quatre une guilde de rapaces nécrophages et se nourrissent uniquement d’animaux morts. Chaque espèce est spécialisée dans la consommation d’une partie bien particulière du cadavre.

Le vautour fauve se nourrit des muscles et viscères, le moine consomme les tendons, cartilages et peaux, le gypaète quasi-exclusivement les os et enfin, le percnoptère grappille les restes. Lors d’une “curée” (terme désignant le moment où les vautours se nourrissent d’un cadavre), des dizaines de vautours fauves éliminent en quelques minutes un cadavre de brebis et en quelques heures celui d’une vache. Un vautour fauve adulte consomme en moyenne 200 kg de cadavres par an.

 

Source : Rapport Efese sur la réintroduction des vautours dans les parcs naturels régionaux du Vercors et des Baronnies provençales, p.38.

 

[Biodiversa+] Webinaire d’information – Appel à projets de recherche “Soutenir la protection de la biodiversité et des écosystèmes dans les zones terrestres à maritimes”

Ce webinaire destiné à la communauté de recherche française vous permettra d’avoir plus d’informations sur Biodiversa+, son premier appel conjoint à projets de recherche qui sera lancé le 1er octobre 2021 et les règles de financements de l’ANR pour les chercheurs français.

 

Avant d’assister à ce webinaire, nous vous conseillons de consulter régulièrement le site internet de BiodivERsA et de lire attentivement tous les documents liés à l’appel qui seront publiés le 1er octobre 2021.

 

 

Inscrivez-vous

 

[Journée FRB 2021] Agir en faveur de la biodiversité – Osons les changements transformateurs !

 

Il est désormais clair que la biodiversité est au cœur des débats sociétaux et de l’agenda politique planétaire. Son avenir et les actions à mettre en œuvre pour enrayer son déclin demandent plus d’ambition. Réunie au sein de l’Ipbes, pour plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, l’expertise scientifique internationale appelle désormais à des changements transformateurs. C’est-à-dire, des changements profonds de nos modes de vie et de consommation qui passent par la réorganisation fondamentale des facteurs économiques, sociaux et technologiques qui les régissent. 

 

 

Concrètement, quels sont-ils et comment les mettre en place ?
Qu’impliquent-ils pour les acteurs publics et privés, les décideurs politiques et économiques ? Quelles actions sont déjà menées ? Pour quels résultats ?

 

 

L’objectif est d’emprunter des trajectoires pensées de manière globale, intégrant à la fois les enjeux alimentaires, énergétiques, climatiques et environnementaux. Ainsi, consommer local, passer à une comptabilité environnementale, réinventer ses processus industriels, changer de modèle de gouvernance, repenser l’urbanisation de nos villes, sont autant d’exemple de mesures leviers à mettre en œuvre.

 

À l’occasion de la Journée FRB 2021, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité s’empare de ce sujet. Elle souhaite ainsi mettre en lumière les fondements scientifiques et les enjeux pour la recherche, articulant sa réflexion à partir d’ateliers menés en amont avec son Conseil scientifique et son Conseil d’orientation stratégique. Alors que l’Ipbes vient d’annoncer le lancement d’un rapport sur le sujet, la FRB propose un espace de dialogue aux chercheurs et acteurs, publics et privés, de la société afin de mieux en comprendre les contours pour oser les changements transformateurs. 

 

 

[Appel à projets FRB-MTE-OFB] Ouverture de l’appel « Impacts sur la biodiversité terrestre dans l’anthropocène »

Dans le cadre de la mise en place du  programme national de « surveillance de la biodiversité terrestre » porté par l’Office français de la biodiversité (OFB) visant à  mesurer, identifier et suivre l’influence des activités humaines sur la biodiversité et les pratiques les plus vertueuses à valoriser, le Ministère de la transition écologique (MTE) et la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) lancent l’appel à projets de recherche « Impacts sur la biodiversité terrestre dans l’anthropocène » sur la caractérisation des impacts positifs, négatifs ou l’absence d’impacts des activités humaines et des pressions induites sur l’état et la dynamique de la biodiversité terrestre.

 

Les résultats des recherches financées par le programme devraient permettre de contribuer à renforcer les actions de la société dans son ensemble pour enrayer le déclin de la biodiversité et favoriser un développement humain soutenable.  

 

Cet appel permettra le financement de :

  • 3 projets de SYNTHÈSE de données de trois ans – ces projets devront développer des synthèses d’idées et/ou de concepts, des analyses de données existantes, et devront s’intéresser aux facteurs affectant l’état, l’évolution et la dynamique de la biodiversité. 
  • 4 à 6 projets SYNERGIE d’un an – ces projets devront apporter des réponses complémentaires sur une question qui émerge d’un projet de recherche finalisé ou en cours de réalisation, et ainsi permettre d’éclairer les porteurs d’enjeux sur les indicateurs de mesures et les pratiques à promouvoir et abandonner pour préserver la biodiversité.
  • 2 à 4 projets de CARTE SYSTÉMATIQUE d’un an – étape préalable à la “revue systématique”,  ces projets devront porter sur liens pressions-impacts liés aux pratiques humaines afin de mettre en évidence si les impacts sur la biodiversité sont bien établis ou souffrent d’un manque de données ou de littérature.

 

 

Plus d'informations

Fronts de sciences 2021

Face au déclin accéléré de la biodiversité, où en est la recherche sur la biodiversité ? Quels sont ses avancées et les obstacles rencontrés ? Y a-t-il des domaines qui n’ont encore jamais été explorés ? En 2021, le Conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) met en lumière des évolutions de la recherche sur la biodiversité et propose un aperçu de sujets en plein développement ou d’enjeux appelant de nouvelles connaissances. Cette nouvelle édition des Fronts de sciences offre ainsi un éclairage sur l’actualité de la recherche sur la biodiversité pour un public non spécialiste.

 

La pandémie mondiale à laquelle nous faisons face depuis début 2020 a de ce fait particulièrement influer sur cette édition des Fronts de science. Si certains des sujets choisis s’inscrivent clairement dans ce type d’enjeux et débats de société, d’autres relèvent néanmoins de problématiques conceptuelles et méthodologiques de nature plus fondamentale.

 

Les Fronts de sciences 2021 sont disponibles dans les ressources téléchargeables. 

Free 1 | Causes et conséquences de la rareté fonctionnelle du local au global

La crise de la biodiversité impacte en priorité les espèces rares, c’est-à-dire celles déjà menacées car leur distribution spatiale est très limitée. Les caractéristiques intrinsèques de ces espèces qui peuvent expliquer leur vulnérabilité face aux changements globaux restent mal connues malgré tout. En outre, une question se pose : quelle est la conséquence de la perte de ces espèces pour les écosystèmes et l’Humanité ? La question est loin d’être triviale dans la mesure où nous ne connaissons pas le rôle joué par les espèces rares au sein d’un écosystème. A l’inverse, nous ne savons pas qui porte des fonctions essentielles et potentiellement vulnérables au sein d’un écosystème.
L’objectif du groupe de travail FRB-CESAB FREE 1 était de faire progresser le concept de rareté fonctionnelle et d’examiner les causes et les conséquences de la rareté fonctionnelle à l’échelle locale et mondiale. 
 
Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.

Le meilleur du virtuel et du présentiel pour permettre aux centres de synthèses de relever les défis liés à l’érosion de la biodiversité

En novembre 2020, un édito publié dans Nature Ecology and Evolution, « Online meetings for the win », suggère un changement des mentalités dans l’organisation des interactions dans le monde de la recherche vers encore plus de virtuel. En effet, en raison de la pandémie de Covid-19, les instituts, laboratoires et programmes de recherches ont dû s’adapter rapidement. Particulièrement concernés, les centres de synthèse – dont le Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab) de la FRB – ont dû proposer aux groupes, constitués de chercheurs de toutes nationalités, des réunions entièrement virtuelles. Malgré des bénéfices à ces réunions en distanciel, notamment en matière de bilan carbone, les directeurs de plusieurs centres de synthèses internationaux alertent : bien que ces réunions virtuelles aient permis à l’activité scientifique de continuer pendant la pandémie, elles ne peuvent toutefois pas remplacer les réunions en présentiel.

 

Avec la crise majeure que traverse la biodiversité, le besoin de synthèse des données scientifiques en écologie n’a jamais été aussi fort. Le travail sans précédent, entamé par les experts internationaux au sein de l’Ipbes, visant à évaluer l’état actuel de la biodiversité et de sa contribution aux sociétés humaines, se base sur des études déjà publiées dans des journaux scientifiques et des bases de données déjà constituées. Les centres de synthèses sont parmi les acteurs principaux de cette dynamique puisqu’ils permettent à des groupes de chercheurs internationaux de se réunir pour synthétiser les connaissances et données sur la biodiversité. Ces réunions de travail permettent non seulement de produire des synthèses de résultats existants, mais ils sont aussi des lieux de créations de nouvelles idées et/ou méthodes.

 

Dans ces centres, la dynamique typique d’un groupe de travail implique des interactions productives et variées pendant douze heures par jour et jusqu’à cinq jours consécutifs, alors que les sessions virtuelles perdent de leur efficacité après quelques heures, les participants se fatiguant de devoir fixer un écran. Si les réunions virtuelles peuvent fonctionner pour des tâches courtes et bien délimitées, elles sont moins adaptées aux discussions non structurées et libres – et ont donc du mal à créer la cohésion sociale nécessaire aux percées créatives. Finalement, ce que la crise Covid-19 a révélé le plus, notent les directeurs de centre, c’est que la créativité en recherche est liée autant (si ce n’est plus) aux interactions sociales entre chercheurs qu’à leur qualités scientifiques intrinsèques. 

 

La transition entre les réunions en présentiel et celles entièrement virtuelles a été brutale. En revanche, les centres de synthèses envisagent maintenant une transition inverse progressive vers un retour à la collaboration en personne, à mesure que les mesures de santé publique vont s’assouplir et que les voyages redeviendront possibles. Des modèles hybrides de collaboration peuvent combler le fossé qui sépare les réunions en présentiel et, en fin de compte, favoriser une plus grande productivité dans un avenir post-pandémique. Bien que certains de ces modèles soient déjà encouragés par les centres de synthèse, une généralisation permettra d’aider au développement de nouveaux projets, et de renforcer la collaboration entre les centres de recherche, l’évaluation collective et l’émergence de nouveaux types d’appels à projets transnationaux, etc.

 

Figure_Srivastava (2021)

 Figure : Un example de modèle hybride de collaboration : les équipes de recherche de chaque région se réunissent simultanément en présentiel et ces “centres régionaux” se coordonnent également virtuellement entre eux. © 2021, Springer Nature Limited

 

Cette approche, combinant le meilleur du virtuel et du présentiel, pourrait à terme évoluer vers un modèle permettant de surmonter les limites de financement, d’accroître l’intégration mondiale de la recherche tout en contribuant à réduire les émissions de carbone liées aux déplacements des chercheurs ; et ceci en maintenant le potentiel de promotion de l’intelligence collective que sont les centres de synthèse. Ainsi, en tirant parti du meilleur des deux mondes (présentiel et virtuel), les directeurs des centres de synthèse font le pari de pouvoir sortir renforcés de cette crise.

[Appel à projets FRB-Cesab 2020] Quatre projets sélectionnés

Quatre projets innovants de synthèse d’idées et de concepts et d’analyse de données existantes ont été retenus par le comité scientifique de l’appel de l’appel à projets FRB-Cesab de 2020. Ces projets pourront améliorer la connaissance scientifique relative à la biodiversité et à permettre de mieux la protéger.

 

Les projets sélectionnés sont financés pour une durée de trois ans, incluant : le recrutement d’un post-doctorant sur deux ans, l’organisation de six réunions du groupe de travail au Cesab, la valorisation des résultats, ainsi qu’un appui logistique, technique et administratif. 

 

Redistribution de la biodiversité : une approche macro‐ et éco‐évolutive de la vulnérabilité des espèces aux changements globaux

Porteurs de projet :Gaël GRENOUILLET – Université de Toulouse (France) et Lise COMTE – Illinois State University (USA)

 

Favoriser la résilience au changement climatique au travers d’une conservation équitable de l’Océan

Porteurs de projet : Joachim CLAUDET – CNRS (France), David GILL – Duke University (USA) et Jessica BLYTHE – Brock University (Canada)

 

Comprendre les dynamiques de pouvoir dans les processus participatifs en associant théorie et pratique pour améliorer la conservation de la biodiversité

Porteurs de projet : Juliette YOUNG – Inrae (France) et James BUTLER – CSIRO (Australie)

 

Synthèse de la Biodiversité des Arbres Néotropicaux grâce aux Parcelles d’Inventaire

Porteurs de projet : Jérôme CHAVE – CNRS (France) et Adriane ESQUIVEL MUELBERT – Université de Birmingham (United Kingdom)

Le putois, ce grand inconnu

Sa mauvaise réputation le précède. On l’accuse de sentir mauvais, de « crier fort », et plus récemment de sexisme au travers du personnage de Pepe le Putois. Et pourtant du putois, puisqu’il s’agit de lui, on ne connait rien ou presque. C’est le constat fait par le chercheur Sébastien Devillard et son équipe qui ont reçu la bourse Barbault et Weber « Ecologie Impliquée » 2021 pour combler ce manque de connaissance : « Le putois est une espèce difficile à observer et à étudier car c’est un animal cryptique1 et nocturne qui vit en faible densité sur des territoires où mâles et femelles ne se croisent qu’à l’occasion de la reproduction », précise le chercheur.

 

 

La fiche d’identité du putois est donc assez sommaire. À l’âge adulte, ce petit mustélidé pèse entre 600 grammes et 1,5 kg, a le régime alimentaire d’un omnivore majoritairement carné et vit dans des milieux ouverts et boisés, souvent à proximité de zones humides. « Or ce que l’on constate, poursuit Sébastien Devillard, c’est que depuis 30 ou 40 ans, les zones humides et les ripisylves2, qui sont leur habitat de prédilection, se dégradent de façon continue. Il y a fort à parier que cela a impacté et impacte encore les populations de cette espèce. »

 

 

Si son statut de conservation n’est pas considéré comme à risque par l’UICN, c’est encore une fois par manque de connaissances estime le chercheur : « Lorsque l’UICN ne dispose pas du nombre exact d’individus vivant sur un territoire pour en suivre l’évolution temporelle, elle regarde si l’aire de distribution de cette espèce a diminué indépendamment des densités de populations ». Or le putois est toujours présent en Europe sur une aire de distribution qui semble stable, raison pour laquelle, l’UICN ne l’a pas classé pas comme espèce menacée. « Pourtant, poursuit le chercheur, les études locales réalisées par des naturalistes à l’aide de pièges photographiques, ou par des organisations nationales chargées de la collecte des indices de présence, telles que les observations visuelles ou les cadavres de bord des routes suggèrent que le nombre de ces indices de présence est en baisse continue depuis une vingtaine d’années, particulièrement dans les zones humides. » Pour changer son statut de conservation et justifier de la mise en place de programmes de conservation in situ, les scientifiques vont devoir adopter une démarche de biologie de conservation qui étudiera l’utilisation de l’espace du putois et la taille de ses populations.

 

 

L’équipe de recherche s’est donc engagée à comprendre comment ce petit mustélidé utilise et sélectionne son habitat, en particulier sa dépendance aux zones humides et aux zones protégées. Sur le domaine de la Fondation Pierre Vérots dans l’Ain, l’équipe de recherche a prévu d’équiper trois putois de collier GPS pour suivre leurs déplacements et identifier les déterminismes de son utilisation de l’espace. « C’est une première mondiale, souligne le chercheur. Pendant longtemps nous avons été limités par la taille des colliers GPS qui nécessitaient de grosses batteries pour fonctionner et assurer un suivi suffisamment long pour avoir des informations utiles. » En écologie, la règle veut que les animaux ne puissent pas être équipés de collier dépassant 3 à 5 % de leur poids. Jusqu’alors, seuls les mammifères plus gros, à partir de quelques kilogrammes et jusqu’aux girafes ou aux éléphants bénéficiaient de ce type de suivi pour respecter la dimension éthique et de bien-être animal. La miniaturisation des batteries a changé la donne : « Une fois les putois équipés, nous pourrons nous rendre chaque semaine sur le terrain pour télécharger les données qui nous donneront des informations extrêmement fines et jamais égalées sur l’utilisation de l’espace par cette espèce. »

 

 

Car la technique est révolutionnaire à plus d’un titre. Auparavant, les données récoltées provenaient de colliers émetteurs VHF utilisant les ondes radio. Pour localiser les individus étudiés, les scientifiques devaient se rendre plusieurs fois par semaine dans le milieu et réaliser une triangulation en se plaçant à trois endroits différents pour capter le signal des colliers émetteurs. « Cette technique de radiopistage classique ne permettait pas d’avoir plus de 2 à 3 localisations par semaine ». Grâce aux colliers GPS, les scientifiques vont pouvoir désormais avoir des données sur l’occupation de l’espace du putois et sur son rythme d’activité tout au long de la journée.

 

 

Ce projet n’est que la première étape d’une ambition plus grande : « Si on parvient à montrer que ce dispositif fonctionne, on pourra élargir notre zone d’étude et équiper plus d’animaux. » L’objectif ? Obtenir plus de données et réaliser des analyses de survie, qui permettront alors de faire des modèles démographiques pour estimer la taille de population localement et le taux d’accroissement de la population. Parallèlement les chercheurs souhaitent déployer un protocole de piégeage photographique pour estimer la densité locale des putois. Les scientifiques pourront ainsi proposer de nouveaux arguments pour l’étude de son statut de conservation et peut-être aussi changer le regard que porte notre société sur ce petit mustélidé au fond si discret.

 

 

Tribune – Biodiversité : « Il faut inscrire le putois sur la liste des animaux protégés »

Face au déclin préoccupant des effectifs en France et parce que la protection de la biodiversité passe par des mesures concrètes, un collectif de scientifiques et de personnalités engagées demande dans une tribune au « Monde » la signature immédiate d’un arrêté ministériel protégeant cette espèce. Consulter la tribune

____________

1 Une espèce cryptique est une espèce qui ne voit que très rarement en nature du fait de son rythme d’activité, de sa faible densité de population et de son mode de vie à l’écart des activités humaines biologiques.
2 La végétation bordant les milieux aquatiques.

La biodiversité au cœur des recherches d’INRAE, membre fondateur de la FRB, spécialiste des enjeux agriculture, alimentation et environnement

Boire, manger, respirer, être en bonne santé… la biodiversité pourvoit chaque jour à nos besoins les plus essentiels. INRAE en tant qu’institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement est de fait naturellement concerné par la biodiversité. Essentielle à la résilience des écosystèmes, à la sécurité alimentaire et à la santé, la biodiversité est un patrimoine précieux et un bien commun qu’il faut préserver pour lui-même, mais aussi pour les services écosystémiques dont dépendent les sociétés humaines. Or la multiplication des pressions anthropiques, aggravées par le changement climatique, mène à son déclin.

 

Dans ce contexte, les recherches d’INRAE qui s’étendent à de nombreux milieux, des montagnes aux littoraux en passant par les forêts, les milieux aquatiques et les agroécosystèmes, s’attèlent à mieux comprendre la biodiversité, sa dynamique et à développer, avec les acteurs des territoires, des solutions pour la préserver, la restaurer et gérer les milieux de manière durable.

 

Depuis sa création1, INRAE tient une place importante auprès de la FRB puisque l’institut siège à son Conseil d’administration, en tant que membre fondateur, et plusieurs de ses chercheurs sont ou ont été membres du conseil scientifique de la Fondation.

 

 

Plus d’informations sur la recherche sur la biodiversité à INRAE

 

 

__

INRAE a vu le jour au 1er janvier 2020 et est issu de la fusion de deux instituts français : l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) et Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture), tous deux également déjà membres fondateurs de la FRB.

[Atelier Cos-Ipbes] Appel à relecture externe de l’évaluation Ipbes concernant l’utilisation durable des espèces sauvages

Important – Pour participer à cet atelier, vous devez obligatoirement : 

  • Être membre du Conseil d’orientation stratégique (Cos) de la FRB ;
  • Être inscrits en tant que relecteur du projet d’évaluation (+ d’infos).

 

Cet atelier prendra la forme d’un World Café pour faciliter le dialogue et le partage de connaissances et d’idées. Vous aurez l’opportunité lors de cet atelier de contribuer à la réalisation de ce rapport, en apportant vos connaissances pratiques et techniques, et vos savoirs locaux et traditionnels. Il vous sera proposé de travailler sur le « résumé pour décideurs », document de référence produit par l’Ipbes et résumant l’évaluation. Il s’adresse, au-delà des décideurs publics, aux décideurs privés (monde de l’entreprise, associatif, ou à titre individuel). 

 

 

Déroulé de l’atelier :

  • Présentation des modalités de la relecture ;
  • Échanges et dialogues entre participants ;
  • Formulation des commentaires sur le résumé pour décideurs ;

 

Si vous souhaitez participer à cet atelier, merci de vous inscrire au plus tard le 30 avril 2021.

 

 

Inscription

 

 

+ d’infos :

[FRB-Cesab] Ouverture de l’appel à projets SYNERGY avec SinBiose / FAPESP / CEBA sur la biodiversité néotropicale

En partenariat avec le SinBiose, la FAPESP et le LabEX CEBA, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) ouvre un appel à projets de recherche au travers de son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab), pour financer deux projets de recherche innovants portant sur la biodiversité néotropicale. Les projets soumis sont ouverts aux domaines des sciences naturelles et/ou des sciences humaines et sociales, et doivent viser à développer la synthèse d’idées et de concepts et/ou l’analyse de données existantes.

 

Les projets sélectionnés seront financés pour une durée de trois ans, incluant : le recrutement d’un post-doctorant basé au Brésil pendant deux ans, l’organisation de quatre réunions du groupe de travail (deux en France, à Montpellier au Cesab et deux dans l’état de São Paulo au Brésil), la valorisation des résultats, ainsi qu’un appui logistique, technique et administratif.

 

  • Date de clôture des pré-propositions : 30 juillet 2021, 12:00 CEST

 

 

Plus d'informations

[FRB-Cesab] Autour de la publication Woodiv : les arbres euro-méditerranéens dans une base de données

Du sapin d’Espagne (Abies pinsapo), espèce endémique d’Andalousie, au chêne doré (Quercus alnifolia) de Chypre, le bassin méditerranéen abrite des espèces emblématiques. Ces arbres ont toujours fasciné leur entourage et les botanistes. Pourtant, les arbres méditerranéens sont comparativement moins connus que leurs parents nordiques qui sont largement étudiés en raison du fort intérêt économique pour les forêts tempérées. 

 

Anne-Christine Monnet, membre du projet FRB-Cesab Woodiv, raconte dans un article autour de la publication “WOODIV, a database of occurrences, functional traits, and phylogenetic data for all Euro-Mediterranean trees”, parue en mars 2021 dans la revue Scientific data, comment Agathe Leriche, porteuse du projet Woodiv, et Frédéric Médail, membre du projet, ont réuni des scientifiques et des botanistes pour rassembler et combiner les connaissances et les données des arbres d’Europe méditerranéenne initialement dans des bases de données nationales éparses vers une méga-base de données normalisées de haute qualité. 

 

 

Lire l'article complet (en anglais)

[FRB-Cesab / CIEE] Les écosystèmes de la Terre à une époque de changement planétaire : six écologistes discutent des défis et des solutions

Le centre de synthèse canadien CIEE-ICEE a organisé avec l’aide du Cesab de la FRB, l’Ambassade de France à Vancouver et l’Université de British Columbia une conférence d’1h30 le mercredi 7 avril 2021 à 16h00 PT (Pacific Time) – 01h00 heure française.

 

Les six panélistes de « Les écosystèmes de la Terre à une époque de changement planétaire : six écologistes discutent des défis et des solutions » sont Bastien Mérigot (Université de Montpellier) – porteur du projet FRB-Cesab / CIEE Fishglob, Nicolas Loeuille (Sorbonne Université), Shawn Leroux (Memorial University of Newfoundland), William Cheung (University of British Columbia), Nancy Shackell (Bedford Institute of Oceanography) et Isabelle Gounand (Sorbonne Université) – porteur du projet FRB-Cesab / CIEE Red-Bio.

 

Vous pouvez dès à présent visionnez la conférence ci-dessous (en anglais).

 

[Communiqué] Les poissons récifaux assurent des rôles écologiques universels à travers les océans

En utilisant la base mondiale des poissons récifaux collectée par le Reef Life Survey, une équipe internationale dont des scientifiques de l’Université de Montpellier, du CNRS et de l’Ifremer, a démontré l’influence prédominante de l’environnement sur la composition en traits et met en avant les rôles écologiques universels assurés par les poissons récifaux à travers les océans. Ces résultats, publiés dans PNAS, le 16 mars 2021, pourraient amener à repenser la stratégie de conservation des espèces.

 

Les résultats de cette étude sont le fruit de travaux réalisés par des chercheurs du projet Reef-futures, financé grâce au programme BiodivScen du réseau européen BiodivERsA, dont la Fondation pour la recherche sur la biodiversité assure la coordination et le secrétariat.

 

 

CONSULTER LE COMMUNIQUÉ COMPLET

Les poissons récifaux assurent des rôles écologiques universels à travers les océans

Qu’est-ce qui détermine le fonctionnement d’un écosystème ? Si l’on a longtemps considéré cette question en tenant compte de la diversité des espèces qui le compose, on sait aujourd’hui que c’est surtout la diversité des traits portés par ces espèces qui détermine le fonctionnement des écosystèmes. Les traits ? « Ce sont leurs caractéristiques morphologiques, physiologiques ou comportementales. La distribution globale de ces traits, qui est influencée par l’environnement et par l’évolution, reste mal connue à travers les océans », explique David Mouillot, chercheur au laboratoire Marbec*. Une connaissance d’autant plus importante que les traits des espèces sont désormais reconnus comme étant les principaux acteurs du fonctionnement des écosystèmes et de la réponse aux changements globaux. Publiée le 16 mars dans la revue PNAS, l’étude impliquant également Fabien Leprieur (UM), Sébastien Villéger (CNRS) et Arnaud Auber (Ifremer), démontre l’influence prédominante de l’environnement sur la composition en traits des écosystèmes récifaux.

 

Protéger l’océan pour résoudre conjointement les crises du climat, de l’alimentation et de la biodiversité

Cette nouvelle étude, la plus complète à ce jour, est publiée aujourd’hui et propose une solution pour relever les défis les plus urgents de l’humanité. Elle démontre qu’une protection bien ciblée des océans pourrait à la fois contribuer à un meilleur approvisionnement en ressources alimentaires marines, fournir une solution naturelle et peu onéreuse pour lutter contre le changement climatique, et enfin davantage protéger la biodiversité menacée.

 

L’équipe scientifique a identifié des zones qui, si elles étaient protégées, permettraient de sauvegarder plus de 80 % des habitats d’espèces marines menacées et d’augmenter les captures annuelles de plus de huit millions de tonnes par rapport aux débarquements mondiaux actuels. L’étude est également la première à quantifier les émissions de dioxyde de carbone dans l’océan par le chalutage, une pratique de pêche très répandue – et elle révèle que le chalutage rejette des centaines de millions de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère chaque année, un volume similaire à celui émis par le trafic aérien mondial.

 

“La vie océanique est en déclin dans le monde entier en raison de la surpêche, de la destruction des habitats et du changement climatique. Pourtant, seulement 7 % de l’océan mondial est actuellement protégé”, déclare le Dr Enric Sala, explorateur au sein de la National Geographic Society et auteur principal de la publication. “Dans cette étude, nous avons mis au point une nouvelle méthode pour identifier les zones qui, si elles sont fortement protégées, engendreraient une meilleure production alimentaire tout en préservant la vie marine et en réduisant les émissions de CO2“, ajoute-t-il. “Il est clair que l’humanité et l’économie bénéficieront d’un océan plus sain. Nous pouvons concrétiser ces avantages rapidement si les pays travaillent ensemble pour protéger au moins 30 % de l’océan mondial d’ici 2030.” 

 

Pour identifier ces zones prioritaires, les scientifiques se sont notamment focalisés sur les aires marines non protégées et y ont évalué le degré d’impact des activités humaines. Puis, ils ont estimé le niveau d’impact positif qui pourrait découler de la protection de ces zones. Ils ont ensuite mis au point un algorithme permettant d’identifier les zones où des mesures de protection seraient les plus avantageuses pour générer des bénéfices multiples : protéger la biodiversité, augmenter la production de ressources alimentaires marines et diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Ces zones sont identifiables sur des cartes globales (cf. figure) qui pourront concrètement servir de guide aux gouvernements afin que ces derniers puissent mettre en pratique leurs engagements de protection de la nature. L’étude offre ainsi un cadre inédit permettant aux pays de décider des zones à protéger en fonction de leurs priorités nationales.

 

Figure_CP_nb of goals

 

Figure : Répartition des zones pouvant générer des bénéfices multiples (goals) si des mesures de protection strictes y étaient mises en place (bénéfices : protéger la biodiversité, augmenter la production de ressources alimentaires marines et diminuer les émissions de gaz à effet de serre). (Source : Sala et al, 2021)

 

Seul impératif, il faut qu’au moins 30 % des océans soient protégés pour qu’ils puissent offrir de multiples avantages à l’humanité. Cette étude scientifique pourrait servir de référence pour la 15e conférence des Nations Unies sur la convention sur la diversité biologique, qui aura lieu à Kunming (Chine) en fin d’année 2021 et dont une des cibles clé, serait de protéger 30 % des terres et des océans de la planète d’ici 2030 (objectif “30×30”). “Les solutions présentant de multiples avantages sont attrayantes tant pour les citoyens que pour les dirigeants. Notre approche pionnière leur permet d’identifier les zones à protéger afin de faire face aux enjeux majeurs de l’humanité : la sécurité alimentaire, le changement climatique et la perte de biodiversité”, a déclaré le Dr. Sala.

 

[1] Biodiversité marine, exploitation et conservation (MARBEC, CNRS/Ifremer/IRD/Université de Montpellier)

 

 

Pour aller plus loin... les solutions enjeu par enjeu et des citations supplémentaires

 

 

 

La diminution de la pêche en mer du Nord permet un regain des communautés de poissons

Bonne nouvelle pour la biodiversité marine de la mer du Nord ! Alors que la biodiversité mondiale connait une crise majeure [1], une étude publiée la semaine dernière dans Proceedings of the Royal Society B montre que l’abondance de la plupart des espèces présentant des stratégies écologiques originales vivant en mer du Nord augmente à mesure que la pression de la pêche diminue et que les océans se réchauffent.

 

La résistance et la résilience des écosystèmes marins face au changement climatique et aux activités humaines sont des préoccupations majeures, notamment car ces écosystèmes assurent toute une série de services essentiels à l’Homme. La pêche par exemple permet de nourrir plus de 10 % de la population mondiale. Le maintien des stocks halieutiques constitue donc aujourd’hui un défi majeur face à une demande accrue. Optimiser la gestion de la pêche est plus que jamais indispensable et nécessite de mieux connaître la réponse des communautés de poissons face aux diverses variations de leur environnement, qu’elles soient d’origine anthropique ou naturelle.  

 

Coordonnée par des chercheurs français et américains et co-financée par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) dans le cadre de son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab) et par le groupe Électricité de France (EDF), cette étude apporte des éléments de réponse en se basant sur un travail de synthèse conséquent, rassemblant 33 ans d’enquêtes scientifiques sur l’ensemble de la mer du Nord ! L’objectif ? Caractériser et comprendre la dynamique des communautés de poissons de la mer du Nord dans un contexte de réchauffement des eaux et de réduction progressive de l’intensité de pêche [2].

 

 

L’enjeu de l’originalité fonctionnelle (ou de la diversité des fonctions)

 

L’équipe de chercheurs s’est notamment intéressée aux espèces originales de par leurs caractéristiques biologiques et écologiques que sont les espèces « fonctionnellement distinctes ». Pour cela, elle a étudié les données issues de campagnes scientifiques et les caractéristiques écologiques des espèces de poissons vivant en mer du Nord : leur régime alimentaire, leur âge à maturité sexuelle, la taille de leurs œufs, leur positionnement dans la colonne d’eau, etc. – autant d’éléments qui donnent des indications sur le rôle écologique de ces espèces dans leur écosystème. Pour ce travail, les chercheurs sont partis du principe que les espèces fonctionnellement distinctes – c’est-à-dire les espèces ayant des caractéristiques uniques comme, par exemple, une maturité sexuelle très tardive ou un régime alimentaire particulier par rapport aux autres espèces  – peuvent soutenir des rôles écologiques importants et potentiellement irremplaçables, et ainsi contribuer de manière disproportionnée au fonctionnement des écosystèmes.

 

En conséquence, les chercheurs distinguent à la fois des espèces fonctionnellement distinctes – par exemple le requin-hâ (Galeorhinus galeus) ou la grande castalogne (Brama brama) – et des espèces fonctionnellement communes – par exemple le rouget barbet (Mullus surmuletus) ou le grondin gris (Eutrigla gurnardus). Les chercheurs ont aussi montré que les espèces fonctionnellement distinctes se caractérisent par une maturité sexuelle tardive, une progéniture peu nombreuse et des soins parentaux importants, beaucoup étant des requins et des raies qui jouent un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire marine.

 

 

Les résultats

 

Durant ces 30 dernières années, l’abondance de la plupart des espèces étudiées a augmenté, et ce, principalement en raison d’une pêche moins intense. Plus précisément, c’est principalement dans le sud de la mer du Nord, là où la pêche était historiquement la plus intense, que l’abondance des espèces fonctionnellement distinctes a le plus augmenté. C’est une bonne nouvelle pour les écosystèmes marins et une démonstration que les efforts de limitation des pressions liées à la pêche finissent par payer, surtout pour les espèces les plus fonctionnellement distinctes qui sont généralement non ciblées par les pêcheries mais malgré cela très sensibles à la pêche suite aux prises auxiliaires (voir figure).

 

Figure_Murgier et al_2021021

Figure : Les espèces ayant les caractéristiques les plus originales, et étant donc les plus fonctionnellement distinctes, sont les plus vulnérables face à la pêche, certaines d’entre elles étant aussi parmi les plus menacées selon l’UICN. Le statut UICN est représenté par couleur (CR = en danger critique d’extinction, rouge foncée; EN = en danger, rouge; VU = vulnérable, orange; NT = quasi-menacée, jaune; LC = préoccupation mineure, vert; DD = données insuffisantes, gris)

 

Nous devons cependant poursuivre nos efforts vers une gestion durable de ces milieux fragiles, notamment parce que parmi les espèces les plus distinctes, certaines d’entre elles sont considérées comme menacées d’extinction selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et ont vu leur abondance diminuer au cours des 30 dernières années en mer du Nord, comme le pocheteau gris (Dipturus batis) et l’aiguillat commun (Squalus acanthias).

 

Enfin, l’équipe de chercheurs souligne l’importance de l’inclusion d’une composante fonctionnelle dans les plans de gestion pour permettre d’assurer une conservation plus pertinente des espèces et des écosystèmes.

 

 

[1] Dans son rapport de 2019, la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes) évoque près d’un million d’espèces animales et végétales menacées d’extinction si aucune mesure n’est prise pour freiner cette tendance.

[2] La réduction progressive de l’intensité de la pêche s’est faite suit à la mise en place, dans les années 1990, d’une réglementation basée sur l’application de quotas en vue d’une exploitation durable.

[FRB-Cesab] Une publication du groupe Score-Reef reconstruit le réseau alimentaire des récifs coralliens

Connaître le réseau alimentaire d’un écosystème signifie comprendre son architecture, ses flux de matière et d’énergie, et finalement permet de mieux le protéger. Cependant, pour les systèmes très riches, comme les forêts primaires ou les récifs coralliens, nous ne connaissons pas encore de façon globale l’ensemble des relations alimentaires entre espèces.

 

Sur la base de l’arbre de la vie, qui décrit les relations évolutives entre espèces, une équipe de recherche a montré que de nouveaux algorithmes d’apprentissage automatique permettent de prévoir de façon assez précise l’ensemble des relations alimentaires chez les poissons de récifs.

 

Cette étude, à laquelle des scientifiques du Centre de recherches insulaires et observatoire de l’environnement (Criobe), de l’IRD, de l’Institut méditerranéen d’océanologie (M.I.O) et du Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab) de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) ont contribué, est parue dans le numéro de Janvier 2021 de PLoS Biology.

 

Découvrez l'article publié par le CNRS

 

 

  • Référence de l’article 

Parravicini V, Casey JM, Schiettekatte NMD, Brandl SJ, Pozas-Schacre C, Carlot J, et al. (2020) Delineating reef fish trophic guilds with global gut content data synthesis and phylogeny. PLoS Biol 18(12): e3000702. https://doi.org/10.1371/journal.pbio.3000702

 

 

  • Le Cesab 

Programme phare de la FRB, le Cesab (Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité) est une structure de recherche au rayonnement international dont l’objectif est de mettre en œuvre des travaux innovants de synthèse et d’analyse des jeux de données déjà existants dans le domaine de la biodiversité. Localisé à Montpellier, il accueille chaque année de nombreux chercheurs, issus de tous les continents.

 

Plus d'informations sur le projet Score-Reef

[Appel à projets de revues systématiques FRB-Cesab] Deux projets sélectionnés !

Dans le cadre de l’appel à projets de revues systématiques FRB-Cesab, deux projets ont été retenus par le comité de pilotage et de sélection. Les deux projets pourront mobiliser cartographie systématique, évaluation critique et synthèse narrative du corpus de textes sélectionnés, en vue de la rédaction d’articles de synthèse destiné à des revues scientifiques internationales. 

 

  • Thème 1 : État et devenir de la biodiversité marine à l’heure des changements globaux 

 

InDySem : Influence des dynamiques écologiques sur la production et la demande de services écosystémiques marins. Une revue systématique pour l’aide à la décision.

Porteur de projet : Eric THIEBAUT, Sorbonne Université, Paris (France)

 

 

  • Thème 2, en partenariat avec la Fondation Agropolis : Des solutions pour la transition agro-écologique qui préservent la biodiversité 

 

Agri-TE (Agriculture Transition Evidence) : Synthèse des impacts des pratiques agricoles et de la transition agricole à l’échelle mondiale pour appuyer l’aide à la décision

Porteur de projet : Damien BEILLOUIN – Cirad, Hortys, Montpellier (France)

Webinaire sur l’appel à projets BiodivRestore “Conservation et restauration des écosystèmes dégradés et de leur biodiversité”

Le webinaire a été animé conjointement par le coordinateur de BiodivERsA, par un représentant de la Water JPI, ainsi que de l’ANR. Il a été l’occasion d’aborder les thèmes de l’appel ainsi que les modalités et les procédures de participation, notamment pour les équipes françaises.

 

 

Le webinaire a eu lieu le 12 novembre 2020 de 14h30 à 16h00 (CET).

 

 

Plus d’informations : 

 

 

 Toutes les informations pratiques et les modalités de candidature sont disponibles sur la page de l’appel à projets BiodivRestore “Conservation et restauration des écosystèmes dégradés et de leur biodiversité”

La date limite de dépôt des pré-propositions est fixée au 7 décembre 2020, 16h00 CET.

[Communiqué] Rareté écologique des oiseaux et des mammifères terrestres : la double peine

Contrairement aux idées reçues, une espèce peu abondante peut jouer un rôle écologique unique et essentiel. En étudiant deux bases de données regroupant l’ensemble des mammifères terrestres et des oiseaux à l’échelle mondiale, des scientifiques du CNRS, de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), des universités Grenoble Alpes et de Montpellier ont montré que bien que ces espèces soient présentes sur tous les continents, elles sont déjà plus menacées par l’Homme que les espèces écologiquement communes et seront plus impactées par les changements climatiques à venir. Une véritable double peine !

 

Ces travaux, publiés le 8 octobre 2020 dans Nature communications, montrent qu’il devient nécessaire de prendre en considération la rareté écologique des espèces dans les programmes de conservation.

 

 

Consultez le communiqué complet

Rareté écologique des oiseaux et des mammifères terrestres : la double peine

Il a longtemps été supposé que les espèces rares contribuaient faiblement au fonctionnement des écosystèmes. Des études récentes ont cependant remis en cause cette hypothèse, la notion de rareté ne recouvrant pas seulement l’abondance ou l’étendue géographique des espèces, mais aussi l’originalité de leurs rôles écologiques. Ces espèces aux fonctions uniques étant irremplaçables, il est désormais fondamental de comprendre leurs caractéristiques écologiques, de cartographier leur distribution et d’évaluer leur vulnérabilité aux menaces actuelles et futures.

 

À partir de deux bases de données regroupant les espèces de mammifères terrestres (4 654 espèces) et d’oiseaux (9 287 espèces) à l’échelle mondiale, des scientifiques du Centre de synthèse et d’analyse de la biodiversité (Cesab) de la FRB, de laboratoires du CNRS, des universités Grenoble Alpes et de Montpellier et de leurs partenaires ont cartographié le nombre d’espèces écologiquement rares dans des zones géographiques de 50 km par 50 km à travers le monde. Ils ont démontré que la rareté écologique des mammifères se concentre dans les tropiques et dans l’hémisphère sud, avec des pics dans les îles indonésiennes, à Madagascar et au Costa Rica. Il s’agit surtout d’espèces nocturnes et frugivores (par exemple, les chauves-souris ou les lémuriens) ou insectivores (comme certains petits rongeurs). Les espèces d’oiseaux écologiquement rares se rencontrent principalement dans les régions montagneuses tropicales et subtropicales, en particulier en Nouvelle-Guinée, en Indonésie, dans les Andes et en Amérique centrale. Il s’agit essentiellement de espèces frugivores ou nectarivores (comme les oiseaux mouches). Dans les deux cas, la rareté écologique est largement surreprésentée dans les îles.

 

Les chercheuses et chercheurs ont également classé ces espèces en fonction de leur statut sur la liste rouge de l’UICN1. Ils ont ainsi constaté que les espèces écologiquement rares étaient surreprésentées dans les catégories menacées de l’UICN, tant pour les mammifères (71 %) que pour les oiseaux (44,2%) par rapport aux espèces écologiquement communes (2 % et 0,5 %, respectivement). Pour chaque espèce, ils  ont évalué leur exposition à l’impact anthropique, au développement humain (IDH) et aux conflits armés, ces deux derniers influençant les politiques de conservation. Ils ont constaté que les mammifères et les oiseaux écologiquement rares étaient plus touchés par l’influence humaine que les espèces plus communes et qu’ils étaient présents dans tous les types de pays, indépendamment de leur indice de développement ou du nombre de conflits2. Concernant l’influence du changement climatique, les scientifiques ont montré, à l’aide de modélisations, que les oiseaux écologiquement rares seront les plus touchés et que nombre d’entre eux risquent l’extinction d’ici 40 ans.

 

Ce « profilage » des espèces écologiquement rares met en évidence que leur préservation, même dans les zones actuellement protégées, n’est pas suffisante. La conservation des espèces est, aujourd’hui encore, trop souvent basée sur leur identité et leur statut démographique. Pourtant, la prise en compte de l’originalité de leurs rôles écologiques est essentielle et devrait aussi guider les actions de conservation. C’est un vrai changement de paradigme des politiques de conservation qu’il faut désormais mettre en oeuvre pour préserver ces espèces  essentielles au bon fonctionnement des écosystèmes.

 

 

Pour en savoir plus... des exemples d'espèces écologiquement rares

 

 

[1] L’Union internationale pour la conservation de la nature est l’une des principales organisations non gouvernementales mondiales consacrées à la conservation de la nature. Elle classe les espèces selon leur risque d’extinction, de « préoccupation mineure » à « éteint » en passant par « quasi menacée », « vulnérable » ou encore « en danger ».

[2] Par exemple, les Philippines possèdent un indice de développement humain (IDH) faible et un nombre élevé de conflits et sont considérées comme un point chaud de rareté écologique (19 espèces de mammifères et 15 d’oiseaux écologiquement rares) tout comme l’Australie qui, à l’inverse, possède un IDH élevé et un faible nombre de conflits et accueille respectivement 10 espèces de mammifères et d’oiseaux écologiquement rares.

 

[Appel à projets] L’appel FRB-Cesab à revues systématiques est prolongé jusqu’au 9 septembre

Au travers de son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab), la FRB finance deux post-doctorants jusqu’à 18 mois, pour réaliser un travail de revue systématique, mobilisant cartographie systématique, évaluation critique et synthèse narrative du corpus de textes sélectionnés, en vue de la rédaction d’un article de synthèse destiné à une revue scientifique internationale.

 

 

Le projet pourra aller soit jusqu’à une analyse lexicographique aboutie, soit jusqu’à l’extraction des données statistiques du corpus et leur analyse (méta-analyse). 

  

 

  • Thème 1 État et devenir de la biodiversité marine à l’heure des changements globaux 
  • Thème 2, en partenariat avec la Fondation Agropolis : Des solutions pour la transition agro-écologique qui préservent la biodiversité 

 

Date de clôture des pré-propositions9 septembre 2020, 23:59 CEST

Toutes les informations sont disponibles sur la page de l’appel.

[BiodivERsA] Un appel en préparation avec la Water JPI sur « Conservation et restauration des écosystèmes dégradés et de leur biodiversité »

Cet appel portera sur les trois thèmes non exclusifs suivants :

  • Étudier les processus biologiques et biophysiques en jeu pour la conservation / restauration et leurs interactions ;
  • Évaluer les compromis et les synergies entre les cibles, bénéfices et les politiques de conservation et de restauration ;
  • Connaissances pour améliorer l’efficacité et la mise à l’échelle des actions de conservation et de restauration.

 

 

Calendrier indicatif : 

 

  • Ouverture de l’appel : 5 octobre 2020
  • Date de clôture des pré-propositions : 7 décembre 2020

  • Date limite exacte de soumission des propositions complètes : communiquée d’ici fin décembre 2020

Toutes les informations

 

 

[Veuillez noter que le lancement de cet appel dépend de la signature de la convention de subvention avec la Commission européenne pour l’ERA-NET Cofund BiodivRestore]

[#ScienceDurable] En juin, la campagne s’intéresse à la conservation et restauration de la vie terrestre

Au travers de la campagne « La science pour un monde durable », découvrez ces pistes, nombreuses, sérieuses et passionnantes, sur lesquelles travaillent les chercheurs français en lien avec les recommandations proposées par l’Ipbes afin d’atteindre les objectifs du développement durable (ODD) des Nations Unies et de nourrir les réflexions en vue de la définition du cadre d’action post 2020 de la CDB.

 

Chaque mois, la FRB, ses instituts membres fondateurs et l’alliance AllEnvi mettent en avant les solutions de la recherche pour enrayer le déclin de la biodiversité. Suivez-nous sur nos réseaux sociaux et notre page dédiée 

 

Ce mois-ci, la thématique abordée est la conservation et restauration de la vie terrestre. Découvrez les articles de la semaine :

 

#ScienceDurable – Des loups, des cerfs… et nous

Alors que la biodiversité est en péril sur notre planète, le retour des loups en Amérique du Nord et en Europe, notamment en France, pourrait avoir de quoi réjouir. Pourtant, les médias et l’opinion publique se focalisent sur la mortalité engendrée dans les troupeaux : « Les effets négatifs de la présence des loups, comme le nombre de moutons tués, sont visibles et faciles à attester. Des effets positifs existent, mais ils sont souvent indirects et donc difficiles à mettre en évidence », souligne Jean-Louis Martin1, co-auteur avec Simon Chamaillé-Jammes2 et Donald M. Waller3 d’une synthèse4 inédite sur les enjeux posés par la cohabitation entre cerfs, loups et humains. Cette synthèse s’appuie sur leurs propres travaux et sur les dernières études disponibles. Les chercheurs y alertent sur la nécessité de prendre du recul pour mieux apprécier toute l’étendue des enjeux que pose cette cohabitation.

 

 

Consulter l'article

 

 

__________

1 Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE – CNRS / Univ. Montpellier / Univ. Paul Valéry Montpellier / EPHE / IRD)

2 Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE – CNRS / Univ. Montpellier / Univ. Paul Valéry Montpellier / EPHE / IRD)

3 Université du Wisconsin

4 Martin et al. 2020 Deer, wolves, and people: costs, benefits and challenges of living together Biol.Reviews

 

 

[Appel à projets] Ouverture de l’appel FRB-Cesab / Ittecop

 

En partenariat avec le programme Ittecop, la FRB appelle la communauté scientifique à soumettre à son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab) des projets fondés sur l’analyse et la synthèse de données existantes, sur la thématique “Approche territoriale de la biodiversité : infrastructures de transport, milieux naturels et agricoles” à l’échelle géographique européenne

 

 

 

Date de clôture des pré-propositions : 16 juillet 2020, 13:00 CEST

Toutes les informations sont disponibles sur la page de l’appel.

Pourquoi les politiques actuelles de lutte contre la déforestation sont-elles vouées à l’échec ?

L’appel provient d’un collectif de 23 chercheurs, consultants et acteurs d’ONG de 13 pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Une publication qui marque une première étape de leur collaboration. Ensemble, ils affirment que les politiques de déforestation et de reforestation doivent revoir la façon dont elles prennent en compte les décisions humaines, et non leurs ambitions. Pour ces spécialistes, les choix et les activités humaines qui en découlent sont un angle mort des politiques et des discours sur la transition forestière et paysagère. L’article insiste sur la nécessité de rendre explicites les enjeux et intérêts des décideurs quels qu’ils soient lors des négociations.

 

Les auteurs proposent ainsi une toute nouvelle approche : celle des jeux de stratégie, qui mettent en lumière les objectifs et les contraintes des acteurs de la gestion forestière. Cette méthode a d’ailleurs déjà fait ses preuves dans plusieurs arènes de négociations à des échelles locales et régionales. Ces jeux aident les joueurs à surmonter les préjugés et à sortir des impasses. Audacieux, les auteurs de l’article suggèrent que les négociateurs des grandes négociations internationales, telles que la Cop15 de la Convention sur la diversité biologique (2021, Kunming, Chine) et la Cop26 de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (2021, Glasgow, Royaume-Uni), se prêtent au jeu ! « Cela fait un quart de siècle que nous discutons, et pourtant nous sommes loin d’avoir inversé les tendances. Il est peut-être temps d’essayer autre chose », déclare Claude Garcia, écologiste au Cirad et premier auteur de l’article.

 

[Appel à projets] Ouverture de l’appel FRB-Cesab / France Filière Pêche

Les changements climatiques vont impacter durablement les océans et les mers à l’échelle globale. Les impacts de ces changements sur les pêches maritimes sont devenus une préoccupation prioritaire.  

 

Dans ce cadre, en partenariat avec France Filière Pêche, la FRB appelle la communauté scientifique à soumettre des projets au Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab), basés sur l’analyse et la synthèse de données existantes, ainsi que la modélisation des effets des changements climatiques sur la biodiversité des stocks halieutiques européens et les pêcheries associées (Atlantique nord-est et Méditerranée).

 

Il s’agira notamment de contribuer à mieux comprendre la réponse de la biodiversité des ressources halieutiques et des pêcheries dans le contexte des  changements climatiques, pour aider à mettre en place des mesures de gestion des pêches adaptative. 

 

Date de clôture des pré-propositions : 11 juin 2020, 13:00 (UTC+1)

Toutes les informations sont disponibles sur la page de l’appel.

Comment les associations mycorhiziennes orientent les populations végétales et la biologie des communautés ?

Les associations entre les plantes et les champignons symbiotiques, autrement appelés mycorhizes, sont omniprésentes dans les communautés végétales. Tedersoo et al. ont passé en revue les développements récents de la recherche mycorhizienne, révélant la nature complexe et universelle de ces interactions largement invisibles. Des réseaux complexes d’hyphes mycorhiziens relient les systèmes racinaires de chaque plante, régulant le flux de nutriments et les interactions compétitives entre et au sein des espèces végétales, contrôlant l’établissement des semis et, finalement, influençant tous les aspects de l’écologie et de la coexistence des communautés végétales. Les auteurs présentent une synthèse des connaissances les plus récentes sur associations mycorhiziennes, les interactions plante-plante et la spécialisation écologique. Ils concluent que les associations mycorhiziennes affectent directement ou indirectement la dispersion et la compétition des plantes qui façonnent les populations et les communautés végétales et régulent la coexistence et la diversité des plantes à l’échelle locale.

 

Consulter la synthèse complète dans les ressources téléchargeables ci-dessous.

[Biodiversité et pandémies] La FRB auditionnée par l’Assemblée nationale

Des messages forts ont été passés devant un auditoire très attentif et en attente d’éclairages scientifiques. Jean-François Silvain, président de la FRB, souligne que « cela renforce le sentiment que les responsables politiques sont très à l’écoute de la science. Les travaux de synthèses tels que ceux en cours à la FRB sur les liens entre biodiversité et zoonoses trouveront un large auditoire et pourront influer sur des décisions politiques. C’est un encouragement pour la FRB. »

[Covid-19 et biodiversité] La FRB et son Conseil scientifique s’expriment

Quels liens entre érosion de la biodiversité et émergence de zoonoses et risques de pandémies ? Comment refonder les interactions entre les populations humaines et la biodiversité ? Quels leviers d’action pour les décideurs ? Vers une nouvelle cohabitation entre les humains et l’ensemble des non-humains ? 

Autant de questions sur lesquelles la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et son Conseil scientifique ont souhaité apporter leurs regards. Ils souhaitent ainsi rappeler que la recherche sur la biodiversité est plus que jamais nécessaire et appeler les décideurs à mieux intégrer la biodiversité dans les stratégies sanitaires, économiques et d’aménagement du territoires attendus dans la période post-crise.

 

 

Consultez la Note

[Coronavirus et biodiversité] La FRB et son CS sollicités pour répondre aux journalistes

 

Pour rappel, un article écrit paru dans la Dépêche vétérinaire en novembre 2019 : “Maladies infectieuses : la grande accélération

Ce que nous ne savons pas (sur les lacs) pourrait nous nuire

L’équipe, composée de 39 scientifiques de 20 pays différents, a réalisé un travail de synthèse conséquent au travers du projet Geisha, co-financé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), dans son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab), et par le centre d’analyse et de synthèse John Wesley Powell de l’U.S. Geological Survey. Elle s’est intéressée aux effets des tempêtes sur les lacs, et particulièrement sur le phytoplancton : algues microscopiques, à la base des chaînes alimentaires et un des facteurs régulant la qualité de l’eau. Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Global Change Biology le 5 mars 2020.

 

Il est aujourd’hui avéré que les phénomènes météorologiques extrêmes endommagent les biens, les infrastructures et impactent l’environnement, y compris les ressources en eau douce qui sont essentielles à la santé humaine. Les lacs sont ainsi particulièrement vulnérables : ils subissent de manière directe les tempêtes puis reçoivent les eaux de ruissellement de l’ensemble de leurs bassins versants, qui arrivent alors chargées de sédiments, de nutriments, de microplastiques, et bien plus encore.

 

“Nous avons une idée assez claire de la façon dont les lacs réagissent physiquement aux tempêtes : la colonne d’eau se mélange, la température de l’eau change et les sédiments peuvent être remontés du fond ou apportés par les rivières et les ruisseaux rendant ainsi le lac plus turbide”, raconte Jason Stockwell, auteur principal de la publication et co-porteur du projet Geisha. “Mais la réponse physique du lac n’est qu’une partie de l’histoire. Les conséquences biologiques des tempêtes sur le phytoplancton, mais aussi sur d’autres plantes et animaux, sont fondamentales dans la dynamique des lacs et pourtant, comme le révèle notre étude, elles sont encore mal comprises”.

 

Figure_communiqué_Geisha_CESAB

 

Fig. L’impact des tempêtes sur les lacs varie en fonction des caractéristiques géographiques et morphologiques du lac, de ses conditions physico-chimiques et des propriétés de son bassin versant. Ces facteurs agissent comme des filtres qui tamponnent ou intensifient les effets des tempêtes. La réponse du phytoplancton (plantes microscopiques à la base du réseau trophique) à une tempête a des conséquences importantes pour les autres composantes du réseau trophique et les services écosystémiques rendus par le lac. © Gaël Dur

 

 

En analysant des milliers d’articles scientifiques du monde entier, les chercheurs n’ont trouvé que très peu d’études sur les effets des tempêtes sur les lacs, encore moins sur le phytoplancton, et les quelques résultats disponibles étaient contradictoires. Comment le phytoplancton réagit face aux tempêtes ? En quoi ses réactions peuvent différer selon les types de tempêtes, selon les lacs ou même selon les périodes de l’année ? “Si les phénomènes météorologiques extrêmes modifient de manière significative le cycle du carbone, des nutriments ou de l’énergie dans les lacs, nous ferions mieux de le découvrir rapidement”, avertit Jason Stockwell. Les scientifiques appellent donc à un effort de collaboration pluridisciplinaire de la part des chercheurs pour développer et faire progresser la recherche sur ces questions. Ils suggèrent notamment l’utilisation de modèles et l’extension de programmes de surveillance à long terme des lacs par le biais de réseaux tels que le Global Lake Ecological Observatory Network (GLEON, https://gleon.org).

 

 

 

 

Références de l’article :

Stockwell, J., J.P. Doubek, R. Adrian, O. AnnevilleC.C. Carey, L. Carvalho, L. de Senerpont Domis, G. Dur, M. Frassl, H.-P. Grossart, B. Ibelings, M. Lajeunesse, A. Lewandowska, M. Llames, S.S. Matsuzaki, E. Nodine, P. Noges, V. Patil, F. Pomati, K. Rinke, L. Rudstam, J. Rusak, N. Salmaso, C. Seltmann, D. Straile, S. Thackeray, W. Thiery, P. Urrutia-Cordero, P. Venail, P. Verburg, R. Woolway, T. Zohary, M. Andersen, R. Bhattacharya, J. Hejzlar, N. Janatian Ghadikolaei, T. Kpodonu, T. Williamson, and H. Wilson. Storm impacts on phytoplankton community dynamics in lakes. Global Change Biology. DOI: 10.1111/gcb.15033

[Veille scientifique] Biomimétisme et biodiversité

Afin de comprendre les enjeux et les risques de cette approche relativement récente de l’exploitation du monde vivant, la FRB a été missionnée par le ministère de la transition écologique et solidaire pour réaliser une veille scientifique et identifier ainsi les menaces et opportunités actuelles du biomimétisme pour la biodiversité. Le rapport issu de ce travail de veille ainsi qu’un résumé sont disponibles dans la rubrique “lire le rapport“. 

[Publication] Crise de la biodiversité : vision catastrophiste ou réalité scientifique ?

C’est la question à laquelle Jean-François Silvain, président de la FRB, et Xavier Le Roux, directeur de recherche à l’Inrae, membre de l’académie d’Europe et responsable du réseau européen Biodiversa, ont été invités à répondre dans le journal Science et pseudo-science. Que dire du concept de « sixième extinction » ? Comment évaluer la crise ? Quels groupes sont concernés ?

Un article écrit à quatre mains à découvrir ici : https://www.pseudo-sciences.org/-331- 

[FRB-Cesab] Deux appels ouvrent en ce début décembre 2019

  • Lancement de l’appel FRB-Cesab / CIEE

La biodiversité à l’ère des changements globaux

 

L’Institut canadien d’écologie et d’évolution (CIEE) et le Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab) de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) proposent un appel conjoint s’adressant à des groupes de travail constitués de chercheurs basés principalement au Canada et en France, sur le thème « La biodiversité à l’ère des changements globaux ».

 

Deux groupes de travail de huit chercheurs seront financés pour deux réunions chacun (la première en 2020 à Vancouver – Canada ; la seconde en 2021 à Montpellier – France).

 

Les propositions complètes seront à envoyer au plus tard le 31 janvier 2020 et les résultats seront annoncés le 06 mars 2020.

 

Consultez la page de l’appel.

 

  • Appel FRB-Cesab/CeMEB : ouverture le 9 décembre 2019

Invitation de chercheurs étrangers – séjour courte durée (2-3 mois)

 

Le Labex Centre méditerranéen environnement et biodiversité (CeMEB) et le Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab) de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) proposent de financer l’accueil de deux chercheurs au sein du Cesab pour un séjour de courte durée (2 mois minimum – 3 mois maximum).

 

Les propositions complètes seront à envoyer au plus tard le 12 mars 2020 et les résultats seront annoncés le 15 mai 2020.

 

Consultez la page de l’appel.

La synthèse de données au service de la flore tropicale africaine menacée

Il y a deux ans, une trentaine de chercheurs nationaux et internationaux rendaient public Rainbio une base de données unique en libre accès, offrant le premier état des lieux jamais réalisé sur la flore d’Afrique tropicale. Cette synthèse d’envergure a été réalisée au Cesab de la FRB, un centre de synthèse unique en France permettant de rassembler de très nombreuses informations dépassant les simples jeux de données collectés lors de travaux individuels.

 

Grâce au Cesab, mis en place il y a 10 ans par la FRB, l’équipe de recherche menée par Thomas Couvreur – chercheur à l’IRD – a pu enregistrer plus de 600 000 occurrences végétales en Afrique tropicale, provenant de plus de 25 000 espèces de plantes vasculaires.

 

Ce mois-ci, trois études s’appuyant de façon directe ou indirecte sur la base de données Rainbio ont dévoilé des résultats sans précédent sur l’état et le devenir de la flore africaine ainsi que sur les espèces rares à l’échelle mondiale.

 

 

  • Plus d’un tiers des plantes sur terre sont considérées comme extrêmement rares et menacées par le changement climatique et le changement d’usage des Terres

 

Pour la première fois à l’échelle planétaire, une étude parue le 27 novembre dans la revue Science Advances a pu déterminer que 36,5 % des 435 000 espèces végétales de la Terre sont à considérer comme extrêmement rares. Ces résultats sont basés sur BIEN, une immense base de données ayant intégré Rainbio. Les scientifiques ont localisé les régions qui les abritent et conclu qu’elles se situent majoritairement dans des régions climatiques stables. Or les événements extrêmes provoqués par le changement climatique risquent de bouleverser ces climats et avoir un impact majeur sur les espèces rares. D’après les prévisions, les Andes méridionales et l’Asie du Sud-Est devraient enregistrer les plus fortes baisses. Le changement d’usage des terres fait aussi partie des grandes menaces. Si rien n’est fait pour préserver la flore rare planétaire dans les années à venir, c’est environ 158 000 espèces de plantes qui sont menacées d’extinction.

 

Enquist, B.J., Feng, X., Boyle, B., Maitner, B., Newman, E.A., Jørgensen, P.M., Roehrdanz, P.R., Theirs, B.M., Burger, J.R., Corlett, R. and Donoghue, J.C., 2019. The commonness of rarity: Global and future distribution of rarity across land plants. Science Advances5(11). DOI: 10.1126/sciadv.aaz0414

 

Rainbio Cesab CP

Fig. Where are rare species distributed geographically?

 

 

  • Près d’un tiers de la flore tropicale africaine est menacée d’extinction

 

Le 20 novembre dernier sortait la première évaluation du statut de conservation préliminaire réalisée de la flore tropicale africaine. L’article a révélé que près d’un tiers – 31,7 % – de cette flore pourrait être menacé d’extinction. En superposant les cartes de distribution des espèces et celles de l’utilisation des terres – des plus préservés aux plus exploitées – réalisées à partir de la base de données Rainbio, les chercheurs sont parvenus pour la première fois, à évaluer le statut de conservation potentiel de la flore tropicale à l’échelle du continent. « Cette étude constitue la première évaluation du statut de conservation potentiel de la flore à une échelle continentale, suivant la méthodologie de l’UICN », souligne Thomas Couvreur, botaniste à l’IRD qui a coordonné l’étude. « Ces évaluations pourraient fournir des informations cruciales pour améliorer la gestion de la biodiversité et favoriser un développement économique durable en Afrique. »

 

Stévart, T., Dauby, G., Lowry, P.P., Blach-Overgaard, A., Droissart, V., Harris, D.J., Mackinder, B.A., Schatz, G.E., Sonké, B., Sosef, M.S.M. and Svenning, J.C., 2019. A third of the tropical African flora is potentially threatened with extinction. Science Advances5(11). DOI: 10.1126/sciadv.aax9444

 

Fig. Spatial distribution of threatened plant species across tropical Africa.

 

 

  • Du rôle vital joué par les montagnes pour la biodiversité végétale tropicale africaine

 

Dans l’étude parue dans la revue New phytologist le 30 octobre dernier, les scientifiques ont pu déterminer où les plantes d’Afrique tropicale se diversifient et persistent au cours du temps en s’appuyant sur la base de données Rainbio. Leur étude souligne le rôle vital joué par les montagnes agissant simultanément comme berceaux et lieux de persistance de la biodiversité végétale tropicale africaine. En revanche, les forêts tropicales des basses terres de l’Afrique de l’Ouest et Centrale servent principalement de musées, pour la diversité générique (i.e. régions où les genres persistent au cours du temps). Ces résultats permettent de comprendre la répartition de la biodiversité et les stratégies de conservation au niveau de la région.

 

Dagallier, L.P.M., Janssens, S.B., Dauby, G., Blach‐Overgaard, A., Mackinder, B.A., Droissart, V., Svenning, J.C., Sosef, M.S., Stévart, T., Harris, D.J. and Sonké, B., 2019. Cradles and museums of generic plant diversity across tropical Africa. New Phytologist. DOI: 10.1111/nph.16293

 

Rainbio Cesab CP

Fig. Map of the protected areas of Africa overlaid onto categorical analysis of neo- and paleo-endemism (CANAPE) results.

Fronts de sciences 2019

 

Face au déclin accéléré de la biodiversité, la recherche est fortement interrogée par les acteurs publics et privés. Or, dans de nombreux domaines, il reste des questions non résolues, des obstacles et des freins à l’avancée de la connaissance.

 

En 2019, le Conseil scientifique (CS) de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) met en lumière certaines des évolutions de la recherche sur la biodiversité et offre ainsi un aperçu de plusieurs actualités scientifiques et des défis auxquels la recherche fait face.

[Ipbes 7] Messages-clés de l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques

Le 7 mai dernier, à l’occasion de la 7e plénière de l’Ipbes, 132 États membres ont approuvé le « Résumé pour décideurs » contenant les messages clés de l’Évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques. Cette évaluation sans précédent a permis de rendre compte des changements qui se sont opérés au cours des 50 dernières années et a fourni un aperçu complet de la relation entre les trajectoires de développement économique et leurs impacts sur la biodiversité.
L’Ipbes a appelé à des changements systémiques profonds à l’échelle planétaire pour inverser les tendances et assurer l’avenir de l’humanité.

 

La FRB propose dans la brochure téléchargeable ci-dessous les principaux messages à retenir et une analyse critique de ce travail unique.

Évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques – Les principaux messages de l’évaluation Ipbes

Cette évaluation sans précédent a permis de rendre compte des changements qui se sont opérés au cours des 50 dernières années et a fourni un aperçu complet de la relation entre les trajectoires de développement économique et leurs impacts sur la biodiversité.
L’Ipbes a appelé à des changements systémiques profonds à l’échelle planétaire pour inverser les tendances et assurer l’avenir de l’humanité.

 

La FRB propose dans la brochure (téléchargeable dans les ressources ci-dessous) les principaux messages à retenir ainsi qu’une analyse critique de ce travail unique.

[CESAB] Le projet FAIR_Data est accueilli au Cesab

Le Cesab de la FRB est une structure de recherche au rayonnement international ayant pour objectif est de mettre en œuvre des travaux innovants de synthèse et d’analyse des jeux de données déjà existants dans le domaine de la biodiversité.

Dans ses locaux montpelliérains, le Cesab offre à présent à des chercheurs l’opportunité de se retrouver pour avancer sur leurs projets mêlant synthèse de données et biodiversité. Il inaugure aujourd’hui cette nouvelle formule avec l’accueil du projet FAIR, dont il est partenaire.

 

La nécessité croissante de rendre les données de la recherche “Découvrables, Accessibles, Interopérables et Réutilisables” (en anglais : Findable, Accessible, Interoperable and Reusable, d’où les principes des données FAIR) a conduit à la constitution d’un groupe de réflexion au sein de la communauté académique montpelliéraine. L’objectif de ce groupe est de décliner les principes des données FAIR et d’élaborer des procédures permettant de les mettre en œuvre dans différents champs disciplinaires : biodiversité/écologie, agronomie, sciences de l’ingénieur, sciences humaines et sociales. Il a été constitué au printemps 2019 à l’initiative des LabEx CeMEB, NUMEV, Agro et de l’institut de convergence DigitAg.

 

Le groupe de réflexion se réunit aujourd’hui pour la seconde fois dans l’objectif de concevoir un plan de gestion des données et d’identifier les ressources terminologiques (métadonnées, vocabulaires contrôlés) pertinents pour aboutir à des jeux de données “FAIR”.

 

 

Principal Investigator :

Eric GARNIER (CNRS)

 

Participants :

Cédric BOURRASSET – ATOS ; Sophie BOUTIN – Université de Montpellier ; Marie-Christine CORMIER SALEM – AGROPOLIS ; Olivier GIMENEZ – CNRS ; François GREGOIRE – ATOS ; Mylène JONQUET – LIRMM ; Carole KERDELHUE – INRA ; Anne LAURENT – Université Montpellier ; Emmanuel LE CLEZIO – Université Montpellier ; Nicolas MOUQUET – CNRS-FRB ; Loïc MAISONNASSE – ATOS ; Antoine OLGIATI – ATOS ; Andrea PARMEGGIANI – Université Montpellier  ; Pierre PERE – IRSTEA ; Pascal PONCELET – LIRMM ; Lionel TORRES – Université Montpellier ; Olivier TORRES – UPV.

 

[Synthèse] Coup de vieux sur l’Anthropocène

Jusqu’alors beaucoup d’entre eux établissaient son début à l’initiation de la révolution industrielle, il y a 150 ans, ou dans les années 1950, date dite de la “grande accélération”, périodes où – selon les indicateurs utilisés – l’impact des activités humaines sur la planète serait devenu prédominant. Une publication récente intitulée L’incidence précoce de l’usage des terres sur la transformation de la planète, mise en perspective au travers de l’article Comment les humains ont changé la face de la Terre, remet en question ce calendrier. En effet, les résultats très impressionnants des analyses collaboratives du type big data effectuées par le consortium ArchaeoGLOBE suggèrent que l’influence des hommes sur la planète remonte à 3 000 ans, époque des chasseurs-cueilleurs, des agriculteurs et des éleveurs.

 

À l’heure où la FRB se penche sur les indicateurs et outils de mesure des activités humaines sur la biodiversité à l’occasion de ses Journées annuelles, cette étude montre que les reconstructions mondiales existantes sous-estiment probablement l’impact de l’utilisation précoce des terres par l’Homme sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes de la Terre et invite la communauté scientifique à raisonner sur un plus long terme les émissions de carbone, les changements d’usage des terres et l’érosion de la biodiversité.

Coup de vieux sur l’Anthropocène

Comment les humains ont changé la face de la Terre

Les données archéologiques montrent que les changements anthropiques ont commencé plus tôt et se sont répandus plus vite qu’estimé précédemment.

___

 

L’Anthropocène est la période au cours de laquelle les activités humaines ont acquis une influence majeure sur le changement climatique et l’environnement. Il est difficile d’estimer le début de cette ère, et en particulier d’estimer l’incidence de l’Homme avant la période historique et les écrits associés. L’hypothèse avait déjà été formulée que la déforestation préhistorique et la riziculture pourraient expliquer l’augmentation préindustrielle des concentrations de méthane et de dioxyde de carbone dans l’atmosphère il y a environ 7 000 ans. Pour le dernier millénaire, les chercheurs se basent sur des documents historiques et, pour la période précédente, sur les observations archéologiques et paléo-écologiques. Les données archéologiques sont d’une grande importance mais jusqu’à récemment il était difficile d’en retirer des tendances globales.

 

Les travaux de Stephens et al. rapportés ci-dessous suggèrent que la Terre avait déjà été considérablement transformée par les activités humaines il y a 3 000 ans. Ce jalon temporel pour les changements d’origine anthropique de la couverture terrestre est en accord avec les interprétations issues de l’analyse de plusieurs autres sources de données (par exemple, les reconstructions des pertes de forêts en Europe tempérée) et conforte largement l’hypothèse de Ruddiman et al. en 2016 qui voyaient une origine anthropogénique dans le réchauffement préindustriel de l’Holocène tardif.

A contrario, l’utilisation de la base de données historique sur l’environnement mondial (HYDE, Klein Goldewijk et al., 2017), qui simule la couverture terrestre mondiale passée, abouti à des conclusions en contradiction avec celles de Stephens et al. en mettant en avant un faible volume d’impacts anthropiques à l’époque préhistorique.

 

Ces différences dans les conclusions des deux types d’études peuvent être dues aux biais associés aux données archéologiques qui proviennent d’endroits habités par l’Homme et ne renseignent pas directement sur l’état des zones sauvages. Les enseignements issus notamment de données paléo-écologiques (pollens) devraient conduire à d’utiles comparaisons de dates.

 

Enfin, si de grandes régions ayant eu une longue histoire d’agriculture et de pastoralisme (Europe et Chine par exemple) au cours des six derniers millénaires devraient montrer des trajectoires globales similaires pour le changement de couverture du sol, quelle que soit la source de données utilisée, ce n’est pas le cas pour beaucoup d’autres régions. En Europe tempérée et dans le nord-est de la Chine, le modèle HYDE indique une augmentation exponentielle des terres agricoles et des pâturages il y a environ 1 000 ans alors que les résultats ArchaeoGLOBE pour ces régions font apparaître une importante conversion de terres d’origine humaine il y a 3 000 ans. Quant aux analyses polliniques, qui permettent une estimation des terres libres de toute empreinte, elles établissent plutôt cette augmentation entre 1 000 et 3 000 ans. Quelle que soit la méthode utilisée, les tendances temporelles se ressemblent uniquement dans la zone de forêt boréale européenne.

 

Quoiqu’il en soit, les résultats très impressionnants des analyses collaboratives du type « big data » effectuées par le consortium ArchaeoGLOBE indiquent que la transformation humaine de la surface de la Terre a commencé bien avant ce que certains chercheurs appellent « la grande accélération » et devraient inciter la communauté scientifique à raisonner sur un plus long terme les émissions de carbone et l’évolution de l’utilisation des terres.

 

[Synthèse] Du déclin au rétablissement de la biodiversité : l’urbanisation et l’avenir de la conservation de la biodiversité

L’urbanisation de la planète et l’amélioration de l’efficacité environnementale des villes pourraient-elles conduire au rétablissement de la biodiversité ?
Tel est le sujet d’une étude menée par Eric Sanderson et ses collaborateurs, publiée dans la revue scientifique BioScience. Leurs travaux proposent de se projeter non pas jusqu’en 2050, comme c’est souvent le cas dans les scénarios prospectifs (Ipbes, 2019), mais jusqu’en 2100. L’évolution des modes de consommation, la diminution de la pauvreté et la prise de conscience de l’impact des activités humaines sur l’environnement ouvriraient des portes vers des scénarios favorables à une meilleure qualité de vie et une biodiversité restaurée.

Actias | Patrons globaux de diversité, distribution et singularité évolutive chez les insectes

Le projet Actias est issu de l’observation que les études à large échelle visant à documenter les patrons spatio-temporels de biodiversité et à comprendre leur origine et leur devenir sont fondamentalement biaisées vers les vertébrés et les plantes. Ceci laisse les insectes – bien que représentant la grande majorité des organismes pluricellulaires de la planète – largement sous-étudiés à cette échelle. Pourtant, les insectes sont des éléments clés des écosystèmes et nous commençons seulement à mesurer à quel point l’impact des changements globaux sur leurs espèces et leurs populations est sévère.

 

Les études de biodiversité à grande échelle ont récemment bénéficié grandement de l’extraordinaire développement des infrastructures, des méthodes et des outils pour la gestion et l’analyse de très gros jeux de données. Ces analyses de « Big Data » ont ainsi stimulé d’importantes avancées dans les domaines de la macroécologie, la biogéographie et la biologie évolutive, et elles ont nourri des politiques de conservation mieux documentées dans un monde que nous voyons malheureusement s’engager dans une période qualifiée de « 6ème extinction ».

 

Le projet Actias avait pour objectif de :

  • proposer deux familles de Lépidoptères – Saturniidae et Sphingidae – comme les premiers modèles pour l’étude à l’échelle globale de la diversité des espèces chez les insectes ;
  • réaliser les premières analyses à grande échelle chez des insectes des patrons macroécologiques et des processus qui les gouvernent ;
  • informer et comprendre le devenir de la diversité des insectes et aider à proposer des stratégies de conservation adaptées.

 

[Communiqué] Publication dans PLoS Biology des travaux du groupe Cesab Pelagic

À la suite des travaux menés par le groupe de travail Pelagic, co-financé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) accompagné par son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab), une étude a été menée sur l’impact des activités humaines sur les prédateurs marins. Elle a mis en évidence, dans une publication scientifique publiée le 6 août 2019 dans PLoS Biology, que les prédateurs marins se regroupent principalement sur des récifs isolés et des monts sous-marins situés à plus de 1 250 km des ports de pêche.

 

Cette étude a été menée par une équipe internationale, dirigée par la Société zoologique de Londres (ZSL), de 15 chercheurs de 12 instituts de recherche différents, parmi lesquels l’Université de Montpellier et l’IRD.

 

Consultez le communiqué de presse.

 

— 

Références de l’article :

Letessier TB, Mouillot D, Bouchet PJ, Vigliola L, Fernandes MC, Thompson C, et al. (2019) Remote reefs and seamounts are the last refuges for marine predators across the Indo-Pacific. PLoS Biol 17(8): e3000366. https://doi.org/10.1371/journal.pbio.3000366

[Cesab] Appel à projets CESAB- sDiv SYNERGY

 

 

Le Cesab et le sDiv sont des instruments de la FRB (Fondation française pour la recherche sur la biodiversité) et de l’iDiv allemand (centre de recherche allemand sur la biodiversité). Ces deux centres accueillent des groupes de chercheurs travaillant sur une meilleur utilisation des données, des informations et des connaissances existantes pour favoriser une réflexion synthétique dans le domaine de la recherche sur la biodiversité. Ils lancent un appel conjoint appelé “synergy ” pour financer deux groupes  de 5 à 7 chercheurs qui partageront leurs réunions entre les deux centres.

 

Le thème principal de l’appel est “Coexistence et stabilité dans les communautés à haute diversité”. La théorie moderne de la coexistence fournit un cadre utile pour comprendre la coexistence des espèces dominantes, mais elle se limite à quelques espèces en interaction et n’est ni prédictive ni extensible à des contextes nouveaux ou réels. Cet appel conjoint vise à favoriser une synthèse pour comprendre la coexistence et la stabilité dans des communautés typiques à haute diversité qui sont souvent composées d’un nombre relativement faible d’espèces dominantes et de nombreuses espèces à faible abondance. Les approches de modélisation, à la fois mécanistes et statistiques, pourront être nouvelles ou élargir les cadres existants. 

 

Une pré-sélection de projets sera opérée par les membres des comités scientifiques de la sDiv et du Cesab , dans un délai de deux semaines après la réception des pré-propositions. 

 

Plus d’informations sur l’appel à projet (en anglais).

 
Contact : cesab@fondationbiodiversite.fr 

[Cesab] Postdoctorat DiveRS

Localisation: FRB – CESAB, 5, rue de l’École de Médecine, 34000 Montpellier, France

Salaire: 2250€ / mois

Contrat: 2 ans, temps plein

Date limite des candidatures: 31 août 2019

Date de prise de poste : 1er novembre 2019

 

Le projet CESAB DiveRS est à la recherche d’un postdoctorant sur deux ans pour travailler sur l’évolution du système de reproduction des angiospermes. Le projet est le fruit d’un effort de collaboration de 15 chercheurs de différentes nationalités pour comprendre comment l’évolution du système de sélection des plantes est liée à l’évolution d’autres caractères, ainsi qu’à la spéciation et à l’extinction. 

 

 

Retrouvez la description complète de l’offre ici (en anglais). 

[Tribune] Une priorité nationale

En quelques jours, début mai 2019, quelque chose a changé dans le paysage médiatique et politique.

La biodiversité, sujet de préoccupation des seuls scientifiques, des naturalistes et de quelques directeurs environnement de trop rares entreprises, est devenue une priorité nationale. Merci à l’Ipbes, le Giec de la biodiversité, d’avoir su, par son alerte massive et dûment étayée par les messages que la science, notamment française, portait depuis des années, casser ce plafond de verre que nous, les professionnels de la question, ne parvenions pas même à atteindre, et faire rentrer la biodiversité jusqu’aux salons de l’Élysée.

 

L’Ipbes l’a expliqué, la biodiversité et les écosystèmes vont très mal, les populations de multiples espèces diminuent, et pas seulement dans les pays lointains, mais aussi devant notre porte. Les espèces disparaissent à un rythme croissant sous les effets des multiples pressions que les humains, qui sont eux de plus en plus nombreux et qui consomment de plus en plus, exercent sur la vie terrestre. L’empreinte écologique de l’Europe et de la France dépasse très largement les capacités de nos pays, et nous vivons à crédit au détriment de la biodiversité du reste de la planète.

 

(…)

 

  • Pour lire l’intégralité de la Tribune, rendez-vous sur le site de l’Humanité.

 

Signataires : Jean-François Silvain, Hélène Soubelet, président et directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), et les membres du Conseil scientifique de la FRB : François Sarrazin, Sébastien Barot, Cécile Albert, Isabelle Arpin, Anne Charmantier, Nicolas Gaidet-Drapier, Philippe Grandcolas, Jean-François Guégan, Philippe Gros, Hervé Jactel, Line Le Gall, Harold Levrel, Jean-Louis Morel, Jean-Louis Pham, Éric Thybaud…

[Ipbes 7] Le dangereux déclin de la nature : un taux d’extinction des espèces “sans précédent” et qui s’accélère

« La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine – et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier », alerte le nouveau et historique rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes), dont le résumé a été approuvé lors de la 7e session plénière de l’Ipbes, qui s’est réunie la semaine dernière (du 29 avril au 4 mai) à Paris.

 

[Efese] Comment se portent les écosystèmes français ?

À l’occasion de la publication des rapports de l’Évaluation française des écosystèmes et des services écosystémiques (Efese), consacrés aux six grands types d’écosystèmes présents à l’échelle nationale, la FRB a synthétisé les principaux biens et services associés à chacun d’eux.

 

À l’échelle de la France, le programme Efese, porté par le ministère en charge de l’environnement, constitue une démarche analogue à celle de l’Ipbes, la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques.

La Nuit de la Biodiversité

Débattre et trouver ensemble des solutions
en faveur de la Biodiversité

 

Animé par Max Bird

 

Les théories de l’effondrement sont-elles réalistes ? Quelles sont les actions à mettre en place pour stopper le déclin de la biodiversité ? Les recommandations des scientifiques sont-elles applicables ?

 

Autant de questions majeures auxquelles des scientifiques de renommée internationale, des journalistes et de futurs avocats seront amenés à répondre et à débattre.

Riche de ces échanges, le public sera invité à imaginer des solutions innovantes en faveur de la biodiversité au cours d’ateliers participatifs conçus pour la Nuit de la Biodiversité.

 

Le youtubeur, humoriste et amoureux de la nature, Max Bird sera présent tout au long de la Nuit pour l’animer et faciliter les échanges entre le public et les intervenants.

 

Retrouvez le programme de la soirée dans les ressources ci-dessous. 

 

Schémas spatiaux et temporels de blanchissement de masse des coraux pendant l’Anthropocène

L’une des conséquences liées à l’augmentation des températures est le blanchissement corallien.

Le blanchissement se produit lorsque la densité des symbiotes algales, les zooxanthelles (Symbiodinium spp.), dans les tissus d’un hôte corallien diminue drastiquement à la suite d’un stress environnemental, révélant le squelette blanc du corail sous-jacent. La survie des coraux blanchis est alors compromise physiologiquement et nutritionnellement. Un blanchissement prolongé sur plusieurs mois conduit à des niveaux élevés de mortalité corallienne. La modélisation du climat mondial et les observations satellitaires indiquent également que les conditions thermiques requises pour le blanchissement des coraux prévalent de plus en plus, laissant présager que les zones de refuge, indemnes de blanchissement, pourraient disparaître au milieu du siècle.

 

Ces épisodes de blanchissement corallien, de plus en plus récurrents, et la mortalité des coraux qui en découle sont des phénomènes récents causés par l’impact anthropique. Ce qui, jusque dans les années 1980, n’était qu’un phénomène observable à l’échelle locale (quelques dizaines de kilomètres), causé par des facteurs de stress locaux (inondations d’eau douce, sédimentation ou encore temps inhabituellement froid ou chaud) est devenu un phénomène observable à l’échelle régionale (> 1000 km) et globale lié aux pressions anthropiques. C’est ce que révèle les bandes de croissance des coraux âgés des Caraïbes : les distorsions synchrones des dépôts squelettiques (bandes de stress) le long d’un tronçon de 400 km du récif mésoaméricain n’ont été trouvées que dernièrement suite aux conditions extrêmement chaudes.

 

Un des résultats majeurs de l’étude « Schémas spatiaux et temporels de blanchissement de masse des coraux pendant l’Anthropocène », publiée dans Science, est la mise en évidence de l’augmentation spectaculaire de la fréquence et de l’intensité des phénomènes de blanchissement corallien qui atteignent des niveaux très élevés et quasiment irréversibles.

 

[Ipbes 7] Biodiversité et exploitation directe des ressources

À l’occasion de la sortie du nouveau rapport de l’IPBES sur l’état de la biodiversité mondiale prévu pour mai 2019, la FRB donne chaque mois la parole à des scientifiques qui travaillent sur les menaces qui pèsent sur la biodiversité, mais aussi sur les solutions pour y remédier.

Écologues, juristes, économistes, biologistes de la conservation sont autant de chercheurs qui offriront chacun un éclairage précis sur l’état et le devenir des espèces et de leurs écosystèmes.

 

Le troisième thème abordé est celui de l’exploitation directe des ressources, considéré comme la 2e cause de perte de biodiversité dans le monde.

[Synthèse] Les plantes favorisent-elle leurs parents ?

Si les scientifiques ont démontré que certaines plantes communiquent entre elles pour prévenir leurs congénères de dangers, certains vont plus loin et estiment que des plantes établissent des rapports privilégiés avec leurs parents. Ainsi l’arabette des dames (Arabidopsis thaliana) modifierait l’arrangement de ses feuilles pour réduire son ombrage et favoriser ses parents qui poussent à ses côtés. Les tournesols apparentés, plantés les uns à côté des autres, s’organiseraient pour se faire de l’espace. Une plante de la famille des brassicacées (Moricandia moricandioides) cultivée avec ses parents produirait plus de fleurs et serait ainsi plus attrayantes pour les pollinisateurs.

 

Jugées peu sérieuses il y a une dizaine d’années, ces théories gagnent du terrain. La scientifique Elizabeth Pennisi a ainsi réalisé une synthèse de connaissance parue en janvier dernier dans la revue Science intitulée : les plantes favorisent-elles leur parents ?

Les plantes favorisent-elles leurs parents ?

Les comportements de préférence ou de protection entre parents ont été largement documentés chez les animaux et même expliqués en termes d’avantage évolutif. Ainsi les individus apparentés trouveraient avantage à collaborer pour transmettre leurs gènes.

Il y a plus de dix ans, une biologiste canadienne avait émis l’idée qu’il pouvait en être de même pour les plantes. Cependant, comme ces dernières ne possèdent pas le système nerveux qui permet aux animaux de reconnaître leur parentèle, sa théorie n’a pas été considérée comme sérieuse. Depuis, la science a démontré que les plantes pouvaient distinguer les racines relevant du “soi” et les racines relevant du “non-soi”, ouvrant une brèche vers un élargissement des perspectives en matière de comportement des plantes.

Les travaux scientifiques récents présentés par Elisabeth Pennisi dans une synthèse pour le journal Science en janvier 2019 vont encore plus loin.

 

Les conséquences pratiques que sous-tendent les premières études sur la reconnaissance familiale chez les plantes et ses conséquences ont suscité l’intérêt de la communauté scientifique. Les mécanismes en jeu pour favoriser les individus apparentés sont divers : certaines espèces limitent l’étendue de la propagation de leurs racines, d’autres modifient le nombre de fleurs qu’elles produisent et quelques-unes inclinent ou déplacent leurs feuilles pour minimiser l’ombrage des plantes voisines. Néanmoins, les questions persistent : une plante identifie-t-elle un parent génétique ou reconnaît-elle simplement que sa voisine est plus ou moins semblable à elle-même ?

 

“Il semble que chaque fois qu’un scientifique cherche un effet de préférence parentale chez les plantes, il le trouve”, a déclaré André Kessler, un spécialiste en écologie chimique à l’université de Cornell.

 

Un des premiers exemples intéressants est celui de la sauge buissonnante (Artemisia tridentata) en Amérique du nord. Attaqués par des herbivores, les arbustes libèrent des substances chimiques volatiles qui poussent l’arbre voisin à produire des composés toxiques pour leurs ennemis communs. L’écologue Richard Karban, de l’Université de Californie à Davis, s’est demandé si les parents étaient prévenus de manière préférentielle. Il avait déjà été établi que les buissons se divisaient en deux “chémotypes”1, émettant soit du camphre soit de la thuyone lorsque leurs feuilles sont endommagées. L’équipe a montré que les chémotypes étaient héritables, ce qui en faisait un signal potentiel de reconnaissance de parentèle. En 2014, les chercheurs ont indiqué que, lorsque les substances volatiles d’une plante présentant un chémotype donné étaient appliquées sur le même type de plante, ces plantes produisaient des défenses anti herbivores plus fortes et présentaient beaucoup moins de dommages causés par les insectes que lorsque les substances volatiles provenaient d’une plante de l’autre chémotype.

 

Un second exemple est fourni par la moutarde Arabidopsis thaliana. Il y a environ huit ans, Jorge Casal, biologiste spécialiste des plantes à l’université de Buenos Aires, a remarqué que les plants d’Arabidopsis poussant aux côtés de parents modifient l’arrangement de leurs feuilles pour réduire l’ombrage sur leurs voisines, mais qu’elles ne le font pas lorsque les voisins ne leur sont pas apparentés. Leur perception de la présence de parents était toutefois un mystère. En 2015, l’équipe de Casal a découvert que la force avec laquelle la lumière est réfléchie sur les feuilles voisines donne une indication de la parenté et initie les réarrangements dans les feuilles. Des membres d’une même famille ont tendance à produire des feuilles à la même hauteur et par conséquence à renvoyer plus de lumière vers leurs voisines. L’équipe de chercheurs a mis en évidence que cette réduction d’ombrage favorisait une croissance plus vigoureuse et une meilleure production de graines.

Ce fut le premier cas de reconnaissance des parents chez les plantes où la relation complète incluant la reconnaissance de la parentèle (signal et récepteur) et ses conséquences a été mis en évidence. Depuis lors, Casal et son équipe ont montré en 2017 dans les Actes de la National Academy of Sciences que, lorsque des tournesols apparentés sont plantés les uns à côté des autres, ils s’organisent également pour ne pas se gêner entre eux. Les tournesols inclinent leurs tiges en alternance d’un côté ou de l’autre de la rangée. Pour pousser encore plus loin l’expérience, ils ont planté entre 10 et 14 plantes apparentées par mètre carré – une densité plus élevée que dans les plantations commerciales – et ont obtenu 47 % d’huile en plus lorsque les plantes étaient libres de leur mouvement (et donc capables de s’éloigner les unes des autres) comparées aux mêmes plantes contraintes de pousser droit.

 

Plus tard, Susan Dudley, écologiste de l’évolution des plantes (university McMaster à Hamilton, au Canada) a déclaré : “nous devons reconnaître que les plantes ne détectent pas seulement s’il fait jour ou nuit, ou si elles ont été attaquées, mais qu’elles reconnaissent aussi avec qui elles interagissent”. Estimant que les mêmes forces évolutives qui conduisent à favoriser la parentèle devraient s’appliquer aux plantes, la chercheuse a conduit des expérimentations avec de la roquette des mers (Cakile edentula), une plante succulente trouvée sur les plages nord-américaines. Elle a ainsi publié en 2017 une étude démontrant que le système racinaire de la roquette était moins développé lorsqu’elle était cultivée en pots avec des plantes apparentées par rapport à la même roquette cultivée avec des plantes non apparentées de la même population. Elle a suggéré que la plante avait réduit la concurrence de ses propres racines en laissant plus de place à ses parents pour obtenir de la nourriture et de l’eau. Si son étude a été vivement critiquée tant en termes de rigueur statistique qu’en termes de conception, néanmoins d’autres chercheurs ont depuis publié des découvertes similaires.

 

Le 22 mai 2018, Rubén Torices et ses collègues de l’université de Lausanne (Suisse) et du Conseil national de la recherche espagnole ont publié dans Nature Communications les résultats d’une étude démontrant un phénomène de coopération chez une autre brassicacée d’ornement, Moricandia moricandioides. Après avoir cultivé 770 plantes en pot, seules ou avec trois ou six voisins de parenté variable, l’équipe a mis en évidence que les plantes cultivées avec des parents produisaient plus de fleurs, ce qui les rendaient plus attrayantes pour les pollinisateurs. Les expositions florales étaient particulièrement élevées dans les pots les plus peuplés. Torices, aujourd’hui enseignant à l’université King Juan Carlos à Madrid, qualifie ces effets “d’altruistes”, car chaque plante abandonne individuellement une partie de son potentiel de production de graines pour dépenser plus d’énergie dans la production de fleurs avec une présomption d’une meilleure fertilisation au bénéfice de la communauté.

 

Chui-Hua Kong, spécialiste en écologie chimique (université d’agriculture de Chine, Beijing), exploite un effet similaire pour stimuler les rendements chez le riz. Son laboratoire étudie des variétés de riz émettant des produits chimiques à effet désherbant à partir de leurs racines, mais qui obtiennent des rendements trop faibles pour remplacer les variétés couramment cultivées qui nécessitent des herbicides. Toutefois, en septembre 2018, à l’issue de tests de terrain conduits pendant trois ans, les chercheurs ont publié dans le journal New Phytologist des résultats démontrant que des variétés de riz “autoprotectrices” (capables de reconnaître leur parentèle), avaient des rendements augmentés de 5 % lorsqu’elles étaient cultivées avec des parents, plutôt qu’avec des plantes non apparentées.

 

Pour tester l’approche à plus grande échelle et confirmer que ces liens familiaux suggérés pouvaient être exploités pour améliorer les rendements des cultures, les chercheurs ont répété l’expérience dans des rizières du sud de la Chine.

 

Brian Pickles, écologiste à l’université de Reading au Royaume-Uni, propose, quant à lui, que la reconnaissance de la parentèle puisse aider les forêts à se régénérer. En traçant les flux de nutriments et les signaux chimiques entre les arbres reliés par des champignons souterrains, il a montré que les sapins nourrissent préférentiellement leurs parents et les avertissent des attaques d’insectes. Les résultats suggèrent qu’une famille de sapins grandirait plus rapidement qu’une communauté de sapins non apparentés.

 

Pour certains biologistes, ce nouveau paradigme des plantes en communication et en coopération nécessite encore la production de preuves. “Je ne pense pas que nous ayons actuellement des preuves convaincantes d’une reconnaissance parentale chez les plantes”, déclare Hélène Fréville, biologiste des populations à l’Inra de Montpellier. Laurent Keller, biologiste de l’évolution à l’université de Lausanne, a montré au contraire que les signes apparents de reconnaissance de la parentèle chez Arabidopsis provenaient plutôt de différences innées entre les plantes. Il appelle à plus de rigueur dans les études pour écarter d’autres explications potentielles, tout en prédisant que des preuves plus solides de la reconnaissance de la parentèle chez la plante émergeront. Karban, lui, est déjà pleinement convaincu. “Nous apprenons que les plantes sont capables d’un comportement beaucoup plus sophistiqué que nous avions pensé, c’est vraiment fascinant”.

 

1. Un chémotype est une entité chimique distincte au sein d’une même espèce (ensemble d’individus interféconds)

Note du Conseil scientifique de la FRB sur les conclusions de 2 rapports Ipbes parus en 2018

Le CS salue le remarquable travail collectif effectué dans le cadre de ces rapports et retient plusieurs messages :

 

  • L’érosion de la biodiversité est avérée en Europe et en Asie et s’accélère sous l’effet des activités humaines – qu’il s’agisse, selon les contextes locaux ou régionaux, de conversion des terres, de changement climatique d’origine anthropique, de pollutions, de surexploitation de certaines espèces végétales ou animales, ou encore d’introduction d’espèces exotiques envahissantes… L’Ipbes signale également le lien entre ces dernières et les maladies infectieuses aux conséquences dramatiques pour certaines espèces.

 

  • Les comportements au niveau des politiques sectorielles et dans les modes de vie doivent changer ; il est nécessaire de consommer moins et différemment. Cela concerne la consommation directe et le cycle de vie des biens et services (alimentation, eau, énergie, matières premières, terres…). L’Ipbes rappelle que, d’ici à 2050, la production économique mondiale aura quadruplé en raison de l’augmentation de la consommation mue par la croissance démographique et les innovations technologiques. Comment alors atteindre les objectifs de limitation de dégradation des terres, de ralentissement des changements climatiques et de perte de biodiversité ? Les modes de déplacement humain doivent en particulier être réfléchis car ils contribuent à de nombreuses pressions sur les écosystèmes : conversion d’espaces naturels en infrastructures, diffusion d’espèces exotiques envahissantes par les déplacements, etc. Des modélisations montrent que la déforestation annuelle, dans certaines régions du monde, pourrait tripler avec une densification des infrastructures de transport donnant accès à des forêts denses inexploitées et à l’expansion des marchés agricoles.

     

  • L’enjeu est d’instaurer une nouvelle relation à la nature : les comportements ne peuvent changer que si l’on cesse de la considérer comme un réservoir inépuisable de ressources. Les travaux de l’Ipbes prennent en compte les multiples valeurs de la nature (culturelle, sociétale…) et soulignent les contributions des communautés autochtones et locales pour repenser les relations avec les non-humains et l’environnement. L’Ipbes illustre, par exemple, le rôle joué par la nature dans la construction des cultures et des identités. Par exemple, l’intensification et l’abandon des terres dans les paysages culturels européens entraînent une disparition des identités locales et des attachements associés.

     

  • Il convient de penser conjointement l’urbanisme, la gestion et la conservation des terres. L’un des rapports Ipbes traite de la dégradation des terres, terme général exprimant le changement d’usage des terres d’origine humaine et conduisant au déclin et à la perte de biodiversité ou des fonctions associées dans les écosystèmes terrestres ou aquatiques. L’artificialisation des sols, proche du sealed soils anglais, constitue une forme extrême de dégradation, stoppant tout fonctionnement écologique, hydrologique et biogéochimique du sol. Près de 4 % de la surface de l’Europe sont des zones urbaines et les projections de croissance démographique, à niveaux de densité constants, dessinent une augmentation des surfaces construites de 32 % entre 2010 et 2030. Avec une réduction de la densité des populations urbaines (« retour à la campagne »), l’augmentation pourrait atteindre 140 % !

     

  • Renverser la tendance de l’érosion de la biodiversité et de la dégradation des terres reste possible en identifiant des mesures appropriées et en les appliquant dans le cadre d’une gouvernance respectant ces principes : participation, transparence, responsabilité des politiques et responsabilisation des citoyens. L’Ipbes décline, par secteurs d’activités, des orientations stratégiques globales pour la conservation de la biodiversité et ses fonctionnalités. Si les pays d’Europe occidentale mettent déjà en œuvre certaines de ces mesures, l’efficacité de certaines reste à évaluer – c’est le cas du paiement des services écosystémiques (SE) : les usages de la biodiversité faiblement voire non régulés, souvent gratuits, ne sont pas durables. Au niveau des politiques européennes, l’Ipbes souligne les progrès à accomplir dans le secteur de l’extraction (mines, énergie) et de l’industrie, notamment pour le choix des implantations. La gestion des déchets et la réhabilitation des sites après exploitation s’accroîssent mais conduisent rarement à une restauration des SE précédant la phase d’extraction. L’Ipbes pointe aussi les risques, pour les écosystèmes du plancher océanique et de la colonne d’eau, associés aux perspectives d’exploitation des fonds marins. D’importants progrès sont également attendus du secteur tertiaire – santé, éducation, transport, tourisme, finance – pour mieux prendre en compte la biodiversité. Enfin, les évaluations de l’Ipbes témoignent de la richesse des connaissances issues des sciences de la conservation : elles doivent être mobilisées pour accompagner l’action publique et privée en faveur de la biodiversité.

Biodiversité et services écosystémiques en Europe et Asie centrale, les principaux messages de l’évaluation IPBES

Pour réaliser cette évaluation, plus de 120 experts internationaux issus de 36 pays ce sont réunis pour évaluer l’état des connaissances sur la biodiversité en Europe et en Asie centrale. Ils ont tiré leurs informations de plusieurs milliers de sources : travaux scientifiques, rapports techniques et savoirs traditionnels et locaux. Rassemblées dans les “Résumés pour décideurs”, les conclusions-clés visent à orienter les décisions relatives aux politiques publiques et aux actions du secteur privé et des citoyens en faveur de la préservation de la biodiversité.

Pour mettre en avant des messages synthétiques, la FRB propose un dépliant issu du rapport Europe et Asie centrale.

Dégradation et restauration des terres, les principaux messages de l’évaluation IPBES

Pour réaliser cette évaluation, plus d’une centaine d’experts internationaux issus de 45 pays ce sont réunis pour évaluer l’état des connaissances sur la dégradation et la restauration des sols. Ils ont tiré leurs informations de plusieurs milliers de sources : travaux scientifiques, rapports techniques et savoirs traditionnels et locaux. Rassemblées dans les “Résumés pour décideurs”, les conclusions-clés visent à orienter les décisions relatives aux politiques publiques et aux actions du secteur privé et des citoyens en faveur de la préservation de la biodiversité.

Pour mettre en avant des messages synthétiques, la FRB propose un dépliant issu du rapport Dégradation et restauration des terres.

Face aux espèces envahissantes, la diversité est notre alliée

Dans un monde globalisé où les humains sont présents sur tous les continents et où les échanges se sont multipliés, les espèces animales et végétales voyagent avec eux. Intentionnellement ou non, des espèces sont introduites dans de nouveaux écosystèmes, parfois très éloignés de leur origine. Si ce phénomène n’est pas récent, la tendance de ces cinquante dernières années est claire : une étude parue dans la revue Nature Communications indique que, depuis le XIXe siècle, plus d’un tiers des introductions se sont déroulées après 1970, soit un rythme d’introduction de 50% supérieur depuis cette date. Et ce rythme accru ne semble pas faiblir (Seebens et al., 2017). Certaines de ces espèces – qualifiées d’exotiques par leur provenance – s’adaptent à leur nouveau milieu, puis se multiplient et font concurrence aux espèces autochtones. Lorsque l’entrée dans la compétition d’une espèce exotique est établie, elle est alors qualifiée d’ “envahissante” (Colautti & MacIsaac, 2004). Ce phénomène n’a rien d’anodin : ces espèces exotiques envahissantes seraient la 4e cause de perte de biodiversité dans le monde, avec des effets comparables à ceux liés à l’impact de l’Homme sur les habitats naturels. Ce phénomène est particulièrement marqué dans les forêts de l’hémisphère nord (Murphy & Romanuk, 2014). D’après un rapport de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN, 2015), 354 espèces étaient directement menacées par des espèces exotiques envahissantes en Europe, soit 19 % de l’ensemble des espèces en danger.

Sortie du rapport Planète vivante / WWF

Le rapport Planète vivante 2018 du WWF International, fruit d’une collaboration avec la Société zoologique de Londres, est sorti.

 

Le rapport porte, à travers l’indice Planète vivante, un message fort et dramatique : entre 1970 et 2014, 60% des effectifs des populations de vertébrés sauvages ont baissé. Un constat qui ne surprendra pas les scientifiques compte tenu des nombreux articles récents qui démontrent ce déclin des populations de vertébrés et plus encore celui des populations de mammifères sauvages, un phénomène qui s’accentue.

 

On rappellera ici les spectaculaires enseignements de l’article de Bar-On et al. sur la répartition de la biomasse mondiale où les mammifères sauvages ne représentent plus 0,27% de la biomasse animale et 7% de la biomasse des animaux domestiques (cf. la synthèse sur la répartition globale de la biomasse au sein de la biosphère)  !

 

Au-delà de ce constat, le rapport rappelle que nous vivons depuis 1950 la «Grande accélération», phénomène unique qui se traduit par un accroissement exponentiel de la demande en énergie, en terres et en eau et donc par une pression de plus en plus grande sur les ressources terrestres et la biodiversité. L’empreinte écologique humaine a augmenté de 190 % au cours des 50 dernières années, augmentant la pression sur les terres et notamment sur la biodiversité des sols, et contribuant à la perte des pollinisateurs.

 

Le rapport s’achève en rappelant qu’il est encore possible de réagir et que l’on peut proposer une feuille de route 2020-2050 pour inverser ces tendances dramatiques et tenter de restaurer la biodiversité mondiale.

 

À quelques jours de la COP 14 en Egypte, ce rapport du WWF est le bienvenu et il faut espérer que les délégations y trouvent une source d’inspiration et surtout d’ambition pour la biodiversité !

 

[Planète vivante] Sortie du rapport de WWF

Le rapport porte, à travers l’indice Planète vivante, un message fort et dramatique : entre 1970 et 2014, 60% des effectifs des populations de vertébrés sauvages ont baissé. Un constat qui ne surprendra pas les scientifiques compte tenu des nombreux articles récents qui démontrent ce déclin des populations de vertébrés et plus encore celui des populations de mammifères sauvages, un phénomène qui s’accentue.

 

On rappellera ici les spectaculaires enseignements de l’article de Bar-On et al. sur la répartition de la biomasse mondiale où les mammifères sauvages ne représentent plus 0,27 % de la biomasse animale et 7 % de la biomasse des animaux domestiques (cf. synthèse correspondante) !

 

Au-delà de ce constat, le rapport rappelle que nous vivons depuis 1950 la « Grande accélération », phénomène unique qui se traduit par un accroissement exponentiel de la demande en énergie, en terres et en eau et donc par une pression de plus en plus grande sur les ressources terrestres et la biodiversité. L’empreinte écologique humaine a augmenté de 190 % au cours des 50 dernières années, augmentant la pression sur les terres et notamment sur la biodiversité des sols, et contribuant à la perte des pollinisateurs.

 

Le rapport s’achève en rappelant qu’il est encore possible de réagir et que l’on peut proposer une feuille de route 2020-2050 pour inverser ces tendances dramatiques et tenter de restaurer la biodiversité mondiale.

 

À quelques jours de la COP 14 en Egypte, ce rapport du WWF est le bienvenu et il faut espérer que les délégations y trouvent une source d’inspiration et surtout d’ambition pour la biodiversité !

 

L’extinction paradoxale des espèces les plus charismatiques

Cette question est fondamentale, surtout lorsqu’on sait qu’une des difficultés rencontrées pour la conservation des espèces est ce manque de soutien et de mobilisation du public. Par exemple, 20 millions d’américains sont descendus dans la rue pour la première manifestation “Jour de la Terre” en 1970, mais aucune mobilisation similaire n’a été constatée au 21e siècle pour la biodiversité et ce, malgré les messages redondant sur l’extinction.

 

Une opinion largement répandue, dans le grand public, mais aussi dans la littérature scientifique, est que les efforts de conservation profitent de manière disproportionnée aux espèces charismatiques et que, par conséquent, leur protection est suffisante et acquise. Plusieurs publications scientifiques recommandent par exemple de ne pas concentrer l’effort de conservation sur ces espèces, mais de s’intéresser aussi aux espèces moins connues ou même de privilégier des unités plus intégratives et moins visibles, comme les écosystèmes ou les fonctions écosystémiques dans les politiques de conservation (Keith et al., 2015).

Or, en étudiant 10 des espèces les plus charismatiques, l’étude a mis en évidence qu’elles couraient un risque élevé et imminent d’extinction dans la nature. Il apparait que le public ignore en réalité la situation de ces animaux, les résultats suggérant que cela pourrait être dû à la perception biaisée de leur abondance, émanant d’un décalage entre leur profusion dans notre culture et leur profusion réelle dans la nature. En utilisant librement l’image d’espèces rares et menacées pour la commercialisation de leurs produits, de nombreuses entreprises participent à cette perception biaisée. Les chercheurs émettent l’hypothèse que cette perception biaisée nuit involontairement aux efforts de conservation, d’une part parce que le public ignore que les animaux qu’il préfère font face à un danger d’extinction imminente et qu’il n’en perçoit donc pas le besoin urgent de conservation et que, par ailleurs, l’existence dans l’esprit du public de populations virtuelles renforce la perception que les populations réelles ne sont pas menacées. Cette sorte de compétition entre populations virtuelles et réelles, paradoxalement, diminue les efforts de conservation nécessaires et par conséquent accentue le risque d’extinction de ces espèces.

 

Cette situation devrait durer tant que cette utilisation ne sera pas accompagnée de campagnes d’informations adéquates sur les menaces auxquelles ces espèces font face. Les auteurs proposent donc de compenser ces effets préjudiciables sur les efforts de conservation en captant une partie des bénéfices associés à l’utilisation commerciale de l’image de ces espèces.

Les données de la biodiversité : biais taxonomiques en lien avec les préférences sociétales

Alors que la protection de la biodiversité s’impose de plus en plus comme un enjeu majeur tant pour les décideurs politiques que pour les acteurs de la société civile (des entreprises aux associations), les discussions autour de la biodiversité se concentrent uniquement sur un petit sous-ensemble d’espèces et la majorité des Eucaryotes reste inconnue ou ignorée. C’est ce qu’on appelle un biais taxonomique et, quoiqu’omniprésent dans la recherche sur la biodiversité, il est peu étudié, peu compris et donc peu ou pas pris en compte dans les conclusions de la recherche alors même qu’il est connu et que ses conséquences peuvent empêcher d’élaborer des conclusions couvrant l’ensemble du vivant et de mettre en place des programmes de protection efficaces.

 

Ainsi, certains organismes – principalement des plantes et des vertébrés – sont surreprésentés dans divers domaines scientifiques, car ils sont considérés comme écologiquement plus importants que d’autres et de ce fait sont plus susceptibles de lever des fonds. Or, il a été scientifiquement démontré que les espèces rares, petites ou non charismatiques, jouent parfois un rôle essentiel dans les écosystèmes et ne pas les considérer, par manque de connaissances, représente une entrave à la compréhension globale de la biodiversité à l’échelle mondiale, nuit à la mise en place de plans de conservation efficaces et ralentit la découverte de nouveaux produits ou propriétés chez les espèces sauvages.

 

L’étude de la biodiversité est une tâche ardue et nécessite de déployer une main-d’œuvre considérable pour rassembler et analyser les données sur la biodiversité. Cependant, alors que la biodiversité diminue à un rythme sans précédent, le biais taxonomique représente un fardeau pour les études sur la biodiversité qu’il est urgent de prendre en compte et de dépasser pour avoir une idée plus exacte de la diversité du vivant.

 

[Nouvelle synthèse] L’extinction paradoxale des espèces les plus charismatiques

Une opinion largement répandue, dans le grand public, mais aussi dans la littérature scientifique, veut que les efforts de conservation profitent de ma­nière disproportionnée aux espèces charismatiques et que, par conséquent, leur protection est suffisante et acquise.
Or, en étudiant 10 des espèces les plus charismatiques, l’étude de Franck Couchamp et ses collaborateurs a mis en évidence qu’elles couraient un risque élevé et imminent d’extinction dans la nature. Il apparait que le public ignore la situation de ces animaux. Les résultats suggèrent que cela pourrait être dû à la perception biaisée de leur abondance, émanant d’un décalage entre la profusion de leur représentation dans notre vie quotidienne à travers les médias, les jouets, les logos, et leur profusion réelle dans la nature. Les chercheurs émettent l’hypothèse que cette perception biaisée nuit involontairement aux efforts de conservation : d’une part parce que le public ignore que les animaux qu’il préfère font face à un danger d’extinction imminente et qu’il n’en perçoit donc pas le besoin urgent de conservation et que, par ailleurs, l’existence dans l’esprit du public de populations virtuelles renforce la perception que les populations réelles ne sont pas menacées. Cette sorte de compétition entre populations virtuelles et réelles, paradoxalement, diminue les efforts de conservation nécessaires et par conséquent accentue le risque d’extinction de ces espèces.

 

Cette situation devrait durer tant que cette utilisation ne sera pas accompa­gnée de campagnes d’information adéquates sur les menaces auxquelles ces espèces font face. Les auteurs proposent donc de compenser ces effets préjudiciables sur les efforts de conservation en captant une partie des bé­néfices associés à l’utilisation commerciale de l’image de ces espèces.

 

Découvrez ci-dessous cette troisième, et dernière, synthèses d’une série proposée par la FRB sur le paradoxe de la connaissance.

[Nouvelle synthèse] La biodiversité mondiale : le paradoxe de la connaissance

Comment, dans le contexte d’érosion accélérée de la biodiversité due au changement global, connaitre “l’ensemble connecté” des espèces vivantes ? Comment appréhender l’évolution des populations, leur potentiel d’adaptation aux pressions qu’elles subissent et inventer des solutions opérationnelles pour une gestion durable ? Au-delà de l’effort de mobilisation des compétences nécessaires pour élucider ces questions et de l’abondement pérenne des financements requis, la recherche sur la biodiversité dans toutes ses dimensions, des gènes aux écosystèmes, est plus que jamais une priorité.

 

La FRB a choisi de réaliser et diffuser pendant l’été des synthèses de résultats obtenus ces derniers mois par différentes équipes :

 

Découvrez les trois synthèses ci-dessous.

Répartition globale de la biomasse au sein de la biosphère

La quantification de l’abondance de chaque composant individuel est essentielle pour décrire un système complexe comme la biosphère (c’est-à-dire les espèces ou les groupes taxonomiques plus larges). Les premiers efforts pour estimer la biomasse mondiale ont principalement porté sur des groupes uniques comme les plantes, les procaryotes1 (Whitman et al., 1998) ou les poissons avec une révision récente de leur biomasse grâce à de nouvelles techniques d’échantillonnage (Irigoien X et al., 2014). Il manque parfois des données sur des groupes importants comme les arthropodes.

Deux tentatives d’une comptabilité globale de tous les composants de la biomasse mondiale ont été publiées, celle de Whittaker et Likens au début des années 1970, qui n’incluait pas la biomasse bactérienne et fongique, et celle de Smil en 2013. Wikipedia fournit également une gamme d’estimations sur divers taxons. Mais aucune de ces études ne donne une vue complète et intégrée et c’est ce qui fait l’originalité du présent travail.

 

Le progrès des techniques de séquençage permet actuellement la détermination de la composition des communautés naturelles sur la base de l’abondance relative des génomes. L’amélioration de la télédétection autorise également une appréhension de l’environnement à l’échelle mondiale avec une résolution sans précédent. Enfin, les grandes expéditions comme l’expédition Tara Oceans ou les observatoires locaux (comme le Réseau national d’observatoires écologiques en Amérique du Nord) concourent aux efforts d’échantillonnage global et à la connaissance fine des habitats naturels.

 

La présente analyse est basée sur des centaines d’études portant sur les principaux groupes taxonomiques constituant le vivant. Les chercheurs ont choisi d’utiliser la biomasse terrestre comme mesure de l’abondance des différents groupes d’espèces (les taxons) et de leur importance relative au sein du vivant. Elle résume les connaissances actuelles sur la distribution de la biomasse mondiale.

 

Fronts de sciences 2018

Quelles sont les nouvelles avancées de la recherche sur la biodiversité ?

Quels sont les obstacles qu’elle rencontre ?

Y a-t-il des domaines qui n’ont encore jamais été explorés ?

 

Telles sont les questions que s’est posé le conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) dans sa nouvelle publication intitulée “Fronts de sciences 2018”, téléchargeable ci-dessous.

 

 

Présenté sous forme de fiches, ce nouveau rendez-vous éditorial se poursuivra chaque année. Il vise avant tout à donner un aperçu de sujets en plein développement ou d’enjeux appelant de nouvelles recherches, ainsi qu’à éclairer l’actualité de la recherche sur la biodiversité pour un public non spécialiste.

Des oasis au sommet des Andes – Exposition photographies

En tout lieu sur la planète, des hommes luttent au quotidien pour préserver leur environnement. L’exposition de photographies Des oasis au sommet des Andes porte un regard particulier sur les liens forts qui unissent la nature et les êtres humains des hautes Andes tropicales. Cette relation millénaire est aujourd’hui menacée par les changements climatiques, les nouvelles pratiques agricoles et l’exploitation minière. La conservation de ces milieux et leur gestion durable posent d’immenses défis qu’une équipe de recherche pluridisciplinaire a mis en évidence en scénarisant les futurs possibles.

 

Un milieu unique gravement menacé…

 

Les hautes Andes tropicales s’étendent de l’Équateur à la Bolivie à 4 000 mètres d’altitude. Elles abritent des milieux humides où l’Homme et la nature interagissent depuis des siècles. Véritables oasis pour la biodiversité, elles accueillent des populations qui y élèvent des lamas et des alpagas. Ces précieux écosystèmes ont aussi une exceptionnelle capacité de rétention d’eau. Ils participent à l’approvisionnement en eau de millions d’habitants dans les métropoles situées en aval de ces zones d’altitude.

 

Depuis quelques années, les camélidés laissent place aux bovins, à l’exploitation minière et aux activités agricoles, sources de dégradations. La hausse des températures et la fonte des glaciers perturbent le cycle de l’eau. De plus en plus fragmentées, ces oasis subissent la double menace de nouvelles formes d’activités humaines et du changement climatique.

 

…qu’une équipe de recherche – aidée de la population locale – tentent de préserver

 

Les scientifiques du projet BioTHAW (BIOdiversity and people facing climate change in Tropical High Andean Wetlands) ont cherché à comprendre et à anticiper les conséquences des principales menaces qui pèsent sur les zones humides des hautes Andes tropicales. Leur objectif : fournir aux acteurs locaux, agriculteurs ou hommes politiques, des outils d’aide à la décision.

Faire progresser l’écologie en intégrant des données à travers le monde

« En comprenant notre planète, nous avons la possibilité de la sauver.» soulignait récemment le scientifique E.O Wilson. À l’heure où 80 % des espèces mondiales n’ont pas encore été nommées et décrites, un long chemin reste encore à parcourir pour comprendre la vie sur Terre. Une telle compréhension dépendra non seulement de nouvelles initiatives de recherche audacieuses, mais aussi de nouvelles façons de recueillir, organiser, intégrer, visualiser et partager des données entre les disciplines, les domaines et les limites géographiques.

 

À l’occasion de la venue en France de William Michener, grand expert de la gestion de données sur la biodiversité, le Cesab (CEntre de Synthèse et d’Analyse sur la Biodiversité) de la FRB a organisé un séminaire à l’Inra mercredi 11 avril 2018. Ce séminaire a été l’occasion de réfléchir à la manière de développer les bases de données et les connaissances nécessaires pour comprendre notre planète. Les présentations, suivies d’une table ronde, porteront sur :

  • L’évolution du milieu scientifique et comment les «anciennes» et «nouvelles» données sont essentielles pour améliorer nos connaissances ;
  • L’intégration des données de manière globale et à travers les disciplines scientifiques pour comprendre et soutenir les écosystèmes de notre planète ;
  • La manière dont les approches novatrices des technologies de l’information aident à mieux comprendre la biodiversité ;
  • La transformation de la biodiversité et des mesures écologiques en informations pouvant être exploitées par les scientifiques, les gestionnaires de ressources et les décideurs.

 

Cet événement est organisé en partenariat avec le PNDB (Pôle national de données de biodiversité).

Deuxième avertissement !

Cette mobilisation exceptionnelle de la communauté scientifique fait écho à un précédent appel lancé il y a 25 ans par 1 500 chercheurs qui avait déjà pour objectif d’alerter l’humanité sur la nécessité de se mobiliser au plus vite autour de différentes questions écologiques. Malgré cette mise en garde, la déforestation, la baisse de la disponibilité des ressources en eau ou encore l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère n’ont cessés de s’aggraver sous la pression de l’Homme, au point que tous les indicateurs sont désormais au rouge. C’est sur la base de ce constat alarmant que l’Union of Concerned Scientists a décidé de renouveler son appel.

 

Parmi les mesures mises en avant pour une transition vers un avenir plus durable, on note :

  1. Privilégier la mise en place de réserves connectées entre elles, correctement financées et correctement gérées, destinées à protéger une proportion significative des divers habitats terrestres, aériens et aquatiques – eau de mer et eau douce ;
  2. Préserver les services rendus par la nature au travers des écosystèmes en stoppant la conversion des forêts, prairies et autres habitats originels ;
  3. Restaurer sur une grande échelle les communautés de plantes endémiques, et notamment les paysages de forêt ;
  4. Ré-ensauvager des régions abritant des espèces endémiques, en particulier des superprédateurs, afin de rétablir les dynamiques et processus écologiques ;
  5. Développer et adopter des instruments politiques adéquats pour lutter contre la défaunation, le braconnage, l’exploitation et le trafic des espèces menacées ;
  6. Réduire le gaspillage alimentaire par l’éducation et l’amélioration des infrastructures ;
  7. Promouvoir une réorientation du régime alimentaire vers une nourriture d’origine essentiellement végétale ;
  8. Réduire encore le taux de fécondité en faisant en sorte qu’hommes et femmes aient accès à l’éducation et à des services de planning familial, particulièrement dans les régions où ces services manquent encore ;
  9. Multiplier les sorties en extérieur pour les enfants afin de développer leur sensibilité à la nature, et d’une manière générale améliorer l’appréciation de la nature dans toute la société ;
  10. Désinvestir dans certains secteurs et cesser certains achats afin d’encourager un changement 
environnemental positif ;
  11. Concevoir et promouvoir de nouvelles technologies vertes et se tourner massivement vers les sources d’énergie vertes tout en
  12. Réduisant progressivement les aides aux productions d’énergie utilisant des combustibles fossiles ;
    revoir notre économie afin de réduire les inégalités de richesse et faire en sorte que les prix, les taxes et les dispositifs incitatifs prennent en compte le coût réel de nos schémas de consommation pour notre environnement ;
  13. Déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable tout en s’assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour atteindre cet objectif vital.

 

Par l’intermédiaire de cette mobilisation, les scientifiques espèrent faire prendre conscience à chacun que seul un changement rapide et radical de notre mode de vie pourra permettre de sauver notre planète.

Référence : https://academic.oup.com/bioscience/article/doi/10.1093/biosci/bix125/4605229

Rencontres sciences pour l’action 2017 : prospectives pour la biodiversité

Ces rencontres ont été organisées autour de quatre thèmes :

  • Biodiversité et solidarité écologique
  • Littoral et adaptation : solutions fondées sur la nature
  • Valorisation et restauration de la biodiversité
  • Biodiversité et politiques énergétiques : cas de la biomasse forestière

 

Chaque atelier, limités à une vingtaine de personnes par thème, a réuni des chercheurs, des responsables de politiques publiques et des acteurs locaux. Ils avaient pour objet de produire des recommandations pour soutenir la production et la diffusion de connaissances et améliorer la mise en œuvre de l’action publique en faveur de la biodiversité.

 

Téléchargez dans les ressources ci-dessous le programme, les recommandations et infographies issues des ateliers. 

Au gré des vagues : le voyage de l’albatros hurleur à travers le monde

Si vous vous allongez sur un matelas de mousse, les pieds qui pendent depuis une falaise haute de 200 mètres, sous un ciel sub-antarctique gris et venteux, vous entendrez le piétinement de l’albatros hurleur (Diomedea exulans) alors qu’il se prépare à décoller pour son long voyage. Le vent s’engouffre dans ses ailes d’une envergure de 3 mètres de long et élève l’oiseau gigantesque dans les airs, le propulsant pour un nouveau voyage dans les vastes étendues de l’Océan Austral.

 

Son incroyable voyage dure plusieurs mois pendant lesquels il fait le tour du globe. Pour nous, l’océan austral est un endroit difficile d’accès, dangereux même, mais pour les albatros, les conditions de vent extrêmes sont une aubaine. Leurs corps profilés et leurs longues ailes étroites leur donnent la possibilité d’utiliser le vent comme nul autre oiseau, extrayant l’énergie des vagues pour se maintenir aéroportés. Ce mode de locomotion est si efficace que les oiseaux peuvent voyager pendant des milliers de kilomètres sans battre une seule fois des ailes !

 

Que se passe-t-il pendant ce long voyage ? Comment l’oiseau navigue-t-il autour du globe ? Où trouve-t-il sa nourriture ?

 

 

Grâce à un petit enregistreur de données parfois relié aux satellites et qui est porté par l’oiseau, ces questions trouvent progressivement leurs réponses. L’appareil fournit des emplacements très précis plusieurs fois par jour. A l’aide de ces données combinées avec celles issues d’autres albatros, de phoques et de manchots, les chercheurs du groupe d’analyse et de synthèse « RAATD » pourront identifier quelles zones de l’immense Océan Austral sont particulièrement importantes pour tous ces animaux et, ainsi, mieux guider la conception de nouvelles stratégies de gestion pour protéger l’oiseau, ses descendants, et son écosystème pour de nombreuses générations à venir.

 

Le rat taupe nu : l’habit ne fait (vraiment) pas le moine

En apparence, le rat taupe nu n’a rien pour plaire. Il n’est ni grand, à peine 33 cm de long, ni imposant, tout juste un petit kilo, ni beau avec sa peau fripée et ses dents saillantes. Par contre, sa physiologie est une énigme que les chercheurs tentent de décrypter depuis plusieurs années. En effet, non seulement il vit 10 fois plus longtemps que ses congénères murins, mais il reste fertile jusqu’à sa mort, résiste aussi aux polluants les plus agressifs et il ne développe jamais de maladies. Récemment, des scientifiques ont aussi démontré qu’il pouvait survivre près de 20 minutes sans oxygène.

 

L’ambition de la Fondation pour la recherche en physiologie, dont le siège est situé à Woluwe-Saint-Lambert en Belgique, est de créer le premier élevage de rat taupe nu au niveau mondial pour promouvoir les recherches sur les mécanismes de protection développés par cet animal.

En effet, cette petite souris nue qui vit dans les sous-sols de l’Afrique de l’est est un excellent modèle pour étudier les mécanismes du vieillissement, du cancer, des maladies cardiovasculaires ou neurodégératives et des maladies liées à l’âge pour à terme, lutter contre l’ensemble de ces pathologies chez l’Homme.

Ce petit animal est un bon exemple des extraordinaires services que la biodiversité peut rendre à l’humanité. Préserver le potentiel de découvertes scientifiques passe donc par la préservation de la biodiversité en milieu naturel.

Vertébrés continentaux : la sixième extinction est en marche

L’étude alarmante, publiée le 10 juillet dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) et qui conclue à l’accélération de la sixième extinction des vertébrés continentaux, a largement été relayée dans les médias.

 

Dans un résumé court et précis, Philippe Gros, directeur scientifique à l’Ifremer et membre du conseil scientifique de la FRB, revient sur les points scientifiques majeurs de l’article et le compare à celui de David Tilman et al. sur la Prédiction des menaces futures sur la biodiversité et pistes pour les réduire dont la synthèse a été réalisée par Jean-François Silvain, directeur de recherche à l’IRD et président de la FRB.

 

Consultez la synthèse dans les ressources ci-dessous. 

Un drôle d’objet rampant non identifié

Je vis dans les sous-bois et suis composé d’une seule cellule de 10 mètres carré, je ne suis ni un animal, ni une plante, ni un champignon, ni une bactérie, je résiste au feu, mais je crains la lumière ou la congélation, je cicatrise en deux minutes, j’ai 720 types sexuels et plus de 1000 espèces, je suis dépourvu de système nerveux, mais je sais résoudre des problèmes : qui suis-je ?

 

Il s’agit d’un amibozoaire du genre Physarum surnommé le blob.
Cet organisme primitif de un milliard d’années présente des caractéristiques extraordinaires y compris en terme d’apprentissage et de mémorisation qui lui permettent de résoudre des problèmes d’accès à la nourriture de façon extrêmement rapide et efficace.

 

Cet organisme est étudié depuis plusieurs années par Audrey Dussutour, chercheuse au CNRS (Université Toulouse III – Paul Sabatier) qui cherche à évaluer ses capacités “d’habituation”, une forme d’apprentissage rudimentaire qui semble être très développée chez les blobs.
Un ouvrage grand public est sorti fin avril 2017 aux éditions Equateur-science et présente sur un mode vulgarisé les dernières avancées scientifiques incroyables sur la biologie et les capacités d’adaptation de cet organisme très particulier.
(À se procurer ici ou )

Menaces futures sur la biodiversité et pistes pour les réduire

Les changements environnementaux associés aux activités humaines impactent la biodiversité terrestre. Aujourd’hui, 80 % des espèces de mammifères et d’oiseaux sont menacées par les pertes d’habitats associées à l’agriculture. En “Asie”1, en Afrique subsaharienne et en Amérique du Sud tropicale, ces espèces présentent des risques d’extinctions majeurs qui, sans important changement de pratiques, atteindront des niveaux sans précédent au cours des prochaines décennies. Ces menaces – mais aussi les pistes pour les réduire – ont été examinées par l’équipe de David Tilman dans l’article Prédiction des menaces futures sur la biodiversité et pistes pour les réduire paru dans la revue Nature au mois de juin. D’après les auteurs, la combinaison des solutions présentées pourrait annuler entre la moitié et les deux-tiers des risques prévus en 2060 pour ces animaux.

 

Deux facteurs principaux sont corrélés avec un risque d’extinction des mammifères et les oiseaux : l’accroissement des surfaces cultivées et le revenu par habitant. Ces facteurs sont étroitement liés à la croissance démographique à l’origine de l’augmentation de la demande en protéines animales et par voie de conséquence de la demande en terres agricoles, de la destruction des habitats et de leur fragmentation. La région « Asie », dont le PIB a été multiplié par 7 ces 30 dernières années, voit ainsi le risque d’extinction de ses grands mammifères porté à 62 % au cours des 5 prochaines décennies.

 

Par ailleurs, entre 2010 et 2060, la population humaine devrait croître de 3,2 milliards d’habitants, dont 1,7 milliards en Afrique sub-saharienne.

 

Les auteurs ont calculé la demande de terres pour chaque pays en 2060 et le taux de besoin de terres par pays, ceci sous l’hypothèse « business as usual ». Les Land Demand ratio les plus élevés sont attendus en Afrique sub-saharienne. Les pays de cette région devront disposer de 380 à 760 % de terres agricoles supplémentaires en 2060. 710 millions d’ha de terres agricoles seront nécessaires sur la planète dont 430 en Afrique sub-saharienne, une surface équivalent à celles des Etats-Unis.

 

Pour prévoir les risques en 2060, les auteurs ont réalisé une projection en prenant en compte ces taux de changement d’usage des terres et les prévisions de revenu par habitant envisagés pour 2060 pour les régions les plus à risques, c’est à dire l’Asie, l’Afrique subsaharienne et l’Amérique du Sud tropicale. Pour plus de la moitié des pays concernés de ces régions, les menaces d’extinction seront sans précédent. Selon les régions, et selon les tailles de mammifères et d’oiseaux les risques d’extinction devraient croître d’une à deux catégories de la liste rouge de l’UICN.

 

Dans l’objectif de réduire de tels risques, les auteurs distinguent deux grands types de mesures, d’une part la poursuite et l’expansion des pratiques de conservation basées sur les aires protégées et d’autre part des actions qui privilégient des changements de pratiques humaines susceptibles de réduire l’impact de l’homme sur la nature.

 

Quatre pistes sont présentées par les auteurs :

  • Poursuivre les programmes de conservation : ceux-ci ont permis de sauver 31 espèces d’oiseaux et 20 % des mammifères menacés au cours du siècle dernier. Il faut donc développer et mieux gérer les aires destinées à protéger les espèces, faciliter leur inter-connection et réduire la consommation de viande de brousse et le braconnage.
  • Augmenter les rendements agricoles pour rapprocher la production des besoins : 96 pays, en Afrique, en Amérique du sud et dans la région « Asie », ont des rendements inférieurs à la moitié de ce qui pourrait être obtenu avec des méthodes et des technologies adaptées.
  • Changer les régimes alimentaires : des régimes alternatifs riches en végétaux peuvent réduire la demande de terres agricoles et la propagation des maladies chroniques comme le diabète.
  • Spécialiser la production : des accords commerciaux pourraient diminuer la demande en terres agricoles en concentrant la production agricole dans les régions qui ont le potentiel de production le plus élevé.

 

Accédez à la transcription des éléments essentiels de l’article de David Tilman par Jean-François Silvain directeur de recherche à l’IRD et président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité.

D. Tilman et al., Future threats to biodiversity and pathways to their prevention. Nature 546, 2017.

 

 

1. Dans le cadre de cet article, l’Asie comprend l’Asie du sud est, la Chine et l’Inde.

#ScienceDurable – Menaces futures sur la biodiversité et pistes pour les réduire

Les changements environnementaux associés aux activités humaines impactent la biodiversité terrestre. Aujourd’hui, 80 % des espèces de mammifères et d’oiseaux sont menacées par les pertes d’habitats associées à l’agriculture. En “Asie”1, en Afrique subsaharienne et en Amérique du Sud tropicale, ces espèces présentent des risques d’extinctions majeurs qui, sans important changement de pratiques, atteindront des niveaux sans précédent au cours des prochaines décennies. Ces menaces – mais aussi les pistes pour les réduire – ont été examinées par l’équipe de David Tilman dans l’article Prédiction des menaces futures sur la biodiversité et pistes pour les réduire paru dans la revue Nature au mois de juin. D’après les auteurs, la combinaison des solutions présentées pourrait annuler entre la moitié et les deux-tiers des risques prévus en 2060 pour ces animaux.

 

Deux facteurs principaux sont corrélés avec un risque d’extinction des mammifères et les oiseaux : l’accroissement des surfaces cultivées et le revenu par habitant. Ces facteurs sont étroitement liés à la croissance démographique à l’origine de l’augmentation de la demande en protéines animales et par voie de conséquence de la demande en terres agricoles, de la destruction des habitats et de leur fragmentation. La région « Asie », dont le PIB a été multiplié par 7 ces 30 dernières années, voit ainsi le risque d’extinction de ses grands mammifères porté à 62 % au cours des 5 prochaines décennies.

 

Par ailleurs, entre 2010 et 2060, la population humaine devrait croître de 3,2 milliards d’habitants, dont 1,7 milliards en Afrique sub-saharienne.

 

Les auteurs ont calculé la demande de terres pour chaque pays en 2060 et le taux de besoin de terres par pays, ceci sous l’hypothèse « business as usual ». Les Land Demand ratio les plus élevés sont attendus en Afrique sub-saharienne. Les pays de cette région devront disposer de 380 à 760 % de terres agricoles supplémentaires en 2060. 710 millions d’ha de terres agricoles seront nécessaires sur la planète dont 430 en Afrique sub-saharienne, une surface équivalent à celles des Etats-Unis.

 

Pour prévoir les risques en 2060, les auteurs ont réalisé une projection en prenant en compte ces taux de changement d’usage des terres et les prévisions de revenu par habitant envisagés pour 2060 pour les régions les plus à risques, c’est à dire l’Asie, l’Afrique subsaharienne et l’Amérique du Sud tropicale. Pour plus de la moitié des pays concernés de ces régions, les menaces d’extinction seront sans précédent. Selon les régions, et selon les tailles de mammifères et d’oiseaux les risques d’extinction devraient croître d’une à deux catégories de la liste rouge de l’UICN.

 

Dans l’objectif de réduire de tels risques, les auteurs distinguent deux grands types de mesures, d’une part la poursuite et l’expansion des pratiques de conservation basées sur les aires protégées et d’autre part des actions qui privilégient des changements de pratiques humaines susceptibles de réduire l’impact de l’homme sur la nature.

 

Quatre pistes sont présentées par les auteurs :

  • Poursuivre les programmes de conservation : ceux-ci ont permis de sauver 31 espèces d’oiseaux et 20 % des mammifères menacés au cours du siècle dernier. Il faut donc développer et mieux gérer les aires destinées à protéger les espèces, faciliter leur inter-connection et réduire la consommation de viande de brousse et le braconnage.
  • Augmenter les rendements agricoles pour rapprocher la production des besoins : 96 pays, en Afrique, en Amérique du sud et dans la région « Asie », ont des rendements inférieurs à la moitié de ce qui pourrait être obtenu avec des méthodes et des technologies adaptées.
  • Changer les régimes alimentaires : des régimes alternatifs riches en végétaux peuvent réduire la demande de terres agricoles et la propagation des maladies chroniques comme le diabète.
  • Spécialiser la production : des accords commerciaux pourraient diminuer la demande en terres agricoles en concentrant la production agricole dans les régions qui ont le potentiel de production le plus élevé.

 

Accédez à la transcription des éléments essentiels de l’article de David Tilman par Jean-François Silvain directeur de recherche à l’IRD et président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité.

D. Tilman et al., Future threats to biodiversity and pathways to their prevention. Nature 546, 2017.

 

 

1. Dans le cadre de cet article, l’Asie comprend l’Asie du sud est, la Chine et l’Inde.

Les acteurs français se mobilisent pour les pollinisateurs

Dans le cadre de l’évaluation thématique sur les pollinisateurs, la pollinisation et la production alimentaire adoptée en mars 2016 par les États membres de l’Ipbes, la FRB a souhaité mettre en regard des conclusions de cette évaluation et des mesures appliquées par des acteurs français. Elle a interrogé à cette fin les membres de son Conseil d’orientation stratégique et a recensé plus de 250 initiatives pouvant favoriser les pollinisateurs et réduire les pressions qu’ils subissent.

 

Consultez dans les ressources ci-dessous l’Expertise et synthèse regroupant ces initiatives. 

État des lieux et analyse des paysages des observatoires français de recherche sur la biodiversité

Déterminer l’état et la dynamique de la biodiversité pour modéliser et anticiper ses changements est essentiel.

 

L’enjeu scientifique repose sur la complémentarité des observations. En effet, la communauté scientifique a besoin de données multiples et pertinentes, collectées sur de longues périodes. Il s’agit de coupler des données biologiques mais également biophysiques et socio-économiques pour étudier des interactions et rétroactions complexes, les couplages entre les milieux, compartiments et facteurs anthropiques, et ce afin de dégager une compréhension fine des patrons et processus à l’œuvre.

 

Pour cela, la recherche française dispose de nombreux dispositifs d’observation et d’expérimentation qui collectent et gèrent des volumes de données de plus en plus importants, et pour des périodes de plus en plus longues, et qui se structurent sous l’influence de différents facteurs.

 

  • Comment est organisé le paysage national des observatoires ?
  • Quelles en sont les forces et les lacunes ?
  • Quels sont les leviers qui contribuent à sa structuration et à la diffusion des données

 

Telles sont les questions auxquelles répond l’état des lieux, téléchargeable ci-dessous.

Prospective 2015

Les activités de prospective représentent un cœur d’activité pour la FRB, à travers l’objectif 3 du plan d’actions 2015-2017 de la FRB : « Organiser et animer des réflexions stratégiques et des prospectives, associant chercheurs et porteurs d’enjeux, pour identifier les priorités de recherche sur la biodiversité ».

 

Pour remplir cette mission, elle mobilise à la fois le conseil scientifique et le conseil d’orientation stratégique.

 

De 2012 à 2014, le Conseil scientifique (CS), en collaboration avec le Conseil d’orientation stratégique (Cos), a travaillé à l’actualisation de sa prospective 2009, notamment pour tenir compte de la transformation du contexte politique, institutionnel et stratégique et de l’évolution des fronts de science. La prospective 2015, présentée au séminaire commun entre Conseil d’orientation stratégique et Conseil scientifique de mai 2015, constituera un socle pour les programmes d’actions à venir. Elle est à télécharger dans les ressources ci-dessous. 

Betsi | Invertébrés du sol : traits fonctionnels et bio-indicateurs

La faune du sol est d’une incroyable diversité puisqu’on estime qu’elle représente environ 80 % de la biodiversité animale. Tous ces organismes vivants interagissent fortement avec le milieu dans lequel ils évoluent et assurent des services indispensables en jouant notamment un rôle important dans le fonctionnement du système sol-plante. Parfois véritables « ingénieurs », leurs actions sur les sols sont aussi bien physiques et chimiques que biologiques. Ils modifient sa structure et contrôlent la biodisponibilité de l’eau et des éléments chimiques utiles ou toxiques pour les plantes. Ils établissent des relations mutualistes avec la microflore mais sont aussi, comme les communautés de lombriciens, des témoins de la qualité des sols. L’accroissement des pressions exercées par les activités humaines et les changements climatiques menacent la biodiversité du sol. On observe, par exemple, une diminution de 20 à 90 % de la biomasse de lombrics en trois ans lors de la mise en culture d’une prairie.

 

Le projet FRB-CESAB Betsi :

  • organise une base de données sur les traits fonctionnels de nombreuses espèces animales du sol,
  • étudie la réponse des organismes du sol face à des facteurs environnementaux, telles les pressions exercées par les activités humaines : pollution, usage des sols,
  • permet le développement d’un outil de bioindication du sol, utilisable par différents acteurs.

L’originalité de ce projet réside dans le développement d’une base de données exceptionnelle sur cette face cachée de la biodiversité. La pluridisciplinarité du consortium permet une large étude de ces organismes. 

 

 

Ce document synthétise en quelques pages le contexte et les objectifs du groupe, les méthodes et approches utilisées, les principales conclusions ainsi que l’impact pour la science, la société, la décision publique et privée.

Prospective scientifique 2009-2012

À la demande du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche et en vue d’alimenter le volet “biodiversité” de la Stratégie nationale recherche et innovation 2009-2014, le Conseil scientifique (CS) de la FRB a réalisé un document de prospective scientifique.

 

Cet exercice de prospective, qui concerne plus particulièrement la période 2009-2013, identifie les grandes thématiques et les modalités d’action pour les années à venir.

 

La biodiversité est ici considérée à tous les niveaux fonctionnels : de la molécule à l’écosystème, du paysage aux échelles globales. Les représentations, savoirs et pratiques des communautés humaines sont pris en compte dans une approche intégrative et pluridisciplinaire de la dynamique de la biodiversité.

 

Consultez, dans les ressources ci-dessous, le document complet ainsi que le résumé disponible en français et en anglais. 

retour en haut de la page
fermer
This site is registered on wpml.org as a development site. Switch to a production site key to remove this banner.