Parution de Biodiversité, no(s) futur(es) la première oeuvre littéraire collective portée par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité

À travers douze nouvelles et une narration atypique qui permet une lecture à plusieurs niveaux, cet ouvrage nous invite à retracer l’incroyable trajectoire du vivant et à enrichir nos imaginaires sur la Nature ainsi que sur notre manière d’habiter le monde.

 

 

Fondées sur des constats scientifiques authentiques, les auteures et auteurs, travaillant dans le domaine de la recherche sur la biodiversité, y mêlent la fiction pour les ancrer dans le réel nous incitant ainsi à questionner nos visions du monde. Ces nouvelles sont autant d’alertes pour une prise de conscience collective et massive et pour un changement transformateur de nos habitudes de vie afin de renouer des liens avec l’ensemble du vivant, dont nous faisons partie, et cesser de détruire notre maison commune.

 

 

Le lecteur suit Sécotine Fluet de sa naissance à 2050, en explorant les relations entre l’humanité et la biodiversité. Des sauts dans le temps, à rebours et dans le futur, retracent ces trajectoires utopiques ou dystopiques.

 

 

Biodiversité, no(s) futur(es) est la première oeuvre collective portée par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB). Les auteures et auteurs de ce livre, travaillent, ou ont travaillé auprès de la FRB : Hélène Soubelet, Agnès Hallosserie, Bernard Commère, Marilda Dhaskali, Morgane Flégeau, Didier Bazile, Cécile Albert, Jean-Louis Morel, Charlotte Navarro, Cécile Jacques, Robin Goffaux, Philippe Billet. L’intégralité des droits d’auteur de cet ouvrage sera reversée à la Fondation. 

 

 

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“Publier ou périr” ! Oui mais où ? Le nouveau dilemme éthique auquel font face les jeunes chercheuses et chercheurs

En raison de leurs contrats à durée déterminée (les fameux “postdocs”) et du recrutement tardif sur des postes permanents, ils sont soumis à une forte pression pour publier leurs travaux de recherche car cela contribue à la construction de leur réputation et facilite leur avancement académique et professionnel. Publier dans des revues à fort impact – c’est-à-dire avoir une publication académique acceptée dans un journal jouissant d’une grande visibilité et influence au sein de la communauté scientifique – est essentiel pour s’assurer une future carrière. 

Consciente des enjeux éthiques liés aux coûts exorbitants des publications et à l’utilisation de ces fonds, émanant principalement de fonds publics, cette génération se retrouve confrontée à un défi de taille : comment combiner évolution de carrière et posture éthique ?

 
Une problématique de plus en plus reconnue 

 

Dans une majorité de cas, une fois leur article accepté par la rédaction d’un journal scientifique, les chercheuses et chercheurs doivent payer pour en permettre la publication (cessation des droits d’auteurs au journal, frais de publication, etc.). Dans cet article d’opinion, les jeunes scientifiques du Cesab dénoncent le fait que certains journaux utilisent les marges financières pour rétribuer les actionnaires de ces journaux. Ils plaident pour que le système de publication soit à but non lucratif, c’est-à-dire que les frais de publication servent à payer les frais de publications sans en tirer de profit pour des actionnaires, et qu’ils retournent dans le système académique, par exemple en organisant des conférences.

 

Ces dernières années, les initiatives et alertes des scientifiques sur cette problématique se sont multipliées, prenant des formes diverses, avec des grèves au sein des rédactions, ou encore à travers une politique de choix restreint et engagés des revues où soumettre des articles scientifiques, etc. Au-delà des gestes individuels comme le boycott de ces journaux non-éthiques, ce qui est risqué pour de jeunes scientifiques, des actions sont possibles pour faire évoluer les pratiques et mentalités des chercheurs et chercheuses tout au long de leur carrière et dans les différents aspects de leur vie académique – au cours de l’écriture d’article, de l’évaluation et de l’édition, membres de comités d’évaluation et collègues.  

 

Des alternatives pour allier choix de carrière et posture éthique ?

 

Dans le domaine de l’écologie et de l’évolution, les autrices et auteurs proposent les alternatives suivantes : 

  • La liste Dafnee, une initiative de chercheurs de l’Isem (Institut des sciences de l’évolution de Montpellier), répertorie 475 revues qui ont un système de publication éthique, c’est à dire que les bénéfices faits sur la publication d’un article sont nuls ou en partie réinvestis dans le système académique. S’y référer permet de choisir, à facteur d’impact égal, une revue au modèle plus en adéquation avec l’éthique des auteurs.  
  • Des initiatives d’intelligence collective telle que la « Peer Community In » (PCI) émergent et prennent une place de plus en plus respectée par les paires, à mesure que la communauté scientifique l’adopte. Ce type d’initiative offre un examen par les paires et une publication gratuite et de haute qualité de manuscrits pré-imprimés provenant d’un large éventail de disciplines, sans que les autrices ou les lectrices n’aient à payer de frais d’abonnement ou de publication.  
  • Dès la rédaction de l’article, une attention peut être portée afin de citer principalement des articles scientifiques en fonction de leur qualité scientifique intrinsèque et non du prestige de la revue. 

 

Alors que la communauté académique semble de plus en plus consciente du problème éthique majeur lié au système actuel d’édition scientifique, il est désormais nécessaire de passer à l’action pour des changements systémiques majeurs. Déployés collectivement, ces efforts peuvent permettre à la communauté scientifique, et en particulier aux jeunes chercheuses et chercheurs, de sortir de ce conflit entre éthique et carrières.  

 

 

Accéder à l'article d'opinion (ENG)

 

 

La démographie, une des pressions indirectes identifiées par l’Ipbes

Dans son évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques, l’Ipbes distingue d’une part les « moteurs directs » de l’érosion de la biodiversité et d’autre part les « moteurs indirects ». Ces derniers sont pensés comme les causes profondes des atteintes à la biodiversité, tels que la démographie humaine, la consommation, l’économie, les échanges commerciaux, les progrès technologiques, les institutions, la gouvernance, etc. étayés par un système de valeurs et de choix de comportement. Ces moteurs indirects rétroagissent et aggravent les pressions directes exercées sur la biodiversité.

 

Les interactions entre la biodiversité et les moteurs directs ont été – et demeurent – l’objet de nombreuses recherches. En revanche, l’étude des relations entre la biodiversité et les moteurs indirects, notamment la démographie, semble moins fréquente.

 

S’il existe une incidence évidente de la croissance des populations humaines sur les pressions, notamment directes, qui pèsent sur la biodiversité, cette note met aussi en lumière le fait que la relation entre le nombre d’humains et la dégradation de l’environnement est loin d’être linéaire.

 

Elle permet donc d’envisager un découplage entre démographie et impact humain. Ce découplage impliquerait une réduction des pressions directes (par l’éducation, la réglementation ou les incitations de toute nature, etc.) mais aussi des actions menées sur des facteurs indirects de pression (par la réflexion sur certaines technologies, modes de gestion des espaces, de consommation, de modèles économiques, de gouvernance, de fiscalité, réglementation, etc.).

 

Ainsi, alors que la consommation des ressources naturelles et des biens de consommation par habitant s’accroît et se mondialise entre pays développés et pays émergents, la réduction des impacts anthropiques, dans un contexte de croissance de la population humaine, pourrait passer par une réduction et une rationalisation de l’utilisation globale des ressources naturelles. Cette réduction et cette rationalisation elles-mêmes, sous-entendent une révision des modes de production au niveau mondial et une meilleure répartition des ressources. Ce levier d’action semble le plus facile à envisager dans la mesure où agir sur les évolutions démographiques reste un sujet épineux et suppose, de plus, un effet d’inertie. Par ailleurs, il est aussi démontré que certaines modalités de gestion des espaces naturels ou anthropisés s’avèrent favorables à la biodiversité.

 

Un dernier élément de réflexion autour de cette nécessaire transition vers la durabilité souligne qu’elle ne pourra sans doute pas se faire sans un profond changement de notre rapport au vivant et de notre regard sur la biodiversité, souvent réduite à un ensemble de « ressources » pour l’espèce humaine.

 

 

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Messages-clés

 

  • L’effondrement de la biodiversité est concomitant de l’épuisement des ressources naturelles induit par une demande sans cesse croissante.

 

  • La démographie humaine aggrave de manière indirecte les pressions sur la biodiversité. Elle exerce une influence sur les facteurs directs de pression que sont le changement d’usage des terres et des mers, l’exploitation directe des ressources, le changement climatique, les pollutions, et les espèces envahissantes. Elle intervient également sur les pressions indirectes.

 

  • Même si le strict nombre d’êtres humains n’est pas nécessairement le facteur explicatif prépondérant (notamment dans les modèles d’extinction de la mégafaune) dans l’érosion de la biodiversité, c’est presque toujours la rupture démographique avec l’arrivée d’humains associée aux ruptures de consommation de biens et de services, à de nouveaux usages et aux ruptures technologiques qui peuvent être mises en cause.

 

  • Les impacts de la démographie sur la biodiversité ne sont pas linéaires. Même si l’accroissement considérable des populations humaines s’accompagne d’un déclin inégalé et brutal de la biodiversité, des populations humaines, même réduites, peuvent avoir des impacts catastrophiques et irréversibles sur la biodiversité.

 

  • La question des impacts de la démographie humaine sur la biodiversité ne peut pas être examinée indépendamment des autres facteurs de pressions indirectes comme les modes de production et de consommation.

 

  • Le nombre d’humains a triplé au cours du demi-siècle écoulé. Or pendant la plus grande partie de leur histoire, les populations d’Homo sapiens sont restées numériquement limitées. Elles se sont accrues au cours de la révolution néolithique, mais le nombre total d’humains n’a jamais atteint 500 millions avant l’an 1500. Le premier milliard a été dépassé vers 1804, le deuxième 125 ans plus tard, mais 12 ans seulement ont séparé le sixième (1998) du septième (2011). De fait, c’est au cours du dernier demi-millénaire que l’humanité a vécu de nombreuses révolutions de natures variées (démographique, sociale, économique, technologique, médicales, etc.). La prise de conscience de la « crise environnementale » s’amplifie depuis la seconde moitié du XXe siècle.

 

  • Selon l’Onu, le nombre d’humains pourrait atteindre 9,7 milliards en 2050, puis 11 milliards en 2100.

 

  • Il existe une corrélation spatiale positive entre les régions historiquement riches en biodiversité et l’accroissement récent ou actuel des peuplements humains qui s’y trouvent. Il s’agit souvent d’une croissance démographique récente qui pose la question de la survie de ces hot spots de biodiversité à moyen ou long terme.

 

  • Il existe très probablement deux tendances dans l’impact des populations humaines sur la biodiversité.

 

    • La première est strictement liée au nombre d’humains : l’impact augmente avec le nombre. La démographie, dans ce cas, aggrave les pressions sur la biodiversité par une relation positive due au nombre d’humains présents.
    • La seconde tendance est, elle, pour partie déconnectée de la dimension démographique et peut être liée à l’attrait particulier, et parfois temporaire, de populations humaines pour une ressource spécifique, animale (comme le castor ou la rhytine, un gros sirénien herbivore du détroit de Béring) ou végétale (comme le bois de rose ou d’autres essences rares) dont la valeur augmente à mesure qu’elle devient rare. Elle peut être aussi due au souhait de voir disparaître un compétiteur, comme le bison ou une espèce considérée comme nuisible (comme le moustique). Elle peut aussi être due à l’accès à une technologie plus efficace.

 

  • Des sociétés plus sobres et des modes de gestion des ressources naturelles plus durables a des conséquences favorables sur la biodiversité. Atteindre ce but requiert :

 

    • D’agir sur les pressions directes sur la biodiversité en les diminuant.
    • D’agir sur les facteurs indirects notamment par l’éducation, la communication ou les incitations collectives ou individuelles (réglementaires ou financières). 
    • D’agir sur les facteurs indirects par l’accroissement de la connaissance des relations (pratiques et connaissances) des populations à la biodiversité, dans leur diversité.
    • La sanctuarisation d’espaces sans intervention humaine pour contribuer à sauvegarder la biodiversité.
    • La transformation des regards sur la biodiversité par une approche « évocentrée » (c’est-à-dire qui promeut le maintien de la capacité d’évolution du vivant) de la conservation et mieux prendre en compte les relations entre les sociétés humaines et la biodiversité.

 

Aurore Receveur, post-doctorante FRB-Cesab sur la pêche durable, récompensée !

Il s’agit de la 16e édition du Prix porté par la Fondation L’Oréal, en partenariat avec l’Académie des sciences et la Commission nationale française pour l’UNESCO, qui vise à accompagner, valoriser et soutenir les recherches des femmes scientifiques.

 

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Aurore Receveur, une carrière internationale en faveur d’une pêche durable

 

C’est en 2021 qu’Aurore Receveur a rejoint la FRB, en tant que post-doctorante au Cesab, à Montpellier. Avant cela, Aurore s’est intéressée au fonctionnement de l’écosystème marin du sud-ouest du Pacifique dans le cadre de sa thèse réalisée en Nouvelle-Calédonie. Elle a notamment étudié les dynamiques spatiotemporelles des proies mésopélagiques (vivant entre 200 et 1 000 mètres de profondeur), leurs liens à l’environnement et aux prédateurs supérieurs. Elle a ensuite réalisé un post-doctorat à l’institut des pêches allemand (Thünen Institute ; Rostock, Allemagne), où elle a étudié l’effet des changements environnementaux et des pressions anthropiques sur deux stocks de poisson de la mer Baltique : le hareng et la morue. 

 

Forte de ces premières expériences, c’est désormais au sein du projet Maestro, co-financé par France Filière Pêche et la FRB, qu’Aurore explore l’impact du changement climatique sur la distribution spatiale et la diversité des stocks de poissons démersaux (vivant près du fond des mers), notamment dans le nord-est Atlantique. Hareng, merlu, merlan, limande, haddock et bien d’autres espèces encore sont ainsi étudiées.

 

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Aurore Receveur a reçu le prix Jeunes Talents France L’Oréal-Unesco,
le 12 octobre 2022 à Paris. @Jean-Charles Caslot – Fondation L’Oréal

 

Exploiter des données existantes pour mieux comprendre et anticiper les impacts du changement climatique sur les communautés marines exploitées

 

Les océans contribuent à beaucoup de services écosystémiques, ce qui traduit une forte dépendance de l’humanité, pour sa sécurité alimentaire et économique, envers les ressources marines telles que les poissons et invertébrés. Or, les effets cumulés de l’exploitation de ces ressources par la pêche et les effets du changement climatique impactent la distribution et l’abondance des espèces à l’échelle mondiale, Ces constats incitent à protéger les ressources marines et à proposer des stratégies de pêche adaptatives. Si de nombreuses projections sur la répartition future des espèces ont été produites, les modifications attendues sur le fonctionnement général des écosystèmes ont quant à elles reçu beaucoup moins d’attention de la part de la communauté scientifique et par la profession. Les enjeux du projet Maestro ? Comprendre comment les populations des espèces démersales ont évoluées par le passé pour en déduire comment elles pourraient s’adapter au changement climatique, et proposer des scénarios de pêche durable minimisant les impacts sur la biodiversité.

 

Accompagnée par 29 chercheurs et chercheuses de 8 pays, Aurore bénéficie également de l’appui de l’équipe du centre de recherche de la FRB, le Cesab, pour exploiter de grandes quantités de données issues de multiples études et de divers domaines (océanographie, pêche, écologie marine et terrestre, etc.). Ce colossal travail de synthèse nécessite rigueur et patience, dont fait preuve Aurore. Il offre de nouvelles perspectives de recherche : ré-utiliser des données existantes pour les combiner, les mettre en perspective et produire de nouvelles connaissances. Rendez-vous dans quelques mois pour les premiers résultats de Maestro !

Des experts européens proposent des solutions pour intégrer la biodiversité dans les infrastructures de transport

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Messages principaux :

  • Si rien ne change, les routes et de voies ferrées pourraient être deux fois plus nombreuses en 2050 qu’en 2010.
  • 27 % de la surface terrestre de l’union européenne (27 + Royaume-Uni) est très fragmentée.
  • Les politiques de transport durable se concentrent sur la réduction des émissions de CO2, mais passent largement à côté d’une autre question essentielle : la lutte contre la perte de biodiversité.
  • L’élément central d’une politique de transport durable doit être la réduction de la demande de transport.
  • Les solutions qui traitent conjointement le changement climatique et la perte de biodiversité sont essentielles pour obtenir un impact positif net sur la biodiversité et des systèmes d’infrastructure de transport résilients, sûrs et durables.

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Alors que l’Europe dispose actuellement d’un réseau routier et ferroviaire estimé à 6 millions de kilomètres, les années à venir pourraient voir une expansion substantielle de nouvelles infrastructures, en particulier en Europe de l’Est. La partie orientale du continent cherche à étendre et à moderniser ses infrastructures de transport. Or, cette région abrite de nombreuses espèces rares et menacées, ainsi que des paysages productifs et des écosystèmes fonctionnels hérités d’une longue histoire d’agriculture à petite échelle et extensive. Ici, les infrastructures et l’ensemble du système de transport devront être conçus très soigneusement pour préserver la biodiversité et les services écosystémiques. Dans la partie occidentale, l’accent sera mis sur la réparation et la restauration de la biodiversité. L’Europe doit mettre en œuvre des solutions innovantes et durables pour mettre fin au déclin des espèces indigènes et à la fragmentation des écosystèmes dont les infrastructures de transport sont en partie responsables. Les infrastructures existantes devront également être adaptées aux nouvelles conditions climatiques qui provoquent des inondations, des sécheresses et des feux de forêt. La propagation des espèces envahissantes, dont l’atténuation a coûté 116,61 milliards d’euros entre 1960 et 2020, est également une priorité.

 

CP-Bison-2022

Les infrastructures de transport étudiées dans le projet Bison sont les suivantes :
routes, chemins de fer, voies navigables, ports, aéroports et réseaux électriques.

 

Les rapports Bison fournissent des informations, des analyses et des outils pour éviter que la nature ne soit davantage impactée par les infrastructures de transport. Ils fournissent des recommandations pour restaurer les fonctions écologiques déjà perdues ou endommagées par le trafic et les infrastructures. Les rapports Bison explorent certaines des tendances reconnues et des changements prévus dans les transports, la technologie, le climat, l’environnement naturel et les sociétés humaines. Les rapports examinent également les défis et les possibilités d’intégrer la biodiversité dans le secteur européen des infrastructures de transport.

 

#IPBES9 – Valeurs et utilisation durable des espèces sauvages : de quoi parle-t-on ?

Pour mieux comprendre les enjeux de ces rapports, la FRB publie depuis quelques mois une série d’articles et d’interviews sur leurs thématiques, intrinsèquement liés.

 

 

Consulter le dossier de presse

 

 

Loin d’être exhaustive, cette campagne propose des idées de thématiques communes aux sujets des deux rapports qui sortent ce mois-ci, à savoir : l’utilisation durable des espèces sauvages et l’évaluation des valeurs associée à la nature.

 

 

UTILISATION DURABLE DES ESPÈCES SAUVAGES – Sortie le 8 juillet
L’exploitation des espèces est une des pressions majeures qui menacent la biodiversité et par rebond, notre sécurité alimentaire, nos moyens de subsistance et notre bien-être général.
   Les humains utilisent des espèces sauvages pour se nourrir, se loger, se soigner. L’évaluation décrit aussi les utilisations non extractives, comme le tourisme, l’inspiration, l’apprentissage grâce à la biodiversité.
ÉVALUATION DES VALEURS ASSOCIÉES À LA NATURE – Sortie le 11 juillet
La dynamique de la biodiversité dépend des valeurs que l’on attribue à la nature. Il n’est donc pas étonnant que l’Ipbes ait accordé une importance particulière à la question des valeurs et qu’elle est en conséquence commandée un certain nombre de travaux sur ce thème.
Ces travaux sur les valeurs s’intéressent aux espèces sauvages mais aussi domestiques, aux écosystèmes et à leurs fonctions, aux relations entre valeurs et cultures, à leurs relations avec les pratiques en agriculture ou dans l’industrie, etc.

La stratégie climatique de l’Union européenne s’apprête à accroître la déforestation à l’échelle mondiale

Pour éviter un changement climatique catastrophique ainsi que la perte de biodiversité, la science du climat nous avertit que l’humanité doit cesser de transformer les forêts en terres agricoles, car ce processus libère du dioxyde de carbone et détruit les habitats.

 

Pourtant, à mesure que la population mondiale, les revenus et la consommation de viande augmentent, les terres agricoles s’étendent à un rythme toujours plus effréné. L’Europe a contribué à cette déforestation en externalisant son approvisionnement en denrées alimentaires et autres produits agricoles.

 

Malheureusement, la stratégie climatique « Fit for 55 » [paquet législatif visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 %] de l’Union européenne s’apprête à étendre l’empreinte de l’Europe et à accroître la déforestation à l’échelle mondiale. C’est pourquoi un groupe de scientifiques de toute l’Europe appelle le Parlement européen à modifier le plan par des amendements raisonnables (certains sont déjà adoptés par un de ses comités). 

 

 

Lire la tribune en entier

 

 

Auteurs :

  • Denis Couvet, professeur au Muséum national d’histoire naturelle, président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité et membre de l’Académie d’agriculture de France ;
  • Wolfgang Cramer, directeur de recherche CNRS à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (Aix-Marseille Université) et membre de l’Académie d’agriculture de France ;
  • Timothy D. Searchinger, chercheur à l’université de Princeton (New Jersey).

Modifions le cours de notre histoire commune avec la biodiversité

Dans le cadre de la campagne présidentielle, l’équipe de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et ses instances de gouvernance (Conseils d’administration, scientifique et d’orientation stratégique) interpellent les candidats à l’élection présidentielles. En dépit des alertes nombreuses des scientifiques et de l’intégration croissante des enjeux par les acteurs de la société, la prise en compte de la biodiversité et la mise en place de changements transformateurs ne sont que trop peu abordés.

 

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Les signataires :

 

L’intelligence artificielle au service de la biodiversité marine : démarrage d’un challenge scientifique international inédit

IA et biodiversité : des synergies à développer pour préserver la planète

 

Souvent considérés comme notre « dernière frontière », les océans couvrent environ 71 % de notre planète et concentrent une part essentielle de la biodiversité. Étudier la biodiversité et son évolution représente donc un enjeu scientifique et sociétal majeur pour répondre aux défis posés par le changement climatique et contribuer aux Objectifs du développement durable (ODD) des Nations Unies.

 

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Ipbes) et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) estiment que la structuration des données reste l’un des freins majeurs à la connaissance de la biodiversité. Face à la complexité des interactions entre les écosystèmes et à l’hétérogénéité des données, les indicateurs actuels restent limités dans la prédiction des évolutions de la biodiversité, notamment en milieu marin.

 

L’IA a un potentiel significatif pour répondre à ce défi. En proposant de nouvelles solutions pour collecter, structurer et valoriser les données, l’IA peut fournir des ressources inédites afin de dresser une photographie actuelle de l’état de la biodiversité et de prédire son évolution. Appliquées au milieu marin, ces innovations permettent d’avancer vers le quatorzième ODD, qui promeut la conservation et l’exploitation durable des écosystèmes marins et côtiers.

 

Partant de ce constat, un appel à projets « Challenge IA-Biodiv » a été lancé en mars 2021. Cet appel est destiné aux communautés scientifiques de l’IA et de la biodiversité afin de mettre en commun leur expertise. Les projets devront répondre à trois objectifs :

 

  • optimiser des méthodes d’IA pour améliorer la recherche en biodiversité marine,
  • concevoir des modèles et indicateurs de prédiction innovants,
  • élaborer des méthodes d’IA hybrides pour renforcer le développement de notre connaissance des milieux marins.

 

Ce challenge international s’inscrit dans la dynamique du volet « recherche » de la stratégie nationale pour l’intelligence artificielle (SNIA) lancée en 2018 afin de renforcer la position de la France dans ce secteur. Il répond à un véritable enjeu d’innovation partagée en impulsant des logiques de co-construction de nouveaux outils.

 

 

Les trois projets lauréats du Challenge IA-Biodiv

 

À l’issue du processus d’évaluation et de sélection mobilisant un panel de chercheurs internationaux indépendants, trois projets portés par des équipes pluridisciplinaires et internationales de chercheurs spécialisés dans le domaine de l’IA et de la biodiversité ont été retenus :

 

Le projet AIME
Le projet AIME (Intelligence artificielle pour les écosystèmes marins), conventionné avec Expertise France, est porté par un consortium franco-africain : l’Université Cadi Ayyad (Maroc), l’Université de Yaoundé (Cameroun), le Laboratoire d’imagerie médicale et bio-informatique et l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal), l’UMR Écologie marine tropicale dans les océans Pacifique et Indien (Nouvelle-Calédonie, France), l’Institut de recherche pour le développement et le Marine biodiversity, exploitation and conservation (France).

 

Ce projet a pour objectif de relever trois défis scientifiques : (1) la combinaison ou l’hybridation des techniques en IA afin d’améliorer la justesse et la précision des indicateurs de biodiversité ; (2) le développement d’indicateurs, à plusieurs échelles, capturant les divers aspects de la santé et des pressions pesant sur les écosystèmes marins ; et (3) leur intégration dans un modèle d’IA capable d’expliquer et de prédire la dynamique spatio-temporelle de la biodiversité marine dans des études de cas. Le projet AIME fournira de précieux outils pour accompagner les prises de décision dans les stratégies de gestion des écosystèmes marins côtiers.

Le projet SMART-BIODIV
Le projet SMART-BIODIV (Technologies d’intelligence artificielle pour la recherche en biodiversité) est porté par un consortium français : l’Unité Mixte Internationale Georgia Tech-CNRS de Lorraine, le Central Supelec Loria, le Laboratoire interdisciplinaire des environnements continentaux et le Laboratoire d’océanographie de Villefranche.

 

Il développera de nouvelles méthodes de gestion et d’intégration des données de la biodiversité des espaces marins côtiers à partir d’algorithmes d’apprentissage automatique pour compléter les données manquantes et construire des indicateurs adaptés pour évaluer la biodiversité des espaces observés. Ce projet propose également de mettre à disposition de la communauté scientifique de grands jeux de données constitués de millions d’images d’organismes planctons.

Le projet FISH-PREDICT
Le projet FISH-PREDICT (Prédire la biodiversité des poissons récifaux) est porté par un consortium français : le Marine biodiversity exploitations and conservations, le Laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier, le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, le Laboratoire des sciences techniques de l’information, de la communication et de la connaissance, ainsi que par le Laboratoire d’écologie alpine.

 

Ce projet ambitionne de générer des indicateurs écologiques et des modèles prédictifs de la biodiversité des écosystèmes perturbés en combinant des méthodes d’intelligence artificielle aux approches évaluatives connues. Il permettra ainsi de créer la première base de connaissance de biodiversité marine et, par la suite, de développer des modèles de prédiction et d’interprétation. Il vise également à dévoiler des solutions intelligentes pour la nature afin d’assurer la durabilité des systèmes socio-écologiques côtiers.

 

 

Le challenge, une modalité originale de recherche collaborative

 

À l’heure où les défis planétaires sont de plus en plus nombreux et complexes, il devient essentiel d’innover et d’encourager le partage des savoirs pour trouver des réponses appropriées. Instrument de financement spécifique de l’ANR, le Challenge permet d’y répondre, en explorant simultanément différentes approches scientifiques ou technologiques autour d’une même problématique et en mettant en commun les solutions. Il confronte et partage les approches et travaux des consortiums financés, et favorise l’établissement de références communes entre des communautés scientifiques d’horizons divers.

 

Le Challenge IA-BIODIV sera animé par le consortium opérationnel (COpé), composé du Laboratoire national de métrologie et d’essais (LNE), pilote du COpé, de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) via l’infrastructure du Pôle national de données de biodiversité (PNDB).

 

Ainsi, les trois équipes de recherche retenues vont travailler à l’élaboration et au développement de leur projet de manière collaborative et se rencontrer à l’occasion du démarrage du Challenge le 23 février 2022. Leurs travaux, planifiés par le Copé sur 4 ans, porteront sur le milieu marin côtier en mer Méditerranée lors des deux premières années et se concentreront sur l’océan Pacifique les deux dernières. À partir de jeux de données communs, les équipes répondront chacune à des enjeux spécifiques et complémentaires sur la biodiversité marine.

 

Le COpé jouera un rôle central dans l’organisation et le bon déroulement du challenge : en qualité de tiers de confiance, il assurera l’animation scientifique, l’évaluation des systèmes d’IA, la constitution de jeux de données et leur accès via l’environnement « IA-BiodivNet ». Les trois consortiums de recherche exploiteront et enrichiront de manière collaborative cet environnement numérique pendant toute la durée du Challenge. Ils auront accès aux ressources de calcul intensif de GENCI (Grand équipement national de calcul intensif). La plateforme sera, à terme, accessible à tous scientifiques et chercheurs et contribuera à la diffusion de jeux de données pérennes pour les futurs travaux scientifiques en IA et dans le champ de la biodiversité.

COP 15 Biodiversité : la nécessaire intégration des enjeux climatiques et financiers au cœur des dernières annonces

“Biodiversité et climat, même combat”
et au-delà, penser ensemble les enjeux environnementaux et sociétaux

 

En France et au Royaume-Uni, le lien fait entre le financement des enjeux climat et biodiversité est une avancée fondamentale : il répond aux alertes des scientifiques et au message porté par la FRB depuis plusieurs années. Dans un rapport publié conjointement par le Giec et l’Ipbes en juin dernier, les experts internationaux ont en effet alerté sur la nécessité de penser de manière globale les solutions envisagées pour lutter contre le réchauffement climatique et le déclin de la biodiversité. Cette synergie a d’ailleurs été évoquée par Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, lors du Congrès mondial de la Nature début septembre, illustrant un début de prise de conscience du monde économique sur ces enjeux. Elle y a déclaré qu’il n’y avait pas de stabilité économique et financière sans le respect de la nature et sans la contribution de la nature car nos économies en sont dépendantes, et que les décisions économiques devaient désormais internaliser les dommages que nos sociétés font subir à la biodiversité.

Au-delà, les enjeux liés à l’eau, à l’alimentation et à la santé, doivent aussi être pensés de manière conjointe pour atteindre la vision 2050 de la CDB : “Vivre en harmonie avec la nature”. Ainsi si dédier 30 % des fonds alloués au climat en faveur de la biodiversité est donc un petit pas pour atteindre cet objectif, il est à présent primordial que l’ensemble des solutions et des secteurs prennent en compte la biodiversité.

 

“Il faut changer d’échelle pour protéger et restaurer la biodiversité. Des mesures leviers sont nécessaires, afin de tendre vers des changements transformateurs, concernant aussi bien les écosystèmes “naturels” (forêts, zones humides, récifs coralliens, etc.) que les écosystèmes “anthropisés” (agroécosystèmes, zones de pêche et de chalutage, villes, etc.). Tous les écosystèmes sont concernés.”

Denis Couvet, président de la FRB

 

Des promesses à mettre en perspective avec les montants des subventions néfastes à la biodiversité

 

La création par la Chine d’un Fonds pour la biodiversité destiné à être alimenté par d’autres pays et l’augmentation des moyens alloués au Fonds japonais pour la biodiversité vont dans le bon sens, mais les montants annoncés allant jusqu’à 1,5 milliard de yuans (soit un peu plus de 200 millions d’euros) pour la Chine sont dramatiquement insuffisants par rapport aux moyens alloués à des activités qui impactent durablement la biodiversité. À titre d’exemples :

  • Selon l’OCDE, la moitié du PIB mondial est moyennement à fortement dépendant d’une biodiversité fonctionnelle, or plus de la moitié de l’investissement économique mondial finance toujours des activités dommageables à la biodiversité.
  • L’OCDE notait également qu’en 2017, les pays avaient alloué 340 milliards aux combustibles fossiles, 116 milliards à l’agriculture intensive et 280 millions pour diminuer le coût de la pêche (rapport d’avril 2020) et qu’en 2020, loin d’inverser la tendance, le G20 avait alloué 345 milliards USD aux combustibles fossiles.
  • Selon l’UICN, seuls 10 % des plans de relance peuvent être considérés comme « verts ».

Rappelons également qu’au niveau mondial, selon l’AFD, les subventions nuisibles à la biodiversité représentaient environ 1 000 milliards de dollars en 2019 et que les fonds dédiés à la protection ou la restauration de la biodiversité s’élève à moins de 150 milliards de dollars.

 

« L’augmentation des fonds dédiés à la biodiversité est bien évidemment salutaire et nous ne pouvons que nous en réjouir. Cependant, il est aussi nécessaire de réduire, voire de supprimer les subventions néfastes rapidement : en effet, on ne pourra enrayer l’érosion de la biodiversité en consacrant encore autant d’argent et d’énergie à sa destruction. »

Hélène Soubelet, directrice de la FRB

Indicateurs et outils de mesure : évaluer l’impact des activités humaines sur la biodiversité ? La FRB présente ses recommandations

La Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) s’est emparée de cet enjeu et publie, en collaboration avec l’Office français de la biodiversité (OFB), un rapport compilant les résultats d’une enquête menée auprès des parties prenantes, d’une évaluation scientifique d’outils de mesure intégratifs, d’ateliers réunissant acteurs et concepteurs d’outils, ainsi que les échanges issus d’un colloque.

 

À la lumière de ces travaux, la FRB propose trois constats et une série de recommandations visant à améliorer ces indicateurs et leur appropriation par les acteurs :

 

  • Les questions liées à la biodiversité tiennent compte à la fois de la diversité de ses dimensions, de la complexité du fonctionnement du vivant et de la multiplicité des enjeux sociaux associés. Il ne peut, de ce fait, pas exister d’indicateur unique tel que l’équivalent carbone développé dans la lutte contre le changement climatique.

 

  • Deuxième constat, des outils existent d’ores et déjà. Sept indicateurs et outils de mesure utilisés par le monde économique, la société civile, à l’échelle internationale, sont comparés, dégageant leurs forces et leurs faiblesses. Les acteurs s’en emparant doivent s’en servir tout en ayant conscience de leurs limites, et en dialoguant avec les concepteurs pour les améliorer.

 

  • Troisième constat, des indicateurs et outils sectoriels sont également essentiels, permettant ainsi des comparaisons au sein de ces mêmes secteurs. De tels instruments doivent venir en complément d’outils de mesure intégratifs.

 

L’ampleur du travail restant à accomplir est importante, mais il est nécessaire de progresser rapidement alors que la question des indicateurs est au cœur de la préparation de l’agenda post-2020 et des engagements de la future COP 15. Concepteurs, chercheurs et acteurs doivent y travailler de concert. À ce titre, la FRB met en avant une série de recommandations, de démarches à adopter pour améliorer les indicateurs et outils de mesure existants et mieux intégrer la complexité du vivant et de nos relations au sein de ce vivant. Parallèlement, et de manière pragmatique, une veille sur la pertinence et la qualité des différents indicateurs et outils de mesure serait utile à l’ensemble des acteurs.

 

De son côté, l’OFB au travers de ses programmes de mobilisation des acteurs économiques, associatifs et institutionnels intitulés « Engagés pour la Nature » accompagne l’ensemble des parties prenantes et les encourage à agir.

 

« Entreprises Engagées pour la nature – Act4nature France » regroupe d’ores et déjà plus d’une centaine d’entreprises, de toutes tailles, opérant dans des secteurs d’activités et des territoires variés qui au travers des plans d’actions déploient des actions concrètes afin de faire évoluer leurs modèles d’affaire en y intégrant des enjeux de biodiversité.

 

« Partenaires engagés pour la nature » a permis de valider l’engagement de réseaux et fédérations professionnelles ainsi que d’associations qui se mobilisent afin de former et d’outiller leurs adhérents au travers la mise en partage de bonnes pratiques.

 

 

Consultez le rapport complet

Meilleurs vœux !

Bonjour à toutes et tous,

 

Malgré ces temps troublés, bonne année 2021 !

 

Ayant l’honneur de devenir président de la FRB, je tiens à remercier Jean-François Silvain, Hélène Soubelet et leurs prédécesseurs d’avoir développé avec succès cette institution, dans un environnement souvent incertain. Je me réjouis de travailler avec Hélène Soubelet et son équipe, face à de nombreux défis, pour la biodiversité et pour la FRB.

 

Différents enjeux, pour la biodiversité,
la recherche, les relations entre science et société

 

L’étude de la biodiversité et de sa dynamique, ses déclins et extinctions, mais aussi ses réorganisations, sous l’effet des changements globaux, en interaction avec les sociétés humaines restent une priorité. À celle-ci, vient s’ajouter l’élaboration, l’amélioration et la comparaison d’indicateurs et de scénarios de biodiversité. Ces travaux sont aujourd’hui nécessaires, aussi bien pour mieux préserver la biodiversité que pour évaluer les politiques publiques et privées, comparer labels et chaînes de valeurs. À ce titre, la synthèse des Journées FRB 2019 relatives aux indicateurs et outils de mesure de l’impact des activités humaines sur la biodiversité constituent un premier pas majeur et notable qu’il faudra conforter.

 

Un enjeu complémentaire est de construire scientifiquement la notion de santé des écosystèmes, dans un cadre écologique et évolutif, social, adéquat.

 

Favoriser les innovations basées sur la biodiversité, considérant ses propriétés, leur intégrité, est un autre enjeu important. Il s’agit d’accompagner le développement de ce que l’on appelle parfois les “approches basées sur la nature”, où la biodiversité joue un rôle central, elle qui façonne notre présent et notre futur, notre avenir. Les chantiers sont divers : agroécologie, écologie de la santé, éco-innovation, écologie urbaine… De par l’importance accordée aux écosystèmes dans la lutte contre le changement climatique, par les Accords de Paris (2015), des propositions fortes combinant atténuation du changement climatique et préservation de la biodiversité seront un enjeu de taille pour la FRB.

 

L’expérience des acteurs de la protection des espèces et des espaces a une importance fondamentale. Ces derniers étant des réservoirs de biodiversité, de “nature sauvage”, mais aussi des laboratoires des relations à venir entre les humains et la biodiversité.

 

Une autre ambition est de promouvoir une vision systémique, intégrative, des relations entre sociétés et biodiversité, une nécessité, comme le montre bien le rapport spécial de l’Ipbes de 2019. Cette vision exige des approches holistiques et une forte interdisciplinarité, car elle doit intégrer activités et aspirations humaines, politiques publiques et stratégies des organisations, de leurs intentions à leurs effets pervers, notamment ceux de délocalisation des impacts environnementaux. Cette vision systémique, de “main streaming”, définie par la Convention sur la diversité biologique (CDB), est une intégration de la biodiversité dans toutes les décisions sectorielles et dans tous les objectifs de développement durable. Elle est nécessaire pour évaluer et améliorer les politiques proposées, des politiques de protection de la biodiversité aux divers “green deals”, pour les rendre plus résilientes, en intégrant leurs implications écologiques et évolutives.

 

 

Du rôle de la FRB

 

Dans les mois qui viennent, la FRB s’attellera à favoriser et accompagner l’essor et l’utilisation d’infrastructures adéquates de recherches : observatoires de la biodiversité, moyens d’analyse et d’interprétation des données associées, modélisation… Elle mobilisera le réseau d’interaction construit entre de nombreux acteurs, leurs capacités de réflexion et d’action, intégrant l’ensemble des parties prenantes, leurs diversités, y compris à l’échelle internationale.

 

De par sa structure, son Conseil d’orientation stratégique (le Cos), son Conseil scientifique (le CS), son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (le Cesab), ses équipes, la FRB a les capacités de réunir des acteurs publics et privés, de développer des partenariats, nécessaires à l’élaboration de réponses ambitieuses pour les acteurs… et la biodiversité !

 

Denis Couvet

Président de la FRB

Six ans et des poussières… un message du président de la FRB

Chères amies et chers amis de la FRB,

 

Après plus de six années intenses, passionnantes et, je l’espère, constructives, je vais achever mes fonctions de président de la FRB fin décembre 2020. Cela avait été un honneur pour moi, entomologiste, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), et ancien président du Conseil scientifique de la FRB, de succéder à Bernard Delay et à Patrick Duncan, qui avaient occupé ces fonctions précédemment.

 

Je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui furent mes collaboratrices et collaborateurs à la Fondation depuis 2014. D’abord les directeurs et directrice sans lesquels aucune action d’importance n’aurait été possible, Arnaud Colin, Pierre-Édouard Guillain et, tout particulièrement, Hélène Soubelet, à mes côtés depuis avril 2017.

Ensuite, bien sûr, l’ensemble du personnel de la FRB, des femmes et des hommes convaincus, impliqués et surtout très compétents avec lesquels ce fut un plaisir de travailler, de dialoguer et aussi d’apprendre. La liste des personnes qui ont travaillé à la FRB est longue, mais la continuité dans l’engagement et le partage de valeurs communes au bénéfice de la biodiversité et de la recherche a toujours été assurée, parallèlement à l’émergence de compétences spécifiques qui font de la FRB un outil unique et remarquable au service de la recherche sur la biodiversité.

 

Mes remerciements se portent aussi vers les membres du Conseil scientifique (CS) à qui direction et présidence ont beaucoup demandé au cours des dernières années ; des demandes qui ont généré des échanges très riches, des positionnements, des travaux de synthèses ou des opinions très utiles sur de nombreux sujets. Merci aussi aux membres du Conseil d’orientation stratégique (Cos) de la FRB, originalité fondamentale de la Fondation. Le Cos est venu en appui de la FRB à de multiples reprises, a aidé à porter vers un public élargi des éléments de stratégie et de positionnements majeurs (“biodiversité et climat, même combat”) et a contribué, en lien avec le Conseil scientifique et au travers des groupes de travail ou les clubs recherche pour l’action, à apporter des réponses à des questions majeures à l’interface entre la science et la société.

 

Depuis 2014, nous avons, tous ensemble, beaucoup travaillé et la FRB, instrument unique en Europe, est désormais bien inscrite dans le paysage de la recherche et son rôle est reconnu tant par les organes de l’État que par la communauté scientifique et les acteurs qui se préoccupent des enjeux associés à la biodiversité. La Fondation, à la stratégie guidée par des plans d’action pluriannuels explicites et structurée autour de pôles de compétence pertinents, a été attractive, en atteste l’entrée depuis 2014 à son conseil d’administration de LVMH, première entreprise privée à rejoindre le conseil de la FRB, de l’Université de Montpellier, de l’Ineris et tout récemment de l’OFB, un objectif qui me tenait particulièrement à coeur. La FRB joue aussi aujourd’hui un rôle de think tank auprès de l’alliance AllEnvi pour la thématique biodiversité, une conséquence logique de la confiance que portent à la FRB ses fondateurs scientifiques.

 

La FRB a produit de nombreuses études et synthèses, prospectives de recherche, fronts de science, compte-rendu des rapports de l’Ipbes, transcription d’articles scientifiques, etc. relayant ainsi les alertes sur la dégradation de l’état de la biodiversité et l’urgence du besoin de solutions fondées sur la science pour freiner son érosion. La synthèse sur les relations entre zoonoses et biodiversité, réalisée en un temps très restreint au printemps 2020 a souligné la capacité de la FRB à mobiliser les meilleures compétences nationales pour répondre à une question urgente d’importance majeure. De passionnantes Journées annuelles ont permis de faire le point sur des sujets très actuels, que ce soit les liaisons parfois dangereuses entre biodiversité et énergies renouvelables ou la pertinence de développer les aires protégées, un sujet toujours très discuté au niveau national. La FRB a développé et soutenu activement le Cesab, centre de synthèse des données de la biodiversité unique en France, relocalisé avec succès à Montpellier, et popularisé la démarche des revues systématiques. La Fondation apporte, avec pertinence et ténacité, avec l’aide des membres du Cos, son soutien aux équipes de recherche au travers du financement désormais annuel de gratifications de master et elle salue les travaux de jeunes chercheuses et chercheurs au travers des Prix Jeunes chercheurs, là aussi avec le soutien financier de membres du Cos. À l’international, la FRB est un membre actif de l’era-net Biodiversa, dont elle accueille le secrétariat, et elle vient en appui des ministères français pour la préparation des positions nationales à l’Ipbes ou pour les COP de la CDB.

 

La liste des actions en cours est très longue et cela va continuer ! La FRB est devenue, en s’appuyant sur ses conseils et les compétences de son équipe, une force de proposition reconnue, jouant le rôle de lanceuse d’idées novatrices. Tous ensemble on aura fait bouger les choses. J’espère que vous en êtes aussi convaincus.

 

Cela va continuer avec mon successeur, Denis Couvet, professeur au MNHN et bon connaisseur de la FRB, dont il a été membre du Conseil scientifique et qui a contribué à plusieurs de nos actions. Je sais qu’il pourra bénéficier de l’engagement, des compétences et des grandes capacités d’analyse et de synthèse d’Hélène Soubelet, la directrice de la FRB, et bien sûr s’appuyer sur une équipe qui a montré au cours de cette année 2020 si difficile de remarquables capacités de résilience.

 

Mes vœux accompagnent Denis, Hélène, l’équipe, le CS et le Cos pour 2021 et la suite.

Vive la FRB !

 

Jean-François SILVAIN
Président de la FRB 2014-2020

Prix Jeune chercheur FRB – 2e édition – Les récompensés sont…

À l’occasion de la 2e édition du prix Jeune chercheur FRB, découvrez les 13 jeunes chercheuses et chercheurs récompensés ainsi que leurs sujets d’étude aussi passionnants que différents, tous faisant avancer la recherche sur la biodiversité !

 

C’est en 2018, à l’occasion de ses 10 ans, que la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) a créé un prix, avec le soutien de son Conseil d’orientation stratégique (Cos), pour encourager les jeunes chercheurs ou chercheuses qui contribuent significativement aux sciences de la biodiversité. 9 lauréats avaient été récompensés.

 

Pour cette deuxième édition, 54 candidatures ont été reçues, puis évaluées par le Conseil scientifique de la FRB, avant d’être transmises aux partenaires financeurs qui ont pu choisir leurs lauréats : 7 jeunes chercheuses et 6 jeunes chercheurs.

 

La cérémonie ne pouvant se tenir en raison des conditions sanitaires actuelles, partenaires et lauréats se présenteront dans de courtes vidéos diffusées sur les réseaux sociaux de la FRB entre le jeudi 10 et le mardi 15 décembre.

 

Téléchargez le livret de présentation

 

 

LES LAURÉATS

 

  • Annonce des 13 lauréats de la 2e édition des Prix Jeune chercheur par Jean-François Silvain, président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB)
    Lien vidéo

 

  • Philippe JANSSEN (INRAE) récompensé par la FRB, pour ses travaux sur les impacts des activités humaines passées et présentes sur la biodiversité des forêts de montagne
    À découvrir ici

 

  • Simon TARABON (CNRS) récompensé par la société Enedis, pour ses travaux visant à proposer de nouveaux instruments aux acteurs pour l’application concrète de la séquence Éviter-Réduire-Compenser (ERC).
    À découvrir ici

 

  • Battle KARIMI (INRAE) récompensée par le Groupe Rocher, pour ses travaux sur la biodiversité microbienne des sols.
    À découvrir ici

 

  • Kanto RAZANAMALALA (IRD) récompensée par le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM), pour ses travaux sur l’agriculture familiale à Madagascar.
    À découvrir ici

 

  • Camila LEANDRO (Université Paul-Valéry Montpellier 3) récompensée par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et le groupe Eiffage, pour ses travaux visant à révéler dans le cœur et sur le terrain les « petites choses qui règnent sur la planète ».
    À découvrir ici

 

  • Flora AUBREE (INRAE) récompensée par l’entreprise Séché environnement, pour ses travaux sur l’adaptation des espèces aux fortes pressions anthropiques
    À découvrir ici

 

  • Timothée FOUQUERAY (AgroParisTech) récompensé par le Centre national de la propriété forestière (CNPF), pour ses travaux sur l’adaptations de la gestion forestière aux incertitudes climatiques.
    À découvrir ici

 

  • Aurore RIMLINGER (IRD) récompensée par l’entreprise Colas, pour ses travaux sur les relations dynamiques entre plantes et humains.
    À découvrir ici

 

  • François CHASSAGNE (IRD) récompensé par Allianz France, pour ses travaux sur l’ethnopharmacologie.
    À découvrir ici

 

  • Valentine MEUNIER (IRD) récompensée par la Fondation BNP Paribas, pour ses travaux visant à mieux comprendre la relation entre les coraux et les diazotrophes planctoniques dans le contexte du changement climatique.
    À découvrir ici

 

  • Bastien TAORMINA (Ifremer) récompensé par le Réseau de transport d’électricité (RTE), pour ses travaux sur les câbles électriques au fond des océans.
    À découvrir ici

 

  • Pascale RICARD (Université Paris 1) récompensée par le Fonds de dotation Nausicaa, pour ses travaux sur le défi que représente la conservation de la biodiversité marine pour le droit international.
    À découvrir ici

 

  • Kévin BARRE (Sorbonne Université et Muséum national d’Histoire naturelle) récompensé par le Laboratoire d’initiatives foncières et territoriales innovantes (Lifti) pour ses travaux visant à mieux comprendre les réponses de la biodiversité aux pressions anthropiques à l’aide des suivis acoustiques.
    À découvrir ici

 

Retrouvez toutes les informations

Lancement de l’appel à projets de recherche FRB-Cesab 2020

À l’occasion du lancement de l’appel à projets FRB-Cesab 2020, les deux ministres ont souligné le caractère innovant des travaux menés par le Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab) de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et l’importance du recueil et de l’analyse des données d’observation pour relever le défi mondial de l’érosion de la biodiversité.

 

Alors que les enjeux liés à l’érosion de la biodiversité et au changement climatique s’inscrivent au premier rang des préoccupations sociétales, il est indispensable de donner aux chercheurs des sciences de la biodiversité des moyens significatifs pour faire progresser les connaissances et venir ainsi en appui des politiques publiques et privées destinées à répondre aux grands défis environnementaux.

 

C’est dans ce contexte que la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) lance, avec le soutien de ses fondateurs qui rassemblent près de 5000 chercheurs sur la biodiversité (CNRS, Inrae, Ifremer, IRD, Cirad, BRGM, MNHN, Ineris, LVMH, Université de Montpellier) et des ministères, au travers du Cesab, un nouvel appel à projets de recherche destiné à financer au minimum trois projets innovants qui contribueront à améliorer la connaissance scientifique relative à la biodiversité, à sa protection et à sa valorisation durable.

 

Outil unique en France, le Cesab réunit des consortiums de chercheurs internationaux autour d’une personnalité scientifique issue d’un laboratoire français, pour mettre en commun leurs nombreuses données de recherche, les assembler puis les analyser, afin d’élaborer des synthèses collectives permettant de mieux comprendre les phénomènes en jeu et apporter une réponse scientifique adaptée. Depuis sa création il y a 10 ans, pas moins de 470 chercheurs de 36 pays différents ont travaillé sur 30 projets et publiés 214 articles dans les meilleures revues scientifiques.

 

À travers le monde, seul une dizaine de centres de synthèse semblables au Cesab permettent de telles recherches qui ouvrent la porte à des avancées scientifique majeures. Les travaux menés au Cesab vont des tests de concepts et théories écologiques à des réponses à des enjeux sociétaux. Les questionnements portés par les groupes de chercheurs accueillis au Cesab concernent des thématiques aussi différentes que la rareté écologique et les menaces qui pèsent sur différentes espèces, la réponse des papillons européens au changement climatique, le devenir des forêts tropicales africaines, l’utilisation de plantes adventices au service de l’agriculture ou encore la mise en place de recommandations pour la définition d’aires marines protégées efficaces en Antarctique.

 

 

Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation :
« La communauté scientifique nationale sur la biodiversité, riche de près de 5000 chercheurs, s’organise à l’instar de l’I-Site de Montpellier (Initiative Science Innovation Territoire Economie) distingué par le classement thématique de Shanghai (2ème pour l’écologie) pour relever le défi mondial de la compréhension et de la lutte contre l’érosion de la biodiversité. Au sein de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, ils développent des approches originales en lien avec l’ensemble des parties prenantes : associations, entreprises, collectivités. Autant de témoignages d’une science engagée au meilleur niveau pour notre société, de l’international avec l’IPBES jusqu’à l’échelon local ».

 

Bérangère Abba, Secrétaire d’État à la biodiversité :
« La recherche doit nous aider à construire des solutions pour la préservation du Vivant. La Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité et son programme phare le CEntre de Synthèse et d’Analyse sur la Biodiversité (CESAB) s’inscrivent parfaitement dans cette démarche. Cet écosystème rassemble, à l’instar de ce que représente la biodiversité, de nombreux organismes de recherche, des entreprises, des associations et dans quelques jours l’Office français de la Biodiversité (OFB). Le CESAB permet de valoriser les données issues de tous ces acteurs. Cette vision globale en fait un outil puissant pour accompagner l’action publique et pour relever ensemble le défi de la perte de biodiversité ».

 

 

Plus d’informations sur l’appel

Mobilisation de la FRB par les pouvoirs publics français sur les liens entre Covid-19 et biodiversité

La crise sanitaire, économique et sociale associée à la pandémie Covid-19 soulève de nombreuses questions sur son origine, sa dynamique et les mécanismes qui l’expliquent. Confrontées à la multiplicité des opinions et avis, relatifs notamment aux liens entre Covid-19 et crise de la biodiversité, les ministères se sont tournées vers la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) et son Conseil scientifique élargi à des experts extérieurs, en vue d’obtenir leur éclairage sur les points principaux suivants :

 

  • Quels sont les liens de la crise sanitaire actuelle avec la faune sauvage : quel rôle un ou plusieurs éléments de la faune sauvage ont-ils joué dans l’initiation de la pandémie ?
  • Quels sont les liens de ce type de crise avec l’érosion de la biodiversité et la destruction des milieux naturels : peut-on mettre en parallèle les atteintes à la biodiversité et la multiplication de zoonoses, sources d’épidémies, voire de pandémies ?
  • Quels sont les liens de ce type de crise avec les systèmes de production alimentaire et les transports (humains, animaux d’élevage, produits agricoles) ? Certains systèmes de production agricoles et alimentaires peuvent-ils faciliter directement, ou indirectement, le passage d’une zoonose à une épidémie puis à une pandémie, en tenant compte aussi de la rapidité et de l’intensité des transports internationaux ?

 

 

Consultez la publication

La recherche française porteuse de solutions pour lutter contre le déclin de la biodiversité

Sortie en mai 2019, l’évaluation mondiale sur l’état de la biodiversité a posé le constat d’un déclin sans précédent de la biodiversité : environ un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction à un rythme 100 à 1 000 fois supérieur au taux naturel d’extinction. Ce phénomène ne pourra être enrayé sans changement transformateur majeur. Par « changements transformateurs », l’Ipbes entend des changements fondamentaux à l’échelle d’un système socio-économique, qui prennent en considération les facteurs technologiques, économiques et sociaux.

 

La campagne « La science pour un monde durable » a pour objectif de mettre en avant la recherche française sur la biodiversité en valorisant ses résultats, identifiés comme étant des exemples de solutions, de leviers d’actions en lien avec les recommandations proposées par l’Ipbes afin d’atteindre les objectifs du développement durable (ODD) des Nations Unies et de nourrir les réflexions en vue de la définition du cadre d’action post 2020 de la CDB.

 

De la mise en place d’aires protégées à la sélection variétale de blé pour capter le carbone en passant par des solutions pour faire revenir les oiseaux dans les campagnes, les pistes pour inverser la courbe du déclin de la biodiversité sont nombreuses, sérieuses et passionnantes.

 

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La première série d’articles dédiée à la conservation et la gestion durable du milieu marin sera publiée le 16 mars prochain :

  • La permaculture de la mer (Ifremer)
  • Pour des aires protégées efficaces (CNRS)
  • Projet Pourquoi pas les abysses ? (Ifremer)
  • ​L’ADN des poissons récifaux se dévoile (IRD)
  • Océans, des labos géants (IRD)

 

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Les autres thématiques abordées (sous réserve de modification de l’ordre de diffusion) porteront sur :

  • Avril : Climat et biodiversité
  • Mai : Agriculture et biodiversité
  • Juin : Conservation et restauration de la vie terrestre
  • Juillet : Eau et biodiversité
  • Aout : Énergie et biodiversité
  • Septembre : Urbanisme, infrastructures et biodiversité
  • Octobre : Santé et biodiversité

 

 

Plus d'informations sur la FRB et ses membres fondateurs

Ne tirez pas sur les chauves-souris !

S’il est avéré que les chauves-souris sont des réservoirs de virus susceptibles d’infecter l’Homme, l’émergence de zoonoses associées à ces animaux, comme c’est vraisemblablement le cas en ce moment en Chine, implique aussi l’Homme.

 

Dans une Opinion, publiée ce jour, Jean-François Silvain, président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), souligne les rôles respectifs de l’animal et de l’Homme dans l’épidémie de coronavirus qui sévit actuellement et rappelle que si les chauves-souris peuvent inquiéter de par leur propension à héberger de tels virus, elles contribuent activement au bon fonctionnement des écosystèmes tant sous les tropiques que dans les pays tempérés.

 

 

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Prix Jeunes chercheurs 2018

À l’occasion de ses 10 ans, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) – avec le soutien de son Conseil d’orientation stratégique (COS) – a lancé un prix Jeunes chercheurs. Cette récompense permet de valoriser celles et ceux qui débutent dans la recherche et qui, par la qualité de leurs travaux, contribuent significativement aux sciences de la biodiversité.

 

Mercredi 26 septembre à 20h à l’Orangerie de Bagatelle neuf jeunes chercheuses et chercheurs seront récompensés sur des thèmes proposés par les membres du Conseil d’orientation stratégique (Cos) de la FRB. Pour cette première édition, l’actrice et réalisatrice Audrey Dana animera la cérémonie.

 

Les candidatures ont été évaluées scientifiquement par le le Conseil scientifique (CS) de la FRB avec le concours d’un membre du Conseil scientifique du FFEM. Les meilleurs projets ont été retenus et les financeurs du Conseil d’orientation stratégique ont sélectionnés leur lauréat en fonction des thématiques qu’ils avaient identifiée :

  • Biodiversité et océans, par la fondation Nature et découvertes
  • Biodiversité et espèces exotiques envahissantes, par la société Colas
  • Biodiversité et agriculture : utilisation des ressources génétiques végétales et agriculture durable, par le Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences et plants)
  • La biodiversité face à la pollution plastique, par la société Werner & Mertz (Rainett)
  • Biodiversité et Outre-mer, par la LPO, le comité français de l’UICN et le programme Science et enseignement (mis en place par EDF, l’Institut de France et l’Académie des sciences)
  • Sauvegarde et conservation de la biodiversité, par le Groupe Rocher et la société Enedis
  • Biodiversité urbaine, par la Comité français de la Fondation du Prince Albert II de Monaco
  • Biodiversité urbaine : recyclage des friches, par le Lifti (Laboratoire d’initiatives foncières et territoires innovantes)
  • Recherche associant biodiversité et enjeux de développement dans les pays du Sud, par le FFEM (Fond français pour l’environnement mondial)

 

 

Télécharger le livret de présentation des prix

Biodiversité, transition alimentaire et santé

En 2030, la population humaine devrait atteindre 8,6 milliards d’habitants. La production mondiale agricole, aquacole et halieutique devrait augmenter de 20 % (FAO, 2018) au cours des dix prochaines années. Or ni le taux d’accroissement des rendements des quatre principales céréales – blé, maïs, pomme de terre et riz – qui répondent à la plupart des besoins nutritionnels (Lachat et al., 2017), ni les stocks de poissons aujourd’hui surexploités (FAO, 2013) ne pourront couvrir les besoins d’une population grandissante.

 

À ce jour, la réponse donnée à l’augmentation de la demande alimentaire a été de convertir des terres en surfaces agricoles et d’intensifier l’agriculture et la pêche, autrement dit, d’augmenter la quantité des aliments sans se soucier de leur qualité, alors même que la biodiversité alimentaire est indispensable à une bonne qualité de notre alimentation notamment en terme de micro nutriments.

 

Cette réponse n’est pas sans conséquence sur l’environnement et sur la santé humaine. La plus grande cause de la perte de biodiversité au cours des 50 dernières années a été la transformation des habitats, principalement en raison de la conversion d’écosystèmes naturels et semi naturels. L’agriculture intensive, et en particulier l’usage des pesticides qui lui est généralement associé, cause par exemple 250 000 décès par an (OMS).

 

Afin de permettre à nos sociétés de se nourrir sainement, dans le respect de la biodiversité, les systèmes de production alimentaire doivent être repensés pour préserver les écosystèmes qui produisent des denrées et qui permettent aux sociétés humaines d’en retirer des services tels que la captation du CO2, l’épuration de l’eau ou de l’air, indispensables à une bonne qualité de vie.

 

La journée FRB du 27 septembre : « Biodiversité, transition alimentaire et santé » fera un point sur l’état des connaissances scientifiques sur ces enjeux. Elle se donne aussi pour ambition d’animer des discussions avec les parties prenantes sur les voies d’une transition alimentaire effective et partagée par le plus grand nombre. Car si les solutions existent, des questions majeures doivent encore trouver leurs réponses. Comment faire en sorte que ces solutions pensées au niveau mondial puissent s’appliquer localement ? Et à quel prix politique, et social ?

 

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Des oasis au sommet des Andes – Exposition photographies

En tout lieu sur la planète, des hommes luttent au quotidien pour préserver leur environnement. L’exposition de photographies Des oasis au sommet des Andes porte un regard particulier sur les liens forts qui unissent la nature et les êtres humains des hautes Andes tropicales. Cette relation millénaire est aujourd’hui menacée par les changements climatiques, les nouvelles pratiques agricoles et l’exploitation minière. La conservation de ces milieux et leur gestion durable posent d’immenses défis qu’une équipe de recherche pluridisciplinaire a mis en évidence en scénarisant les futurs possibles.

 

Un milieu unique gravement menacé…

 

Les hautes Andes tropicales s’étendent de l’Équateur à la Bolivie à 4 000 mètres d’altitude. Elles abritent des milieux humides où l’Homme et la nature interagissent depuis des siècles. Véritables oasis pour la biodiversité, elles accueillent des populations qui y élèvent des lamas et des alpagas. Ces précieux écosystèmes ont aussi une exceptionnelle capacité de rétention d’eau. Ils participent à l’approvisionnement en eau de millions d’habitants dans les métropoles situées en aval de ces zones d’altitude.

 

Depuis quelques années, les camélidés laissent place aux bovins, à l’exploitation minière et aux activités agricoles, sources de dégradations. La hausse des températures et la fonte des glaciers perturbent le cycle de l’eau. De plus en plus fragmentées, ces oasis subissent la double menace de nouvelles formes d’activités humaines et du changement climatique.

 

…qu’une équipe de recherche – aidée de la population locale – tentent de préserver

 

Les scientifiques du projet BioTHAW (BIOdiversity and people facing climate change in Tropical High Andean Wetlands) ont cherché à comprendre et à anticiper les conséquences des principales menaces qui pèsent sur les zones humides des hautes Andes tropicales. Leur objectif : fournir aux acteurs locaux, agriculteurs ou hommes politiques, des outils d’aide à la décision.

Sortir de la dépendance aux pesticides

Les conséquences de l’usage de pesticides sur la biodiversité se répercutent à tous les niveaux de la chaîne trophique
L’action des pesticides ne se limite pas uniquement aux espèces cibles ; elle est à l’origine d’un grand nombre d’effets en cascade non maitrisés, qui se répercutent tout au long des chaînes trophiques. Les pollinisateurs sauvages sont ainsi directement affectés par la présence d’insecticides, mais les recherches démontrent qu’il en est de même pour les oiseaux qui consomment ces insectes ou des graines contaminées ou encore des mammifères en contact répétés avec des pesticides présents dans l’environnement. L’ensemble de l’écosystème est donc affecté, avec des conséquences dramatiques sur la biodiversité et les ressources alimentaires.

Les risques liés à l’usage des pesticides sont actuellement sous-estimés
Les méthodes d’évaluations des risques liés aux pesticides se focalisent généralement sur une espèce d’intérêt plutôt que sur l’écosystème dans sa globalité. Elles ne prennent pas en compte leurs effets indirects et synergiques, pourtant prépondérants, ni les effets longs termes ou des faibles doses. L’usage massif de pesticides a aussi un effet boule de neige : il entraîne le développement de résistances chez les espèces cibles. Un usage de plus en plus important de produits est donc requis pour maintenir un même niveau d’efficacité, entraînant par la même occasion un coût croissant pour l’agriculteur.

Des solutions existent pour limiter voire éviter l’usage des pesticides
Une réduction d’usage des produits phytosanitaires ne compromet pourtant pas la viabilité des exploitations : des études ont ainsi montré qu’une diminution de 30% des pesticides pourrait même conduire à une rentabilité équivalente ou meilleure.
Il est donc possible et urgent de sortir de la dépendance aux pesticides et de l’inertie politique sur ce thème.

La Fondation pour la recherche sur la biodiversité préconise plusieurs solutions parmi lesquelles :
Un soutien accru à la recherche afin de mieux comprendre et évaluer les effets additifs et conjoints des pesticides, leur éco-dynamique au cours du temps et des risques liés à leur mésusage,
une meilleure application du principe pollueur payeur afin que tous les impacts des pesticides soient compensés par la restauration des écosystèmes et pas uniquement ceux qui concernent la qualité de l’eau (pollution de sols, impacts sur les biodiversité etc…),
un découplage des activités de distribution et de conseil des produits phytosanitaires,
une accélération de la mise à disposition de méthodes et produits alternatifs (notamment non-chimiques) aux pesticides,
Le développement d’un fonds de compensation en vue d’une approche assurantielle des risques
L’intégralité de la note détaillant les effets des pesticides et les solutions alternatives à leur usage est disponible ici.

Les paiements pour services environnementaux : des instruments clés à améliorer

Les Paiements pour Services Environnementaux (PSE) sont des rémunérations versées à des acteurs du monde rural, généralement des agriculteurs, des éleveurs ou des forestiers pour adopter, sur les terres qu’ils possèdent ou contrôlent, des méthodes de production respectueuses de l’environnement ou arrêter certaines pratiques, parfois légales, mais indésirables, comme l’épandage de pesticides ou la déforestation.

 

Ces instruments se déploient dans de nombreux pays en développement – l’exemple du Costa Rica est le plus connu – mais le principe est identique à celui des mesures agro-environnementales de la Politique Agricole Commune de l’Union Européenne. La nature de ces paiements fait toutefois débat.

 

S’agit-il de compenser les coûts associés à l’adoption d’une pratiques plus écologique (ou pour le manque à gagner de l’abandon de certaines activités), ou s’agit-il de récompenser des acteurs aux comportements déjà écologiquement vertueux ? Par ailleurs, les PSE, dans de nombreux pays, rémunèrent les acteurs pour s’abstenir de faire des choses qui sont déjà prohibées par la réglementation, par exemple déboiser, avec le risque d’affaiblir la force intrinsèque des normes légales actuelles et futures. En effet, les acteurs n’appliqueraient les règles légales qu’à la condition d’être rémunérés.

 

À ces questions, l’article d’Alain Karsenty et al. propose de répondre à travers un double ciblage, géographique et social, des PSE. Dans les aires protégées, notamment, il peut être acceptable de rémunérer les producteurs pauvres pour le respect des règlements, à condition d’investir aussi pour leur donner les moyens, à terme, de tirer des revenus suffisants de leurs activités économiques tout en respectant la contrainte légale.

Allain Bougrain Dubourg élu président du Cos de la FRB

Jeudi 7 décembre, le Conseil d’orientation stratégique (Cos) de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) a élu son nouveau président, Allain BOUGRAIN DUBOURG, et son vice président, Jean-François LESIGNE.

 

Le Cos de la FRB accueille en son sein 235 associations, entreprises, gestionnaires ou collectivités. L’ambition commune de tous ces acteurs est de contribuer à des projets de recherche qui allient préservation, exploitation responsable et valorisation durable de la biodiversité, tant en milieu terrestre que marin.

 

Dans son discours inaugural, Allain BOUGRAIN DUBOURG a dit « regretter que la biodiversité ne soit pas encore perçu comme un enjeu aussi majeur que le climat ». Allain BOUGRAIN DUBOURG a poursuivi en encourageant « les entreprises, les ONG, les gestionnaires, les collectivités rassemblés au sein du Conseil d’orientation stratégique à appuyer leur décision sur le respect du droit et sur la prise en compte des meilleures connaissances scientifiques disponibles. La FRB est un lieu original pour éclairer la décision. »

 

Nécessité d’un accord international sur la pollution de l‘océan par les plastiques

Accédez à la traduction de l’article scientifique :
Pourquoi un accord international sur la pollution de l‘océan par les plastiques est indispensable

 

Les plastiques s’accumulent partout dans le monde à un rythme croissant. D’après Geyer R. et al., si la tendance actuelle continue, 12 000 millions de tonnes de déchets plastiques seront mis en décharge ou dans l’environnement d’ici 2050.

 

Comme les gaz effet de serre ou les substances détruisant la couche d’ozone, les plastiques ne s’arrêtent pas aux frontières nationales. Entraînés par le vent ou l’eau, ils finissent majoritairement leur course dans les océans affectant les organismes à tous les niveaux d’organisation biologique.

 

Cette pollution impacte les animaux marins (capture, étranglement, étouffement, etc.), avec des conséquences souvent fatales. Son action chimique, sous forme microscopique, agit également sur les organismes au niveau génétique ou fonctionnel (baisse de fertilité), les populations (diminution de la taille des populations) ou les communautés (déstructuration des relations entre les organismes constituant ces communautés).

 

Ces impacts, combinés à l’accélération de la production de plastique, ont amené un collectif de chercheurs à interpeler la communauté internationale pour prendre des mesures avant que les écosystèmes ne soient altérés de façon irréversible.

 

Le collectif demande à ce qu’un accord international définisse des objectifs pertinents et mesurables pour réduire la pollution plastique dans tous les océans du monde, car si des solutions ont été mises en place au niveau local, elles n’ont pas une ampleur suffisante pour faire face au caractère global d’un problème qui s’accroit très rapidement.

 

Ils demandent aussi que cet accord soit accompagné d’un programme visant à étendre la responsabilité des producteurs et l’intégration des coûts environnementaux dans le prix des produits, pour créer un fonds mondial, sur le modèle du fonds Climat de l’UNCCC, afin d’aider les Etats participants à développer les filières appropriées de traitement des déchets plastiques.

Renards et risque de transmission de la maladie de Lyme : un effet en cascade

Accédez à la synthèse de l’article :
Renards et risque de transmission de la maladie de Lyme : un effet en cascade.

 

Ces dernières décennies, la maladie de Lyme a augmenté dans le nord-ouest de l’Europe et le nord-est des États-Unis. Si en France depuis le début de la surveillance de cette maladie par le réseau Sentinelles, aucune évolution significative n’a été observée, plus de 33 000 nouveaux cas ont néanmoins été recensés en 2015, faisant de cette maladie invalidante un enjeu de santé publique.

 

En 2012, une équipe de recherche menée par Levy et al. mettait en évidence le lien entre la perte de biodiversité et le déploiement de cette maladie. L’équipe démontrait notamment que l’émergence de la maladie de Lyme en Amérique du Nord était due à la diminution du renard roux prédateur spécialiste des rongeurs, hôtes privilégiés pour la majorité des tiques. Il manquait néanmoins à cette étude une confirmation de ces résultats par des données de terrain.

En 2017, l’équipe de recherche menée par Tim R. Hofmeester de l‘Université de Wageningen a démontré, en condition réelle, que l’activité des prédateurs, en régulant les populations de rongeurs porteurs des tiques pouvait abaisser le nombre de tiques dans un écosystème. Moins il y a de tiques, moins elles sont elles-mêmes infestées par des pathogènes comme la bactérie responsable de la maladie de Lyme. Cette étude est la première à établir, par des analyses de terrain, la corrélation entre l’activité des prédateurs, la densité totale des tiques et la densité des tiques infectées pour trois agents pathogènes transmissibles par les tiques. Elle confirme donc que la diminution des prédateurs ont des effets en cascade sur la transmission des pathogènes et que la protection des espèces prédatrices telles que le renard roux, la martre, le putois ou le blaireau est une solution fondée sur la nature pour diminuer la prévalence des maladies transmises par les tiques.

Biodiversité et transition énergétique : enquêtes sur des liaisons dangereuses

Les gouvernements et les entreprises doivent porter une attention identique aux deux grands enjeux planétaires que sont la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation de la biodiversité. A l’heure où de nombreux travaux de recherche soulignent les risques d’extinction massive de populations et d’espèces au cours des 50 prochaines années, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité se penche sur le lien qui unit les questions de préservation de la biodiversité et de transition énergétique.

 

La réponse à l’urgence climatique passe prioritairement par la réduction des émissions de carbone, mais ne prend pas suffisamment en compte l’impératif de préservation de la biodiversité. Ainsi, en Europe, l’engouement pour les granulés de bois a entrainé une surexploitation des forêts du sud des Etats-Unis qui s’est traduite par une pression considérable sur la biodiversité. En 2025, un rapport de l’Union européenne[1] prévoit que 10 à 12 millions de tonnes de bois traverseront l’Atlantique pour le développement de cette filière basée sur une matière première considérée comme renouvelable.

 

Cet exemple, parmi d’autres, rappelle qu’il est aujourd’hui essentiel que la préservation de la biodiversité soit intégrée en amont des stratégies énergétiques de notre pays, et plus généralement de l’Europe.

 

La biodiversité peut elle-même fournir des solutions efficaces pour lutter contre le changement climatique et accompagner la transition énergétique. L’initiative internationale « 4 pour mille » élaborée pour contribuer au stockage du carbone via la restauration de la fertilité des sols en est une illustration.

 

La journée FRB du 5 octobre qui réunira décideurs, grandes entreprises, associations, chercheurs et citoyens appelle à réfléchir sur les incohérences entre la mise en œuvre de la transition énergétique et la prise en compte de la biodiversité. Elle interrogera également de grands acteurs industriels sur leurs actions pour concilier ces deux enjeux. Enfin, elle montrera comment la science apporte déjà des solutions pour une transition énergétique, écologique et solidaire.

 

Toutes les informations sur la Journée FRB 2017

 

 

1. A. Strange Olesen & S. L. Bager (COWI, DK), B. Kittler, W. Price, & F.Aguilar (Pinchot Institute for Conservation, US). 2015. Increased Reliance of the EU on Biomass from the South East US. Commission européenne.

Transcriptions synthétiques de publications scientifiques majeures

Dans ce cadre, la FRB a pris l’initiative de porter à connaissance régulièrement des publications scientifiques d’importance majeure sur la biodiversité, susceptibles d’intéresser largement ses partenaires. Le cas échéant, en plus de publier un résumé du contenu de la publication, elle accompagnera ces annonces d’une transcription synthétique de l’article.

 

La première transcription synthétique réalisée par Jean-François Silvain, directeur de recherche à l’IRD et président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), est parue hier. Elle présente les éléments essentiels de l’article Prédiction des menaces futures sur la biodiversité et pistes pour les réduire de David Tilman et al. paru en juin dans la revue Nature.

Menaces futures sur la biodiversité et pistes pour les réduire

Les changements environnementaux associés aux activités humaines impactent la biodiversité terrestre. Aujourd’hui, 80 % des espèces de mammifères et d’oiseaux sont menacées par les pertes d’habitats associées à l’agriculture. En “Asie”1, en Afrique subsaharienne et en Amérique du Sud tropicale, ces espèces présentent des risques d’extinctions majeurs qui, sans important changement de pratiques, atteindront des niveaux sans précédent au cours des prochaines décennies. Ces menaces – mais aussi les pistes pour les réduire – ont été examinées par l’équipe de David Tilman dans l’article Prédiction des menaces futures sur la biodiversité et pistes pour les réduire paru dans la revue Nature au mois de juin. D’après les auteurs, la combinaison des solutions présentées pourrait annuler entre la moitié et les deux-tiers des risques prévus en 2060 pour ces animaux.

 

Deux facteurs principaux sont corrélés avec un risque d’extinction des mammifères et les oiseaux : l’accroissement des surfaces cultivées et le revenu par habitant. Ces facteurs sont étroitement liés à la croissance démographique à l’origine de l’augmentation de la demande en protéines animales et par voie de conséquence de la demande en terres agricoles, de la destruction des habitats et de leur fragmentation. La région « Asie », dont le PIB a été multiplié par 7 ces 30 dernières années, voit ainsi le risque d’extinction de ses grands mammifères porté à 62 % au cours des 5 prochaines décennies.

 

Par ailleurs, entre 2010 et 2060, la population humaine devrait croître de 3,2 milliards d’habitants, dont 1,7 milliards en Afrique sub-saharienne.

 

Les auteurs ont calculé la demande de terres pour chaque pays en 2060 et le taux de besoin de terres par pays, ceci sous l’hypothèse « business as usual ». Les Land Demand ratio les plus élevés sont attendus en Afrique sub-saharienne. Les pays de cette région devront disposer de 380 à 760 % de terres agricoles supplémentaires en 2060. 710 millions d’ha de terres agricoles seront nécessaires sur la planète dont 430 en Afrique sub-saharienne, une surface équivalent à celles des Etats-Unis.

 

Pour prévoir les risques en 2060, les auteurs ont réalisé une projection en prenant en compte ces taux de changement d’usage des terres et les prévisions de revenu par habitant envisagés pour 2060 pour les régions les plus à risques, c’est à dire l’Asie, l’Afrique subsaharienne et l’Amérique du Sud tropicale. Pour plus de la moitié des pays concernés de ces régions, les menaces d’extinction seront sans précédent. Selon les régions, et selon les tailles de mammifères et d’oiseaux les risques d’extinction devraient croître d’une à deux catégories de la liste rouge de l’UICN.

 

Dans l’objectif de réduire de tels risques, les auteurs distinguent deux grands types de mesures, d’une part la poursuite et l’expansion des pratiques de conservation basées sur les aires protégées et d’autre part des actions qui privilégient des changements de pratiques humaines susceptibles de réduire l’impact de l’homme sur la nature.

 

Quatre pistes sont présentées par les auteurs :

  • Poursuivre les programmes de conservation : ceux-ci ont permis de sauver 31 espèces d’oiseaux et 20 % des mammifères menacés au cours du siècle dernier. Il faut donc développer et mieux gérer les aires destinées à protéger les espèces, faciliter leur inter-connection et réduire la consommation de viande de brousse et le braconnage.
  • Augmenter les rendements agricoles pour rapprocher la production des besoins : 96 pays, en Afrique, en Amérique du sud et dans la région « Asie », ont des rendements inférieurs à la moitié de ce qui pourrait être obtenu avec des méthodes et des technologies adaptées.
  • Changer les régimes alimentaires : des régimes alternatifs riches en végétaux peuvent réduire la demande de terres agricoles et la propagation des maladies chroniques comme le diabète.
  • Spécialiser la production : des accords commerciaux pourraient diminuer la demande en terres agricoles en concentrant la production agricole dans les régions qui ont le potentiel de production le plus élevé.

 

Accédez à la transcription des éléments essentiels de l’article de David Tilman par Jean-François Silvain directeur de recherche à l’IRD et président de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité.

D. Tilman et al., Future threats to biodiversity and pathways to their prevention. Nature 546, 2017.

 

 

1. Dans le cadre de cet article, l’Asie comprend l’Asie du sud est, la Chine et l’Inde.

Les réserves marines peuvent atténuer les effets du changement climatique

Accédez à la transcription de l’article de C.M. Roberts et al. par Hélène Soubelet, docteur vétérinaire et directrice de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB).

 

Les aires marines protégées ont un rôle majeur à jouer dans l’atténuation et l’adaptation aux changements globaux. En plus de préserver la biodiversité, une bonne gestion des réserves marines peut contribuer à l’adaptation des écosystèmes et des populations humaines aux cinq impacts majeurs du changement climatique sur les océans : l’acidification, la montée des eaux, l’intensification des tempêtes, les changements dans la distribution des espèces, la baisse de productivité et l’appauvrissement en oxygène. Les aires marines protégées peuvent même devenir des outils efficaces et peu coûteux pour réduire l’avancée du changement climatique. En effet, elles favorisent la séquestration et le stockage du carbone et constituent une « police d’assurance » pour les sociétés humaines en limitant les pressions directes sur l’environnement.

 

Parmi les effets positifs des aires marines protégées pour l’adaptation aux effets du changement climatique, on peut retenir que :

1/ la protection des zones littorales humides (mangroves, marais, herbiers) maintient une forte activité photosynthétique qui, en utilisant le CO2, réduit l’acidification des eaux. Ces zones constituent des refuges pour les organismes calcifiants.

2/ la création d’aires marines protégées en haute mer favorise la préservation d’une grande abondance des poissons téléostéens méso-pélagiques qui jouent un rôle majeur dans le cycle du carbone.

3/ les aires marines protégées régulent les menaces telles que la surexploitation des milieux, l’urbanisation côtière ou le dragage non durable et sanctuarisent des zones tampons (zones humides côtières, les vasières et les récifs) qui protègent les infrastructures et les zones anthropisées contre l’élévation du niveau de la mer.

 

Parmi les effets positifs des aires marines protégées pour l’atténuation du changement climatique, on peut retenir que :

1/ les océans constituent un puits de carbone majeur. Les animaux jouent des rôles cruciaux dans les processus biogéochimiques. Les aires marines protégées contribuent ainsi à la préservation du rôle des océans dans la régulation du climat.

2/ les aires marines empêchent le déstockage du carbone en limitant des méthodes de pêche hauturières intensives – comme le chalutage – qui participent à la remise en suspension du carbone sédimentaire.

3/ les écosystèmes complexes favorisent des processus comme la dispersion des pollutions, la protection côtière, ou encore la production alimentaire tout en évitant les changements de régime des écosystèmes aux conséquences graves et inattendues. 

 

C.M. Roberts et al., Marine reserves can mitigate and promote adaptation to climate change, PNA 114, 6167-6175, 2017

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